La Pouille, la province italienne qui gagne à être connue

Injustement méconnue, la Pouille a pourtant de quoi séduire : d’immenses plages, des châteaux et des églises magnifiques, et une gastronomie de qualité et bon marché.

ITALIE - Pouille Paysage vers Gravina
ITALIE – Pouille Paysage vers Gravina

 

Ne vous fiez pas à son nom. La province de la Pouille (on peut dire aussi les Pouilles), n’a rien de pouilleux, au contraire. Calée dans le « talon de la botte » de l’Italie, c’est une région agricole qui a le charme de la Toscane, en offrant en plus un vaste littoral ouvert sur deux mers. La capitale, Bari, n’est pas la plus jolie ville des Pouilles, loin s’en faut, mais quitte à y passer, autant faire un tour dans sa vieille ville. C’est un quartier populaire composé d’un lacis de ruelles tortueuses, dont les magasins et les scènes de vie n’ont pas changé depuis des lustres : de vieilles femmes en noir font frire des tranches de polenta dans la rue ; d’autres étalent les orechiette (petites pâtes en forme d’oreille) à la main sur leur table de cuisine ; des odeurs de pain s’échappent des fourneaux où l’on cuit des fougasses… Ce tableau ne serait pas complet sans la forêt d’antennes de télévision qui poussent sur les toits en terrasse, l’anarchie des fils électriques qui tissent une toile entre les immeubles, le linge qui pend aux fenêtres, les ados en scooters qui slaloment dans les ruelles, et les éclats de voix qui se répercutent sur les façades lépreuses. C’est bien l’Italie du Sud, avec tout son charme, et ses clichés : une vraie tranche de vie napolitaine !

ITALIE - Pouille - Castel del Monte
ITALIE – Pouille – Castel del Monte

Au nord de Bari, se trouve le promontoire du Gargano. C’est l’éperon de la botte, un escarpement calcaire sauvage plongeant à pic dans la mer. Culminant à 1000 m, ce petit massif est coiffé d’une forêt luxuriante, tandis que sa côte alterne falaises rocheuses, petites criques ou longues plages de sable. La route qui en fait le tour est vraiment superbe, car elle offre à chaque virage une marine peinte sous un angle différent. A partir de Manfredonia, elle s’élève au-dessus des plantations d’oliviers, et surplombe la mer d’un bleu profond, sur laquelle se découpent de majestueuses arches calcaires. La vieille ville de Vieste est pittoresque : un quartier médiéval entouré de remparts, aux maisons blanchies à la chaux, des ruelles escarpées, de minuscules échoppes, et au sommet, un château en à pic sur la mer. Un peu plus loin, voici un autre village de pêcheur, Peschici, qui regorge d’artisans d’art : céramiques, bijoux, objets en cuir ou en bois… Quant à Monte San Angelo, c’est un magnifique village blanc, dont la sérénité est à peine altérée par le flot de pèlerins venus pour voir le sanctuaire de St-Michel…

Pour rejoindre Bari, il suffit de longer la mer Adriatique. Ici, les plages ne sont pas renversantes, l’arrêt ne se justifie pas, sauf pour faire halte à Trani. Son petit port est mignon, avec ses maisons blanches à arcades et ses bateaux de pêche peints en bleu ciel. Il faut y aller le matin, lorsque les pêcheurs vendent leur marée sur les quais. Les gens discutent la fraîcheur ou le prix des poissons en faisant de grands gestes avec les mains, et en invoquant la madone à tout propos… Celle-ci n’est pas loin, car la cathédrale dresse son haut campanile au bout du port, à quelques mètres des flots. C’est l’une des plus belles églises de l’art roman de la Pouille, et sa façade, faite d’une belle pierre blanche rosée, met en valeur son magnifique portail fermé par une porte en bronze.

A 50 km à l’ouest de Bari se trouve un château extraordinaire. Non par sa taille, plutôt modeste, ni par son mobilier, car il est pratiquement vide. Si Castel del Monte est classé au patrimoine Mondial de l’Unesco, c’est pour son architecture parfaite, voulue par Frédéric II au XIIème siècle. Sa forme est octogonale, avec huit tours, elles-mêmes octogonales. Chaque élément de l’édifice correspond à des règles astronomiques précises, comme si Frédéric II avait souhaité en faire un observatoire spatial ! Posé sur un parterre de fleurs des champs, nu et invincible à la fois, on ne peut qu’être envoûté par ce château trop beau, trop lisse, trop parfait, le rêve de pierre d’un empereur mégalomane… Autour, la campagne est belle et lumineuse. Prenez la route 97 vers Gravina di Puglia. Elle parcourt une étroite vallée où se succèdent vignes et oliveraies. Des fermes entourées d’un verger donnent envie de s’y arrêter pour la vie. Des coquelicots saupoudrent de carmin les champs de blé ondulant au vent. Dans ce paysage bucolique typiquement apulien, les oiseaux sont comme des anges qui volettent dans l’azur…

Dans la vallée d’Itria, vous serez surpris de voir de curieux cônes émerger de la campagne. Ce sont des trulli, ces très anciennes maisons d’origine orientale, au toit rond et pointu couvert de pierres sèches. A Alberobello, tout un quartier, classé Patrimoine Mondial par l’Unesco, n’est constitué que de trulli. Même l’église a un toit conique ! Quel village étrange et fascinant…  Dans un tout autre style, Martina Franca mérite aussi le détour. Sa vieille ville est splendide, car elle regorge de palais et d’églises baroques, dont les façades font penser à un décor de théâtre. Tendez l’oreille, car ici, les gens parlent avec quelques mots de patois français, comme vous l’expliquera le barman du bar Tripoli, où les crèmes glacées, à accompagner d’un verre de lait d’amande, sont à se damner…

