L’Espagne verte

Avec Santander, Bilbao et San Sebastian comme têtes d’affiches, le nord-ouest de l’Espagne séduit aussi par ses belles plages, ses espaces naturels préservés, sa campagne authentique et sa gastronomie riche et variée.

Tout le Nord-Ouest de l’Espagne, de la Galice au Pays basque, mérite son surnom d’Espagne verte, tant ses paysages, rappelant tantôt la Bretagne, tantôt le Massif Central, sont verdoyants. A cela, une raison : il fait moins chaud, et il pleut plus souvent que dans le reste de la péninsule ibérique ! Faites comme les madrilènes, qui y viennent en vacances pour fuir les chaleurs estivales, et venez profiter des belles plages de la côte cantabrique ou basque.

Plage de la Concha, à Saint-Sébastien

A 45 km de Biarritz, Saint-Sébastien (San Sebastian en espagnol et Donostia en basque) est une élégante station balnéaire lovée autour d’une très belle plage en forme de coquille : la Concha. Cette ville assez moderne, qui fut détruite par un incendie en 1813, tire son charme de ses bâtiments construits à la Belle Epoque, lorsque la famille royale d’Espagne venait « aux bains de mer », attirant la haute société européenne. Ils ne devaient pas se baigner beaucoup, ou alors ils n’étaient pas frileux, car l’eau est frisquette, comme sur tout ce littoral ! Gageons que les belles dames et les messieurs devaient surtout se promener sur le paseo de la Concha, la Croisette locale… Cette promenade permet en tout cas de varier les points de vue sur la baie. On peut aussi prendre de la hauteur, en grimpant sur l’une des deux collines qui l’entourent ; à pied pour le piton rocheux de l’Est, et en funiculaire pour celui de l’Ouest. De ce belvédère, la vue est magnifique sur la baie et sur la petite île de Santa Clara située au milieu. De l’autre côté, le mirador d’Urgull surplombe un ravissant petit port où l’on peut se régaler de poissons grillés et de fruits de mer. A moins de sacrifier au rite des tapas, érigé ici en véritable institution ! Comme le pays basque est réputé pour sa gastronomie (plusieurs étoilés Michelin à San Sebastian), il n’est pas étonnant que la qualité et la variété de la cuisine basque se retrouve dans ses tapas, appelés ici pintxos (prononcer pinchos). Chaque bar a sa spécialité, et la plupart des bonnes adresses se trouvent dans la vieille ville. Il suffit de se balader autour de la place de la Constitution, et d’entrer au hasard dans un bar pour jeter un œil sur les pintxos étalés sur le comptoir. On en goûte quelques-uns, et on passe au bar suivant ! C’est la meilleure façon pour faire des connaissances…

Saint-Sébastien
Plage de la Concha, à Saint-Sébastien
Plage de Saint-Sébastien
Plage de Kontxa Pasealekua, à Saint Sébastien
Vue depuis la baie de la Concha, à Saint-Sébastien
Hotel de ville de Saint-Sébastien
Basilique Sainte-Marie-du-Chœur de Saint-Sébastien
Immeuble de la place de la Constitution, à Saint-Sébastien
Port de Saint-Sébastien
Bar à tapas de Saint-Sébastien
Bar à tapas Ganbara, à Saint-Sébastien
Bar à tapas de Saint-Sébastien

A 1h30 par l’autoroute, Bilbao mérite qu’on s’y attarde, ne serait-ce que pour voir et visiter le musée Guggenheim. C’est la fierté de la ville, son emblème. Il est vrai que sans cette œuvre d’art architecturale d’avant-garde, Bilbao, ville industrielle d’un million d’habitants, resterait à l’écart des circuits touristiques… L’édifice, de titane et de verre, est composé d’un empilement de volumes courbes, accolé à des formes plus rectilignes en calcaire. Cela peut surprendre, mais en prenant le temps d’en faire le tour, on découvre une harmonie, une logique, voire des formes (ici une queue de poisson, là une fleur métallique), et on ne peut qu’être admiratif devant ce musée d’art contemporain qui est en lui-même un chef-d’œuvre ! Bien entendu, il faut aussi faire un tour dans la vieille ville, pour se régaler de pintxos, et pour voir le gigantesque marché couvert, dont un étage est occupé par une centaine de poissonniers au coude à coude !

Musée Guggenheim à Bilbao
Musée Guggenheim à Bilbao
Musée Guggenheim à Bilbao
Musée Guggenheim à Bilbao
Musée Guggenheim à Bilbao
Musée Guggenheim à Bilbao
Musée Guggenheim à Bilbao
Musée Guggenheim à Bilbao
Musée Guggenheim à Bilbao
Musée Guggenheim à Bilbao
Musée Guggenheim à Bilbao
Place Albiako Lorategiak, à Bilbao
Place Neuve de Bilbao
Café-bar place Neuve, à Bilbao
Taverne dédiée à la tauromachie, rue Ledesma, à Bilbao

En continuant vers l’Ouest, on passe en Cantabrie, région réputée pour ses plages. Elle en compte plus de soixante-dix, toujours propres et couvertes d’un sable fin et doré, et jalonnées de calanques, de falaises et de dunes sauvages. On peut faire étape dans un village côtier, tel que Castro Urdiales ou Laredo, ou choisir de poser ses valises à Santander, une charmante station balnéaire qui n’est pas sans rappeler San Sebastian. Comme elle, c’était une résidence d’été royale, et l’on ne s’étonnera pas d’y voir de superbes bâtiments Belle Epoque de style français, des palais, et de nobles édifices accueillant des musées, le tout donnant beaucoup de cachet au front de mer. Santander offre un choix de huit plages, toutes différentes, telle que la plage-crique de Mataleñas, ou la plage dévolue aux surfeurs d’El Sardinero, ou celle plus familiale de Bikini… Ma préférée est la plage d’El Puntal, une bande de sable jetée au milieu de la baie, à laquelle on accède par bateau. Protégé par une petite dune, on y est au calme, sans le bruit de la ville, et même aux heures les plus chaudes, une brise légère rend le farniente agréable. En cas de pluie, il faut saisir l’occasion pour aller voir les grottes d’Altamira, un musée de la préhistoire construit autour de la reconstitution d’une grotte aux peintures rupestres du paléolithique, classées Patrimoine Mondial de l’Humanité. Elles sont situées à côté de Santillana del Mar, un joli village de caractère situé sur la route du chemin de Compostelle, en raison de sa très belle église romane Santa Juliana.

Port de Castro-Urdiales
Port de Getaria
Marché couvert de l’Est, à Santander
Crique et plage de Matalenas, à Santander
Plage de Santander, avec vue sur la playa El Puntal dans la baie
Santillana del Mar, devant l’église de Santa Juliana
Santillana del Mar
Grotte d’Altamira, à Santillana del Mar
Grotte d’Altamira, à Santillana del Mar
Grotte d’Altamira, à Santillana del Mar
Grotte d’Altamira, à Santillana del Mar

Enfin, si vous aimez la nature et la randonnée en montagne, il faudra prolonger votre séjour pour découvrir le parc national des Pics d’Europe, qui culmine à 2650 m d’altitude. Je n’ai pas eu le temps de faire de randonnée, je suis juste allé à Fuente Dé pour prendre rapidement de l’altitude grâce à une télécabine, et pouvoir admirer au sommet les monts encore enneigés (c’était en mai) de la cordillère cantabrique. Chemin faisant, je suis passé par des villages de montagne restés dans leur jus, tels que Mogrovejo ou Turieno. Ce dernier village est tout proche du superbe monastère de Santo Toribio de Liébana, qui abrite le Lignum Crucis, le plus grand morceau connu de la Sainte Croix. Un peu plus haut, une petite chapelle (San Miguel) procure une très belle vue sur la vallée et les montagnes des Pics d’Europe. Ainsi, en venant passer quelques jours dans cette Espagne verte, il vous sera possible de randonner le matin à plus de 2000 m d’altitude, et en fin d’après-midi de se reposer sur une plage de sable fin, au doux soleil des Asturies ou de la côte basque !  

Monastère Santo Toribio de Liébana
Mogrovejo
Ermitage de San Miguel, à Santo Toribio
Les montagnes des Pics d’Europe, vues depuis l’ermitage San Miguel, à Santo Toribio
Téléphérique de Fuente Dé, dans le parc national des Pics d’Europe
Vue de la Cordillère Cantabrique, depuis le Belvédère d’El Cable, au-dessus de Fuente Dé, dans le parc national des Pics d’Europe

Bonnes adresses

  • Hôtel de Londres et d’Angleterre, à Saint-Sébastien : style Belle Epoque, situé sur la plage, non loin de la vieille ville. https://hlondres.com/fr/
  • Hôtel Mercure Jardines de Albia (4*), à Bilbao : style contemporain, situé près d’une belle place. https://all.accor.com/hotel/A057/index.fr.shtml
  • Hôtel del Oso, à Cosgaya : hôtel de montagne confortable et très calme, où l’on mange bien. http://hoteldeloso.es/en/home/
  • Meson Marinero, à Castro Urdiales : devant le petit port, terrasse sous arcades où l’on se régale de tous les produits de la mer. https://mesonmarinero.com/
  • Arriaga, calle Santa Maria, à Bilbao : dans la vieille ville, restaurant de grillades où l’on tire soi-même le cidre au tonneau !
  • Beti Jaï, 22 Fermin Calbeton, à San Sebastian : autant pour ses pintxos au bar que pour ses poissons et de fruits de mer.
  • Meson Cigalena, 19 Daoiz y Velarde, à Santander : à l’intérieur du musée du Vin, une bodega au décor typique avec sa collection de bouteilles et ses jambons suspendus au plafond.
Tapas d’anchois

Se renseigner : https://www.spain.info/fr/

Bruxelles, une ville d’arts

Une façon très plaisante de visiter la capitale belge, c’est de parcourir ses rues et ses quartiers à la recherche de fresques de BD, de demeures Art nouveau, et de bâtiments ou musées d’art contemporain. A découvrir dare-dare !

Puisque la Belgique a vu naître de célèbres auteurs de bandes dessinées (Hergé, Franquin, Peyo, Geluck…), Bruxelles s’est doté de musées et de fresques murales consacrés au 9ème art, la transformant en véritable capitale de la BD. L’idée géniale a été de proposer à des dessinateurs de couvrir des pans de murs aveugles ou des bouts de façades d’immeubles avec un dessin de leur choix. Que l’on soit « BDphile » ou pas, c’est si gai de sillonner la capitale en tombant au détour d’une rue sur des fresques géantes de Gaston, Spirou, Lucky Luke ou Achille Talon ! Comme les soixante fresques sont réparties dans plusieurs quartiers, l’idéal est de suivre une visite guidée, lors de laquelle le guide vous livrera les intentions des auteurs, les anecdotes, et autres détails qui vous auraient échappé. Pour compléter la thématique, visitez le Centre belge de BD, pour découvrir des auteurs belges méconnus, et connaître le processus de fabrication d’une BD. Déambuler dans les rues vous donnera l’occasion de dénicher la friterie ou la brasserie ad hoc pour ne pas faire tintin sur les deux emblèmes culinaires de Bruxelles ! Enfin, impossible de faire l’impasse sur le musée Hergé, situé à Louvain-la-Neuve, à quelques km de Bruxelles. Consacré au père de Tintin, ce musée très complet présente des planches originales ou inédites, des témoignages de l’auteur expliquant ses intrigues et ses personnages, des objets illustrant les albums, et de nombreuses photos et vidéos propres à réveiller le tintinophile qui sommeille en chacun de nous…

Statue de Schtroumf
Sculpture à la sortie de la galerie du Roi
Au musée de la BD
Au musée de la BD
Musée Hergé
Musée Hergé
Musée Hergé
Le zinneke Pis

Art Nouveau, Art déco…

L’architecture baroque ou gothique de la Grand Place (inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco), pour homogène et spectaculaire qu’elle soit, ne doit pas dissimuler les autres courants artistiques qui ont façonné la capitale belge depuis le début du XXème siècle. Tel l’Art nouveau, sous la houlette de  Victor Horta, chef de file d’une école d’architectes qui ont dessiné de superbes maisons bourgeoises, dont les façades surprennent par leurs lignes courbes, leurs ornementations florales et la présence de métal ou de mosaïques… Il faut visiter la maison-musée Horta pour comprendre le génie de la conception de ces maisons, aussi belles qu’elles sont ingénieusement fonctionnelles et modernes. Après la 1ère guerre mondiale, l’Art nouveau évoluera vers l’Art Déco plus géométrique et épuré. Son symbole est la magnifique villa Empain, occupée aujourd’hui par la Fondation Boghossian, qui sert de Centre d’Art et de Dialogue entre les cultures d’Orient et d’Occident. En quittant la Grand-Place, faites un tour par les élégantes et lumineuses galeries royales St-Hubert, qui abritent des boutiques de mode et de luxe. Vous y ferez aussi emplette de spécialités gourmandes, telles que les pralines Neuhaus ou Godiva, les gaufres Méert ou les spéculoos Dandoy.

Grand Place
Maison Solvay, au 224 av Louise
Maison au 83 rue Faider
Maison A. Niguet, rue Royale (aujourd’hui magasin de fleurs)
Galerie de la Reine
Gaufres
Poechenellekelder, estaminet à la déco « chargée »

… et art contemporain

Ca bouge, à Bruxelles ! Surtout du côté du quartier Ste-Catherine, et le long du canal. Jacques Brel, dans sa chanson « Bruxelles », évoquait ironiquement ses grands-parents pendant la guerre « gais comme le canal »… Cela a bien changé, c’est devenu une agréable promenade piétonne et cyclable, et certains entrepôts abandonnés ont été transformés en réceptacles d’art contemporain. Tel le Kanal, un ancien garage Citroën de 35 000 m² qui devient, en association avec le Centre Pompidou, un centre actif de la création artistique contemporaine. Ou le Mima, installé dans une ancienne brasserie de Molenbeek, consacré au street art. Enfin, cela fait déjà plus de 60 ans que l’Atomium expose sa structure atomique géante (100 m de haut !) et ses boules d’acier en lisière du poumon vert de Bruxelles. Ce monument érigé pour l’Exposition Universelle de 1958 se visite, et il représente toujours le symbole de Bruxelles, bien plus étonnant et moderne que le Manneken Pis, qui est pourtant beaucoup plus connu ! 

Le canal
Maison le long du canal
Terrasse situé au bord du canal, et devant le Kanal
A l’intérieur de Kanal
Art contemporain au Wiels
L’Atomium
L’Atomium
L’Atomium

Pratique

Y aller : Par le Thalys, qui relie Paris à Bruxelles en 1h30. www.thalys.com

Se loger

9 hôtel Sablon, 2 rue de la Paille : boutique-hôtel 4 * au design contemporain, équipé d’un espace bien-être, piscine et sauna, à 10 min à pieds de la Grand-Place. A partir de 170 €/ch.

Se restaurer

La Taverne du Passage, galerie de la Reine : brasserie Art déco où Brel aimait venir déguster des croquettes de crevettes, des moules ou la carbonade flamande. Compter une trentaine d’euros à la carte. https://latavernedupassage.be/fr

Boire une bière

Au centre-ville, voici les plus chouettes estaminets pour déguster une bière belge d’abbaye : la Bécasse, A la mort subite ou Poechenellekelder.

Parcours des fresques BD : https://www.parcoursbd.brussels/fresques/

Se renseigner : https://visit.brussels/fr

Road-trip dans le sud du Maroc

A partir de Marrakech, cet itinéraire traverse les hautes montagnes de l’Atlas et rejoint les dunes sahariennes en suivant des palmeraies verdoyantes, où émergent des casbahs et des ksour, les châteaux du désert.

Marrakech fait partie de ces villes dont on ne profite qu’en étant bien informé. Par exemple, pensez à réserver en ligne la visite du merveilleux Jardin Majorelle ! Ce serait un comble de se faire avoir comme un bleu devant cette villa connue pour être peinte en bleu outremer, ou bleu Majorelle… En ce qui concerne la place Jemaa el-Fna, dans la médina, il vaut mieux s’y promener avec un guide, cela évite d’être harcelé par des rabatteurs ou des vendeurs trop insistants. Le meilleur moment est en fin de journée, lorsque les lampions s’allument et que les brochettes commencent à griller. Si l’on veut vraiment être tranquille, il faut monter sur une des terrasses de café qui surplombent la place. De cette position élevée, il est amusant d’assister au spectacle permanent des musiciens et autres montreurs de serpents. Pour le shopping, on peut bien sûr errer dans le dédale du souk et s’épuiser dans d’interminables marchandages (avec le sentiment en fin de compte de s’être fait avoir !) ou se rendre dans une boutique plus chic. Certes, les articles sont plus chers, mais ils sont de qualité, et originaux. Il y en a en face du Jardin Majorelle, et j’ai bien aimé le show-room de Stella Cadente. Dans un riad situé vers le palais Dar el Bacha, cette styliste propose un artisanat coloré et féminin (vêtements, déco, parfums, bijoux…), joliment mis en scène dans un décor bleu et or.

Marrakech
Les Jardins Majorelle
Marrakech
Les Jardins Majorelle
Place Jemaa el Fna
Place Jemaa el Fna
Mosquée de la Koutoubia, Marrakech
Au souk de Marrakech
Stella Cadente, sur le toit de son riad-showroom situé dans la médina

Le camp du désert

A Marrakech, il peut être tentant de dormir dans un riad de la médina, ou aller rechercher le calme au Domaine des Remparts (voir Pratique). Mais vous pouvez aussi choisir de passer une nuit dans le désert d’Agafay, situé à une heure de route au sud de la ville, où se sont installés plusieurs camps de tentes. J’ai visité l’Inara camp, plutôt orienté luxe, avec piscine à débordement et tentes décorées avec soin dans un style aventure-chic, tout dans les tons sables, pour se fondre avec l’environnement. Pourtant ce n’est pas du sable à l’extérieur, mais plutôt un reg austère et minéral. Peu importe, cela reste un désert, avec ses grands espaces infinis, ses somptueux couchers de soleil, et ses nuits étoilés… A l’arrivée dans le camp, on est accueilli gaiement par des musiciens et chanteurs gnaouas, et le personnel est d’une gentillesse et d’une serviabilité exemplaire. Avant le repas, délicieux, composé de spécialités marocaines préparées par un vrai chef, il faut faire la balade à dromadaire autour du camp : à mesure que le soleil plonge vers l’horizon, le ciel s’enflamme, c’est grandiose !

Musiciens Gnaouas
Atelier henné à l’Inara camp
Mohammed, employé à l’Inara camp
Désert d’Agafay
Jongleur de feu à l’Inara camp

La kasbah du pacha

Même s’il n’est pas nécessaire d’avoir un 4×4 pour suivre cet itinéraire, je conseille quand même de louer un véhicule confortable et bien suspendu pour affronter les tronçons de pistes caillouteuses et poussiéreuses, et pour éventuellement rejoindre un ksar (village fortifié), une kasbah (palais, château) ou un site hors-piste. Seul avec un chauffeur, j’ai quitté Marrakech à l’Est par la N9 en direction du Haut-Atlas. Dès que la route commence à attaquer la montagne, les cultures disparaissent ou se cantonnent le long des oueds. Tout devient rocailleux, et les maigres touffes d’herbes sont broutées par moutons ou des chèvres. Au col Tizi n’Tichka, le plus haut col routier du Maroc (2260 m), il y a parfois de la neige et des névés blanchissent les anfractuosités de la roche. Quelques kilomètres après le col, nous avons bifurqué à gauche direction Telouet. Ce village abrite une kasbah en briques crues construite en 1860, fief de la dynastie des Glaouis, une famille puissante qui contrôlait cette vallée stratégique où passaient les caravanes entre Ouarzazate et Marrakech. Le plus célèbre de ses pachas, Thami El Glaoui, surnommé le « seigneur de l’Atlas », était l’un des hommes les plus riches du Maroc. Dans les années 1930 et 1940, il est au summum de sa gloire et reçoit les grands de ce monde en organisant des banquets fastueux. On voit ainsi des photos N&B du pacha avec Churchill, ou inaugurant son golf 18 trous… Après sa mort en 1956 (l’année de l’indépendance du Maroc !), la kasbah perdit progressivement de l’importance, et sa ruine progressive explique son aspect décrépi. Bien que pillés, ses intérieurs donnent une idée de la magnificence d’antan, à travers des mosaïques, de belles portes sculptées, des stucs finement ciselés, et de superbes plafonds en cèdre, dentelés à la mauresque.

Kasbah de Telouet
Telouet

Bienvenue à Ouarzawood

De chaque côté de la route, les douars (villages ruraux) se confondent avec la terre dont les maisons sont faites, et il faut attendre de rejoindre l’oued Ounila pour revoir de la verdure. Cette rivière trace un sillon vert dans le paysage rocailleux, irrigant toutes sortes de cultures dans son étroit lit fertile. Ce contraste est magnifique, surtout lorsque l’oued se faufile dans des gorges. Ici plus qu’ailleurs, on comprend à quel point l’eau, c’est la vie… Le prochain arrêt consiste à visiter le ksar Aït Ben Haddou, posé au bord de l’oued, qui a servi de décor à de nombreux films. Il est vrai que cette imposante citadelle en pisé a fière allure ! Il faut traverser le pont et la traverser par une ruelle tortueuse pour grimper à son sommet, afin d’admirer l’architecture de ses forts et de ses tours fendues de meurtrières et de fenêtres en ogive. Mieux vaut y aller tôt le matin, car c’est très touristique… L’autre attraction prisée par les autocaristes, juste avant d’arriver à Ouarzazate, ce sont les studios Atlas, une sorte de Cinecittà berbère, ou un Ouarzawood ! En raison de décors naturels somptueux (les ksars et l’Atlas enneigé derrière), de la proximité du désert et d’une main-d’œuvre bon marché, de nombreux réalisateurs viennent tourner leur film ou leur série au Maroc, et notamment dans ces studios. En se baladant avec un guide, on voit ainsi un bus utilisé dans Prison Break, un chariot dans Gladiator, un avion du Diamant du Nil, et des décors pour Game of Thrones, La Momie ou Mission Cléopâtre. Un hall entier a été utilisé pour reconstituer le temple de Karnak (en carton-pâte) ! Lorsque j’y suis passé, j’aurais pu y croiser Ridley Scott, qui était en train de terminer Gladiator 2…

Douar de la vallée de l’Ounila
Oued Ounila
Ksar Aït Ben Haddou
Ksar Aït Ben Haddou
Ksar Aït Ben Haddou
Vue depuis le sommet du ksar Aït Ben Haddou
Aux studios Atlas, à Ouarzazate
Aux studios Atlas, à Ouarzazate

Ouarzazate et mourir (d’ennui)

Située au carrefour de plusieurs oasis, Ouarzazate est une ville au nom trompeur puisque cela signifie « sans bruit » en berbère. Peut-être avant l’invention du klaxon, et avant que le général Lyautey la transforme en garnison militaire… C’est une ville poussiéreuse sans grand intérêt, mis à part le souk, la peinture « Tombouctou, 55 jours » et la kasbah de Taourirt. Cette imposante forteresse du XVIIIe s. aux allures de château-fort est classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO (tout comme celle d’Aït ben Haddou d’ailleurs). On en voit une petite partie seulement (le reste étant en restauration), et mon guide Zizou m’a appris qu’elle contient 300 pièces dont 140 chambres, que c’était la seconde résidence du pacha el Glaoui, qui avait 19 femmes dont 4 « officielles »… Au fil du dédale de couloir et d’escaliers, j’ai découvert l’ingénieux système d’aération, les patios, quelques pièces vides avec leurs fenêtres à moucharabiehs, mais pour une raison que j’ignore, je n’ai pas pu voir les plus belles salles de réception… C’est le Maroc, on a parfois des surprises, bonnes ou mauvaises !

