Située au sud de la Malaisie, cette cité-Etat est une destination sûre qui fascine par l’intégration de la nature dans l’architecture, et qui séduit par son brassage multiculturel.

Deux chiffres suffisent à comprendre pourquoi Singapour est surnommée la ville-jardin : c’est le 2ème pays le plus densément peuplé au monde (après Monaco), mais 50 % de sa surface est constituée d’espaces verts ! Dès la sortie de l’aéroport, on est surpris de voir le long des rues des « rain trees« , de grands arbres de la forêt pluviale à la ramure impressionnante. Leurs branches ploient sous les plantes épiphytes, et leurs houppiers touffus procurent une ombre et une fraîcheur bienfaisantes dans ce pays au climat équatorial. Grâce à eux, lorsqu’on se promène en ville, on ne ressent pas la sensation étouffante d’un univers de béton, d’autant que de nombreux buildings ont végétalisé leur façade. De plus, on n’est jamais loin d’un coin de verdure. Singapour compte d’innombrables petits parcs et quatre réserves naturelles agrémentées de plans d’eau (servant de réservoirs d’eau potable), qui sont de véritables jungles ! J’ai marché dans le parc MacRitchie, très bien équipé de sentiers jalonnés de panneaux informatifs sur la faune et la flore. Il faut passer par la tour Jelutong pour se hisser au niveau de la canopée, et emprunter le « tree top walk », une passerelle également haut perchée, qui était fermée ce jour-là. J’ai vu des macaques (dont il faut se méfier), d’innombrables oiseaux, des écureuils, et même un sanglier ! L’autre parc dans lequel on passerait la journée, c’est le jardin botanique, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Répartis autour de plusieurs lacs, ses jardins thématiques sont un enchantement (forêt de bambous, de bougainvillées, ethnobotanique, jardin de plantes médicinales, de fruits sauvages, vallée des palmiers, etc…). Mais le clou de la visite est sa collection d’orchidées, la plus importante au monde (1000 espèces et 2000 hybrides !), que l’on découvre plantées dans les parterres ou dans une grande serre. Je n’étais pas particulièrement fasciné par les orchidées, mais maintenant, je suis fan ! La diversité de leurs formes et de leurs couleurs est sidérante, d’autant plus que les horticulteurs en hybrident de nouvelles à chaque passage d’invité de marque, à l’instar des roses. Laquelle préférerez-vous, l’orchidée Obama ou Mandela ?














Singapore de commerce
Avant de visiter cette ville, il est important de bien la comprendre, de cerner ses enjeux. Pour cela, je recommande de commencer par deux musées, qui sont plutôt des centres d’interprétation. Comme Singapour a d’abord été un port, rendez-vous à la Singapore Maritime Gallery, qui dévoile comment un petit village de pêcheur est devenu une mégalopole tentaculaire. Tout a commencé en 1819, lorsque le britannique sir Thomas Raffles acheta l’île au sultan de Johor, afin d’installer une base navale pour contrôler le détroit de Malacca, et un port de commerce pour concurrencer les Hollandais. Le port a toujours été au cœur de l’activité économique de Singapour : les épices au XIXe s., le pétrole dans les années 1950, et les biens de consommations mondialisés, tout ou presque passe aujourd’hui par son port de containers, le 2ème du monde après Shanghai. Et une extension de ce port est prévue, ce qui doperait encore la réussite économique de ce petit pays (grand comme le Territoire de Belfort !), qui est un « dragon asiatique« , comme Taïwan ou Hong-Kong. Parfaitement documenté et illustré, ce musée, qui dispose aussi d’un ludique simulateur de conduite de porte-container, est une parfaite introduction à la découverte de Singapour, et en plus, il est gratuit !

