L’Ardèche en camping-car

Entre Massif Central et Provence, des vignobles la vallée du Rhône aux plateaux désertiques de la source de la Loire, en passant par les gorges encaissées de l’Ardèche, partez à la découverte de ce département aux sublimes paysages, drapé en automne de toutes les couleurs de l’été indien. 

ARDECHE A Banne

En venant de Lyon par l’A7, sortez à Chanas direction Annonay. A Peaugres, prévoyez de passer la matinée dans le parc zoologique, surtout si vous êtes en famille. Avec votre véhicule, vous ferez un « safari » sensationnel en traversant le territoire d’ours, d’éléphants ou de rhinocéros évoluant en liberté dans d’immenses enclos. Ne manquez pas, dans la partie du parc qui se visite à pieds, l’heure du dîner des tigres et des lions, auquel on assiste sous un tunnel en verre ! Après ce tour du monde animalier, rendez-vous à Annonay. Saviez-vous que c’est le berceau de la montgolfière ? C’est là qu’en 1783, les frères Montgolfier firent décoller le premier ballon de l’histoire. Pourtant, ce n’est pas de ballon dirigeable que le musée d’Annonay vous parlera, mais de papier ! Car les frères Montgolfier étaient des papetiers, fondateurs de la fameuse maison Canson. C’est dans leur maison natale que vous découvrirez les étapes de la fabrication du papier, sur d’anciennes machines. Prochaine étape, Tournon-sur-Rhône, très jolie ville située au cœur des vignobles de l’appellation saint joseph. Vous aurez une vue panoramique sur le fleuve et le coteau de l’Hermitage depuis les terrasses du château, perché sur un piton rocheux en bord du Rhône. Après avoir déambulé dans les ruelles moyenâgeuses de la vieille ville, renseignez-vous sur les horaires de départ du petit train du Vivarais. C’est un pittoresque train à vapeur qui relie Tournon à Lamastre en longeant la vallée encaissée du Doux, et offrant tout au long du parcours des vues époustouflantes sur des paysages somptueux et sauvages. Lors de l’unique arrêt, on est fasciné par la superbe locomotive, abreuvée d’eau et nourrie de charbon, qui tire encore vaillamment la dizaine de wagonnets aux bancs de bois sur cette ligne touristique. Le Mastrou, c’est son nom, met deux heures pour effectuer le trajet, et le retour semble un peu long. La route reliant Tournon et Lamastre est magnifique et permet de voir les impressionnants viaducs qu’emprunte le Mastrou pour traverser les gorges abruptes du Doux. Avant de quitter Lamastre, allez rendre visite à la famille Grange à la Ferme du Châtaignier. Ces sympathiques castanéïculteurs vous diront tout sur le châtaignier et son petit fruit rond ! En saison, vous pourrez ramasser de belles châtaignes dans une partie de la châtaigneraie non récoltée. En automne, les paysages ardéchois sont magnifiques grâce au châtaignier, dont le feuillage rouge et or enflamme les forêts…