A Ouarzazate
A Ouarzazate
A Ouarzazate
Kasbah de Taourirt
Zizou, guide à la kasbah de Taourirt

La route aux 1000 kasbahs

A l’Est de la ville, un grand lac de barrage annonce la vallée du Dadès, célèbre pour son safran et surtout pour ses roses qui colorent les champs au mois de mai, et dont les pétales servent à l’industrie cosmétique et du parfum. Des échoppes le long de la route en proposent de petits flacons, ce qui fait vivre toute une communauté. Malheureusement, la route principale (N10) s’éloigne du Dadès, et le paysage est plutôt désertique : à gauche on voit l’Atlas, et à droite l’Anti-Atlas, moins élevé. Vers Skoura, il faut faire un petit détour pour voir et visiter ce que je n’ai pas eu le temps de faire) la très belle kasbah Amridil. On rejoint l’oued à Kelaat M’Gouna, où j’ai vu des cigognes sur un minaret, et à partir de là, le paysage devient superbe, car la route surplombe les villages ocres insérés dans la palmeraie verdoyante, avec à l’horizon les cimes enneigées de l’Atlas… A Boulmane Dadès, il faut suivre les gorges du Dadès vers le nord pour aller voir une étonnante formation rocheuse nommée « doigts (ou pattes) de singes » où la géologie et l’érosion ont façonné la roche en forme de blocs arrondis ou boudinés pointant vers le ciel… En continuant plus loin le spectacle des gorges et des canyons aurait été plus grandiose, mais je n’ai pas eu le temps d’y aller, mon chauffeur avait un timing à tenir, et mes fréquents arrêts photo n’arrangeaient rien… Retour donc vers Boulmane Dadès, où l’on a repris la N10 toujours vers l’Est, en direction d’Erfoud. La route de Ouarzazate à Erfoud est surnommée la route aux 1000 kasbahs, et lorsque l’on traverse un reg plat, ces châteaux du désert brisent la monotonie et rendent esthétique un paysage qui ne l’est pas vraiment. A Tinghir, je me suis arrêté pour déjeuner au restaurant Yasmina, et juste en face, un arbre était rempli d’ibis tout blancs ! L’attraction du coin, ce sont les gorges du Todra (ou Todgha), l’oued qui irrigue la magnifique palmeraie de Tinghir. A quelques kilomètres au nord de la ville, la rivière a creusé son lit dans un étroit canyon formé de falaise hautes de 200 à 300 m. Encore une fois, je n’ai pas eu le temps, mais je pense que cela doit être top de grimper au sommet et de contempler les gorges vues d’en haut…

Paysage de l’Atlas
Kasbah d’Amirdil
Vallée du Dadès
Palmeraie de Tinghir
Ibis
Boulmane Dadès
Palmeraie de Tinghir
Pattes de singes vers la vallée du Dadès
Vallée du Dadès
Gamins à Aït Youl, vallée du Dadès
Gorge du Todra

Des dattes et des fossiles

Après Tinghir, le paysage redevient à nouveau plat et monotone. Voici enfin Erfoud, une petite bourgade rurale animée par son marché, spécialisé dans le commerce de dattes. On en trouve de toutes sortes, en grappes ou en vrac, plus ou moins desséchées, et si vous en voulez, il faut demander les « majhouls » (prononcer medjoul), de grosses dattes moelleuses et savoureuses qu’on peut demander à goûter avant d’acheter. L’autre spécialité du coin, ce sont les fossiles. Durant l’ère paléozoïque, il y a 500 millions d’années, toute cette région était sous la mer, et on retrouve dans son sol des dizaines de variétés de fossiles marins tels que des trilobites (arthropodes) mais aussi des squelettes de dinosaures ! Dans ce qui est proposé par les vendeurs le long des routes, il n’y a bien évidemment pas de fossiles de dinosaures, vendus aux musées ou aux grossistes de ce marché paléontologique (légal ou pas…). Mais on trouve sur les étals des fossiles marins, des quartz colorés, des roses des sables… Je me suis arrêté à la « Colline des fossiles », un peu après Erfoud, où Mohammed Tiri creuse le sol sans relâche pour en retirer des merveilles, qui, vendues aux touristes de passage, l’aident à nourrir sa famille.  

Fossiles à Rissani
Chez Mohammed Tiri, chercheur de fossiles vers Erfoud
Mohammed Tiri, chercheur de fossiles vers Erfoud

Et si on passait au désert ?

A une trentaine de kilomètres au sud d’Erfoud, apparaissent enfin les hautes dunes de l’erg Chebbi, un étonnant désert de sable de 20 km de long et 10 km de large qui s’est formé à côté du village de Merzouga, au milieu d’un immense reg plat et caillouteux. Des dizaines de camps et d’hôtels se sont installés tout autour, afin d’accueillir les touristes désirant profiter de « la magie du désert ». L’organisateur de mon reportage (TUI) travaille avec la kasbah Leila, tout au nord, et j’ai dormi dans des tentes accolées tout contre les premières dunes. Ce qui fait que le matin, il est très cool, à peine réveillé, de grimper sur la première dune venue pour assister au lever du soleil, sans avoir besoin ni d’un guide, ni d’un chamelier. En fin d’après-midi, par contre, je recommande de faire une petite balade à dos de dromadaire. D’abord parce que c’est moins fatiguant que de s’épuiser à marcher dans ce sable si fin, où l’on s’enfonce à chaque pas. Avec ses larges pattes, le camélidé n’a pas ce problème ! Et puis c’est une expérience à vivre, sentir le balancement de l’animal, son rythme, on s’imagine traverser le désert dans une caravane… En général, le chamelier s’arrange pour qu’on arrive en bas de la plus haute dune (une centaine de mètres de haut, tout de même !) une demi-heure avant le coucher du soleil. Ce qui laisse le temps de monter, de s’installer et de contempler le disque solaire disparaître à l’horizon dans un ciel rougeoyant. Tout de suite après, on commence à ressentir le froid et il est temps de revenir vers le campement pour prendre une douche et dîner au son des tambours berbères. Lorsqu’il fait nuit noire, vous serez sidérés de voir autant d’étoiles s’allumer au firmament, et l’atmosphère dénuée d’humidité rend le ciel si pur qu’on distingue même les couleurs de certains astres ! Je n’ai passé qu’une seule nuit dans ce camp, et je le regrette, car j’aurais bien aimé passer plus de temps dans ce désert pour faire un trekking (et enfin porter mon chèche bleu), faire un peu de quad dans les dunes (je sais, ce n’est pas très écolo, mais c’est tellement fun !), méditer devant ce tableau tout en ondulations et en couleurs chaudes… C’est si beau le désert au soleil couchant !

Dans l’erg Chebbi
Dans l’erg Chebbi
Erg Chebbi
Erg Chebbi
Dans le désert de Merzouga
L’erg Chebbi et le reg
Ciel nocturne au-dessus de l’erg Chebbi

Un retour plus monotone  

Le lendemain, je laisse donc le sable doré de ce mini Sahara pour retrouver le reg, ce désert plat, caillouteux, et … ennuyeux. Premier arrêt à Rissani pour visiter le mausolée Moulay Ali Cherif, le père de la dynastie des Alaouites. Pour une obscure raison, le mausolée était inaccessible, mais ça vaut le coup de s’arrêter rien que pour voir le majestueux portail, le patio-jardin peuplé d’oiseaux, et la mosquée aux portes peintes et aux enfilades d’arches en ogive. Devant le souk, également regorgeant de dattes, il peut être sympa de prendre une orange pressée au Café Français, si on ne l’est pas (pressé…). Puis c’est à nouveau une longue route sans grand intérêt, et il n’y a rien pour arrêter le regard jusqu’aux montagnes noires de l’Anti-Atlas à l’horizon, à part quelques acacias dont l’ombre bienfaitrice profite parfois à un berger, et de rares buissons de tamaris broutés par des chèvres ou des dromadaires. Parfois de petits tourbillons de poussières dansent sur quelques mètres puis disparaissent… Si l’on est fatigué, c’est le moment de rattraper un peu de sommeil ! La prochaine étape est Zagora, surnommée « la porte du désert » car c’est l’une des villes les plus proches du Sahara algérien (une cinquantaine de kilomètres). La ville est donc environnée par de grandes étendues sablonneuses, mais c’est aussi une oasis-palmeraie car elle est traversée par l’oued Draa, le plus long fleuve du Maroc. On vient à Zagora pour faire des excursions et des activités dans le désert, il n’y a pas grand-chose d’autre à voir, mais mon chauffeur m’a amené à Amzrou, une bourgade au sud de la ville, pour visiter une coopérative d’artisans perpétuant une tradition d’art juive. On y accède par un dédale de passages étroits dans la médina, et il faut un guide ou un gamin pour la trouver. Cette coopérative vaut vraiment le détour, car c’est une véritable caverne d’Ali Baba remplie d’un artisanat traditionnel de qualité et pas bobo (bois, cuivre, argent, pierre, cuir, poteries, bijoux…) entassé dans un bric-à-brac hallucinant et éclairé par un puits de lumière. J’y ai rencontré un artisan, Douini Barzouk, et vous pourrez l’appeler pour qu’il vienne vous chercher, au (212) 6 62 13 43 31.

Dromadaires dans le reg de l’Anti-Atlas
Rissani
Mosquée Moulay Ali Cherif
A Rissani
A Rissani
A Rissani
A Zagora
A Amezrou, vers Zagora
A Amezrou
Coopérative d’Amezrou à Zagora

Nous v’là dans un beau Draa !

Après Zagora, la route est beaucoup plus plaisante, car on suit alors la vallée du Draa, avec sa palmeraie (que j’ai trouvée bien sèche…), et ses châteaux en pisé, telle la magnifique kasbah de Tamnougalt. A Agdz, la N9 laisse le cours du Draa et attaque la montagne pour grimper jusqu’au col Tizi n’Tinififft (1700 m). Le paysage est alors fascinant, car les collines rocailleuses orange semblent avoir été striées par des peignes géants ! Puis voici de nouveau Ouarzazate, où l’on s’arrête juste pour déjeuner. En repartant, un stop photo s’impose pour la kasbah de Tifoultout, qui a fière allure, et cap au nord vers Marrakech. A une vingtaine de kms du col Tizi n’Tichka (que nous avons passé à l’aller) mon guide a eu la bonne idée de m’arrêter à Ighrem Nougdal pour visiter une coopérative d’huile d’argan (située juste à côté du restaurant le Palais de Tichka). Ce sont des femmes qui concassent les noix de l’arganier avec une pierre pour en retirer l’amande (qui est torréfiée ailleurs) et la broyer à l’ancienne dans une meule à main. Il en sort de l’huile alimentaire, qui est utilisée aussi pour préparer l’amlou, une délicieuse pâte que l’on tartine le matin sur les crêpes marocaines, les msemens. Cette pâte qui ressemble à du praliné est préparée avec de l’huile d’argan, donc, avec des amandes broyées et du miel. Un délice ! Il faut dire que les femmes sont là juste pour la photo, l’essentiel du travail est fait à la machine, hors des regards… Mais cette coopérative visitable a le mérite d’exister, car ce n’est pas si fréquent que l’on puisse photographier des femmes d’aussi près en zone rurale au Maroc. Pour discuter, c’est peine perdue, elles ne parlent pas français, et c’est Karima, une jeune vendeuse éduquée qui m’a fait la visite…

La boucle est bouclée, me voici de retour à Marrakech après un road-trip express de 5 jours. Je recommande de le faire plutôt en 8-10 jours afin de bien profiter de chaque étape, et de passer plus de temps dans le désert. Inch’Allah !

Kasbah de Tamnougalt
Vers le col Tizi n’Tinififft
Kasbah de Tifoultout
Coopérative de femmes d’huile d’argan

Voyage pratique

Y aller

  • Vols vers Marrakech depuis Paris-Orly et plusieurs villes de province, à partir de 150 € A/R. transavia.com
  • TUI propose : « Circuit dans le Grand sud » d’une semaine, à partir de 950 €/p, vol inclus, en pension complète. tui.fr

Séjourner

A Marrakech : Domaine des Remparts, hôtel 5 * avec 2 piscines et spa, dont les vastes chambres sont entourées d’un jardin fleuri. Luxe, calme et volupté à 20 min de la médina. A partir de 200 €/ch avec petit-dej. domainedesremparts.com

A Agafay : Inara camp : luxueux camp de tentes tout confort, avec piscine, dans un désert situé à 1 h au sud de Marrakech. A partir de 200 € en ½ pension. www.inaracamp.com

A Ouarzazate : Dar Chemaad, riad de charme, à partir de 80 €/ch en B&B.

A Merzouga : kasbah Leila, 50 € la nuit avec petit-déjeuner. +212 6 613 425 70

Se restaurer

Kasbah Météorites, sur la N12, à 13 km d’Alnif. Hôtel-restaurant local nommé ainsi parce qu’une météorite est tombée à 15 km. Excellente tajine au citron.  

Infos

visitmarocco.com/fr

Les Portes du Soleil : les joies de l’hiver en Abondance

Ce domaine franco-suisse, l’un des plus vastes du monde, est composé de douze stations, certaines intégrées, d’autres étant de véritables villages de montagne. On y pratique toutes formes de ski et d’activités à la neige, et on s’y régale des spécialités régionales des deux pays !

Avoriaz

La station-phare du domaine, c’est Avoriaz. Posée en nid d’aigle sur un plateau au-dessus de Morzine à 1800 m d’altitude, c’est une station qui était à l’avant-garde à l’époque de sa construction (1966), et qui l’est toujours dans sa conception intégralement piétonnière. Elle est aussi labellisée « Flocon Vert » pour son engagement dans le développement durable (motoneiges électriques, chauffage des bâtiments publics avec Planète-oui, fournisseur d’énergie d’origine renouvelable, etc…). Quel plaisir d’admirer l’architecture audacieuse des bâtiments recouverts de tavaillons et de se balader dans les rues enneigées sans se soucier des voitures ! Elles sont reléguées dans un parking à l’entrée d’Avoriaz, et ce sont les traîneaux à cheval de trait qui font office de taxi. Ces équipages ajoutent une touche de merveilleux à l’ambiance féérique de cette station emmitouflée dans son manteau d’hermine. Il n’y a donc pas de bruit de moteur (à part le discret ronronnement des remontées mécaniques), et on entend juste les clochettes tintinnabulantes des chevaux, qui se mêlent aux rires des enfants apprenant à skier dans l’espace ludique conçu par Annie Famose, une ancienne championne de ski. En fin d’après-midi, au retour du ski, on entend aussi de la musique électronique, issue des platines des DJ’s qui officient en terrasse de certains cafés ou restaurants. Tel « La Folie Douce », situé au pieds des pistes, doté d’une scène pour les groupes, et où les bouteilles de champagne arrivent par un petit téléphérique dans une boîte vitrée ! Une tendance « fête et clubbing » caractéristique de la station, qui ouvre traditionnellement la saison d’hiver avec Rock on Snow, 3 jours d’animations et de test de matériel (https://rockonsnow.com), et qui la clôt en mars avec Rock the Pistes (https://www.rockthepistes.com), un festival de musique Pop&Rock en haute altitude !  

Avoriaz
Vue depuis la terrasse de La Cabane Bistro
Terrasse de La Cabane
Avoriaz

Jouer à saute-frontière

Ce qui est plaisant, avec ce domaine franco-suisse, c’est de pouvoir skier sur une grande variété de pistes et d’ambiances (larges pentes, étroits couloirs, forêt, bosses, snow-parks…) sans savoir dans quel pays on est. Seules de discrètes croix rouges indiquent que l’on se trouve chez nos voisins helvètes. Si c’est à l’heure du déjeuner, c’est l’occasion de savourer une spécialité valaisanne en terrasse à Champéry ou aux Crosets. Un conseil : si vous voulez tenter de descendre le « mur suisse » qui est l’une des pistes de bosses les plus raides au monde avec une pente moyenne de 36°, faites-le avant de boire un coup et d’avaler une fondue !

Avec 316 pistes et zones aménagées, les skieurs confirmés ne s’ennuient jamais aux Portes du Soleil. On a calculé qu’un skieur confirmé mettrait 40 h pour parcourir l’intégralité du domaine (600 km), hors temps de transport sur les remontées mécaniques (208 au total) ! Il y a aussi 30 snowparks / skicross / boardercross,  et des itinéraires de ski de randonnée. Comme il est possible d’acheter un forfait limité à une partie du domaine, les débutants peuvent s’initier aux joies de la glisse pour un coût modique. Quant aux amateurs de ski de fond ou de ski nordique, ils sont comblés, avec 280 km de pistes dédiées. Evidemment, avec 12 stations, il est possible de trouver l’activité neige ou hivernale qui vous plaît : traîneau à chiens, VTT fatbike sur neige, mountain kart, biathlon, plongée sous la glace, varappe sur cascade de glace, tyrolienne géante… A moins que vous ne préfériez vous prélasser au centre aqualudique tropical d’Avoriaz, ou vous faire du bien dans un spa, ou tester les bienfaits d’un massage ayurvédique à l’hôtel Macchi de Châtel ? En ce qui me concerne, j’ai testé le ski-joering à Avoriaz. Philippe Canteux m’a attelé en binôme avec lui à Django, un Irish Cob robuste et doux à la longue crinière et aux sabots fourrés, qui nous a tranquillement tiré sur des pistes de ski en forêt. C’est facile, Philippe « conduit » le cheval, il suffit de se laisser tirer et de profiter des sensations et du paysage ! Et des sensations, il y en a, surtout quand Philippe demande à Django de se mettre au galop ! Une brusque montée d’adrénaline qui secoue et qui ravit… surtout quand il se remet au trot. Une expérience à faire, et que je referai volontiers.

Domaine skiable d’Avoriaz, aux Portes du Soleil
Domaine skiable d’Avoriaz, aux Portes du Soleil
Ski-joering à Avoriaz
Philippe Canteux, moniteur
Ski-joering à Avoriaz
Ski-joering à Avoriaz
Ski-joering à Avoriaz

Des villages de montagne au goût du terroir

A un jet de boule de neige de la Suisse, Châtel est composé de jolis chalets, et d’une vingtaine de fermes en activité, dont la moitié fabriquent le fromage local, l’abondance. L’hiver, les vaches sont à l’étable, et lorsqu’on passe à côté d’une ferme ou d’une cave d’affinage, un léger fumet vient rappeler à nos narines qu’avant d’être une station de ski, c’est un village de montagne qui a conservé son caractère agricole. Son passé de contrebande est évoqué dans un musée, où l’on apprend que du tabac, du chocolat et du sel passaient de Suisse en France, et dans l’autre sens, c’était des cochons ! Aujourd’hui, les fromages, vins et charcuteries des deux côtés de la frontière se retrouvent dans les magasins de produits régionaux, installés dans de beaux chalets aux balcons en bois ciselé. Un peu plus bas dans la vallée éponyme, La Chapelle d’Abondance et Abondance sont aussi des villages de caractère permettant de skier et de faire de belles balades en raquettes. La guide de montagne Lalie Chochon m’a emmené à travers bois à l’alpage de Chevenne, un champ de poudreuse sillonné de traces de lièvres et de lynx, d’où l’on a une superbe vue sur les Cornettes de Bise (2432 m). Grâce à sa longue-vue, j’ai pu observer des bouquetins au loin, et on a vu un gypaète barbu tournoyer dans le ciel. Cerise sur ce gâteau meringué, cette guide très proche de la nature et de l’humain émaille parfois (ou sur demande) ses balades d’exercices de yoga. Au retour, il faut s’arrêter dans la ferme du Feto de Régis Mouthon, un éleveur et fabricant d’abondance. Autant pour goûter à son fromage fermier que pour discuter avec ce truculent personnage, qui raconte comme personne la vie d’alpage (l’été) et la fabrication du fromage à la ferme durant l’hiver. Il vous donnera de quoi alimenter la conversation lors de vos soirées fondue ou raclette ou berthoud (lire « se restaurer » ci-dessous) !

Ce ne sont que des exemples de tout ce qui peut être fait et pratiqué dans les différentes stations du domaine des Portes du Soleil, qui apporte, c’est sûr, de la joie en abondance !

Dominique Vuarand, producteur d’abondance à Châtel
Régis Mouthon, de la ferme de Feto, à La Chapelle d’Abondance
Balade en raquettes vers l’alpage de Chevenne, à La Chapelle d’Abondance
Balade en raquettes vers l’alpage de Chevenne, à La Chapelle d’Abondance
Lalie Chochon, guide de montagne à La Chapelle d’Abondance

Pratique

Y aller

En TGV, Thonon-les-Bains pour les villages de la vallée d’Abondance, ou Cluses pour Morzine et Avoriaz.