Singapour le développement durable
L’autre musée incontournable (également gratuit) est le Singapore City Gallery, situé dans le bâtiment URA center. Il présente, de façon immersive et interactive, les étapes de transformation de la ville pendant ces 50 dernières années. On découvre comment, depuis le visionnaire premier ministre Lee Kuan Yew, différents plans de développement ont été mis en place pour optimiser le peu de surface disponible, et pour gérer l’eau, l’énergie et les transports. Il est fascinant de suivre les différentes étapes de ce plan d’urbanisation, de voir comment ils ont agrandi la cité sur la mer, comment ils ont transformé la ville en respectant l’environnement et en y introduisant le plus de nature possible, comment ils ont réussi à construire une ville de 6 millions d’âmes en pensant au bien-être de ses habitants, dont 90 % sont à moins de 400 m d’un espace vert ! Les 300 parcs sont reliés par 150 km de pistes cyclables, il y a 6 lignes de métro (+ 3 à venir), chaque quartier dispose d’un grand centre sportif communautaire… Bref, quand on veut, on peut. Ou comment le génie humain peut trouver des solutions innovantes quand il y est contraint par la géographie. Une belle leçon d’urbanisme, en tout cas, et même de politique générale, car Singapour est la preuve irréfutable qu’il est possible d’harmoniser l’économie, le social et l’environnement, en mettant au premier plan le développement durable. Monsieur le président, Madame Hidalgo, un p’tit voyage officiel à Singapour ?

Chinois, indien, peranakan, arabe, anglais : cinq gars pour !
Dès les premiers plans de la ville, faits en 1971, après l’indépendance, il a été décidé de conserver les bâtiments historiques. Il aurait été tentant de raser ces vieilles shop houses et ces petites maisons traditionnelles à un étage pour ériger des gratte-ciel de 50 étages et plus… Heureusement (merci Lee Kuan Yew, véritable idole pour ma guide francophone et pour la majorité des Singapouriens), les différents quartiers communautaires de la ville ont été conservés, pour le plus grand bonheur de ses habitants, et pour le nôtre, car on a ainsi l’impression de visiter plusieurs pays en même temps… Le plus grand de ces quartiers est Chinatown. C’est logique, les Chinois représentent 75 % de la population ! On se balade donc dans une enclave chinoise, avec ses temples aux toits en pagode étagés, ses échoppes rouges, remplies de toutes les babioles et de toutes les saveurs d’Orient, ses grands magasins où l’on trouve aussi bien de la soie que des pénis de cerf ou du crocodile séché… Au fil des ruelles, on ne peut pas manquer, par la vue ou l’odorat, de voir les étals de durians, ces gros fruits à l’odeur nauséabonde que les vrais connaisseurs n’achètent qu’après l’avoir goûté… La Chine, quoi ! Sans oublier ses restaurants, dont je parlerai dans le paragraphe suivant.















Non loin de là, s’étend le quartier peranakan (ou baba-nyonya), du nom de cette communauté issue des migrants chinois du XVIe au XVIIe s., qui s’unirent avec des femmes locales d’origine malaisienne. Au fil des siècles, cette communauté a développé un art de vivre raffiné où se mêlent les influences chinoises, malaises et même européennes, via les colons anglais. Pour en savoir plus, il faut visiter l’Asian Civilizations Museum et/ou le Peranakan museum, mais si vous manquez de temps, il suffit de vous faire expliquer tout cela par votre guide (je conseille d’en prendre un), lorsqu’il ou elle vous amènera à Emerald Hill road, Joo Chiat road ou Orchard road pour admirer de ravissantes maisons peintes de couleurs pastels, construites dans un style architectural fusionnant le local et le colonial. Ces maisons, hautement « Instagrammables », sont certainement les plus photographiées de Singapour ! Cette constante affluence doit faire râler les propriétaires, mais en même temps, cela doit les rendre fiers, car ils continuent de fleurir leur terrasse, et d’entretenir soigneusement les couleurs de leurs façades… Faites une pause chez Bebe Seet, une peranakan qui tient une jolie boutique (113 East Coast rd) où l’on trouve des objets et des vêtements peranakan. Elle se fera un plaisir de vous offrir un thé et des gâteaux et de vous expliquer sa culture en vous montrant les photos de ses ancêtres.