Nous voici sur la côte Ionienne. Evitez Tarante l’industrielle, et rejoignez plutôt Gallipoli. Ceinte de remparts et séparée de la ville moderne par un pont, sa vieille ville a beaucoup de cachet. Ses maisons blanches fortifiées de l’extérieur, aux cours intérieures raffinées, lui donnent un air de médina nord-africaine. D’émouvantes petites églises de pêcheurs sont tournées vers la mer, et dans les sombres ruelles, des vieux ravaudent leur filet ou vendent d’étonnants coquillages. Le littoral situé entre Gallipoli et Leuca n’offre que peu d’intérêt, exception faite de quelques belles plages, telle Baia Verde, ou l’immense plage de Salve, quasiment déserte car un peu éloignée de la route. De l’autre côté de la péninsule du Salento, la route en corniche ménage de beaux paysages et réserve de belles trouvailles : de charmants petits ports, une station thermale aux palais mauresques (Santa Cesarea di Terme), des criques et des grottes accessibles à pieds ou par bateau. Par endroit, la mer est si transparente qu’on voit les oursins que les pêcheurs vendent au bord de la route…

Lecce est sans doute l’une des plus belles villes d’Italie. D’ailleurs elle est surnommée la Florence baroque, en raison de l’architecture exubérante de ses églises et de ses palais. La splendeur de la vieille ville vient autant de la profusion et de l’unité architecturale de ses monuments, que de sa pierre beige, prenant des teintes rosées ou blondes selon l’heure de la journée. Au coucher du soleil, les éclairages mettent en valeur les façades et les places, où les habitants aiment à flâner jusque tard dans la nuit, comme s’ils voulaient profiter au maximum de la beauté du décor. Impossible de tout décrire tant il y a de merveilles, mais ne ratez surtout pas l’église de Santa Croce, dont la façade atteint un sommet du baroque.

 

Et les plages ? Celles que vous trouverez sur la côte Adriatique sont si nombreuses et si vastes que vous n’aurez que l’embarras du choix. Mais que les plaisirs balnéaires ne vous empêchent pas de vous rendre à Polignano di Mare. Coup de cœur pour ce village de pêcheurs construit sur une péninsule rocheuse, qui semble comme un paquebot de pierre bravant l’océan. Ses maisons situées en à pic sur la falaise ménagent de petites terrasses permettant de jouir d’un extraordinaire coucher de soleil. Prolonger la soirée par un dîner aux chandelles au Grotta Palazzese (voir bonnes adresses), est le comble du romantisme !

L’or de la Pouille

Une des principales ressources agricoles de la Pouille est la culture de l’olivier. Ici, l’olivier est un monument dans la campagne, et certains arbres, plusieurs fois centenaires, ont un tronc énorme et noueux comme une sculpture. Comme pour le vin, l’huile d’olive a ses crus, que vous pourrez acheter dans les épiceries, et goûter dans les restaurants. On peut aussi en acheter directement chez le producteur, c’est l’occasion de rencontrer des apuliens et de vérifier leur hospitalité. Excellent accueil chez la famille Sante, dont l’azienda agricola se trouve 3 km avant Ostuni, sur la route 16 venant de Brindisi.

PRATIQUE

Office national du tourisme italien (ENIT) : 23, rue de la Paix, 75002 Paris. Tél : 01 42 66 03 96 ou www.enit-france.com

Y aller

Paris-Bari A/R avec Alitalia (une escale), environ 200 €. En train, Paris-Milan en TGV et Milan-Bari en train couchette. Arrivée le lendemain matin. Pour tarifs, consulter la SNCF.

Bonnes adresses

Le rapport qualité/prix des restaurants de cette région est exceptionnel. Ajoutez à cela de très bons vins, la gastronomie apulienne est l’un des principaux attraits du voyage !

  • Le Arpie, à Bari (vicolo Arco Carmine, près de la basilique) : auberge avec jolie salle voûtée, et tables en terrasse dans la venelle.
  • Ai Portici, à Martina Franca (piazza Maria Immacolata) : en entrée, goûtez à la purée de fèves, et en antipasti, aux orechiette. Compter 25 € avec le vin.
  • Villa della Monica, à Lecce (via San Giacomo e Giovanni) : dans un palais Renaissance au milieu d’une oasis de verdure… Les antipasti (8 petits plats) sont si copieux qu’on s’en contenterait pour dîner. Compter 35 € avec le vin.
  • Grotta Palazzese, à Polignano (59 via Narciso) : la salle est installée dans une grotte creusée dans la falaise, en surplomb de la mer : très romantique ! Cuisine et service raffinés. Prendre le menu tout poisson (7 plats), inoubliable… Environ 120 € avec le vin.
  • Hôtel Mercure Villa Romanazzi Carducci : via Capruzzi, à Bari : un superbe palais reconverti en hôtel 4 *, dans un parc historique. Chambres à partir de 100 €.
  • Park Hotel San Michele : viale Carella, à Martina Franca : grandes chambres au calme dans cet hôtel confortable et bien situé, à partir de 100 €.

 

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