Séjourner

A Châtel : Hôtel Belalp : accueil chaleureux par la famille Trincaz dans cet hôtel doté d’un bon restaurant, d’un bar, d’un espace bien-être et d’un escape-game sur le thème de la contrebande ! A partir de 280 €/j la chambre pour 4 p en 1/2 pension. https://www.hotelbelalp.com/

A Avoriaz : Les Dromonts : hôtel 4 * mythique, surnommé « la pomme de pin ». Déco sixties devenue tendance, beau spa, restaurant gastronomique et confort au top. A partir de 215 € la ch en B&B. https://www.hoteldesdromonts.com/

A La Chapelle-d’Abondance : le Marie Lydie, chambres familiales et table d’hôtes dans un beau chalet avec spa, jacuzzi et salle de massage. A partir de 125 €/ch de 4 p. https://www.lemarielydie.com/fr/

Se restaurer

En Suisse : Chez Coquoz, restaurant gastronomique d’altitude à la terrasse ensoleillée, avec cuisine valaisanne et française faisant la part belle aux produits régionaux. Compter 50 € à la carte.

A Châtel : Le 1200 : spécialités de plats cuits au grill japonais. A partir de 40 € à la carte.

A La Chapelle-d’Abondance : Les Cornettes : une institution depuis 1894 dans ce beau chalet-hôtel, où l’on se régale aussi bien de mets raffinés que du berthoud, une spécialité haut-savoyarde consistant en de l’abondance fondu avec des pommes de terre et de la charcuterie de montagne. Menus à partir de 28 €.

Bonnes adresses

La ferme de Seraussaix, route d’Avoriaz, à Morzine : 2 couples d’éleveurs de vaches et de cochons, qui sont aussi fromagers, proposent des goûters et vendent de l’abondance, de la raclette et de la tomme, ainsi que leurs salaisons et charcuteries.

Dominique Vuarand, 208 route des Freinets, à Châtel : producteur d’abondance.

Le Feto, à La Chapelle-d’Abondance : famille Mouthon, producteurs d’abondance fermier.

Infos

https://www.portesdusoleil.com/

Domaine skiable d’Avoriaz, aux Portes du Soleil

Les 12 stations des Portes du Soleil

En France

Morzine : https://www.morzine-avoriaz.com/

Avoriaz 1800 : https://www.avoriaz.com/

Les Gets : https://www.lesgets.com/

Montriond : https://www.valleedaulps.com/

Saint-Jean-d’Aulps : https://www.valleedaulps.com/

Châtel : https://www.chatelreservation.com/plan-des-pistes-portes-du-soleil.html

La Chapelle-d’Abondance : https://hiver.lachapelledabondance-tourisme.com/

Abondance : https://hiver.abondance-tourisme.com/

En Suisse

Champéry, Les Crosets + Champoussin + Val d’Illiez, Morgins et Torgon : https://www.regiondentsdumidi.ch/

Toutes ces stations sont reliées entre elles par un réseau de navettes (autocars).

Escale à SEATTLE

En partance pour la Polynésie avec Tahiti Nui ? La compagnie aérienne a inauguré en juin 2023 une escale à Seattle, ce qui permet de s’y arrêter quelques jours pour visiter ses fabuleux musées et pour profiter du mode de vie cool et des bons produits de la côte Ouest des Etats-Unis.

Si pour certains Seattle est la ville de Microsoft, d’Amazon, de Boeing et de Starbucks, pour d’autres c’est là où sont nés Jimmy Hendricks, la musique grunge et le groupe Nirvana, et pour les cinéphiles c’est le cadre de la romance entre Meg Ryan et Tom Hanks dans « Nuits Blanches à Seattle »… Peu importent les références, car sa situation au bord du Pacifique, sa coolitude, son dynamisme culturel et son environnement préservé, en font l’une des villes qu’il faut absolument visiter aux USA !

Voici un programme complet pour voir l’essentiel de la ville en 4 jours :

1er jour : les quais

Les vols de Tahiti Nui atterrissant à Seattle en milieu de journée, vous arriverez à votre hôtel vers 15 h. Il sera minuit à votre horloge biologique, mais il faut essayer de tenir jusqu’au soir pour s’adapter au décalage horaire. Pour vous dégourdir les jambes, rejoignez les quais portuaires récréatifs. Au niveau de University St, le 1er quai est celui de la grande roue, qui permet d’avoir une vue aérienne sur les hauts buildings du centre-ville. Après l’aquarium, le quai 62 dispose de jeux gratuits (type échecs géants ou planche à trous) et de chaises permettant de contempler la baie Elliott, créée par un bras de mer de l’océan Pacifique. Les quais regorgent de restaurants où vous pourrez déguster du crabe de l’Alaska, des huîtres ou du saumon sauvage. En revenant vers votre hôtel, traversez l’Olympic Sculpture park pour voir ses œuvres d’art monumentales, tel l’Aigle rouge de Calder. Après cela, dodo !

Les quais
Olympic Sculpture park
Aigle de Calder

2ème jour : Bainbridge

Prenez le premier ferry qui mène en 35 minutes à Bainbridge, une grande île située de l’autre côté de la baie. Très boisée et abritant 40 parcs, cet environnement verdoyant justifie le surnom de « cité émeraude » de Seattle, qui contient aussi beaucoup d’espaces verts. L’autre surnom étant « la ville pluvieuse », ceci expliquant cela… A l’arrivée, le très pratique système de bus à la demande Bi Ride (sorte d’Uber bus) permet de vous rendre où vous voulez pour 2 $. Allez parcourir les sentiers de la réserve Bloedel, un magnifique parc paysager agrémenté d’étangs, d’un jardin japonais, et d’une forêt pluviale où se promènent des daims peu farouches, et dont les grands arbres moussus font ressentir la force et la beauté de la nature sous cette latitude. Au retour, faites un arrêt à la distillerie bio, avant de vous promener sur Winslow Way, la pimpante rue principale, très glamour, archétype de la bourgade provinciale chic américaine. Deux petits musées gratuits valent la visite, le premier est un musée consacré à l’art autochtone (il faut savoir que Seattle est le nom d’un chef indien), et l’autre, installé dans une ancienne école, raconte l’histoire fascinante de cette île, remplie de particularités. En effet, elle abrite une étonnante communauté « Indipino », un mélange de philippins et de femmes autochtones issues de 19 tribus amérindiennes venues à Seattle pour la cueillette des baies dans les années 1930-40… De plus, c’est ici qu’a été inventé le pickeball, un sport de raquette combinant des éléments du tennis, du padel, du badminton et du tennis de table !

3ème jour : le centre-ville 

Ce matin, ne prenez pas de petit-déjeuner et allez prendre votre café ou cappuccino chez Original Starbucks, la 1ère boutique fondée en 1971 par les créateurs de cette chaîne de café. Elle se trouve au Pike Place market, le plus grand et le plus ancien marché de producteurs des Etats-Unis ! Cette institution locale, qui se tient sur plusieurs étages regorge de tous les bons produits de bouche ou d’artisans locaux, et c’est un plaisir pour les yeux et les papilles de parcourir ses allées toujours bondées. Sous l’entrée principale, une poissonnerie attire la foule, car ici on transforme les saumons en poissons volants, puisqu’à chaque vente, le poissonnier le lance dans les airs jusqu’à la caisse où il est attrapé au vol !

Au Pike Place market

Après cette balade gourmande, prenez le monorail pour rejoindre la tour Space Needle, dont la plate-forme sommitale en forme de soucoupe volante en fait l’image iconique de Seattle. En haut, si vous n’avez pas le souffle coupé en marchant au-dessus du vide sur le sol vitré qui tourne, vous l’aurez depuis la coursive extérieure qui offre une vue à 360 ° sur la ville à 185 m de hauteur ! De retour sur le sol ferme, visitez, juste en bas de la tour, l’exposition Chihuly, du nom d’un maître verrier dont les œuvres monumentales et colorées laissent cette fois bouche bée d’admiration. Enfin, à quelques pas de là, les yeux sont attirés par les formes extravagantes du MoPOP, dessiné par l’architecte contemporain Franck Gehry. Ce musée ultra-moderne dédié à la pop culture, avec une forte orientation sur le rock ‘n’ roll et la science-fiction, rend hommage aux vedettes natives de Seattle, tels que Jimmy Hendricks ou le groupe Nirvana, et l’interactivité est très développée, ce qui permet de jouer de nombreux instruments ou de réaliser un petit film d’animation, par exemple. En un mot comme en mille : gé-nial !

Monorail
Space Needle
Chihuly
Chihuly
Chihuly
Chihuly
Chihuly
Le MoPop vu depuis la Space Needle
MoPop (ext)
MoPop (int)
Le monorail arrive au MoPop
Au MoPop
Au MoPop

4ème jour : une histoire d’avion

Avant de prendre votre vol de la mi-journée, soyez à l’heure d’ouverture au musée de l’aviation (museum of Flight), situé juste à côté de l’aéroport. Il faut au moins 3 heures pour parcourir les immenses hangars où sont exposés des engins volants de toutes époques, des premiers biplans aux stations spatiales en passant par les avions de chasse et les avions de ligne les plus emblématiques (Boeing 787 Dreamliner, Concorde, Air Force One, etc…). On peut monter dans certains avions, et la muséographie est admirable, didactique, et l’on apprend des tas de choses sur le monde de l’aviation, que ce soit en terme d’histoire, de science ou d’anecdotes. On y passerait la journée, mais attention, surveillez bien l’heure, vous avez un vol pour Tahiti à prendre !

Pratique

Y aller

Air Tahiti Nui opère deux vols/sem directs Paris/Seattle (10 h 15 de vol), à partir de 780 € en classe Moana Economy, à partir de 1540 euros TTC en classe Moana Premium, et à partir de 3999 euros TTC en classe Poerava business. Il faut noter que si votre destination finale est Tahiti, le stop-over à Seattle est sans contrainte sur le nombre de jours à Seattle, et qu’il est même possible, sans supplément, de s’arrêter au retour à Los Angeles ! Je rappelle aussi que Air Tahiti Nui est une compagnie plusieurs fois récompensée pour son service à bord à la tahitienne et sa flotte « tatouée » caractéristique. De plus, quel plaisir de voyager à bord du Boeing 787-9 (baptisé Tahitian Dreamliner), silencieux et confortable ! https://fr.airtahitinui.com/

Séjourner

Edgewater : hôtel 4 * posé devant la baie, dont certaines chambres sont à l’aplomb de la mer. Il existe d’ailleurs une photo célèbre des Beatles pêchant depuis la fenêtre d’une chambre ! A partir de 160 €/ch. https://www.edgewaterhotel.com/beatles/

Kimpton Monaco : palace idéalement situé au centre-ville. Vastes chambres à partir de 260 €. https://www.monaco-seattle.com/

Savourer

Starbucks Reserve Roastery (1124 Pike St) : pour voir le processus de torréfaction du café, et découvrir tous les cafés de la marque. Possibilité de réserver un « tour » ou une « expérience », telle que les cocktails au café. https://www.starbucksreserve.com/en-us/locations/seattle

Aqua by El Gaucho (2801 Alaskan Way) : sur les quais, excellent restaurant permettant déguster du saumon sauvage, du crabe d’Alaska ou des huîtres de la baie d’Elliott. Compter 60 €/p avec le vin. https://aquabyelgaucho.com/

The Ballard Cut (5313 Ballard Ave) : restaurant situé dans le quartier hipster de Ballard, rempli de bars et de restos sympas, de boutiques de créateurs. Avant le dîner, il faut se balader dans cet ancien quartier de pêcheurs, un peu « boboïsé », mais qui a beaucoup de charme. Ce restaurant sert une cuisine « de la ferme à l’assiette », et c’est aussi un extraordinaire bar à whiskies, avec plus de 1000 références ! Compter 50 €/p avec le vin. https://theballardcut.com/   

Un geoduck, ou Panope ou palourde royale

Infos

La Jordanie, un émerveillement constant

Berceau des récits bibliques au cœur du Proche-Orient, ce grand pays arabe, politiquement stable, regorge de sites historiques et de curiosités naturelles suscitant l’effet « waouh ». C’est un peu la « Suisse du Proche-Orient » !

Une journée suffit pour découvrir Amman, la capitale. La plus haute colline de la ville était une place-forte occupée depuis des millénaires, et c’est aujourd’hui un musée archéologique en plein air où l’on trouve trace des différentes civilisations qui s’y sont succédées : quelques colonnes du temple romain d’Hercule, une église byzantine du Ve s. en ruine, et un palais Omeyyade du VIIIe s. Au pied de cette colline s’étend un théâtre romain de 6000 places en parfait état, construit à l’époque où la ville s’appelait Philadelphia, la ville de l’amour fraternel… « C’est toujours le cas ! », affirme mon guide Firas, soulignant la tolérance et la tempérance du peuple jordanien. Il est vrai que l’on peut flâner dans les souks en toute sécurité et décontraction, en prenant des photos, même s’il vaut mieux éviter de braquer son objectif sur les femmes voilées… Le souk regorge de ces pittoresques pyramides colorées d’épices, de dattes ou d’amandes, et permet de découvrir la street-food jordanienne. Il faut goûter aux appétissantes pitas fourrées ou mini-pizzas, et surtout au dessert national, le knafeh (vermicelles imbibés d’une pâte au fromage et au miel, saupoudrés de pistaches). Selon Firas, le meilleur serait chez Habibah, ce qui est confirmé par la longue file de gourmands attendant leur tour en sirotant un café, une citronnade à la menthe ou une orange pressée… 

Colline d’Amman
Temple d’Hercule à Amman
Théâtre romain d’Amman
Du knafeh

Les châteaux du désert

L’excursion la plus proche d’Amman, celle que les voyagistes programment souvent en ½ journée, au début ou à la fin du séjour, consiste à visiter quelques « châteaux » construits à l’Est de la capitale dans une région désertique. Ces structures fortifiées, toutes différentes dans leur architecture et même leur matériau de construction, étonnent et posent question. A quoi pouvaient bien servir ces « châteaux » situés si loin d’Amman (entre 30 et 100 km), avec rien à défendre d’autre qu’un erg caillouteux ? Les archéologues et historiens avancent plusieurs raisons, selon les châteaux. Le qasr al-Kharana, de forme carrée, a été construit au VIIIe s. probablement pour servir de caravansérail ou d’étape sur le chemin de l’Arabie Saoudite, comme le suggèrent les pièces servant d’écurie. Il pouvait aussi servir de lieu de réunion ou de réception avec les chefs bédouins des tribus nomades du désert, afin de s’assurer de leur allégeance. Le qasr Amra, plus modeste, est doté de bains thermaux d’influence romaine, et c’était un lieu de villégiature qui servait de palais de chasse au calife ou au prince omeyyade, où il pouvait s’adonner à ses plaisirs en toute discrétion. L’intérieur est en effet couvert de fresques de scènes de chasse ou de bain, où figurent des femmes nues ! Quant au qasr al-Azrak, construit intégralement en pierre volcanique (même les poutres et les portes !), c’est une grande forteresse très ancienne (IIIe s.) qui avait une importance stratégique puisqu’elle est construite autour de la seule source d’eau douce du désert, dans un bassin de 12 000 km². Occupée par les Romains, les Omeyyades, les Ayyoubides et les Mamelouks, son histoire compliquée n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Ce qui est certain, c’est que Lawrence d’Arabie y établit son quartier général pendant l’hiver 1917, et on peut même voir sa chambre restaurée.

Qasr al-Kharana
Qasr Amra
Fresques du qasr Amra
Dans le qasr Amra
Qasr al-Azrak
Porte du qasr al-Azrak
Dans la cour du qasr al-Azrak

Une anecdote : j’ai photographié à l’intérieur de ce fort une famille jordanienne qui le visitait. Tout le monde regarde le photographe, sauf un bébé qui ne m’a pas capté, et un des gamins qui tourne la tête d’un air désolé à sa gauche. L’explication est simple et désolante : j’avais proposé à cette famille de s’asseoir pour la photo, le père a accepté, tout le monde s’est assis, mais au dernier moment il a fait un signe de tête pour intimer l’ordre à sa femme de sortir du cadre ! C’est donc sa mère que regarde le garçon, qui doit se demander comment elle vit cette éviction. Les grandes filles, elles, semblent trouver cela normal… Peu après, j’ai quand même pu prendre une femme en photo, sans voile, mais c’était une femme druze, un peuple suivant un schisme de l’islam chiite. Je ne sais pas si c’est pour cela, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle a l’habitude de rencontrer des étrangers puisqu’elle cuisine pour les touristes de passage. J’ai mangé chez Taman un délicieux mansaf, le plat national consistant en de la viande d’agneau cuite dans du lait de brebis fermenté, servie sur du riz aux légumes parsemé d’herbes et d’amandes. Elle avait aussi ajouté de délicieuses boulettes de viande frites. En tout cas, c’était très sympa de déjeuner chez l’habitant, même si les conversations étaient limitées, devant passer par la traduction de notre guide…  

Famille jordanienne dans le qasr al-Azrak
Taman à Azrak
Le mansaf de Taman

L’antique Gérasa

A une heure au nord d’Amman, Jerash est l’une des villes gréco-romaines les mieux conservées au monde, inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO. On imagine sans peine une troupe de légionnaires parader sous l’arc de Triomphe d’Hadrien, des gladiateurs s’entraîner dans l’hippodrome, de jolies romaines se promener sur le cardo Maximus bordé de colonnes corinthiennes, et des prêtres en toge s’affairer dans le temple d’Artémis ou devant le superbe nymphée… Si le site est si bien conservé, c’est parce qu’il est resté enfoui sous le sable pendant plus d’un millénaire, après que la ville ait été abandonnée suite à un tremblement de terre en 749. Ce n’est qu’en 1806 qu’on a redécouvert l’antique Gérasa, fondée au IVème s. avant J.-C. C’est depuis le haut des marches du temple de Zeus qu’on a la meilleure vue de cette ville antique dont l’importance se devine grâce à la taille du forum en contrebas. Le site est si étendu que de nombreuses familles jordaniennes viennent pique-niquer à l’ombre des temples. Un exemple à suivre ? Ce serait idéal pour crapahuter un peu partout et profiter de la sérénité qui émanent de ces vieilles pierres.

Arc de Triomphe d’Hadrien à Jerash
Cardo maximo à Jerash
A Jerash
Le forum de Jerash

Se baigner dans le Jourdain ou dans la mer Morte ?

De retour à Amman, Firas m’informe que la journée suivante sera consacrée à la religion. Il insiste sur le fait que la Jordanie est un pays de tolérance où toutes les religions cohabitent pacifiquement. Bien entendu, l’islam est la religion d’état. Mais la Jordanie compte tout de même 8 % de chrétiens ! Il est vrai que le pays possède plusieurs sites liés au début du christianisme… Mon guide m’amène tout d’abord à Béthanie, un site sacré pour les catholiques car c’est là où le Christ aurait été baptisé, dans l’eau du Jourdain. Cette excursion est stupéfiante, car le lieu lui-même est hors du commun : c’est un coin désertique où il y a presque plus d’églises que de palmiers ! Eglise luthérienne, église apostolique, basilique, monastère orthodoxe, tout ce qui dépasse à l’horizon est un dôme ou un clocher ! De plus, tous les 50 mètres il y a un militaire la main à la mitraillette, car le Jourdain sert aussi de frontière avec Israël… J’ai fait ce reportage en janvier 2023, mais il est probable qu’en janvier 2024, avec le conflit israélo-palestinien, cette zone soit inaccessible. En tout cas, au moment où j’y suis allé, les pèlerins étaient encore nombreux à venir se baigner dans le maigre filet d’eau du Jourdain, et même si l’on est athée, il est émouvant de voir ces gens venus des 4 coins du monde se plonger dans l’eau turbide du Jourdain, avec l’espérance d’en être changé à jamais… Même la présence des soldats, massés de chaque côté de la rivière, ne parvient pas à troubler la concentration ni la ferveur de ces croyants, dont le bonheur éclatant, après la trempette, fait plaisir à voir. Puis, à une vingtaine de km, voici le mont Nebo, une colline au sommet de laquelle Moïse aurait contemplé la Terre Sainte… C’est donc aussi un lieu de pèlerinage où les fidèles viennent se recueillir dans la basilique du mémorial de Moïse, qui abrite aussi une grande et superbe mosaïque du VIe s. représentant des scènes pastorales et de chasse, où l’on reconnaît bien zèbres, autruches et lions. A l’extérieur, depuis le belvédère, la vue est splendide sur les monts de Judée, l’oasis de Jéricho, la vallée du Jourdain, et l’on distingue à l’horizon les reflets d’argent de la Mer Morte.