L’autre quartier à forte identité culturelle, c’est Little India. Comme pour Chinatown, on pourrait se contenter de flâner dans les rues pour faire du « voyeurisme touristique », et au mieux, entrer dans les boutiques pour faire emplette d’épices ou de tissus, et ce serait déjà follement exotique. Mais pour une découverte moins superficielle, j’insiste, un guide local est nécessaire. Il vous fera visiter un temple tamoul en expliquant pourquoi des gens viennent fracasser des noix de coco devant l’entrée (cela symbolise un nouveau départ, et la rupture de l’ego), il vous dénichera un cours de yoga ou un massage ayurvédique, et il vous aidera à faire les bons choix au restaurant. Sans notre guide, je n’aurais pas rencontré le responsable d’une épicerie indienne entièrement bio, remplie de produits sains et bons pour la santé (Sampoorna Swadesi, 14 Belilios Lane), ni Mr et Ms Shanti, du restaurant végétarien et ayurvédique Green Leaf Cafe (43 Cuff Road), où l’on vous sert une dizaine de petites préparations sur une grande feuille de bananier. Enfin, il faut se rendre à Kampong, le quartier arabe, dont les maisons à un étage (certaines décorées de fresques) forment un contraste saisissant avec les gratte-ciel gris situés juste derrière, qui s’élancent à l’assaut des nuages. J’y ai rencontré Johari Kazura, parfumeur de père en fils, qui tient Sifr Aromatics (42 Arab St), une parfumerie où il concocte, à l’ancienne, ses propres parfums, tout en ayant perfectionné sa technique à Grasse. Un vrai magicien, qui sait transformer le musc le plus rebutant en une fragrance irrésistible, par la grâce de quelques mariages d’essences subtilement dosées dont il a le secret…










Hawker de la cuisine locale
La gastronomie locale reflète la diversité des ethnies qui composent la société. La cuisine singapourienne est réputée à juste titre, et fait partie des atouts de la destination. Socrate a bien expliqué qu’il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger, cependant… il n’était jamais venu à Singapour ! Vous voulez une seule preuve de l’excellence de cette cuisine ? Un boui-boui du quartier chinois y a obtenu une étoile Michelin ! Oui, vous avez bien lu, Chan Hon Meng a reçu cette récompense suprême en 2017, pour son « chicken rice », qu’il vendait alors dans un stand de rue ! Je suis allé, naturellement, dans le restaurant étoilé le moins cher du monde, mais avec le succès, c’est un peu devenu une « usine », et le chicken rice a perdu son croustillant et sa saveur originale (dixit ma guide). Peu importe, il y a pleins d’autres cuisiniers anonymes, dans les hawkers centers, qui mériteraient cette étoile. Un hawker center est une sorte de marché couvert regroupant de nombreuses gargotes de tous styles culinaires, qui étaient auparavant des hawkers, des colporteurs ambulants. Il reste encore des gargotes mobiles, notamment pour les vendeurs de brochettes au satay (sauce cacahuète), mais la plupart sont dans ces structures couvertes de restauration communautaire, et l’on mange au milieu des locaux sur de petites tables aérées par de grands ventilateurs. Comme partout en ville, la propreté y est irréprochable. Pour le soir, je recommande Lau Pa Sat, dans le New Financial District, un hawker center qui permet de dîner à l’air libre. Le site est étonnant, car c’est l’unique construction horizontale isolée au milieu d’une forêt de building !




Une ville fière de son passé…
Singapour a conservé de nombreux bâtiments et vestiges de son héritage colonial. La plupart sont situés rive nord de la rivière Singapour, et voici un itinéraire qui vous permettra d’en avoir un bon aperçu. La balade commence sur la petite colline de Fort Canning. Ce parc luxuriant, où se situaient le palais et les sépultures des rois du XIVe s., abrite les vestiges du fort Canning de 1860, et un jardin d’épices rend hommage à sir Raffles, qui était aussi botaniste. A l’angle de Hill St et River Valley rd, admirez l’ancien hôtel de Police, dont la façade est percée de près de 1000 fenêtres, toutes peintes au couleurs de l’arc-en-ciel. Doit-on comprendre qu’on en faisait voir de toutes les couleurs aux prisonniers ? Il faut rappeler que ce pays n’est pas tendre pour ceux qui outrepassent la loi, ce qui explique, en partie, que la ville soit propre et sûre. Passons… et traversons pour rejoindre les quais de la rivière, le long du Parlement. Là encore, le contraste est saisissant entre le quai d’en face, occupé par 2 ou 3 rangées de petites maisons devancées par des restaurants en terrasse, et les gratte-ciel en arrière-plan. Une statue de sir Raffles trône devant le musée des Civilisations Asiatiques, de style colonial, l’autre étant devant la tour de l’horloge du Victoria Concert Hall, l’ancien hôtel de ville du XIXe s. De l’autre côté de la rue, la National Gallery, avec sa coupole et ses colonnes corinthiennes, illustre parfaitement le style classique colonial. C’est l’ancienne Cour Suprême, la nouvelle étant la « soucoupe volante » posée juste à côté… Un peu plus loin voici la cathédrale gothique de St-Andrews, so british… Il faudra marcher encore un block dans la même direction pour rejoindre enfin le Raffles, hôtel mythique qui a conservé le charme suranné d’un palace du XIXe s. Le must est d’y terminer cette balade coloniale en sirotant un Sling, le cocktail emblématique du Raffles, à base de jus d’ananas aromatisé au gin, Cointreau et Bénédictine. So british again !