Pourtant, que la montagne est belle…

A St-Agrève, prenez la petite route qui tournicote jusqu’à St-Martin-de-Valamas. C’est un peu « rock & roll », mais les décors en technicolor de la forêt ardéchoise vous paieront de vos efforts. Au Cheylard, poussez la porte d’un des meilleurs chocolatiers de France, Dominique Riou. En continuant vers le lac de St-Martial, le paysage change peu à peu. Moins d’arbres, un relief plus doux, l’horizon qui s’élargit : bienvenue sur les hauts plateaux des monts d’Ardèche. Si vous faites un régime sans suc, n’allez pas plus loin, car les mamelons volcaniques qu’on voit s’ériger sur ces vastes étendus désertiques, s’appellent ici des sucs. Le plus connu d’entre eux, c’est le Mont Gerbier de Jonc, dont chacun sait qu’il donne naissance à la Loire. Un grand parking le long de la route permet de stationner juste en dessous de ce mont mythique culminant à 1551 m, qu’on gravit en 30 minutes. De là-haut, superbe vue panoramique sur la lande et les sucs alentours. Remarquez la pierre grise, cassante, sur laquelle vous marchez : c’est de la phonolite, pierre volcanique qui sert à faire la lauze, avec laquelle on couvre les maisons. Vous en verrez dans les villages environnants, Les Estables, Borée, ou Le Béage, passage obligé si vous voulez aussi grimper sur le mont Mézenc, à 1753 m, point culminant des Monts d’Ardèche, et 3ème sommet du massif central. A cette altitude, il peut faire très froid et venteux ! Pour vous réchauffer et vous réconforter, passez donc voir Nicole, qui fait des confitures et autres douceurs dans sa très belle maison située à côté du Mont Gerbier-de-Jonc. A Ste-Eulalie, prenez la D122 en direction de Mézilhac, puis la D578 en direction de Vals-les-Bains. Arrêtez-vous à Antraigues-sur-Volane, un village de caractère perché sur un piton volcanique. Comme le stationnement est problématique dans ce village aux étroites ruelles pentues, le mieux est de trouver l’aire de services (direction Genestelle). Vous serez non loin de la place du village, qui a un air méditerranéen avec ses platanes et ses jeux de boules. Il faut déambuler par les ruelles qui descendent en cascades de l’église, pour remarquer les têtes sculptées sur les murs, et pour dénicher les boutiques d’artisans d’art. Car Antraigues est un village d’artiste, où habitait d’ailleurs Jean Ferrat… « Pourtant, que la montagne est belle ! » c’est ce qu’on fredonne tout le temps, sur les routes d’Ardèche…

Des villages de caractère à foison

Quittons la montagne pour faire étape à Vals-les-Bains, station thermale aux eaux thérapeutiques reconnues. Il faut voir l’établissement thermal, qui dispense des soins de bien-être et de remise en forme, et dont les eaux soignent toutes sortes d’affections ; le parc de Vals enjambant la Volane, aux séquoias et cèdres gigantesques ; la brasserie Bourganel, qui produit une délicieuse bière aux marrons ; enfin le Casino. Si l’eau de Vals n’a pas soigné vos maux, peut-être celle de Neyrac-les-Bains y parviendra-t-elle ? Cette petite station thermale était déjà fréquentée par les Romains qui venaient y soigner les maladies de peau et les rhumatismes. Même si vous êtes parfaitement sains, vous ne ferez pas de détour inutile, car la région de Neyrac, située au cœur du volcanisme d’Ardèche, recèle des sites intéressants : la coulée basaltique de Fabras, impressionnante falaise de basalte bleu ; et le pont du Diable, à Thueyts, magnifique arche de pierre romaine lancée dans un défilé au-dessus des eaux émeraude de l’Ardèche… Prochaine étape, Aubenas. L’idéal est d’arriver le vendredi et de visiter la ville, encore calme. Car le samedi, c’est jour de marché. Et comme Aubenas est un carrefour commercial, son gigantesque marché paralyse tout le centre-ville. C’est sympa de découvrir le cœur médiéval d’Aubenas au milieu de tous ces étals colorés et odorants, dont les clameurs montent jusqu’au donjon aux tuiles vernissées du château-fort qui domine la ville ! En suivant le cours de l’Ardèche, vous arriverez à Vogüé, village plein de charme qui se distingue par son château du XIe s., aux jardins suspendus en balcon au-dessus de la rivière. Restez de l’autre côté du pont pour photographier ce merveilleux village adossé à la falaise calcaire, dont les vieilles maisons en pierre aux volets bleus se reflètent dans l’Ardèche, sous les tours rondes de son fier château. Quelques méandres de l’Ardèche en aval, Balazuc est un autre village de caractère, perché sur une éminence (non, pas grise, mais verdoyante), dont on découvre au hasard de ses ruelles, venelles et passages, toutes pentues, les émouvants vestiges du temps : ici un morceau de rempart, là les ruines d’un château, des bouts de tourelle, un donjon féodal, et derrière ces pierres millénaires, des lambeaux de jardin, un petit coin de ciel bleu au travers d’un clocher-mur, un vue plongeante vers la rivière… Un peu plus loin, voici encore un superbe village : un décor lunaire, un écrin de hautes falaises et de rochers ruiniformes, c’est Labeaume. Faites-vous votre opinion en musardant dans le labyrinthe de petits passages et de calades étroites qui se déploient autour des maisons rustiques en galets ou en pierre, sur lesquelles courent glycine et vigne vierge. Avec ses platanes, ses cigales, et ses herbes odorantes, ce village sent bon la Provence…