Le Jourdain à Béthanie
Le Jourdain à Béthanie
Au Mont Nebo
Mosaïque au mont Nebo

Nul besoin d’avoir la foi pour flotter comme un bouchon de liège dans cette eau très dense ! C’est l’une des attractions principales de tout voyage en Jordanie, c’est pourquoi il y a tant d’hôtels au nord de la mer Morte, la plupart étant réunis dans une zone hôtelière hideuse où se massent les touristes dans les resorts 5 *.  Je recommande plutôt de poser ses valises dans une des petites structures hôtelières construites plus au sud, telle que Mujib Chalets (voir mes bonnes adresses). Où que l’on se baigne, c’est vraiment une expérience incroyable de se laisser porter par cette eau surchargée en sel (attention aux petites blessures !), où faire la planche ne nécessite aucun effort. Mais bon, une fois la photo faite (en lisant ou pas un journal…), on sort de là vite fait, car bien que les sels minéraux soient bénéfiques pour la peau, la concentration est telle qu’il est conseillé de ne pas y rester plus de 20 minutes…    

Dans la mer Morte
Dans la mer Morte, au niveau des Mujib Chalets
La mer Morte au niveau des Mujib Chalets
La mer Morte

Des sources chaudes dans le désert

Jamais je ne pensais me baigner autant en Jordanie ! A l’Est de la mer Morte, s’ouvrent des wadis, des gorges-oasis plus ou moins encaissées qui constituent de magnifiques paysages et qui offrent parfois de belles surprises. Telles les sources chaudes de Ma’In, qui coulent en cascades des parois rocheuses d’un superbe canyon. Ce site thermal, mentionné dans le Nouveau Testament, aurait des vertus médicinales, c’est en tout cas ce que croient les Jordaniens qui ne semblent pas être gênés par la température élevée de certaines sources, qui flirte avec les 60°C ! L’une de ces sources très chaude coule notamment dans une grotte dissimulée derrière une cascade, qui fait office de sauna ! C’est donc un spa à ciel ouvert très agréable à découvrir, avant d’aller pourquoi pas randonner ou faire du canyoning dans les sublimes falaises orangées de la réserve naturelle de Wadi Mujib…

Sources de Ma’In
Sources de Ma’In
Source chaude de Ma’In
Dans la réserve de Wadi Mujib

La fabuleuse cité de Pétra

Taillée dans un grès rose jaspé, Pétra est une gigantesque cité troglodyte occupée par les Nabatéens dès le VIème s. avant J.-C. Durant l’Antiquité, c’était un carrefour commercial important sur la route des caravanes transportant l’encens, les épices et d’autres produits précieux entre l’Arabie, l’Égypte, la Syrie et la Méditerranée. Mais comme pour Gérasa, plusieurs séismes et la modification des routes commerciales entraîneront au VIIIème s. l’abandon progressif de la ville, qui tomba dans l’oubli et ne fut redécouverte qu’au XIXème s. Dès l’entrée dans le site, le passage dans un canyon étroit (le Sîq) d’1,5 km formée par de hautes falaises sculptées par l’érosion, donne le sentiment de l’inouï, du jamais-vu. Soudain apparaît le Khazneh (le Trésor), dont la façade aux faux airs de temple grec se détache en relief d’une paroi verticale. On en reste bouche bée d’admiration et de fascination, comme partout dans ce site immense dans lequel il faut passer au moins une journée. Ce sont plus de 700 façades de cénotaphes qui attirent le regard du sol jusqu’au sommet des falaises, 2000 tombeaux creusés dans le grès, et 11 lieux de culte (église, monastère) semi-enterrés que l’on rejoint à pieds ou à dos d’âne (service payant) en suivant les wadis, à sec 360 j par an. Mais lorsqu’il pleut, le site n’est pas visitable, car alors les chemins deviennent de véritables torrents ! Il y a toute une population bédouine qui vit du tourisme dans le site, que ce soit des vendeurs de souvenirs, des guides, des âniers… Les plus malins attendent les touristes au niveau du Khazneh, le monument emblématique de Pétra, soit pour des balades en dromadaire, soit pour proposer en fin de journée, aux touristes épuisés, de les ramener à l’entrée en voiturette électrique. Certains contrôlent aussi l’accès aux petits replats aménagés dans la falaise, qui permettent de contempler la façade sculptée depuis une position élevée. Pour un petit billet (ou un gros si vous ne savez pas marchander…) ils vous emmènent à ces balcons VIP et l’on peut passer une quinzaine de minutes assis sur un tapis pour méditer sur le génie des Nabatéens ou la vie de rêve des chats… 

Le khazneh à Pétra
Le khazneh à Pétra
Devant le Le khazneh à Pétra

Où que l’on se balade, on ne cesse de s’émerveiller de ces paysages spectaculaires façonnés soit par la main de l’Homme, soit par la nature. Parfois Firas tentait de m’expliquer la signification des gravures ou des épitaphes en araméen ou en grec, mais j’ai eu du mal à suivre, fasciné que j’étais par l’aspect visuel et graphique de cette cité taillée dans la pierre ocre, jaune ou rouge. Même si c’est un peu loin, et qu’il faut grimper 800 marches pour y accéder (certains le font à dos d’âne ou de cheval !), je recommande de monter jusqu’au Deir (le monastère), un extraordinaire temple de 45 m de largeur et 42 m de hauteur, dont la façade sculptée sort en relief de la montagne. Il s’agit probablement d’un oratoire où se réunissaient prieurs et adorateurs, et aujourd’hui, les touristes passent des heures devant, allongés sur des transats ou assis sur la pierre, comme s’ils attendaient le début du spectacle… Non, le seul spectacle est celui offert par la nature, par la course du soleil qui fait bouger les ombres et changer les couleurs du grès. D’ailleurs, la façade n’est jamais aussi belle, paraît-il, qu’au soleil couchant qui en fait rougeoyer les pierres. Je n’ai pas pu attendre, car mon programme imposait de partir, mais je le regrette, et si j’y retourne, je prévois deux choses : être devant le Khazneh le matin le plus tôt possible, pour pouvoir l’admirer sans être gêné par la foule, et terminer la visite par le Deir, au crépuscule.

Le Siq à Pétra
Le Siq à Pétra
Le Siq à Pétra
Le Siq à Pétra
A Pétra
A Pétra
A Pétra
A Pétra
A Pétra
A Pétra
A Pétra
Le Deir à Pétra
Le Deir à Pétra

L’envoûtant Wadi Rum

Au sud du pays s’étend le désert du Wadi Rum, d’une superficie de 750 km². Mais n’allez pas vous imaginer un désert de dunes de sable, juste parce que Lawrence d’Arabie (encore lui) y a bivouaqué en 1917 ! Il y a certes quelques belles dunes, mais la beauté de ce désert provient surtout de ces massifs rocheux ruiniformes sculptés par l’érosion, formant canyons, grottes et falaises propices à l’escalade. La plupart des campements bédouins sont d’ailleurs installés aux pieds de ces massifs, sur lesquels on grimpe pour admirer les fabuleux couchers de soleil. Si vous avez le choix, privilégiez les campements de taille réduite, enfoncés le plus loin possible dans le désert. Hélas, je suis passé par un tour-opérateur, et je me suis retrouvé dans un camp bondé, les tentes les unes contre les autres, à l’entrée du désert. A fuir ! Quel intérêt y a-t-il (à part le prix) à s’endormir en écoutant le bruit de la route toute proche, des chiens errants, ou des voisins ronfleurs ? Pour quelques euros de plus, vous dormirez dans une tente vraiment bédouine, bercé par le chuintement du vent sur les tentes… Et lors des nuits sans lune, aucune source lumineuse ne viendra polluer la noirceur du ciel constellé d’étoiles et de galaxies, qu’on n’aurait jamais cru si nombreuses et lumineuses. Si vous avez le budget, je ne saurais trop recommander le survol en montgolfière, c’est une expérience fantastique de survoler ce désert au lever du soleil… Sinon, tous les camps proposent des excursions à pieds, à dos de dromadaire ou en 4×4, pour rejoindre les sites les plus beaux ou spectaculaires, tels que le pont suspendu du Burdah rock, ou les Sept Piliers de la Sagesse, un rocher effectivement composé de sortes de piliers, nommé en l’honneur du roman éponyme de Lawrence d’Arabie…

En montgolfière dans le Wadi Rum
En montgolfière dans le Wadi Rum
Dans le Wadi Rum
Dans le Wadi Rum
Dans le Wadi Rum
Dans le Wadi Rum
Le Burdah rock dans le Wadi Rum
Le thé dans le Wadi Rum
Awad, propriétaire d’un campement bédouin dans le Wadi Rum
Dans le Wadi Rum
Dans le Wadi Rum

Seul bémol ou note discordante dans le concert de louanges que l’on peut faire du Wadi Rum : ce magnifique désert est enlaidi par la pollution plastique, et l’on peut rarement trouver un paysage qui ne soit pas entaché par un sac ou une bouteille accrochés aux buissons épineux. C’est vraiment dommage, et c’est la conséquence de la sur-fréquentation touristique et d’un manque d’éducation de la population locale. Le guide du campement m’a confié, un peu honteux, que les jeunes Jordaniens viennent s’encanailler les week-ends dans le désert, et qu’ils ne se gênent pas pour jeter leurs déchets plastiques par les fenêtres…  

Mais à part cette amère constatation, je peux affirmer que la Jordanie est un pays rempli de sites merveilleux, que ce soit sur le plan naturel ou culturel, que sa population est accueillante, et que l’on s’y sent en sécurité. Oui, Firas, je suis d’accord avec toi, la Jordanie, c’est vraiment « la Suisse du Proche-Orient » !    

Mon guide Firas, montrant la myrrhe et l’encens

Voyage pratique

Y aller

Transavia a des vols directs depuis Orly, à partir de 550 € A/R. https://www.transavia.com/fr-FR/accueil/

Circuit

« Au cœur de la Jordanie millénaire », de TUI, est un circuit accompagné d’une semaine en pension complète, avec le vol, à partir de 1400 €/p. https://www.tui.fr/

Bonnes adresses

Séjourner

Thousand Nights, à Amman : hôtel 5 * sans charme particulier, mais qui a le grand avantage de contenir des bains turcs dans lesquels on peut se faire masser… A partir de 115 €/ch avec petit-déj. https://www.thousand-nightshotel.com/

Mujib Chalets : petites cases blanches dominant la mer Morte, calme absolu et superbe paysage. A partir de 110 € en B&B.

Old Village, à Pétra : grandes chambres réparties dans un resort 5 * aux allures de village. A partir de 160 €/ch en B&B. https://oldvillageresort.com/

Wadi Rum Mirror Camp : nouveau camp isolé, jolies chalets recouverts de toiles, comme les tentes bédouines. A partir de 76 €/nuit. Réservation par Instagram https://www.instagram.com/wadi_rum_mirror_camp/ ou Booking : https://www.booking.com/hotel/jo/wadi-rum-love-camp-wadi-rum-village.fr.html?aid=898224&app_hotel_id=7979694&checkin=2023-04-03&checkout=2023-04-04&from_sn=ios&group_adults=2&group_children=0&label=Share-ROSFie%401680471660&no_rooms=1&req_adults=2&req_children=0&room1=A%2CA%2C&lang=fr&soz=1&lang_changed=1

Se restaurer

Tawaheen al-Hawa, à Amman : authentique cuisine jordanienne. Tout est délicieux, et les plats sont servis sur un grand plateau en cuivre, où l‘on pioche dedans en toute convivialité. Compter de 30 à 40 €/p.

Déjeuner chez l’habitant à Azraq : réserver à travers une page Facebook « Amer kitchen for traditional food ». C’est en arabe, mais il y a un N° de tél, et je suppose que l’on peut envoyer un message en anglais… Repas authentiquement jordanien, préparé par Taman.

A ramener 

Epices, baklavas, dattes, produits de la mer Morte… Pour l’artisanat, très riche et varié, il faut s’arrêter chez Hassan aux « Pillars of Jerusalem » (à mi-chemin entre le Wadi Rum et Amman), une caverne d’Ali Baba remplie de superbes souvenirs vraiment artisanaux, des mosaïques (que l’on voit faire), des tapis, des objets en céramique, en cuir, en métal… La spécialité de la maison ce sont des médaillons réalisés en micro-mosaïque, selon une technique unique au monde !

Info

Le Jordan pass (90 €) inclut le visa et l’entrée dans 40 sites, dont Petra.

Se renseigner : https://visitjordan.com/

Au restaurant Tawaheen al-Hawa, à Amman

La vallée du Loir en famille

Sinuant dans l’Eure-et-Loir et la Sarthe, le Loir traverse des villages qui recèlent des trésors naturels et culturels, bien mis en valeur pour un public jeune.

Le Loir

Si vous avez des enfants ou des petits-enfants, vous trouverez en vallée du Loir de nombreuses activités ou visites aptes à leur faire lâcher écrans et consoles de jeux, tout en leur faisant découvrir le patrimoine, l’histoire et la nature de cette vallée secrète. Tout au long du Loir, les balades ludiques Randoland (randoland.fr) incitent petits et grands à trouver des indices sur un parcours afin de résoudre une énigme. Ainsi, à Vendôme, le circuit permet d’admirer la superbe façade gothique de l’église de la Trinité (qui contient le plus ancien vitrail de France, daté de 1125), et le château en ruine qui domine cette ville « d’Art et d’Histoire » très fleurie (4 fleurs). La balade dans cette ville construite en pierre de tuffeau est agréable, car l’air est rafraîchi par les petits bras du Loir que l’on croise ici ou là. Au fil du parcours, on remarque plusieurs bustes de Ronsard, la figure emblématique de la ville (et de la région), et le parc Ronsard jouxte le collège où a étudié Balzac !  Que d’hommes célèbres ont arpenté ces rues… Aujourd’hui, on peut croiser des vedettes à Vendôme, mais c’est sans doute pour aller chercher leur sac Vuitton fait sur mesure dans l’atelier hyper haut de gamme installé dans le quartier Rochambeau ! Cet illustre militaire, qui se distingua dans la guerre d’indépendance des Etats-Unis, a sa statue place St-Martin, où résistent au temps quelques maisons à pans de bois, et une tour fichée en son centre dispose d’un carillon qui sonne tous les ¼ h. Pour les enfants, cela sonnera l’heure du goûter, et ça tombe bien, car ils pourront déguster le « carré Ronsard » de la pâtisserie d’en face.

Un bras de Loir à Vendôme
Eglise de la Trinité, à Vendôme
Eglise de la Trinité, à Vendôme
Vitrail de l’église de la Trinité, à Vendôme
Statue d’Archambeau, à Vendôme

Les Templiers au temps des Croisades

Le Moyen-Âge est une période qui fascine petits et grands, c’est une raison suffisante pour rejoindre la commanderie templière d’Arville, située en pleine campagne, au nord de Vendôme. C’est l’une des mieux conservée de France, la plupart des bâtiments d’origine sont restaurés, telles que les écuries, la grande dimière du 15ème s., la superbe église romane, et le gros pigeonnier aux 1500 boulins. Deux parcours muséographiques (un intérieur, un extérieur) et un livret découverte pour enfants permettent de restituer la mission des Templiers et d’évoquer leur rôle dans la protection des pèlerins et dans les Croisades. J’y ai appris une chose étonnante : la locution « échec et mat » vient de l’arabe sheykh mat, ce qui signifie « le roi est mort » !

Commanderie templière d’Arville
Commanderie templière d’Arville
Pigeonnier de la Commanderie templière d’Arville
Intérieur du pigeonnier de la Commanderie templière d’Arville

Les trésors de Lavardin et de Montoire

Retour dans la vallée à Lavardin, labellisé à raison parmi les « Plus beaux villages de France ». Dans cet adorable village où se sont installés de nombreux artistes et artisans, les + de 10 ans apprendront ce qu’est la chouine (un jeu de carte local) et scruteront les fabuleuses fresques de l’église romane Saint-Genest, telle que la danse macabre ou les anges musiciens. Les 7/9 ans pourront observer les mâchicoulis du donjon de la forteresse, tandis que les 4/6 ans parcourront la Rotte aux Biques à la recherche d’un indice gravé dans la pierre…

Château de Lavardin
Eglise St-Genest de Lavardin
Eglise St-Genest de Lavardin
Fresque de l’église St-Genest de Lavardin

A Montoire-sur-le-Loir, MusiKenFête est un musée présentant de façon ludique plus de 500 instruments du monde entier, récupérés ou offerts au couple passionné qui est à l’origine de ce musée. Si elle est là, Adeline n’hésite pas à faire des démonstrations pour les visiteurs, sur des instruments tous aussi étonnants et exotiques les uns que les autres. Tel cet aérophone chinois composé d’innombrables cloches, ou cet étonnant beffroi à angklungs thaïlandais…  Ce qui est génial, c’est que petits et grands peuvent exercer leur sens du rythme sur certains instruments bizarroïdes de la « nef musicale », ou en tapant sur un balafon géant ! Le parcours est agrémenté de petits films et de casques permettant d’écouter le son de ces instruments, joués dans leur pays d’origine. C’est une formidable initiation à la musique, et à la culture des peuples du monde. Un vrai coup de cœur, et une visite indispensable, avec ou sans enfants !

MusiKenfete à Montoire-sur-le-Loir
MusiKenfete à Montoire-sur-le-Loir
Adeline Proux à MusiKenfête

C’est Trôo beau !

En suivant le cours du Loir, voici maintenant Trôo, une étonnante cité troglodyte aux maisons creusées dans le tuffeau. Un parcours d’1h30 est disponible à l’Office du tourisme, qui permet de faire le tour des toutes les curiosités de ce village-gruyère. A commencer, en haut du village, par le « puits qui parle » : la forme évasée de ce puits de 43 m de profondeur amplifie les voix qui remontent sous forme d’écho, c’est vraiment impressionnant, on pourrait croire que c’est truqué et qu’il y a un amplificateur quelque part : mais non, c’est un « effet micro » naturel ! Un peu plus bas, on s’émerveille devant les stalactites de la grotte pétrifiante, où les enfants doivent trouver où se cache un chevalier… De bas en haut (ça grimpe !), c’est un réel plaisir de contempler ces maisons intégrées dans la falaise, certaines étant des chambres d’hôtes. Une maison se visite, c’est la cave Yucca, toujours meublée comme dans les années 60, et la Cave du Vigneron est une ancienne cave qui présente les vins locaux et où l’on peut casser la graine en terrasse. Le restrô du coin, quoi… Attention de ne pas y boire le verre de trôo !

Le puits qui parle, à Trôo
Trôo
Trôo, de l’autre côté du Loir
A Trôo
Grotte pétrifiante de Trôo
Chambre d’hôtes à Trôo

Parenthèse alcoolisée

A propos, saviez-vous que la vallée du Loir produit de très bons vins ? Notamment l’AOC Jasnières, un vin sec, fruité, à la forte minéralité de pierre à fusil, produit à partir du cépage chenin blanc. Laissez les enfants jouer dans la cour, et suivez-moi chez deux viticulteurs qui élèvent les meilleurs vins de Jasnières. A Marçon, au domaine de la Roche Bleue, Sébastien Cornille travaille en bio et en biodynamie et élève des vins fins, racés et atypiques. Plusieurs formules permettent de découvrir ses vignes et sa méthode de vinification (dégustation simple ; visite des caves troglodytes et dégustation des vins sur fûts ; tour des vignes et dégustation dans la cave ; repas avec accord mets/vins…). De plus, durant l’été, un jeudi soir par mois, il organise une dégustation de ses vins et de ceux d’un autre viticulteur de la région. Sympa ! Peut-être un jour invitera-t-il Ludovic Gigou, qui produit aussi de très bons Jasnières à La-Chartre-sur-le-Loir. Travaillant en bio, il vinifie ses vins dans des cuves inox, ou des foudres en chêne ou des jarres en grès de 500 l. Son Jasnières « vieilles vignes » est à se damner… Il produit aussi des rouges légers et épicés, issus du pineau d’Aunis ou du gamay, et des vins à bulles fins et élégants des trois couleurs, en méthode traditionnelle sur lattes de 36 à 48 mois. Ses vins sont élevés dans un dédale de caves troglo’ qu’il fait visiter sur demande. Chez les Gigou, on travaille en famille, avec son père Joël, sa sœur Dorothée l’aide à la vinification, et sa mère Sylvie s’occupe de leur chambre d’hôtes. Des gens vraiment charmants !

https://domainedelarochebleue.fr/  et https://gigou-jasnieres.com/

Sébastien Cornille
Jeune Bacchus au Domaine de la Roche Bleue
Ludovic Gigou
Ludovic Gigou
Ludovic Gigou

Des visites ludiques pour tous âges

La vallée du Loir n’a pas tout misé sur le jeune public. Parents et grands-parents y trouvent aussi leur bonheur ! Au manoir de la Possonnière, maison natale de Ronsard, on écoute la guide réciter des vers du « prince des poètes » dans ce manoir gothique ou dans les chambres de verdure des jardins Renaissance, dotés d’une grande roseraie. Ce qui fascine, c’est cette immense cheminée Renaissance qui est comme la carte de visite du père de Ronsard. Il y a fait graver le blason de famille, trois « ross », des petits gardons du Loir, rossard étant à l’origine du nom Ronsard ; puis l’inscription « NON FALUNT FUTURA MERENTEM » (l’avenir appartient à celui qui le mérite) soulignée par des ronces ardentes, autre symbole familial ; et on y voit aussi un curieux animal dans les flammes, qui reste un mystère. S’agit-il de la salamandre de François 1er ? De la bête du Gévaudan ?

Manoir de la Possonnière
Cheminée du manoir de la Possonnière
Blason de la famille de Ronsard, au manoir de la Possonnière
Au manoir de la Possonnière

A La Chartre-sur-le-Loir, qui regorge d’antiquaires, la Maison Courtin est une caverne d’Ali Baba qui abrite une hallucinante collection d’objets du quotidien du siècle passé. C’était au départ une ancienne brosserie (on y trouve d’ailleurs la plus grande variété de brosses de France !), à laquelle s’est ajoutée une chapellerie reconstituée de 1920, le stock d’un marchand de couleurs + un invraisemblable cabinet de curiosités rempli d’objets hétéroclites. Grégoire Courtin, le maître des lieux, a encore trouvé un peu de place pour reconstituer une quincaillerie d’autrefois, qui rendra certains nostalgiques de leur jeunesse, et qui ravira les plus jeunes de pouvoir s’immerger dans le passé désuet et fantasmé de ses grands-parents… Pour rester dans l’ambiance, Grégoire a même aménagé une chambre d’hôte, meublée 19ème s. !

Maison Courtin
Maison Courtin à La-Chartre-sur-le-Loir
Maison Courtin à La-Chartre-sur-le-Loir
Grégoire Courtin

Dans la vallée, deux châteaux réussissent le pari de plaire à tout public, de 7 à 77 ans. Celui du Lude est très… ludique, il organise des escape games dans les communs, et des chasses au trésor dans les jardins. C’est l’un des derniers grands châteaux de la Loire encore habité par une famille depuis 260 ans, et la comtesse actuelle a aménagé en 2022 une nouvelle tour, avec du mobilier trouvé dans le grenier. Avec la lingerie, la salle de repos des domestiques, la cuisine, la salle des jeux d’enfants, on s’y croirait ! Parmi toutes les salles du château, l’une d’elles a piqué ma curiosité : le studiolo, un étonnant cabinet entièrement peint du 16ème s., dont on ne sait pas vraiment à quoi il pouvait servir ! Avant de quitter ce château, il faut se balader dans les jardins au bord du Loir, d’abord parce que vous y aurez les plus belles vues sur ses superbes façades, et puis parce que ces jardins sont agrémentés de topiaires, de labyrinthes, de collections botaniques, d’un potager centenaire, et même d’un bouligrin (parterre gazonné avec bordures, utilisé autrefois pour jouer à un jeu de boules originaire d’Angleterre. D’ailleurs ce mot est tiré de l’anglais « bowling green » ) !