… mais tournée vers le futur
Soyons honnête, ce qui impressionne, à Singapour, c’est l’architecture contemporaine. Rendez-vous d’abord à Marina Bay, située à l’embouchure de la rivière Singapour. C’était là où accostaient autrefois les jonques chargées de marchandises… La baie a été fermée par poldérisation, c’est maintenant une étendue d’eau douce entourée de bâtiments tous plus étonnants les uns que les autres : le musée des Sciences, en forme de fleur de lotus stylisée, les salles de concert de l’Esplanade en forme de demi-durian, le polyèdre en verre Louis Vuitton, et bien sûr le Marina bay Sands, l’iconique hôtel de Singapour au roof-top en forme de paquebot, dont je reparlerai après. Avant de quitter la marina, il faut aller voir Merlion cracher son jet d’eau ! C’est l’animal totémique de Singapour, mi-lion, mi-poisson, qui symbolise les précédents noms de la cité : Tumasik (mer en javanais), et Singapura (ville du lion en sanskrit). Et puisque vous serez là, traversez la rue pour entrer dans le Fullerton, l’autre palace de style néoclassique, qui était à l’origine… la Poste générale ! C’est depuis les années 2000 un hôtel 5 *, et son gigantesque hall d’entrée vaut le coup d’œil.






A quelques minutes à pieds de Marina Bay, Gardens by the Bay est un parc naturel urbain de 100 ha, où l’on en prend plein la vue. Inauguré en 2012, c’est l’image même de cette ville-jardin, où l’architecture futuriste s’intègre à merveille dans une nature exubérante. Au milieu de ce jardin paysager qui est comme une jungle domptée, s’élancent des Supertrees, des structures en forme d’arbre, entièrement recouvertes de végétaux. On se croirait dans un film de science-fiction, et on ne s’étonnerait pas, dans un tel décor, de voir voler des voitures dans le ciel… Des passerelles reliant ces « arbres » à 30 m du sol permettent de prendre de la hauteur pour varier les points de vue sur ce fabuleux parc. Au-dessus de la frondaison des arbres, dépassent les biodômes, deux serres géantes cerclées d’arceaux blancs qui les font ressembler à des coquillages. L’un est un jardin botanique abritant des plantes et des fleurs du monde entier, certaines rares ou en voie d’extinction (présentés un peu à la Disneyland…), l’autre, le Cloud Forest, reconstitue l’ambiance d’une forêt tropicale d’altitude, avec une véritable cascade, et des passerelles suspendues donnant l’impression de marcher dans la canopée. Il faut donc prévoir une journée entière dans cet extraordinaire jardin, d’autant plus que chaque soir, à la nuit tombée, les arbres s’illuminent lors d’un show Sons & Lumières assez magique. Mais gardez encore quelques « waouh ! » en réserve, car vous n’êtes pas au bout de vos surprises ni de votre émerveillement…