Un lion et un ours… en pierre

Rejoignez l’Ardèche à Vallon-Pont-d’Arc. Par de sinueuses petites routes de montagne, vous passerez par Thines, typique village cévenol auquel on n’accède qu’à pieds, aux maisons aux toits de lauze et à l’église romane qui surplombe une vallée encaissée et boisée ; Naves, lové dans ses collines plantées d’oliviers, qui a conservé un caractère moyenâgeux ; et Banne, superbe village perché, aux deux quartiers distincts réunis par la place de jeux de boules. D’un côté, l’église au clocher pointu qui domine tout, les maisons anciennes de grès ou de calcaire, les vignes et les oliviers en terrasse ; de l’autre, le « fort », vestige du château féodal, dont les dimensions des écuries voûtées donnent une idée de la majesté d’antan. Enfin, après avoir traversé Les Vans, où vous aurez fait provision de bonne huile d’olive, faites une promenade dans le bois de Païolive. Dans ce bois de chênes blancs et verts, l’érosion a fait prendre à la roche calcaire des formes surprenantes qui sont autant de sculptures naturelles zoomorphiques. Vous reconnaîtrez un oiseau, un éléphant, un lion et un ours, tout en randonnant dans un dédale de rochers et de verdure (parmi les circuits fléchés, celui de la corniche, d’1 h, est très bien).

ARDECHE Rocher ruiniforme du bois de Païolive

Un concentré de vestiges archéologiques

Vallon-Pont-d’Arc est la porte des fameuses gorges de l’Ardèche. A proximité il faut visiter la Caverne du Pont d’Arc, reconstitution de la fameuse grotte Chauvet, recelant  les plus belles et les plus anciennes peintures préhistoriques du monde (32 000 ans !). L’ambiance de la grotte et les dessins sont restitués avec fidélité, ce qui procure une grande émotion. Autre visite incontournable, situé non loin de là, le site de l’aven d’Orgnac, l’une des plus belles grottes de France. On est immédiatement impressionné par les dimensions de ce gouffre aux salles cathédrales remplies de concrétions calcaires prenant des formes et des couleurs extraordinaires : fins cierges blancs, gigantesques piles d’assiettes, majestueux palmiers orangés, orgues monumentales, forêts de stalactites et de stalagmites, merveilleuses draperies translucides, bouquets de cristaux de calcite… le tout savamment commenté et éclairé pour faire surgir toute la beauté et la poésie de cet univers minéral : c’est magique ! Certes, il y a d’autres grottes à visiter tout au long des gorges de l’Ardèche, mais ne commencez pas par Orgnac, vous seriez déçus par les autres… Retour à Vallon-Pont-d’Arc pour emprunter la route des gorges de l’Ardèche. Surplombant les gorges très encaissées (environ 200 m) creusées par la rivière, cette route en corniche ménage de fréquents et larges belvédères offrant des panoramas grandioses sur ce massif calcaire sauvage entaillé par l’Ardèche, dont les boucles moirées dessinent d’élégantes arabesques. Au sortir des gorges, vous voilà à nouveau dans la vallée du Rhône. L’autoroute n’est pas loin, mais… si vous remontez vers le nord, empruntez plutôt la N86 qui longe le fleuve. Cela vous permettra de vous arrêter dans deux autres superbes villages ardéchois. Il s’agit tout d’abord de Saint-Montan, village médiéval perché qui est un modèle du genre. Coincé entre la rivière et la montagne, il s’élève en pyramide jusqu’à son château des temps féodaux, et ses vieilles maisons de pierre blonde se blottissent sous la protection des ses remparts et de son haut donjon carré. Sa restauration, qui dure depuis plus de trente ans, est une réussite, et lorsqu’on se promène dans ses passages voûtés, ses rue-escaliers et ses venelles en colimaçon, on se croirait vraiment au Moyen Âge ! Alba-la-Romaine est très différente. D’abord, c’est un village construit en pierre volcanique, et le basalte le dispute au calcaire dans l’appareillage des maisons. Certes, l’ambiance médiévale est là aussi (lacis de ruelles pavées, linteaux sculptés, fenêtres à meneaux, remparts…), mais l’impression n’est pas la même. Sans doute à cause de son château, remanié au fil des siècles, et des nombreux artistes et artisans qui la rendent plus vivante que Saint-Montan. Pourquoi « la romaine » ? Il faut sortir de la cité pour aller sur le site des ruines de la ville antique. Toujours en fouilles, vous ne verrez que les fondations de cette grande ville romaine, dont subsiste tout de même un théâtre bien conservé. Tout autour, la plaine est plantée de vigne. La boucle est bouclée. Vous avez démarré ce circuit dans les vignobles des Côtes du Rhône, vous le finissez dans ceux des coteaux de l’Ardèche. Un magnifique itinéraire qui mérite bien vin sur vin !