Château du Lude
Château du Lude
Château du Lude
Studiolo du château du Lude
Carrosse dans les communs du château du Lude

Quant à celui de Baugé-en-Anjou, il présente dans une scénographie intelligente et interactive, la vie et les passions du roi René dans un château du XVe s. C’est d’ailleurs lui qui accueille les visiteurs en s’incarnant dans un tableau, 1ère surprise qui en appelle d’autres… Au fil des pièces de ce pavillon de plaisance, on découvre comment on vivait dans un château au 15ème siècle et comment se déroulaient les tournois de chevalerie (il y a une statue équestre de chevalier grandeur nature). A 300 m de là, il faut absolument visiter aussi l’Hôtel-Dieu. La scénographie est moins moderne, mais cela permet de voir une extraordinaire apothicairerie à l’atmosphère mystique, restée telle qu’elle était au 17ème et 18ème s., avec ses murs couverts d’étagères remplies de récipients d’époque (pots en faïence ou boîtes en bois de châtaignier), aux légendes latines plus ou moins explicites. A ne pas rater, rien que pour voir le pot d’huile de ver de terre, ou celui de doigts de momies… La visite permet aussi de voir une pharmacie du 19ème siècle reconstituée telle qu’elle était, dans son jus, au Puy-en-Velay, ainsi qu’une belle chapelle du 17ème au plafond peint, et un jardin de plantes médicinales.   

Palais du Roi René à Baugé-en-Anjou
Palais du Roi René
Palais du Roi René
Palais du Roi René
Palais du Roi René
Apothicairerie de l’Hôtel-Dieu de Baugé-en-Anjou
Apothicairerie de l’Hôtel-Dieu de Baugé-en-Anjou
Apothicairerie de l’Hôtel-Dieu de Baugé-en-Anjou

Revenons à nos chères têtes blondes (ou châtains, ou rousses, ou crépues…). Pour les emmener voir des animaux, vous aurez le choix entre ceux du grand zoo de La Flèche, ou ceux, sauvages, à observer et écouter dans la réserve naturelle des marais de Cré, qui offre de belles balades bucoliques au bord du Loir. Lorsque vous serez à La Flèche, si vous avez encore un peu de temps, je recommande de faire deux visites, qui sont couplées par l’Office du tourisme local. Il s’agit de pénétrer dans le théâtre pour découvrir une belle salle à l’italienne du 19ème s. aux décors peints sur toile, et d’aller au moulin de la Bruère, pour découvrir la fabrication des pains de glace grâce à la roue à aube, selon un procédé unique en France !    

Réserve naturelle des marais de Cré
Théâtre de La Flèche

     

Voyage pratique

Se loger

Côté sud, à Trôo : maison d’hôtes tenue par un antiquaire, à la déco originale. A partir de 80 €/ch avec un luxueux petit-déjeuner.  https://www.cotesud-troo.fr/fr-FR

La Templerie, à La Flèche : manoir d’hôtes du 18e s., avec parc, piscine et sauna. Charme de l’ancien avec le confort moderne ! A partir de 125 €/ch en B&B. https://www.latemplerie-chambre-hote-la-fleche.fr/fr/

Camping La Chabotière (3*) à Luché-Pringé : au bord du Loir, avec bungalow toilé, chalet ou écolodge, à partir de 45 €/nuit pour 5 p. https://www.lachabotiere.com/

Se restaurer

Chez Arti, à Lavardin : bistrot de campagne servant une cuisine du marché, dans un décor… arty. A partir de 20 €/p.

Auberge Sainte-Catherine, à Trôo : du fait maison, délicieux desserts. Menus à 23 ou 32 €.

Le moulin des Quatre Saisons, à La Flèche : au bord du Loir, table gastronomique à prix raisonnables. Menus à partir de 35 €. 

A ramener

Du vin de Jasnières ou Coteaux du Loir, et des rillettes de Patrick Lehoux à St-Vincent-du-Lorouer.

Se renseigner

https://www.vallee-du-loir.com/

https://www.vendome-tourisme.fr/

A la découverte des Premières Nations du Québec

Les populations autochtones de la Belle Province partagent leur culture et leurs traditions à travers des expériences à vivre dans leur réserve ou dans la nature. Voici l’itinéraire que j’ai suivi à partir de la ville de Québec, qui m’a permis de rencontrer deux communautés autochtones.

A peine sorti de l’avion, le contact est établi avec les Premières Nations : dans le hall où les bagages sont délivrés, tout un pan de mur est recouvert par une carte du Canada, où apparaît Nionwentsïo, le territoire revendiqué par le peuple huron-wendat, qui correspond à peu près à la province du Québec. Cette communauté s’est installée dans un village tranquille de la banlieue de Québec city, comme on le verra plus loin… En attendant, je retrouve avec plaisir la ville fondée en 1608 par Samuel de Champlain. C’est comme un rituel, il faut que j’aille d’abord saluer l’explorateur (enfin sa statue), installée devant le mythique château Frontenac, ce bâtiment historique devenu hôtel de luxe. Puis j’arpente la terrasse Dufferin et je contemple le Saint-Laurent, comme devaient le faire les Amérindiens qui vivaient sur ce promontoire rocheux en le nommant kebec, ce qui signifie « là où le fleuve se rétrécit » en algonquin. Au programme des incontournables (voir mon article Québec la blanche), il y a aussi : déambuler dans la vieille ville, prendre un verre sur la place Royale, et remonter par le funiculaire pour visiter la citadelle. Durant l’été 2022, le parc municipal du Bois de Coulonge a accueilli « Mosaïcultures », une exposition de sculptures réalisées à base de plantes, où l’art topiaire est à son expression la plus aboutie. Cette année-là, le thème retenu était « Il était une fois la Terre », et parmi les univers censés représenter un hymne à la Terre (les mondes polaires et marins, les espèces menacées, les animaux domestiques…) il y en avait un consacré à la nation huronne-wendat, historiquement implantée près de Québec. J’ai donc fait connaissance avec Tsou’tayi’, le castor qui est l’emblème de cette nation, Yänariskwa’, le loup, respecté pour son attachement au clan, Yändia’wich, la tortue, qui a un rôle central dans le récit de l’origine de la Terre, et bien sûr Yäa’taenhtsihk, la Terre-Mère, représentée par le visage souriant d’une jeune femme…

Wendake, à visiter sans réserve

Cette fois je suis mordu, intrigué par cette nation si proche de la nature, qui était là bien avant l’arrivée des Européens. Je me rends donc à Loretteville, un des 35 quartiers de Québec, où se situe la réserve Wendake, chef-lieu de la nation huronne-wendat. Il ne faut pas s’imaginer une réserve comme un lieu clos, rien de distingue à première vue cette banlieue proprette aux pelouses bien tondues d’une autre banlieue nord-américaine ! Après avoir posé mes bagages dans l’hôtel-musée des Premières Nations (voir à la fin « le voyage pratique »), qui est situé au bord de la rivière Saint-Charles, je décide d’aller voir de plus près ce qu’il y a dans la réserve. A partir de l’hôtel, une balade très agréable consiste à emprunter la rue du chef Nicolas Vincent (presque toutes les rues ici portent le nom d’un chef…), pour aller voir la jolie église Notre-Dame-de-Lorette, dont la décoration sort un peu de l’ordinaire : peaux de bêtes sous l’autel, capteur de rêve, vieilles raquettes à neige, canoë en écorce… De l’autre côté de la rue, en se penchant sur le pont, on voit une grande fresque où l’on retrouve les animaux et les thèmes fétiches de la nation locale. On est bien en territoire amérindien ! Un mini-square invite à s’asseoir pour détailler un grand totem sculpté des 5 animaux importants pour cette communauté (tortue, castor, loutre, crapaud et rat musqué). Quelques marches plus bas, un belvédère permet d’admirer la tumultueuse chute d’eau Kabir Kouba. Ce qui est incroyable, c’est qu’en suivant sur quelques centaines de mètres la passerelle en bois du sentier des rivières, on se retrouve dans un canyon boisé hyper sauvage… C’est ce qui me plaît au Québec, la ville est dans la nature, alors qu’en Europe, c’est l’inverse ! Sur le chemin du retour, je fais halte à la maison Tsawenhohi, une dépendance du musée de l’hôtel. Cette maison centenaire fut habitée par Nicolas Vincent Tsawenhohi, un grand chef du clan du chevreuil, qui a été nommé en 2001 «personnage d’importance historique nationale» par le ministère du Patrimoine canadien. L’exposition riche en vieilles photos, gravures et documents, présente la vie de quelques grands chefs et leur importance pour l’histoire du pays et de la communauté. Diplomate et guerrier respecté, Tsawenhohi est reconnu pour sa défense des droits de la nation huronne-wendat (il s’est adressé à la Chambre d’assemblée du Bas-Canada, et s’est même rendu en Angleterre en 1824 !), et il a inspiré un fort sentiment de fierté à cette communauté. L’exposition rend aussi hommage à Marguerite Lawinonkié, qui a contribué au développement de l’artisanat dans la communauté, notamment en popularisant l’utilisation du poil d’orignal dans la broderie, et l’on retrouve tous ces objets dans la boutique attenante. Le musée principal se trouve dans l’hôtel des Premières Nations. Une grande frise bien illustrée permet d’abord de connaître l’histoire de ce peuple, des temps mythiques jusqu’aux derniers récents arrêts judiciaires favorables à la Nation. Comme date importante, j’ai retenu 1534, date de la première rencontre d’un chef huron avec Jacques Cartier ; et 1760, le traité Huron-Britannique confirmant les droits nationaux, territoriaux, culturels, spirituels et commerciaux des Hurons-Wendat dans le Nionwentsïo. Le reste du musée est composé de vitrines où sont exposés des objets du quotidien des Indiens : matériel de pêche, pierres de hache, poteries, fusils, tomahawks, calumets, aiguilles en os, pattes d’orignal décorées… J’ai particulièrement aimé ces ceintures wampum traditionnelles, tressées ou brodées de perles, dont les motifs racontent une page d’histoire. Il faut être huron-wendat pour les décoder, c’est la raison pour laquelle il faut faire la visite avec un guide. Le mien était Robert William, un doux colosse nommé Kusselueu en langue innu, une nation vivant plus au nord, entre le lac Saint-Jean et le Saint-Laurent, et dont je parlerai plus loin. Ce qui est chouette, c’est qu’il émaille ses commentaires d’anecdotes personnelles. J’ai appris ainsi que lorsqu’il part pêcher avec sa famille, c’est lui qui porte le canot en écorce de 150 kg sur ses épaules… « J’aime parler de mes racines » confie-t-il simplement. Le 3ème élément patrimonial du musée, c’est l’immense hutte dissimulée derrière une palissade, qui se trouve devant l’hôtel. Ekionkiestha’ est une maison-longue reconstituée en bois d’épinette noire ou bois de pruche (un arbre canadien de la famille des pins) et couverte d’écorce d’orme ou de bouleau, qui est utilisée pour la pratique et la transmission de rituels traditionnels. De grandes familles dirigées par une matriarche dormaient là, sur des couchettes réparties en hauteur, tout autour de l’allée centrale où couvaient des feux. C’est devant l’un de ces feux que j’ai écouté Hanariskwa du clan des Loups (alias Dominic Sainte-Marie, un autre guide autochtone), raconter un conte traditionnel, après avoir appelé les esprits des anciens en faisant brûler de l’encens. « Yiheh ! » (Bienvenue !) Rythmé par le battement de son tambourin, à la lumière dansante des flammes, son récit envoûte et fascine. La magie opère, les poils se dressent sur les bras, les esprits sont là. Ils me font croire à cette histoire d’outardes (oies sauvages) qui sauvent Yäa’taenhtsihk de la noyade et la déposent sur le dos de la Grande Tortue… Une expérience incontournable ! Et pour rester dans l’ambiance, il est possible de dormir sur place, dans un sac de couchage posé sur des peaux d’ours noir et de loup…

Réserve Wendake, au nord de Québec city
Réserve Wendake, chutes Kabir Kouba
Chefs hurons, celui au calumet est Nicolas Vincent
Robert Williams
Dominic Sainte-Marie, alias Hanariskwa

L’univers Wendat au cœur de la nuit

Dans le même registre poético-mystique des légendes huronnes, je vais vous parler maintenant d’Onhwa’ Lumina, un Sons & Lumières absolument fantastique qui est installé dans un bois de Wendake. C’est un parcours nocturne d’1,2 km ponctué de 7 installations lumineuses qui évoquent les valeurs fondamentales de la nation huronne-wendat : le cercle qui unit les êtres, le mythe de la création de l’Amérique du nord sur le dos de la Grande Tortue, le respect des animaux sauvages et des plantes, le culte des ancêtres qui transmettent le savoir… J’ai particulièrement aimé la projection pixellisée d’images d’ancêtres, et la danse d’un guerrier stylisé par les escarbilles mouvantes d’un feu. Et pendant tout le parcours, on est sous le charme du chant mélancolique et envoûtant de Keyara (et de sa sœur), les filles de Wadohandik (Steeve Gros-Louis), chef de la compagnie de danseurs et de musiciens Sandokwa (dont je reparlerai dans l’encadré sur le pow-wow), qui est justement le danseur de feu pixellisé qui est projeté sur l’écran noir de la forêt. Une réussite totale qui fait de cette expérience immersive un moment magique où l’on quitte nos oripeaux d’occidentaux matérialistes pour entrer en communion avec l’univers enchanté et onirique de cette nation amérindienne… https://onhwalumina.ca

Les Marais du Nord

Le lendemain, je décide de continuer l’exploration de la réserve en visitant Onhoüa Chetek8e (le graphème « 8 » représente le son « ou » de la consonne « w » en langue huronne), qui est la reconstitution d’un village traditionnel huron. J’espère que vous aurez la chance de tomber sur Simon Pérusse, dit le Magicien, un autochtone qui a été effectivement magicien dans une autre vie, et qui fait parfois la visite avec sa corneille Moko sur l’épaule… Moi j’ai eu Raphaël, il fait le job, est très sympathique, mais il fait moins « couleur locale »… En tout cas, durant cette visite passionnante, où l’on entre aussi dans une maison-longue, j’ai appris pleins de choses sur l’histoire et le mode de vie ancestral des hurons. Comment ils se nourrissent et se soignent avec les plantes, pourquoi ils se purifient dans des huttes de sudation, comment ils fabriquent les arcs, les canots et les raquettes à neige (tendues avec des babiches, des lanières en cuir de cervidés), etc… La sorcellerie est évoquée, et si le passé est bien décrit, le présent n’est pas oublié, et l’on apprend qu’environ 1700 hurons-wendat vivent dans la réserve, et que c’est la première nation à avoir eu sa propre banque ! Les visiteurs qui le souhaitent peuvent s’initier au tir à l’arc ou au lancer de tomahawk, fabriquer une roue de la médecine (censée éloigner les maladies), ou faire une balade en canot sur la rivière Saint-Charles. www.huron-wendat.qc.ca

A propos de cette rivière, elle est issue en amont d’un grand lac éponyme, au nord duquel s’étendent les Marais du Nord, qui symbolisent le Canada comme je l’aime. Une nature sauvage et belle, mais facilement accessible. C’est aussi une réserve, mais naturelle, cette fois ! En s’acquittant d’un droit de 6 $, on peut emprunter des sentiers balisés bien entretenus et aménagés d’observatoires, idéaux pour profiter de ces beaux paysages, et peut-être apercevoir la faune qui vit ici en totale liberté. J’ai eu la chance de voir des hérons, des urubus à tête rouge, un nid de balbuzard, un martin-pêcheur, un geai bleu, et d’entendre le « toûng » de la grenouille verte, qui ressemble au son d’une corde grave de banjo… Mais attention aux maringouins (moustiques), particulièrement voraces dans le coin. Mieux vaut porter un pantalon et des manches longues, et avoir un bon répulsif, sinon le passage en forêt devient vite un calvaire ! Après la balade, je recommande d’aller déjeuner au manoir du lac Delage (à 1 km), installé au bord d’un joli lac tout rond où se posent les outardes. Au fait, savez-vous ce que signifie Nionwentsïo en langue huronne-wendat ? « Notre magnifique territoire ». Rien n’est plus vrai !

Simon Pérusse, guide et historien
Raphaël, guide au site traditionnel huron
Maison-longue du site huron
Dans la maison longue
Masque Wendat dans le restaurant Nek8arre
Raphaël, guide du Site traditionnel huron, au débarcadère des Canots Légaré
Canot sur la rivière Saint-Charles
Marais du Nord
Marais du Nord
Marais du Nord
Lac Delage
Outardes au lac Delage

Des ours et des baleines

Après avoir fait connaissance avec la nation huronne-wendat, cap au nord-est vers Tadoussac en remontant le Saint-Laurent, afin de rencontrer des membres de la nation Innu. Chemin faisant, halte obligatoire à la chute de Montmorency, une cascade de 83 m, soit 30 m plus haute que celle du Niagara ! Le site est équipé d’un téléphérique, d’un pont suspendu et de belvédères accrochés à la falaise, qui permettent de voir cette tumultueuse chute d’eau sous plusieurs angles, et de s’en approcher au point de ressentir sa puissance… et sa fraîcheur ! Après 3 h de route en passant par des villages aux noms pittoresques qui donnent tous envie de s’y arrêter (Cap-aux-Corbeaux, Pointe-au-Pic, Port-au-Saumon, Port-au-Persil…), voici Tadoussac, que l’on rejoint après avoir franchi la rivière Saguenay dans un traversier. Même si le trajet ne dure pas longtemps, ne restez pas dans la voiture, mais surveillez à bâbord ou à tribord, il peut y avoir des dauphins ! J’en ai vu le dos d’un, très clair, sans doute un beluga… C’est normal, Tadoussac est un site privilégié pour l’observation des baleines. Le parc marin Saguenay-Saint-Laurent est d’ailleurs l’un des rares endroits au monde qui concentre 13 espèces de cétacés ! Plusieurs compagnies proposent des formules pour partir observer les baleines, et j’ai choisi naturellement celle qui appartient à la communauté Innu de la réserve d’Essipit, située à une trentaine de kms au nord. De plus, cette compagnie (Croisières Essipit) a signé le protocole d’éthique de l’Alliance Eco-Baleine, ce qui garantit une approche respectueuse des cétacés. Ce jour-là, on les a tellement respectés qu’on n’en a pas vu la queue d’un ! Il faut dire que les conditions météo très venteuses n’étaient pas favorables, et malgré le talent du capitaine du zodiac, j’ai fini trempé comme une soupe, sans avoir pris une seule photo… Mais bon, c’est le jeu, les baleines ne sont pas toujours au rendez-vous, et puis au retour j’ai quand même aperçu les moustaches d’un phoque gris ! Après m’être changé, j’ai déjeuné Aux Escoumins dans un restaurant tenu par des autochtones, et Nicolas Moreau, directeur de la compagnie de croisière, du dépanneur (épicerie) et d’autres entreprises de la réserve d’Essipit, m’a expliqué plusieurs choses intéressantes sur le fonctionnement de la réserve et l’importance du tourisme pour cette communauté : « Le tourisme représente 40 % de notre économie, et notre communauté fait partie, avec celle de Wendake et celle du lac Saint-Jean, de celles qui dépendent le plus du tourisme. Toutes les activités que nous proposons aux visiteurs, la chasse et la pêche, l’observation des baleines, l’hébergement en pourvoirie ou en chalets, les restaurants… nous permettent de vivre dans notre réserve, au lieu de nous disperser et d’être obligé d’aller chercher du travail ailleurs. Cela nous permet de partager notre culture et nos valeurs, sans voyeurisme, à notre façon. Il faut savoir que les profits des entreprises sont redistribués non pas en dividende, mais en services pour la communauté. Et notre système communautaire fait que ceux qui gagnent bien compensent la perte des autres ! » Ça laisse rêveur…

Chutes Montmorency
Chutes Montmorency
Maud, guide aux chutes Montmorency
Traversier de la rivière Saguenay
Cétacé dans la rivière Saguenay, à Tadoussac
En zodiac sur le Saint-Laurent, vers Tadoussac
Rivage du Saint-Laurent, devant le Condo-Hôtel Natakam

A 8 km au nord de Tadoussac, la pourvoirie des Lacs à Jimmy fait du bon business. Les touristes y font la queue pour avoir la chance de monter à bord des 4×4 qui s’enfoncent une fois par jour dans la forêt pour aller voir les ours noirs… David Jourdain, trappeur et guide ici depuis 32 ans, fait monter le suspense : « Alors, est-ce qu’on va voir des ours, aujourd’hui ? » Avec ma chance, si c’est comme pour les baleines… Heureusement, la « chasse » aux images est un peu truquée, car David a habitué un groupe d’ours, avec dépôt de nourriture, à fréquenter une petite carrière en fin d’après-midi. « C’est une habitude, mais non une dépendance ! » affirme-t-il pour se défendre d’appâter des animaux sauvages. Quand nous arrivons dans la cabane d’observation, la carrière est déserte, mais dès que David apparaît, de grosses boules de poils noirs arrivent en se dandinant ou se laissent tomber au pied des conifères. Quelle émotion ! Pouvoir observer en toute sécurité ces animaux sauvages dans leur élément naturel est un vrai privilège. Mashku est l’animal le plus respecté par les Innus. Autrefois, le passage à l’âge adulte se faisait lorsqu’un jeune tuait son premier ours. Ce temps est révolu, et ceux que j’ai observé n’ont pas trop de soucis à se faire… Alors que « Captain Morgan » et « Toute Belle » (ainsi nommés par David) se pourléchent les babines après avoir avalé les abats de poisson, cinq petits oursons négligent le repas facile et grimpent au sommet d’un grand pin. C’est si beau et touchant de les voir se chamailler dans la lumière pailletée d’or du soleil couchant ! Je serai bien resté plus longtemps à observer cette famille ours, mais la nuit tombait, il fallait partir et les laisser tranquille.

David Jourdain, guide et trappeur
David Jourdain apporte à manger aux ours noirs
Ours noirs
Ours noirs
Oursons noirs

Kanapé triple

« Kuei ! » (bonjour en Innu) C’est ainsi que je suis accueilli au Condo-hôtel d’Essipit, où m’attendent Michel Kanapé et sa femme Michelle, et Eric Kanapé, le frère de Michel. Ils appartiennent à la communauté Kanapeut (signifiant l’homme courageux) et ont fait 2h30 de route pour rencontrer le groupe de journalistes dont je fais partie, afin de nous faire découvrir leurs us et coutumes. Et ils ne sont pas venus les mains vides ! Sous un grand tipi, ils commencent par évoquer leur mode de vie, peu différent de celui de leurs ancêtres, le gros truck (4×4 plateau) et la 5 G en plus. On découvre d’abord qu’innu signifie « être humain ». C’est ainsi que s’est nommé ce peuple nomade, bien avant l’arrivée des Français qui les ont appelés les Montagnais. A l’appui de leur récit, Eric sort le tambour en peau de caribou, et Michel caresse les fourrures de loup ou de pécan qu’il a prélevées dans la nature. Pendant ce temps-là, Michelle surveille la soupe de gélinotte huppée qui mijote. C’est bientôt l’heure du repas, et Michel nous entraîne à l’extérieur où cuit aussi un ragoût de castor. « Venez, la bannique doit être prête ! » Agenouillé, il dégage de la terre sableuse et frotte avec un chiffon le pain traditionnel amérindien cuit dans la braise. Ça sent divinement bon, et ce pain est un régal ! Alors que je remercie chaleureusement mes nouveaux amis, Michel me fait remarquer, malicieusement : « En innu, il n’y a pas un mot simple pour merci, on dit tshinashkumitin, ce qui signifie : je te donne une outarde ! » Enfin, juste avant de nous quitter, Michel saisit sa guitare et nous gratifie d’une petite chanson en nous incitant à danser en rond, comme on le ferait autour d’un feu. Des moments simples, mais innu-bliables !