Car voici le moment où il vous allez visiter le Marina Bay Sands. Premier choc visuel à l’intérieur ce cette cathédrale de verre et de béton, où les étages s’empilent de façon pyramidale, générant des lignes de fuite quasi hypnotiques. Dans le lobby, où une vingtaine d’employés gèrent à flux tendu les départs et les arrivées des clients des 2200 chambres (!), des arbres poussent dans des pots de 4 m de haut. L’intérieur est conçu comme un centre commercial, avec même une petite rivière pour balader les touristes ébahis, et l’ensemble compte plus de 80 lieux de restauration ! Si vous ne désirez pas errer dans ce temple de la consommation, montez au 56ème étage, au SkyPark Observation Deck. C’est cher (26 $), mais cela vaut le coup ! Une astuce consiste, à partir de 17 h, à monter gratuitement au « Cé La Vi sky bar » : vous aurez la même vue, et pour le même prix vous aurez un cocktail… Ce roof top est vraiment « amazing » : d’abord, la piscine à débordement, qui donne irrésistiblement envie de plonger dedans (mais elle est réservée aux clients de l’hôtel). Longue de 150 m, bordée de palmiers, culminant à 206 m d’altitude, c’est la piscine d’hôtel la plus haute du monde ! Depuis la terrasse, le panorama sur la ville et sur Gardens by the Bay est époustouflant. D’un côté la forêt de gratte-ciel, et de l’autre, la véritable forêt, et la mer encombrée de porte-containers. C’est une vue qui résume bien Singapour !







La nature dans la ville
Je reviens encore sur le sujet, car je n’ai pas tout dit dans le premier paragraphe. Singapour s’est dotée de petites fermes urbaines, permettant à un quartier de consommer des produits frais et sans transport. Vous pourrez visiter par exemple City Sprouts (les Pousses de la ville, 102 Henderson Road), fondé par un jeune trentenaire, Zac Toh, qui expérimente des salades sur des substrats verticaux, créé de petites rizières, et qui met des serres à disposition des habitants pour qu’ils y cultivent fruits et légumes. Chaque 1er samedi du mois, il organise un marché des producteurs. Son but : arriver en 2030 à atteindre 70 % de nourriture importée à Singapour (contre 90 % aujourd’hui). Utopique ? Pas vraiment, quand on voit les efforts qui sont faits dans ce domaine, et quand on sait de quoi sont capables les Singapouriens… Ainsi, depuis une dizaine d’années, toute nouvelle construction doit restituer en verdure sa surface au sol. « More concrete, more green » (plus de béton, plus de verdure), dit le slogan. Si ces efforts sont parfois discrets (on ne voit pas forcément les arbres plantés sur un toit, la végétation dans les halls ou la pelouse dans les atriums), les promoteurs et les architectes rivalisent aujourd’hui de créativité et d’audace pour construire le building le plus vert de la ville… Tel le Tree House (60 Chesnut Ave), qui est doté du plus grand jardin vertical au monde. Récemment, des architectes biophiles se sont enhardis à supprimer carrément des étages pour les remplacer par des jardins ou des petites forêts. C’est le cas de l’Oasia, une tour de 27 étages datant de 2016 qui abrite quatre jardins suspendus, que l’on distingue par ses ouvertures béantes, qui sont autant de puits de lumière. Pour le moment, sa façade en résille d’aluminium est rouge, mais elle va progressivement se couvrir de plantes tropicales grimpantes, ce qui va la transformer en véritable forêt verticale ! En plus de capter le CO2 et les particules, cela procurera aux occupants une climatisation naturelle et gratuite… Au cœur du quartier d’affaires, on s’attend à tout moment à voir sortir le bonhomme de Cetelem de l’immeuble de bureaux CapitaGreen (2014), dont les parois de verre laissent voir de la végétation à chaque étage. Ne voulant pas en rester là, ces mêmes promoteurs viennent d’inaugurer cette année le CapitaSpring, l’un des plus hauts gratte-ciel de la ville, qui contient, excusez du peu, une forêt-oasis entre le 17ème et le 20ème étage, et la ferme urbaine la plus haute du monde au 51ème étage ! Il va sans dire qu’il faut absolument aller voir cela. C’est… tout simplement beau, voire même émouvant. On ressent l’harmonie entre béton et la plante, la fusion du verre et du vert. C’est le genre d’expérience qui réconcilie avec la ville ! Le building lui-même est beau, dévoilant élégamment ses espaces verts en entrouvrant ses lignes verticales par de larges ogives. Cerise sur le cup-cake, toutes les herbes et les légumes bio de la ferme urbaine sont cuisinées à l’Arden, le plus haut restaurant de Singapour, une table gastronomique dont l’addition est à la hauteur de son altitude, très élevée… Mais quelle vue !