Pratique

Stationnement, étapes

Aucune difficulté pour trouver où passer la nuit, entre les nombreuses aires communales (Tournon-sur-Rhône, Lamastre, Désaignes, le lac d’Issarles, Antraigues, Meyras, Thueyts, Vinezac, Banne, Vallon-Pont-d’Arc, Alba-la-Romaine…), les parkings de supermarchés, de châteaux, ou tout simplement les places de village. Hors saison, cela ne pose pas de problème pour une nuit… Pensez aussi aux étapes chez les viticulteurs membres de France Passion !

Bonnes tables

Le Chaudron, 7 rue Jean Jaurès à Tournon-sur-Rhône : bonne cuisine française de tradition, et belle carte des vins régionaux (St-Joseph, Hermitage…).

Ferme-auberge de Jameysse, vers Désaignes : cuisine familiale au feu de bois avec volaille fermière et charcuterie maison.

Restaurant de l’Hôtel Beauséjour, route du Lac, Le Béage : goûtez aux spécialités locales, la maoche (estomac de porc farci au chou), ou le bœuf fin gras du Mézenc.

Le Vivarais, (hôtel Helvié), à Vals-les-Bains : cuisine gastronomique pour un prix raisonnable.

Le Levant, à Neyrac-les-Bains : cuisine fine et inventive, 6ème génération de cuisinier a officier aux fourneaux de ce restaurant réputé dans la région. Spécialité : le foie gras aux châtaignes.

L’Olivier de Païolive, route d’Alès, Les Vans : cuisine de terroir copieuse et généreuse. Très bien situé à proximité du bois de Païolive.

Le Bec Figue, à Labeaume : bistrot de pays très sympathique. Produits frais et de saison, formule d’assiettes complètes à 13 € qui vous laisseront sans faim.

La châtaigne dans tous ses états

L’Ardèche étant le premier département français producteur de châtaignes, vous retrouverez ce fruit sous toutes ses formes tout au long de votre voyage. Si vous êtes sur place en octobre-novembre, pendant la récolte, vous pourrez assister aux « castagnades », fêtes de village très animées célébrant la châtaigne (marchés de producteurs, concours de ramassage, repas, rôties de châtaignes, randonnées, spectacles…). Programme à demander au CDT ou www.castagnades.fr . A visiter pour tout savoir sur l’histoire, la culture et les usages de la châtaigne :

  • le musée de la châtaigneraie, à Joyeuse
  • la maison du châtaignier, à St-Pierreville
  • la ferme du châtaignier, à Lamastre

Et pour déguster de savoureux marrons glacés, allez les acheter sur leur lieu de fabrication : Ets Sabaton, ZA La Plaine, à Aubenas

Se renseignerwww.ardeche-guide.com

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