Michel Kanapé, membre de la communauté Innu, montre une peau de loup
Michel Kanapé récupère la bannique cuite à la braise dans le sable
Eric Kanapé, de la nation Innu
Michel Kanapé, de la nation Innu

Le pow-wow de Wendake (juillet 2022)

Comme le pow-wow de la nation huron-wendat se tenait la veille de mon départ, je suis donc retourné à Wendake pour assister à cette grande fête traditionnelle. En un mot comme en mille, c’était gé-nial ! On ne peut pas comprendre la notion même de communauté autochtone au Canada, si l’on n’a pas assisté à un pow-wow. D’abord, il faut passer devant les stands alignés le long de la rivière Akiawenrahk’ (Saint-Charles) pour voir à quel point l’artisanat est développé dans cette communauté, ce qui permet de faire vivre de nombreuses familles. J’y ai rencontré Lara Sioui, une jeune femme associée avec sa mère, qui vend sous la marque Onquata des pagaies décoratives en bois de frêne fabriquées pardes femmes de la communauté. Elle a le projet d’ouvrir un écomusée où l’on pourra les voir travailler. Jason Picard, lui, vend des mocassins en cuir d’orignal, les seuls à être entièrement « made in Wendake ». Un groupe d’ados vend des bols de sagamité (la soupe traditionnelle aux « trois sœurs », à savoir le maïs, la courge et le haricot) et des morceaux de bannique… Je n’ai pas pu assister à toutes les animations (ça dure trois jours !), les ateliers culinaires, les démonstrations (technique de perlage, laçage de raquettes traditionnelles, fabrication de capteurs de rêve…), les expositions, les conférences, ni les concours de danse… Car ce festival de dimension nationale réunit plus de 200 danseurs et danseuses des 11 nations autochtones du Québec, qui affirment ici leurs différences et la richesse de leur folklore. Une seule après-midi m’a suffi pour ressentir à quel point tout cela était authentique, viscéral, profond… Lorsqu’un jeune ou un ancien revêt son régalia, son habit d’apparat aux couleurs chatoyantes, décoré de perles et de plumes, il ne le fait pas pour l’allochtone ou le touriste, il le fait pour lui, parce qu’il en est fier, et que cela représente sa culture, ses racines. Au fil de l’après-midi se succèdent dans le cercle de danse les danses rituelles de leurs lointains ancêtres, qui se sont transmises de générations en générations : la danse des hommes, celle des femmes, du châle, du serpent, etc… Le tout rythmé par le tambour omniprésent et obsédant, et par le chant mélodieux de Keyara (dont j’ai parlé plus haut). C’est la fille de Wadohandik (Steeve Gros-Louis), le chef de la compagnie Sandokwa (aigle), qui comprend aussi son fils Dew-Hata. A la fin, tout le public est invité à se joindre aux danseurs et à tourner autour du tambour, d’un pas saccadé et répétitif qui invite à la transe. Un grand moment de communion et de partage intergénérationnel qui illustre à quel point la culture de ces autochtones est vivante et importante pour eux. Je suis admiratif et un peu envieux… Ils n’ont pas oublié d’où ils viennent et savent où ils vont !

Pow-wow de Wendake 2022

Voyage pratique

Y aller

Air Transat propose des vols Paris/Québec, à partir de 350 € A/R en classe Eco, et 996 € en classe Club. www.airtransat.com 

Séjourner

A Wendake : Hôtel des Premières Nations (4*) : magnifique boutique-hôtel situé au bord de la rivière Saint-Charles. A partir de 150 €/p en 1/2 pension, avec Onhwa Lumina. www.hotelpremieresnations.ca

A Essipit : Condo-hôtel Natakam : dans une crique paradisiaque fréquentée par les phoques et les dauphins. A partir de 160 € le gîte de 4 p. www.vacancesessipit.com

Condo-Hôtel Natakam

Savourer

A Québec : La Sagamité, rue St-Louis : Steeve Gros-Louis a créé ce restaurant pour faire découvrir la gastronomie des Premières Nations aux visiteurs du Vieux-Québec. Le filet de doré est excellent ! Compter 80 € pour le menu « Yatista » (feu en innu) avec soupe, viandes de gibier grillées au feu à table (très spectaculaire !), et tarte à l’érable. https://sagamite.com/

Yatista à la Sagamité

A Wendake : La Traite, le restaurant de l’hôtel des Premières Nations. Le chef Français Marc de Passorio a fait plusieurs immersions au sein de communautés autochtones du Canada, et il propose une carte de saison mettant en valeur les produits du terroir. https://restaurantlatraite.ca/

A Wendake : Nek8arre : le restaurant du site traditionnel huron propose une cuisine traditionnelle essentiellement à base de viande de gibier (wapiti, chevreuil et bison) et de poissons (truite et saumon). Rustique et authentique ! www.huron-wendat.qc.ca

Aux Escoumins : le restaurant-poissonnerie des Pêcheries Manicouagan est parfait pour se régaler de poissons tout juste pêchés, homard ou crabe des neiges, il y a même une poutine aux fruits de mer ! Compter environ 30 €/p. https://poissonnerieescoumins.com/

Crabe et homard aux Escoumins

Se renseigner

www.explorezcanada.fr  et  www.tourismeautochtone.com

Oh, un orignal !

Le Chili hors des sentiers battus

Evitant l’Atacama et la Patagonie, les deux extrémités les plus touristiques de ce grand pays d’Amérique du Sud, ce road-trip explore la région centrale, de la côte Pacifique sauvage aux glaciers et volcans de la cordillère des Andes. 

Antuco Rio Laja, sous le volcan Antuco, dans le parc national Laguna del Laja

Après un si long voyage (15 h en vol direct, 21 h ou plus si escale…), je conseille de rester un ou deux jours à Santiago, le temps de récupérer un peu de la fatigue du voyage et du jet-lag. Comme on arrive en général en fin de matinée, le mieux, après avoir posé sa valise à l’hôtel, est d’aller se balader dans l’immense parque Metropolitano, le plus grand parc urbain d’Amérique du Sud. Pour ceux qui veulent éviter de grimper des sentiers escarpés, un funiculaire permet d’accéder à un jardin japonais, un parc aventure, un verger, et un sanctuaire catholique dominé par une vierge blanche de 22 m de haut. Ce belvédère offre une vue magnifique sur Santiago et sur les sommets enneigés de la cordillère des Andes. Pour avoir un panorama à 360 ° sur la ville, il faut monter au dernier étage du Costanera center, le plus haut building de la capitale. A faire en fin d’après-midi, pour assister au coucher de soleil en sirotant son premier pisco sour… Attention : si vous voulez passer une journée de plus à Santiago, pour visiter quelques musées et se promener dans le centre historique, soyez vigilants, surtout la nuit autour de la très belle Plaza de Armas, qui grouille de pickpockets… 

Santiago
Vue du sommet de la tour Costanera, à Santiago
Dans le parc Metropolitain de Santiago Sanctuaire de la Vierge au mont San Cristobal
Fresques murales à Santiago
A Santiago, place d’Armes
A Santiago, place d’Armes
A Santiago, place d’Armes

L’université qui ne laisse pas de glace

Cap au sud pour rejoindre la vallée de Colchagua, dans la région dite du « Libertador Bernardo O’Higgins ». Pour information, ce général est le symbole de l’indépendance et le premier chef d’état du Chili en 1818. Issue de la cordillère, cette vallée très fertile est plantée d’immenses cultures et de vignobles à perte de vue. Arrêtez-vous chez Viu Manent, un domaine viticole familial fondé par des Catalans, qui organise une visite guidée en calèche, avec dégustation œnologique. Ses cuves en ciment en forme d’œuf sont très étonnantes ! https://viumanent.cl/ Je confirme que les vins chiliens sont excellents et bon marché, à l’image de la gastronomie du pays. Non loin de là, à San Fernando (où il y a une immense usine de soupe Maggi !), rendez-vous à l’hôtel Manso de Velasco (https://hotelmansodevelasco.paxer.com/reservacion). Je ne l’ai pas testé, mais il est dirigé par Victor Cordero, un guide qui a fondé Glaciares del Colchagua ( https://glaciaresdecolchagua.cl/ ), une agence réceptive locale qui organise des excursions et des trekkings vers le glacier Universidad, le 3ème plus grand du Chili (hors Patagonie). Il vous emmènera en 4×4 jusqu’au pied du glacier, entouré de volcans et de sommets dépassant 5000 m d’altitude, tel le majestueux mont Brujo (mont Sorcier). Nous sommes ici au royaume du condor et des guanacos, qui broutent les rares végétaux poussant à cette altitude. Depuis le camp de base équipé de tentes où l’on peut bivouaquer, on peut soit marcher avec crampons sur le glacier, soit accéder à une grotte de glace naturelle, nimbée d’irisations aigue-marine qui donnent l’impression de pénétrer dans un diamant. Une expérience fabuleuse qui laisse des souvenirs impérissables ! Chemin faisant, Victor fait un stop devant une petite falaise où nichent des dizaines de couples de tricahues, des perroquets endémiques poussant des cris stridents. Il s’arrête aussi à Los Maitenes, un ranch idyllique où un troupeau de chevaux gambade dans la prairie, avec en fond montagneux le massif du Sorcier. Ce ranch abrite une salle consacrée à la flore, la faune et la biodiversité du territoire, et à cette histoire incroyable qui s’est déroulée dans ces montagnes il y a 51 ans, souvent évoquée comme « le miracle des Andes ». En 1972, un avion transportant des joueurs de rugby uruguayens se crashe à 3600 m d’altitude. Alors que les recherches sont abandonnées dans cette zone très difficile d’accès, 16 hommes survivent 2 mois sans nourriture autre que leurs compagnons décédés. Après plusieurs tentatives infructueuses, seuls deux d’entre eux parviennent à franchir la barre montagneuse qui les isole de la vallée du rio Azufre… Ils ont été trouvés, à bout de forces, sur un sentier non loin du ranch, et leur fascinante histoire donnera lieu à de nombreux livres ou films. 

A Viu Manent, vers San Gregorio, région O’Higgins
A Viu Manent, viticulteurs à Santa Cruz, région O’Higgins
A Viu Manent, viticulteurs à Santa Cruz, région O’Higgins
Sur la route menant au glacier Universitad, au fond de la vallée de Colchagua
Chevaux devant la prairie de Los Maitenes, un ranch situé sur la route du glacier Universitad
Montagne vers le glacier Universidad
Marche d’approche vers le glacier Universitad
Marche d’approche vers le glacier Universitad
Glacier Universitad
Grotte sous le glacier Universitad
Grotte sous le glacier Universitad
Grotte sous le glacier Universitad
Grotte sous le glacier Universitad
Grotte sous le glacier Universitad
Victor Cordero, guide de montagne au glacier Universidad, dans la haute-vallée de Colchagua
Guanaco au pied du glacier Universitad
Perroquets endémiques Tricahue, sur la route longeant la Tinguiririca, en direction du glacier Universitad
Rio Tinguiririca, dans la haute vallée de Colchagua

Du gin, du crin et du vin

Après être passé par la distillerie Gin Provincia (lire en bas ma rubrique « à ramener), retour sur la Panamericaine, la route qui traverse le pays du nord au sud. La région est désormais la vallée de Maule, et les paysages qui défilent sont superbes, car au-delà des champs, se profilent presque toujours les monts enneigés et/ou les cascades de la cordillère des Andes. Après avoir traversé Talca, il faut faire un petit détour par Rari pour découvrir l’artisanat très original de ce village, qui consiste à fabriquer de petits objets décoratifs à partir des poils teintés de la crinière ou de la queue de cheval. Comme l’explique Emerson Basoalto, cet artisanat fait vivre depuis 200 ans une trentaine de familles du village. Telle celle d’Olivia Henriques, une mamie qui travaille à l’atelier et qui aide patiemment les touristes de passage à fabriquer leur propre petit objet en crin. Essayez, c’est facile ! Sinon, acheter un petit souvenir est un geste solidaire et responsable qui contribue à faire vivre la population locale, et à maintenir un savoir-faire unique au monde. Le cheval est très présent dans le paysage, soit broutant dans les prairies, soit montés par des huasos, des cow-boys aux larges chapeaux ronds et pantalons en cuir, dont on reparlera plus loin. Il y en a un aussi que vous pourrez caresser (le cheval, pas le cow-boy !) chez César Opazo, qui dirige avec sa femme Valesca un domaine viticole biologique tourné vers l’oenotourisme, à Caliboro, un patelin situé au fin fond de la campagne chilienne, à une cinquantaine de kms à l’ouest de Rari. Ce couple très sympathique propose une approche culturelle et patrimoniale de leur région à travers de multiples formules de visites et de balades, incluant ou pas l’hébergement dans une maison indépendante entourée par les vignes. (https://caliboroaventura.com/). Partagez au moins un repas avec eux, ne serait-ce que pour goûter à leurs vins (blancs, rouges et mousseux), vraiment délicieux. Notamment un syrah non filtré, un nectar à se damner vendu moins de 15 € ! Lorsque César prend sa guitare et pousse la chansonnette tandis que sa fillette danse avec un mouchoir à la main, c’est une scène de vie toute simple, mais qui charme l’esprit et le cœur. 

A Rari, dans la région de Maule, site artisanal de tissage de crins de cheval Olivia Henriques
Artisanat du crin de cheval, à Rari, région de Maule
A Rari, dans la région de Maule, site artisanal de tissage de crins de cheval
Artisanat du crin de cheval, à Rari, région de Maule
A Rari, dans la région de Maule, site artisanal de tissage de crins de cheval Emerson Basoalto, dirigeant de la petite entreprise artisanale
Valesca Morales et Cesar Opazo, de Caliboro Aventura, à Caliboro
A Caliboro Aventura Cesar Opazo, viticulteur bio
A Caliboro Aventura Cesar Opazo
A Caliboro Aventura Cesar Opazo, viticulteur bio
A Caliboro Aventura Valesca Morales
A Caliboro Aventura

Un océan pas si Pacifique

Cap maintenant vers la côte, en traversant d’immenses forêts de pins ou d’eucalyptus, entrecoupées de verdoyantes prairies d’élevage : on se croirait dans les Vosges ou le Massif Central ! Changement de décor sur la côte, vers Buchupureo, où des palmiers poussent le long de grandes plages de sable noir, interrompues par des falaises rocheuses. Ici on croise principalement des pêcheurs, dont les bateaux colorés embellissent la plage de Curanipe. Ou alors des surfeurs, profitant de la puissante houle qui déferle en gros rouleaux sur les plages de sable noir ou qui se fracasse sur les falaises en générant des gerbes d’écume géantes. Le spectacle est grandiose, mais personne ne se risque à se baigner, parce qu’en plus, l’eau est très froide ! Enfin, sauf les lions de mer qui se prélassent par centaines sur des récifs, à 50 m de la plage de Cobquecura… Conseils gourmands : commander un empenadas au food-truck garé devant cette plage : ils sont géants et savoureux ! Et rendre visite à Max Fernandes, producteur de papayuelo, une sorte de papaye qui n’a ni le même goût, ni la même consistance ou même couleur, que le fruit que nous connaissons. Celui-ci se consomme sur place, au sirop, avec une glace, c’est délicieux ! Autre conseil, destiné aux photographes cette fois : grimper au sommet de « l’église de pierre », une formation rocheuse dominant la plage d’une cinquantaine de mètres. Un sentier assez raide mène au sommet, mais la vue en vaut la peine, d’autant plus que sur la crête sommitale pousse des astroemeria, surnommées les lys des Incas, dont les délicates fleurs orange ou rose forment un premier plan idéal devant l’immensité de l’océan strié par les franges régulières de la houle… Autre fabuleux point de vue : depuis View Buchupureo (voir le Pratique ci-dessous), un resort étagé sur une falaise, dont les cabanes sont entourées d’un balcon d’où on ne se lasse pas de contempler le spectacle continu (et bruyant !) du combat titanesque que se livrent l’océan et le continent…

Max Fernandes, cultivateur de papayuelo, variété de papaye, vers Buchupureo
Papayuelos, variété de papaye, vers Buchupureo
Plage de sable noir de Buchupureo
Au sommet de « l’église de pierre », rocher posé sur une plage de sable noir de Buchupureo
Vue depuis le sommet de l’Eglise de pierre de Buchupureo
Au sommet de « l’église de pierre », rocher posé sur une plage de sable noir de Buchupureo
« l’église de pierre », rocher posé sur une plage de sable noir de Buchupureo
Lions de mer sur un rocher à Cobquecura
Lions de mer sur un rocher à Cobquecura
Lions de mer sur un rocher à Cobquecura
Buchupureo Cabane de View Buchupureo
Crique de Buchupureo
Crique de Buchupureo
Buchupureo

Au pied du volcan

Retraversons cet étroit pays d’Ouest en Est pour rejoindre la cordillère des Andes. Chemin faisant, il faut s’arrêter au très animé marché de Chillán, regorgeant de fruits et légumes connus et inconnus. A cette époque de l’année (novembre), les fraises et les cerises étaient succulentes ! Puis la Panamericaine rejoint… Los Angeles, où l’on peut admirer les quatre chutes de Salta, formant un mini-Niagara chilien (ce que je n’ai pas fait, faute de temps). L’arrivée à Antuco est spectaculaire : la route rectiligne qui traverse ce village pointe vers un majestueux volcan au cône parfait, saupoudré de neiges éternelles. Durant l’hiver austral, une remontée mécanique permet de dévaler ses pentes à ski. Mais l’été (d’octobre à avril), on randonne sur ses coulées de lave, mouchetées de soleil par les foisonnants buissons de genêts. Ici, c’est Juan Arias, d’Outdoor Biobio  https://www.facebook.com/people/Outdoor-Biob%C3%ADo/100080884496359/?ref=page_internal , qu’il faut solliciter pour découvrir les sauvages beautés du parc national « Laguna del Laja ». Ce guide jovial et chaleureux, installé en face du Antucalhue mountain resort, propose toutes sortes d’activités (trekking, canyoning, tyrolienne, pêche, ski de rando…) et sait faire partager l’amour qu’il a pour la nature de cette magnifique région. Avec lui, j’ai fait un tour des cascades dans le parc national, en faisant des pauses pour admirer les orchidées poussant dans les scories volcaniques, ou pour admirer le vol plané des condors dans le ciel. Il m’a amené aussi voir le grand lac posé au pied du volcan, formant un cadre grandiose d’une sauvage beauté. Enfin, il m’a fait rencontrer Fabian Isla, l’un de ses amis qui est arriero, gardien de troupeau à cheval. Un véritable huaso (cow-boy chilien), mais dans la montagne on les nomme arrieros. Dans son ranch d’Antuco, il raconte volontiers son dur métier, ses nuits à la belle étoile dans le froid, la neige ou la pluie, protégé par son chapeau, sa peau de chèvre sur son jean, et sa manta de castillo, un très épais poncho en laine imperméable qui fait aussi office de coupe-vent, ce qui est fort utile dans cette région où il souffle souvent un vent glacial. Pour revenir à Santiago, afin de ne pas refaire toute la route en sens inverse, il est possible de laisser la voiture de location à Concepcion, et de prendre un vol intérieur pour la capitale.

Cet itinéraire original permet de découvrir un Chili authentique, et même si vous ne verrez pas les sites les plus connus (le désert de l’Atacama et la Patagonie), vous traverserez des paysages extraordinaires, et vous rencontrerez des personnages attachants qui sauront vous faire aimer ce pays, qui a été pour moi un vrai coup de cœur. J’espère vous avoir convaincu d’y aller aussi !