Le stade terminal de l’émotion
Je croyais avoir tout vu, avoir atteint le summum de l’ébahissement, le nirvana suprême de l’écolo-bobo… mais je m’étais trompé. Lorsque j’ai découvert le nouveau terminal (le bien-nommé Jewel) de l’aéroport Changi, mon admiration pour Singapour est encore montée d’un cran. Pourtant, ce terminal est en fait un gigantesque mall à l’américaine, avec hôtel, restaurants, boutiques (même un Apple store !), cinéma IMAX… et je fuis d’habitude ce genre d’endroit. Mais celui-là est exceptionnel dans sa conception, car encore une fois, la nature y est mise en valeur. Oh, pas seulement avec des pots de fleurs ou des yuccas devant chaque boutique, non, mais avec… une forêt tropicale entière qui entoure sur une hauteur de 5 étages une cascade s’écoulant dans un vortex en verre ! On en reste bouche bée… Grâce à ces installations, se promener dans ce terminal aéroportuaire devient un plaisir, on va à tous les étages pour varier les points de vue… Au dernier étage, le Canopy park a un pont suspendu, un jardin topiaire, un autre de fleurs, des labyrinthes végétaux, entre autres amusements. Si l’on n’y prend garde, c’est un coup à rater l’avion ! Mais après tout, un jour de plus à Singapour, why not ?



Voyage pratique
Y aller : la très réputée Singapore Airlines dessert Singapour depuis Paris en vol direct (en 12 h), à partir de 892 € A/R. https://www.singaporeair.com/fr_FR/fr/home#/book/bookflight
Se loger :
ParkRoyal on Pickering : incroyable hôtel d’architecture moderne, dont les étages débordent de végétation avec cascades et jardins perchés. Un must, à s’offrir pour 310 € la chambre. https://www.panpacific.com/en/hotels-and-resorts/pr-collection-pickering.html?utm_source=google&utm_medium=business_listing&utm_campaign=googlemybusiness







The Warehouse : hôtel design chic dans un ancien entrepôt rénové, au bord de la Singapore river. A partie de 250 €/ch. https://www.thewarehousehotel.com/
The Sultan : hôtel installé dans d’anciennes boutiques du quartier malais. A partir de 120 €/ch. http://www.thesultan.com.sg/
Se restaurer :
Entrons un peu dans le détail. Parmi les plats les plus emblématiques de la ville, il faudra goûter au hokkien mee, des nouilles sautées aux fruits de mer ; au laksa, soupe de nouilles au lait de coco épicée (parfois très épicée !) ; au chili crab ; au popiah (rouleau de printemps)… Côté douceurs, ne rentrez pas sans avoir goûté au kaya, sorte de confiture au lait de coco, qui entre dans la confection de plusieurs desserts « kueh », parfois parfumés au pandanus, ce qui leur apporte une jolie couleur verte.
Voici une liste de restaurants pour tous budgets :
Lau Pa Sat : hawker center réputé où l’on mange pour 15-20 €.
Keng Eng Kee Seafood : une gargote aux chaises en plastique, mais qui sert des plats chinois d’une grande qualité (chili crab, travers de porc au café, canard braisé au concombre de mer, nouilles de riz à la viande (horfun)…). Compter 25-30 €. http://www.kek.com.sg/
Open farm community : une ferme urbaine où l’on se régale des légumes et des herbes cultivées sur place. De la fourche à la fourchette, pour 30 €/p. https://www.openfarmcommunity.com/
Bedrock Origin, à l’Oasis Sentosa : un des meilleurs restaurants de Singapour. Des poissons grillés et des viandes maturées à se damner, et une incroyable carte des vins et des whiskys. Ils ont même le Glendronach Allardice (18 ans), les connaisseurs apprécieront… A partir de 40 € pour le déjeuner, le double pour le soir, surtout si l’on prend un cocktail et du vin ! https://www.bedrock.com.sg/origin
Ce restaurant est une raison suffisante pour venir à Sentosa, île-parc d’attraction qui dispose de quelques plages de sable, mais avec vue sur les supertankers… Cependant, la compagnie charter Lé Tara propose des excursions dans les petites îles au large, plus préservées du tourisme de masse. Compter 30 €/h, avec boisson sans alcool. https://www.letarayacht.com.sg/destination/singapore
Ma guide : Cindy Tay est une dynamique guide francophone. Son courriel : cindytay.sc@gmail.com







Se renseigner : visitsingapore.com