A Chillan
Au marché de Chillan
Au marché de Chillan
Antuco
Volcan Antuco
Volcan Antuco
Volcan Antuco
Antuco Rio Malalcura
Antuco Rio Laja, dans le parc national Laguna del Laja
Antuco Cascade Trubunleo, ou Voile de la Mariée, dans le parc national Laguna del Laja
Antuco Sierra Velluda, dans le parc national Laguna del Laja
Antuco Rio Laja, sous le volcan Antuco, dans le parc national Laguna del Laja
Rio Malalcura, dans le parc national du lac de Laja
Fleurs de retamillas, dans le parc national de la Laguna de Laja, Antuco
Rivière Laja, dans le parc naturel du lac de Laja
Volcan Antuco dans le parc national Laguna del Laja
Antuco Lac Laja dans le parc national Laguna del Laja
Antuco Rio Rucué
Antuco Fabian Isla, « arriero » (cow-boy)
Antuco Fabian Isla, « arriero » (cow-boy)
Antuco Fabian Isla, « arriero » (cow-boy)
Antuco Fabian Isla, « arriero » (cow-boy)
Antuco Fabian Isla, « arriero » (cow-boy)
Antuco Fabian Isla, « arriero » (cow-boy)
Juan sur un arbre d’un chemin du parc naturel du lac de Laja
Juan Arias à Antuco
Juan Arias, de Outdoor Biobio, à Antuco

PRATIQUE

Y aller

Latam a des vols quotidiens (avec escale) Paris-Santiago A/R à partir de 976 €.

https://www.latamairlines.com/fr/fr

Evaneos, à travers l’agence locale de Florence et Héloïse, propose un autotour de 9 nuits/10 j à partir de 1682 €/p (base 4 p), incluant le transport (sauf international), l’hébergement en B&B et les visites. Ce circuit recoupe à peu près celui que vous venez de lire.

https://www.evaneos.com/

Se loger

A Santiago, Ugo hôtel : hôtel de luxe au design moderne, bien situé dans un quartier calme, à 20 minutes à pieds du Parque Metropolitain. Super glacier artisanal juste en face ! A partir de 110 €/ch. https://www.ugohotel.com/

A San Fernando, le Shangri-La Lodge : dans une région plantée de vergers de cerisiers, il faut rejoindre le bord de la rivière Claro où une dizaine de lodges sont implantés dans la forêt. Rustique, mais beaucoup de charme, et calme absolu ! Le soir, feu de camp au bord de l’eau, ou jacuzzi dans un grand bac en bois. Gustavo, le propriétaire, est aussi le distillateur de l’excellent Gin Provincia, dont la distillerie est installée en surplomb du resort. Faites-lui raconter l’histoire abracadabrantesque de ce campement, construit « out of nowhere » par un architecte russe fuyant le régime communiste… A partir de 110 € pour 4 p.    http://www.shangrila.cl/en/ 

A Caliboro : la petite maison dans les vignes de César et Valesca, à 120 €/p en pension complète. https://caliboroaventura.com/

View Buchupureo : cabanes chics perchées en haut d’une falaise, dont les baies vitrées offrent une vue imprenable sur le Pacifique. A partir de 65 €/nuit. https://www.viewbuchupureo.cl/

A Antuco, Antucalhue mountain resort : maisonnettes rustiques mais équipées d’une cuisine et d’un jacuzzi. A partir de 80 €/nuit pour 4 p. http://antucalhue.cl/fr/

Se restaurer

Divertimiento, au parque Metropolitain : le meilleur restaurant de mon séjour ! Grand choix de plats typiquement chiliens, tels que la cazuela de vacuno (soupe de bœuf au maïs et patates), les sopaipillas (beignets que l’on recouvre de pebre, une sauce-condiment addictive préparée avec des tomates, de la coriandre, des oignons émincés, de l’huile d’olive, de l’ail et du piment), le congre frit aux oignons, ou le pastel de choclo (gâteau de maïs). Compter environ 30 €. https://www.divertimento.cl/

La Quinta Chancha, à Talca: auberge proposant une véritable cuisine locale dans un cadre pittoresque et coloré. Menus à partir de 23 €.

El Puerto, à Buchupureo : pour déguster poissons grillés, crabe ou ceviche. Compter 30 €.

A ramener

Du gin ! Pas n’importe quels gins, ceux de Gin Provincia, distillés par Gustavo Carvallo et Tomas Ardiles dans la vallée de Colchagua. Depuis 2017, ils peaufinent la recette de 4 gins, censés représenter différentes régions du Chili. Les baies de genièvre viennent de Bulgarie, mais les plantes utilisées pour parfumer le gin, certaines endémiques, proviennent du Chili et sont cueillies par les arrieros dans les montagnes de la cordillère des Andes ou de Patagonie. La distillerie utilise des alambics en cuivre, et l’eau provient du rio Claro, issu de la fonte du glacier Universidad. Ses 4 gins sont tous excellents (mon préféré est le Patagonia, avec une pointe de piment), et ce sont parmi les meilleurs que j’ai goûté à ce jour !

https://www.ginprovincia.cl/

Se renseigner

https://www.chile.travel/fr/

      

Singapour, une jungle urbaine

Située au sud de la Malaisie, cette cité-Etat est une destination sûre qui fascine par l’intégration de la nature dans l’architecture, et qui séduit par son brassage multiculturel.

Les biodômes et Supertree Grove des Gardens by the Bay

Deux chiffres suffisent à comprendre pourquoi Singapour est surnommée la ville-jardin : c’est le 2ème pays le plus densément peuplé au monde (après Monaco), mais 50 % de sa surface est constituée d’espaces verts ! Dès la sortie de l’aéroport, on est surpris de voir le long des rues des « rain trees« , de grands arbres de la forêt pluviale à la ramure impressionnante. Leurs branches ploient sous les plantes épiphytes, et leurs houppiers touffus procurent une ombre et une fraîcheur bienfaisantes dans ce pays au climat équatorial. Grâce à eux, lorsqu’on se promène en ville, on ne ressent pas la sensation étouffante d’un univers de béton, d’autant que de nombreux buildings ont végétalisé leur façade. De plus, on n’est jamais loin d’un coin de verdure. Singapour compte d’innombrables petits parcs et quatre réserves naturelles agrémentées de plans d’eau (servant de réservoirs d’eau potable), qui sont de véritables jungles ! J’ai marché dans le parc MacRitchie, très bien équipé de sentiers jalonnés de panneaux informatifs sur la faune et la flore. Il faut passer par la tour Jelutong pour se hisser au niveau de la canopée, et emprunter le « tree top walk », une passerelle également haut perchée, qui était fermée ce jour-là. J’ai vu des macaques (dont il faut se méfier), d’innombrables oiseaux, des écureuils, et même un sanglier ! L’autre parc dans lequel on passerait la journée, c’est le jardin botanique, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Répartis autour de plusieurs lacs, ses jardins thématiques sont un enchantement (forêt de bambous, de bougainvillées, ethnobotanique, jardin de plantes médicinales, de fruits sauvages, vallée des palmiers, etc…). Mais le clou de la visite est sa collection d’orchidées, la plus importante au monde (1000 espèces et 2000 hybrides !), que l’on découvre plantées dans les parterres ou dans une grande serre. Je n’étais pas particulièrement fasciné par les orchidées, mais maintenant, je suis fan ! La diversité de leurs formes et de leurs couleurs est sidérante, d’autant plus que les horticulteurs en hybrident de nouvelles à chaque passage d’invité de marque, à l’instar des roses. Laquelle préférerez-vous, l’orchidée Obama ou Mandela ?

Rain trees devant Victoria Concert Hall
MacRitchie Reservoir Park
MacRitchie Reservoir Park
MacRitchie Reservoir Park
MacRitchie Reservoir Park
MacRitchie Reservoir Park
Macaque au MacRitchie Reservoir Park
Sanglier au MacRitchie Reservoir Park
Au jardin botanique

Singapore de commerce

Avant de visiter cette ville, il est important de bien la comprendre, de cerner ses enjeux. Pour cela, je recommande de commencer par deux musées, qui sont plutôt des centres d’interprétation. Comme Singapour a d’abord été un port, rendez-vous à la Singapore Maritime Gallery, qui dévoile comment un petit village de pêcheur est devenu une mégalopole tentaculaire. Tout a commencé en 1819, lorsque le britannique sir Thomas Raffles acheta l’île au sultan de Johor, afin d’installer une base navale pour contrôler le détroit de Malacca, et un port de commerce pour concurrencer les Hollandais. Le port a toujours été au cœur de l’activité économique de Singapour : les épices au XIXe s., le pétrole dans les années 1950, et les biens de consommations mondialisés, tout ou presque passe aujourd’hui par son port de containers, le 2ème du monde après Shanghai. Et une extension de ce port est prévue, ce qui doperait encore la réussite économique de ce petit pays (grand comme le Territoire de Belfort !), qui est un « dragon asiatique« , comme Taïwan ou Hong-Kong. Parfaitement documenté et illustré, ce musée, qui dispose aussi d’un ludique simulateur de conduite de porte-container, est une parfaite introduction à la découverte de Singapour, et en plus, il est gratuit !

Sir Raffles, devant Victoria concert Hall

Singapour le développement durable

L’autre musée incontournable (également gratuit) est le Singapore City Gallery, situé dans le bâtiment URA center. Il présente, de façon immersive et interactive, les étapes de transformation de la ville pendant ces 50 dernières années. On découvre comment, depuis le visionnaire premier ministre Lee Kuan Yew, différents plans de développement ont été mis en place pour optimiser le peu de surface disponible, et pour gérer l’eau, l’énergie et les transports. Il est fascinant de suivre les différentes étapes de ce plan d’urbanisation, de voir comment ils ont agrandi la cité sur la mer, comment ils ont transformé la ville en respectant l’environnement et en y introduisant le plus de nature possible, comment ils ont réussi à construire une ville de 6 millions d’âmes en pensant au bien-être de ses habitants, dont 90 % sont à moins de 400 m d’un espace vert ! Les 300 parcs sont reliés par 150 km de pistes cyclables, il y a 6 lignes de métro (+ 3 à venir), chaque quartier dispose d’un grand centre sportif communautaire… Bref, quand on veut, on peut. Ou comment le génie humain peut trouver des solutions innovantes quand il y est contraint par la géographie. Une belle leçon d’urbanisme, en tout cas, et même de politique générale, car Singapour est la preuve irréfutable qu’il est possible d’harmoniser l’économie, le social et l’environnement, en mettant au premier plan le développement durable. Monsieur le président, Madame Hidalgo, un p’tit voyage officiel à Singapour ?

Chinois, indien, peranakan, arabe, anglais : cinq gars pour !

Dès les premiers plans de la ville, faits en 1971, après l’indépendance, il a été décidé de conserver les bâtiments historiques. Il aurait été tentant de raser ces vieilles shop houses et ces petites maisons traditionnelles à un étage pour ériger des gratte-ciel de 50 étages et plus… Heureusement (merci Lee Kuan Yew, véritable idole pour ma guide francophone et pour la majorité des Singapouriens), les différents quartiers communautaires de la ville ont été conservés, pour le plus grand bonheur de ses habitants, et pour le nôtre, car on a ainsi l’impression de visiter plusieurs pays en même temps… Le plus grand de ces quartiers est Chinatown. C’est logique, les Chinois représentent 75 % de la population ! On se balade donc dans une enclave chinoise, avec ses temples aux toits en pagode étagés, ses échoppes rouges, remplies de toutes les babioles et de toutes les saveurs d’Orient, ses grands magasins où l’on trouve aussi bien de la soie que des pénis de cerf ou du crocodile séché… Au fil des ruelles, on ne peut pas manquer, par la vue ou l’odorat, de voir les étals de durians, ces gros fruits à l’odeur nauséabonde que les vrais connaisseurs n’achètent qu’après l’avoir goûté… La Chine, quoi ! Sans oublier ses restaurants, dont je parlerai dans le paragraphe suivant.

Quartier chinois
Temple de la Dent de Bouddha
Quartier chinois
Femme Sam Sui de la région de Canton
Quartier chinois
Quartier chinois
Quartier chinois
Quartier chinois
Une famille enfile des gants pour manger un durian
Quartier chinois

Non loin de là, s’étend le quartier peranakan (ou baba-nyonya), du nom de cette communauté issue des migrants chinois du XVIe au XVIIe s., qui s’unirent avec des femmes locales d’origine malaisienne. Au fil des siècles, cette communauté a développé un art de vivre raffiné où se mêlent les influences chinoises, malaises et même européennes, via les colons anglais. Pour en savoir plus, il faut visiter l’Asian Civilizations Museum et/ou le Peranakan museum, mais si vous manquez de temps, il suffit de vous faire expliquer tout cela par votre guide (je conseille d’en prendre un), lorsqu’il ou elle vous amènera à Emerald Hill road, Joo Chiat road ou Orchard road pour admirer de ravissantes maisons peintes de couleurs pastels, construites dans un style architectural fusionnant le local et le colonial. Ces maisons, hautement « Instagrammables », sont certainement les plus photographiées de Singapour ! Cette constante affluence doit faire râler les propriétaires, mais en même temps, cela doit les rendre fiers, car ils continuent de fleurir leur terrasse, et d’entretenir soigneusement les couleurs de leurs façades… Faites une pause chez Bebe Seet, une peranakan qui tient une jolie boutique (113 East Coast rd) où l’on trouve des objets et des vêtements peranakan. Elle se fera un plaisir de vous offrir un thé et des gâteaux et de vous expliquer sa culture en vous montrant les photos de ses ancêtres.

Quartier Peranakan
Quartier Peranakan
Quartier Peranakan
Quartier Peranakan
Quartier Peranakan
Quartier Peranakan, chez Rumah Bebe

L’autre quartier à forte identité culturelle, c’est Little India. Comme pour Chinatown, on pourrait se contenter de flâner dans les rues pour faire du « voyeurisme touristique », et au mieux, entrer dans les boutiques pour faire emplette d’épices ou de tissus, et ce serait déjà follement exotique. Mais pour une découverte moins superficielle, j’insiste, un guide local est nécessaire. Il vous fera visiter un temple tamoul en expliquant pourquoi des gens viennent fracasser des noix de coco devant l’entrée (cela symbolise un nouveau départ, et la rupture de l’ego), il vous dénichera un cours de yoga ou un massage ayurvédique, et il vous aidera à faire les bons choix au restaurant. Sans notre guide, je n’aurais pas rencontré le responsable d’une épicerie indienne entièrement bio, remplie de produits sains et bons pour la santé (Sampoorna Swadesi, 14 Belilios Lane), ni Mr et Ms Shanti, du restaurant végétarien et ayurvédique Green Leaf Cafe (43 Cuff Road), où l’on vous sert une dizaine de petites préparations sur une grande feuille de bananier. Enfin, il faut se rendre à Kampong, le quartier arabe, dont les maisons à un étage (certaines décorées de fresques) forment un contraste saisissant avec les gratte-ciel gris situés juste derrière, qui s’élancent à l’assaut des nuages. J’y ai rencontré Johari Kazura, parfumeur de père en fils, qui tient Sifr Aromatics (42 Arab St), une parfumerie où il concocte, à l’ancienne, ses propres parfums, tout en ayant perfectionné sa technique à Grasse. Un vrai magicien, qui sait transformer le musc le plus rebutant en une fragrance irrésistible, par la grâce de quelques mariages d’essences subtilement dosées dont il a le secret…

Quartier arabe
Quartier arabe

Hawker de la cuisine locale

La gastronomie locale reflète la diversité des ethnies qui composent la société. La cuisine singapourienne est réputée à juste titre, et fait partie des atouts de la destination. Socrate a bien expliqué qu’il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger, cependant… il n’était jamais venu à Singapour ! Vous voulez une seule preuve de l’excellence de cette cuisine ? Un boui-boui du quartier chinois y a obtenu une étoile Michelin ! Oui, vous avez bien lu, Chan Hon Meng a reçu cette récompense suprême en 2017, pour son « chicken rice », qu’il vendait alors dans un stand de rue ! Je suis allé, naturellement, dans le restaurant étoilé le moins cher du monde, mais avec le succès, c’est un peu devenu une « usine », et le chicken rice a perdu son croustillant et sa saveur originale (dixit ma guide). Peu importe, il y a pleins d’autres cuisiniers anonymes, dans les hawkers centers, qui mériteraient cette étoile. Un hawker center est une sorte de marché couvert regroupant de nombreuses gargotes de tous styles culinaires, qui étaient auparavant des hawkers, des colporteurs ambulants. Il reste encore des gargotes mobiles, notamment pour les vendeurs de brochettes au satay (sauce cacahuète), mais la plupart sont dans ces structures couvertes de restauration communautaire, et l’on mange au milieu des locaux sur de petites tables aérées par de grands ventilateurs. Comme partout en ville, la propreté y est irréprochable. Pour le soir, je recommande Lau Pa Sat, dans le New Financial District, un hawker center qui permet de dîner à l’air libre. Le site est étonnant, car c’est l’unique construction horizontale isolée au milieu d’une forêt de building !

Une ville fière de son passé…

Singapour a conservé de nombreux bâtiments et vestiges de son héritage colonial. La plupart sont situés rive nord de la rivière Singapour, et voici un itinéraire qui vous permettra d’en avoir un bon aperçu. La balade commence sur la petite colline de Fort Canning. Ce parc luxuriant, où se situaient le palais et les sépultures des rois du XIVe s., abrite les vestiges du fort Canning de 1860, et un jardin d’épices rend hommage à sir Raffles, qui était aussi botaniste. A l’angle de Hill St et River Valley rd, admirez l’ancien hôtel de Police, dont la façade est percée de près de 1000 fenêtres, toutes peintes au couleurs de l’arc-en-ciel. Doit-on comprendre qu’on en faisait voir de toutes les couleurs aux prisonniers ? Il faut rappeler que ce pays n’est pas tendre pour ceux qui outrepassent la loi, ce qui explique, en partie, que la ville soit propre et sûre. Passons… et traversons pour rejoindre les quais de la rivière, le long du Parlement. Là encore, le contraste est saisissant entre le quai d’en face, occupé par 2 ou 3 rangées de petites maisons devancées par des restaurants en terrasse, et les gratte-ciel en arrière-plan. Une statue de sir Raffles trône devant le musée des Civilisations Asiatiques, de style colonial, l’autre étant devant la tour de l’horloge du Victoria Concert Hall, l’ancien hôtel de ville du XIXe s. De l’autre côté de la rue, la National Gallery, avec sa coupole et ses colonnes corinthiennes, illustre parfaitement le style classique colonial. C’est l’ancienne Cour Suprême, la nouvelle étant la « soucoupe volante » posée juste à côté… Un peu plus loin voici la cathédrale gothique de St-Andrews, so british… Il faudra marcher encore un block dans la même direction pour rejoindre enfin le Raffles, hôtel mythique qui a conservé le charme suranné d’un palace du XIXe s. Le must est d’y terminer cette balade coloniale en sirotant un Sling, le cocktail emblématique du Raffles, à base de jus d’ananas aromatisé au gin, Cointreau et Bénédictine. So british again !

Quais de la rivière Singapour
Devant le musée des Civilisations Asiatiques
Old Hill Street Police Station
Devant Victoria Concert Hall

… mais tournée vers le futur

Soyons honnête, ce qui impressionne, à Singapour, c’est l’architecture contemporaine. Rendez-vous d’abord à Marina Bay, située à l’embouchure de la rivière Singapour. C’était là où accostaient autrefois les jonques chargées de marchandises… La baie a été fermée par poldérisation, c’est maintenant une étendue d’eau douce entourée de bâtiments tous plus étonnants les uns que les autres : le musée des Sciences, en forme de fleur de lotus stylisée, les salles de concert de l’Esplanade en forme de demi-durian, le polyèdre en verre Louis Vuitton, et bien sûr le Marina bay Sands, l’iconique hôtel de Singapour au roof-top en forme de paquebot, dont je reparlerai après. Avant de quitter la marina, il faut aller voir Merlion cracher son jet d’eau ! C’est l’animal totémique de Singapour, mi-lion, mi-poisson, qui symbolise les précédents noms de la cité : Tumasik (mer en javanais), et Singapura (ville du lion en sanskrit). Et puisque vous serez là, traversez la rue pour entrer dans le Fullerton, l’autre palace de style néoclassique, qui était à l’origine… la Poste générale ! C’est depuis les années 2000 un hôtel 5 *, et son gigantesque hall d’entrée vaut le coup d’œil.

Marina Bay
Marina Bay Sands
Vue depuis le rooftop du Marina Bay Sands
Vue depuis le Sky Garden du CapitaSpring

A quelques minutes à pieds de Marina Bay, Gardens by the Bay est un parc naturel urbain de 100 ha, où l’on en prend plein la vue. Inauguré en 2012, c’est l’image même de cette ville-jardin, où l’architecture futuriste s’intègre à merveille dans une nature exubérante. Au milieu de ce jardin paysager qui est comme une jungle domptée, s’élancent des Supertrees, des structures en forme d’arbre, entièrement recouvertes de végétaux. On se croirait dans un film de science-fiction, et on ne s’étonnerait pas, dans un tel décor, de voir voler des voitures dans le ciel… Des passerelles reliant ces « arbres » à 30 m du sol permettent de prendre de la hauteur pour varier les points de vue sur ce fabuleux parc. Au-dessus de la frondaison des arbres, dépassent les biodômes, deux serres géantes cerclées d’arceaux blancs qui les font ressembler à des coquillages. L’un est un jardin botanique abritant des plantes et des fleurs du monde entier, certaines rares ou en voie d’extinction (présentés un peu à la Disneyland…), l’autre, le Cloud Forest, reconstitue l’ambiance d’une forêt tropicale d’altitude, avec une véritable cascade, et des passerelles suspendues donnant l’impression de marcher dans la canopée. Il faut donc prévoir une journée entière dans cet extraordinaire jardin, d’autant plus que chaque soir, à la nuit tombée, les arbres s’illuminent lors d’un show Sons & Lumières assez magique. Mais gardez encore quelques « waouh ! » en réserve, car vous n’êtes pas au bout de vos surprises ni de votre émerveillement…

Gardens by the Bay, et Supertrees Grove, vus depuis le rooftop du Marina Bay Sands
Gardens by the Bay et Supertree Grove
Gardens by the Bay, Supertree Grove
Supertrees la nuit
Gardens by the Bay, le Flower Dome
Gardens by the Bay, le Cloud Forest
Cloud Forest
Cloud Forest

Car voici le moment où il vous allez visiter le Marina Bay Sands. Premier choc visuel à l’intérieur ce cette cathédrale de verre et de béton, où les étages s’empilent de façon pyramidale, générant des lignes de fuite quasi hypnotiques. Dans le lobby, où une vingtaine d’employés gèrent à flux tendu les départs et les arrivées des clients des 2200 chambres (!), des arbres poussent dans des pots de 4 m de haut.  L’intérieur est conçu comme un centre commercial, avec même une petite rivière pour balader les touristes ébahis, et l’ensemble compte plus de 80 lieux de restauration ! Si vous ne désirez pas errer dans ce temple de la consommation, montez au 56ème étage, au SkyPark Observation Deck. C’est cher (26 $), mais cela vaut le coup ! Une astuce consiste, à partir de 17 h, à monter gratuitement au « Cé La Vi sky bar » : vous aurez la même vue, et pour le même prix vous aurez un cocktail… Ce roof top est vraiment « amazing » : d’abord, la piscine à débordement, qui donne irrésistiblement envie de plonger dedans (mais elle est réservée aux clients de l’hôtel). Longue de 150 m, bordée de palmiers, culminant à 206 m d’altitude, c’est la piscine d’hôtel la plus haute du monde ! Depuis la terrasse, le panorama sur la ville et sur Gardens by the Bay est époustouflant. D’un côté la forêt de gratte-ciel, et de l’autre, la véritable forêt, et la mer encombrée de porte-containers. C’est une vue qui résume bien Singapour !

Marina Bay Sands, vu depuis un Supertree
Piscine à débordement sur le rooftop du Marina Bay Sands
Piscine à débordement sur le rooftop du Marina Bay Sands
Piscine à débordement sur le rooftop du Marina Bay Sands

La nature dans la ville

Je reviens encore sur le sujet, car je n’ai pas tout dit dans le premier paragraphe. Singapour s’est dotée de petites fermes urbaines, permettant à un quartier de consommer des produits frais et sans transport. Vous pourrez visiter par exemple City Sprouts (les Pousses de la ville, 102 Henderson Road), fondé par un jeune trentenaire, Zac Toh, qui expérimente des salades sur des substrats verticaux, créé de petites rizières, et qui met des serres à disposition des habitants pour qu’ils y cultivent fruits et légumes. Chaque 1er samedi du mois, il organise un marché des producteurs. Son but : arriver en 2030 à atteindre 70 % de nourriture importée à Singapour (contre 90 % aujourd’hui). Utopique ? Pas vraiment, quand on voit les efforts qui sont faits dans ce domaine, et quand on sait de quoi sont capables les Singapouriens… Ainsi, depuis une dizaine d’années, toute nouvelle construction doit restituer en verdure sa surface au sol. « More concrete, more green » (plus de béton, plus de verdure), dit le slogan. Si ces efforts sont parfois discrets (on ne voit pas forcément les arbres plantés sur un toit, la végétation dans les halls ou la pelouse dans les atriums), les promoteurs et les architectes rivalisent aujourd’hui de créativité et d’audace pour construire le building le plus vert de la ville… Tel le Tree House (60 Chesnut Ave), qui est doté du plus grand jardin vertical au monde. Récemment, des architectes biophiles se sont enhardis à supprimer carrément des étages pour les remplacer par des jardins ou des petites forêts. C’est le cas de l’Oasia, une tour de 27 étages datant de 2016 qui abrite quatre jardins suspendus, que l’on distingue par ses ouvertures béantes, qui sont autant de puits de lumière. Pour le moment, sa façade en résille d’aluminium est rouge, mais elle va progressivement se couvrir de plantes tropicales grimpantes, ce qui va la transformer en véritable forêt verticale ! En plus de capter le CO2 et les particules, cela procurera aux occupants une climatisation naturelle et gratuite… Au cœur du quartier d’affaires, on s’attend à tout moment à voir sortir le bonhomme de Cetelem de l’immeuble de bureaux CapitaGreen (2014), dont les parois de verre laissent voir de la végétation à chaque étage. Ne voulant pas en rester là, ces mêmes promoteurs viennent d’inaugurer cette année le CapitaSpring, l’un des plus hauts gratte-ciel de la ville, qui contient, excusez du peu, une forêt-oasis entre le 17ème et le 20ème étage, et la ferme urbaine la plus haute du monde au 51ème étage ! Il va sans dire qu’il faut absolument aller voir cela. C’est… tout simplement beau, voire même émouvant. On ressent l’harmonie entre béton et la plante, la fusion du verre et du vert. C’est le genre d’expérience qui réconcilie avec la ville ! Le building lui-même est beau, dévoilant élégamment ses espaces verts en entrouvrant ses lignes verticales par de larges ogives. Cerise sur le cup-cake, toutes les herbes et les légumes bio de la ferme urbaine sont cuisinées à l’Arden, le plus haut restaurant de Singapour, une table gastronomique dont l’addition est à la hauteur de son altitude, très élevée… Mais quelle vue !

Ferme urbaine City Sprouts. Zac Toh, fondateur, montre une parcelle de riz
Building Capitaland, vu depuis la piscine du ParkRoyal
Oasia Hotel
Singapour
Sky Garden du CapitaSpring
Vue depuis le sky garden du CapitaSpring
Sky Garden du CapitaSpring

Le stade terminal de l’émotion

Je croyais avoir tout vu, avoir atteint le summum de l’ébahissement, le nirvana suprême de l’écolo-bobo… mais je m’étais trompé. Lorsque j’ai découvert le nouveau terminal (le bien-nommé Jewel) de l’aéroport Changi, mon admiration pour Singapour est encore montée d’un cran. Pourtant, ce terminal est en fait un gigantesque mall à l’américaine, avec hôtel, restaurants, boutiques (même un Apple store !), cinéma IMAX… et je fuis d’habitude ce genre d’endroit. Mais celui-là est exceptionnel dans sa conception, car encore une fois, la nature y est mise en valeur. Oh, pas seulement avec des pots de fleurs ou des yuccas devant chaque boutique, non, mais avec… une forêt tropicale entière qui entoure sur une hauteur de 5 étages une cascade s’écoulant dans un vortex en verre ! On en reste bouche bée… Grâce à ces installations, se promener dans ce terminal aéroportuaire devient un plaisir, on va à tous les étages pour varier les points de vue… Au dernier étage, le Canopy park a un pont suspendu, un jardin topiaire, un autre de fleurs, des labyrinthes végétaux, entre autres amusements. Si l’on n’y prend garde, c’est un coup à rater l’avion ! Mais après tout, un jour de plus à Singapour, why not ?   

Voyage pratique

Y aller : la très réputée Singapore Airlines dessert Singapour depuis Paris en vol direct (en 12 h), à partir de 892 € A/R. https://www.singaporeair.com/fr_FR/fr/home#/book/bookflight

Se loger :

ParkRoyal on Pickering : incroyable hôtel d’architecture moderne, dont les étages débordent de végétation avec cascades et jardins perchés. Un must, à s’offrir pour 310 € la chambre. https://www.panpacific.com/en/hotels-and-resorts/pr-collection-pickering.html?utm_source=google&utm_medium=business_listing&utm_campaign=googlemybusiness

The Warehouse : hôtel design chic dans un ancien entrepôt rénové, au bord de la Singapore river. A partie de 250 €/ch. https://www.thewarehousehotel.com/

The Sultan : hôtel installé dans d’anciennes boutiques du quartier malais. A partir de 120 €/ch. http://www.thesultan.com.sg/

Se restaurer :

Entrons un peu dans le détail. Parmi les plats les plus emblématiques de la ville, il faudra goûter au hokkien mee, des nouilles sautées aux fruits de mer ; au laksa, soupe de nouilles au lait de coco épicée (parfois très épicée !) ; au chili crab ; au popiah (rouleau de printemps)… Côté douceurs, ne rentrez pas sans avoir goûté au kaya, sorte de confiture au lait de coco, qui entre dans la confection de plusieurs desserts « kueh », parfois parfumés au pandanus, ce qui leur apporte une jolie couleur verte.

Voici une liste de restaurants pour tous budgets : 

Lau Pa Sat : hawker center réputé où l’on mange pour 15-20 €.

Keng Eng Kee Seafood : une gargote aux chaises en plastique, mais qui sert des plats chinois d’une grande qualité (chili crab, travers de porc au café, canard braisé au concombre de mer, nouilles de riz à la viande (horfun)…). Compter 25-30 €. http://www.kek.com.sg/

Open farm community : une ferme urbaine où l’on se régale des légumes et des herbes cultivées sur place. De la fourche à la fourchette, pour 30 €/p. https://www.openfarmcommunity.com/

Bedrock Origin, à l’Oasis Sentosa : un des meilleurs restaurants de Singapour. Des poissons grillés et des viandes maturées à se damner, et une incroyable carte des vins et des whiskys. Ils ont même le Glendronach Allardice (18 ans), les connaisseurs apprécieront… A partir de 40 € pour le déjeuner, le double pour le soir, surtout si l’on prend un cocktail et du vin ! https://www.bedrock.com.sg/origin

Ce restaurant est une raison suffisante pour venir à Sentosa, île-parc d’attraction qui dispose de quelques plages de sable, mais avec vue sur les supertankers… Cependant, la compagnie charter Lé Tara propose des excursions dans les petites îles au large, plus préservées du tourisme de masse. Compter 30 €/h, avec boisson sans alcool. https://www.letarayacht.com.sg/destination/singapore    

Ma guide : Cindy Tay est une dynamique guide francophone. Son courriel : cindytay.sc@gmail.com

Plage de Palawan, à Sentosa
Île de Sentosa
Île de Sentosa, plage de Palawan
Île de Sentosa, cours de taï-chi
Île de Sentosa, pont pour aller à l’île Palawan
Plage de l’île Lazarus

Se renseigner : visitsingapore.com

Cap au sud de la Californie

Avec les fabuleuses attractions de San Diego, des déserts fascinants, l’incroyable oasis de Palm Springs, et le charme irrésistible de l’île balnéaire Santa Catalina, voici un road trip qui permet de voir le meilleur de ce grand Etat américain.

Après 11h40 de vol, le Dreamliner d’Air Tahiti Nui se pose enfin en douceur sur le tarmac de l’aéroport de Los Angeles, à Inglewood. En général on arrive en milieu d’après-midi, ce qui laisse le temps de louer une voiture et de filer vers San Diego, qui n’est qu’à 2 h de route (en fait 4 h avec les embouteillages…). Situé à une vingtaine de kms de la frontière mexicaine, San Diego ne cache pas ses attaches historiques avec le pays voisin. Le quartier « Old Town », où a été fondée la Californie, a été reconstitué comme un pueblo, avec des bâtiments d’époque coloniale investis par de petits musées, des magasins ou des restaurants mexicains. Certes, cela fait un peu artificiel, mais ce folklore n’est pas que de façade, il y a une vraie communauté mexicaine à San Diego, fière de ses traditions et de ses origines. Cette coloration hispanique est évidente dans le barrio Logan, qui ravira les amateurs de street art. Les artistes locaux ont transformé les piliers et les murs d’un gigantesque échangeur routier en galerie à ciel ouvert, et leurs fresques hautes en couleur sont presque toutes porteuses d’une revendication sociale ou culturelle. Si vous croisez un type cool avec une bombe de peinture à la main, n’hésitez pas à lui demander la signification de telle ou telle fresque, il sera ravi de l’expliquer à un français qui s’intéresse à lui et qui ne se borne pas, contrairement à la grande majorité des touristes, à prendre des photos à la dérobée en se carapatant vite fait de peur de se faire dépouiller…

Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan

Il y a une raison de plus de passer un peu de temps dans ce quartier : à quelques blocs de là (1745 National Ave), deux entrepôts abritent une brasserie et une distillerie/restaurant, tenus par une bande de hipsters très sympathiques, dont les préoccupations environnementales sont bien dans l’air du temps. En prenant un verre au bar du restaurant ReBru, on s’aperçoit que ce tiers-lieu propose non seulement les bières de la brasserie Thorn d’à côté, mais aussi des cocktails fait avec leurs propres alcools : whisky, tequila, gin, vodka… Si Willi Fleming, le distillateur (qui chante et joue de la guitare dans la salle du resto à ses heures perdues…) passe par là, demandez-lui comment il produit ces alcools. Il vous expliquera qu’au lieu de jeter les stocks de bière « gâchée », ils ont eu l’idée de distiller cette bière plusieurs fois, afin de produire les différents alcools cités, selon un procédé qu’ils ont inventé ! J’ai goûté à ces alcools, et je peux témoigner qu’ils sont tout à fait corrects, voire très bons ! MJ, la bar manager, a tenu à me faire goûter à leur dernière création : le kové. Une boisson très rafraîchissante contenant 5° d’alcool, faite à partir de maté, une plante aromatique originaire d’Argentine. C’est délicieux ! Une bonne adresse où l’on passerait l’après-midi, voire la soirée s’il y a un concert. Et une fois par mois, ils organisent même, dans la courette, un spectacle de catch !

A ReBru
Willi Fleming, distillateur (et musicien) à ReBru
MJ, bar manager de ReBru

 

Des attraction XXL

Pour se remettre de ces émotions (et éventuellement d’une soirée bien arrosée au ReBru…) rien de mieux que le Balboa park. C’est le poumon et le cœur culturel de la ville. Un immense parc urbain avec une véritable forêt, de grandes pelouses, des fontaines, des kiosques à musique, et qui contient 16 musées et une serre botanique… C’est tellement grand qu’on s’y perd facilement ! Il faut donc y passer la journée, et même deux si l’on veut voir les pandas du zoo : il est si étendu qu’on peut le visiter en bus, et le survoler en téléphérique ! Ce gigantisme typiquement américain vaut aussi pour Sea World, l’un des plus grands parc de vie marine au monde, et pour l’USS Midway, qui est à quai au Navy pier, non loin du centre-ville. Ce porte-avion de 300 m, qui se visite de fond en comble, a été un temps le plus grand navire sur les océans. Composé d’un équipage de plus de 4000 marins, il a servi de 1945 jusqu’en 1992 (guerre du Golfe). Sa visite est incontournable, même si l’on ne se passionne pas pour la marine. Il faut prendre l’audio-guide qui se déclenche aux bornes situées dans chaque pièce, chaque coursive, ce qui permet de plonger dans le quotidien des marins, et de comprendre le fonctionnement de cette monstrueuse machine de guerre. Ce qui est chouette, c’est que des vétérans se baladent dans le ventre de la bête et sur son pont supérieur. Ils sont là pour répondre aux questions des visiteurs et pour raconter leurs expériences vécues dans ce porte-avion. Devant les énormes moteurs, et les panneaux entiers de manettes, de valves et d’écrans, j’ai découvert que cette usine flottante faisait fonctionner presque tout à la vapeur, depuis sa propulsion jusqu’au repassage, en passant par la cuisine et l’envoi des torpilles… Sur le pont supérieur sont alignés toutes sortes d’engins volants, avions de chasse, hélicoptères de combat, avions-cargo… D’anciens pilotes expliquent aux touristes médusés et admiratifs comment on fait décoller et atterrir des avions sur une distance si petite, et même si Top Gun n’est pas votre film préféré, il y a de grandes chances que cela vous intéresse… En quittant le porte-avion, faites halte au dock voisin, le Tuna Harbour park, pour voir The Kiss, grande statue figurant un marin de la Seconde guerre mondiale embrassant une infirmière cambrée. Cette sculpture faite d’après une photo de 1945, baptisée « Unconditional Surrender » (reddition sans condition), est décriée car on ne sait pas si le baiser était consenti ou imposé. A vous de vous faire une idée !

Il y a pleins d’autres choses à faire et à voir à San Diego, se balader sur l’une de ses nombreuses plages ou sur sa corniche rocheuse, faire du surf à La Jolla, aller observer les baleines (de mi-décembre à avril), etc… Le soir, il faut se balader à Gaslamp, un quartier historique qui a du cachet, avec ces bâtiments victoriens et ces lampadaires au gaz qui lui ont valu ce nom. Certaines rues deviennent piétonnes, ce qui permet de flâner plus tranquillement entre les terrasses de ses bars et restaurants. A moins que ne préfériez les trattorias de Little Italy…      

Quartier Gaslamp
San Diego
Gare Santa Fe
Seaport village
Tuna harbour park Unconditional Surrender, ou The Kiss
Unconditional Surrender, ou The Kiss, vu depuis le pont supérieur du USS Midway
USS Midway
USS Midway
USS Midway
USS Midway Vétéran expliquant le fonctionnement de la salle des machines
USS Midway
USS Midway
USS Midway
Pont supérieur de l’USS Midway
Pont supérieur de l’USS Midway
Pont supérieur de l’USS Midway
Pont supérieur de l’USS Midway
Pont supérieur de l’USS Midway
Pont supérieur de l’USS Midway
Rick, pilote vétéran
Au Balboa park
Au Balboa park
Au Balboa park, serre botanique
Au Balboa park
A Old Town
Plage de La Jolla
Plage de La Jolla
Rasta à San Diego

Palm Springs, une oasis en plein désert

Depuis San Diego, empruntez la route 78 qui traverse le désert très aride d’Anza-Borrego. Bien aidé par les réveils matinaux du jet-lag, je suis parti à 5 h du matin, ce qui m’a permis d’arriver dans ce désert au lever du soleil. Quelle émotion ! Les tourbillons de sable qui s’enveloppent autour des cactus, les canyons ocres, les routes infiniment rectilignes parcourues par des camions XXL, les stations-services miteuses perdues dans l’immensité désertique… C’est l’Ouest américain dans toute sa splendeur ! Ce qui m’a frappé, en traversant ce désert, c’est de voir le nombre impressionnant de camping-cars (les trailers) qui stationnent là, au milieu de nulle part… Et le plus étonnant c’est qu’ils forment des cercles, comme autrefois les chariots bâchés des colons ! J’ai traversé ce désert sans m’y arrêter (sauf pour voir de près des ocotillos, ces étranges plantes épineuses qui dressent ses bras vers le ciel), mais il faut savoir que c’est l’un des endroits les plus chauds et secs des Etats-Unis. La route 78 mène droit vers le Salton Sea, un immense lac salé qui est le plus grand de Californie. Il s’est créé au début du siècle dernier, suite à la rupture d’un barrage sur le Colorado. Toute cette eau s’est déversée dans une vallée désertique, à l’endroit même d’une mer disparue depuis des millénaires, ce qui explique que le lac soit deux fois plus salé que le Pacifique. Au début, tout allait bien, des stations balnéaires ont poussé comme des champignons à l’époque de l’âge d’or hollywoodien, l’endroit était à la mode, on venait s’y baigner, pratiquer des sports nautiques, faire la fête… Puis, quand l’eau a commencé à s’évaporer, la concentration du sel a augmenté, ce qui a fait mourir les poissons, et fuir les touristes. De plus, les phosphates et pesticides de l’agriculture intensive, tombés au fond du lac, ont commencé à remonter à la surface, et à polluer les rives. Les hôtels, les restaurants, les bars ont fermé les uns après les autres. Aujourd’hui, les rives du lac prennent des airs de ville fantôme : maisons à l’abandon, carcasses de mobile homes, bateaux échoués, voitures désossées… C’est un spectacle de désolation, avec des palmiers rabougris, une terre brûlée par le sel, une vase nauséabonde, et des cadavres de poissons sur la rive. Les rares habitants qui vivent toujours là vous dévisagent avec un mélange d’hostilité et de résignation, en se demandant ce que vous pouvez bien faire là… Je n’ai pas fait long feu au bord de ce lac sinistre, et j’ai repris la route 86 vers le nord, vers Palm Springs. C’est alors que les premiers palmiers apparaissent. D’abord dans les champs, sous forme de grandes plantations de palmiers-dattiers nains. Puis viennent enfin les grands palmiers le long des routes qui ondulent sous le sirocco, les palmiers symboles de la Californie. Ca y est, vous traversez Greater Palm Springs (appelé aussi Coachella valley), coincé entre des hautes montagnes et le désert de Joshua Tree. Cette immense oasis de 72 km de long sur 24 km de large est vraiment étonnante, car dans un environnement extrêmement aride, les bas-côtés, les champs et les jardins sont assez verts, on n’est jamais très loin d’un golf ni d’un parc verdoyant, et rares sont les maisons sans piscine… Mais où trouvent-ils de l’eau pour arroser tout cela, sachant qu’il ne pleut que quelques jours par an ? Sous vos pieds ! Palm Springs, et les sept autres petites villes (Cathedral city, Rancho Mirage, Palm Desert, Indian Wells, la Quinta, Indio et Coachella) qui se succèdent dans cette vallée, ont la chance de se trouver au-dessus d’une énorme nappe aquifère, qui s’est formée là lors de la dernière glaciation, et qui est alimentée par l’eau des montagnes voisines. On comprend mieux tout cela, au moins visuellement, en montant, par les télécabines tournantes de l’Aerial Tramway, au sommet du mont San Jacinto, à 3300 m d’altitude. Enfin, quand les conditions météo le permettent, car j’y suis allé en février, et une tempête de neige m’a ôté le plaisir de contempler la vallée depuis cette hauteur…  Mais avant d’être absorbé par les nuages, j’ai pu voir ce tapis vert rectangulaire, contrastant avec l’ocre du désert alentour. Heureusement, si l’on ne voit rien, on se console avec le petit musée situé dans le bâtiment sommital, exposant notamment la faune empaillée de ces montagnes. En redescendant, on est frappé par tous ces champs d’éoliennes qui jalonnent (défigurent ?) le paysage. Encore une fois, aux Etats-Unis, quand on place des éoliennes quelque part, ce n’est pas par dizaines, mais par centaines, par milliers !

Anza Borrego desert
Désert d’Anza Borrego, ocotillos
Palm Springs Aerial tramway
Sommet du mont San Jacinto
Petit musée au sommet du mont San Jacinto
Petit musée au sommet du mont San Jacinto

La ville de Palm Springs est très agréable, avec ses larges avenues bordées de palmiers et ses quartiers résidentiels proprets aux maisons de plain pied, de style « desert modernism« , c’est-à-dire au toit plat, aux lignes horizontales, avec de grandes baies vitrées, et un minimalisme assumé. Replaçons cela dans son contexte historique : dès les années 1920, cette oasis a attiré les vedettes du cinéma, car leurs contrats stipulaient qu’elles devaient se trouver à moins de deux heures d’Hollywood, ce qui est le cas. Afin de loger les acteurs du show-business, animés par le luxe, le confort et le désir de faire la fête, les plus grands architectes de l’époque sont venus à Palm Springs, où ils ont appliqué les idées en vogue telle que fonctionnalité́, esthétisme, lignes pures et nouveaux matériaux (acier et béton). A l’opposé du tape-à-l’œil de Las Vegas, cette architecture inspirée par Le Corbusier et le Bauhaus, a pour but de combiner innovation, rationalité, luminosité et fonctionnalité, dans un design épuré. Vous pourrez suivre un « celebrity homes tour » pour admirer (depuis la rue) les superbes villas de Franck Sinatra, Elvis Presley, Cary Grant, Kirk Douglas, Elisabeth Taylor, etc… Et si vous ne voyez pas la maison de Marilyn Monroe, en passant devant le Art museum, vous ne manquerez pas sa statue de 8 m de haut, jupe soulevée, comme dans le film « The Seven Year Itch » (Sept ans de Réflexion).

Ce qui est dommage, à Palm Springs, c’est que les sources chaudes thermales sont toutes associées à un hôtel. Le mien n’en avait pas, la plupart sont situées à Desert Hot Springs, une localité située au nord de Palm Springs. C’est sur la route pour aller à Pioneertown, une reconstitution d’un patelin typique de la Conquête de l’Ouest, avec une rue poussiéreuse où traînent des chariots, un saloon, le bureau du sheriff, la prison… Ce n’est guère convaincant, et à moins d’avoir avec soi des enfants fans de western, cette visite est évitable. De même que le « Red Jeep tour » qui m’a un peu déçu. Dans les brochures, c’est alléchant, avec visite de la faille de San Andreas (la jonction des plaques tectoniques pacifique et nord-américaine, qui provoque régulièrement des séismes en Californie), mais en pratique, on reste sur un domaine privé, on voit au loin une vague ligne dans les rochers, et on s’arrête parfois pour voir des palmiers, et marcher dans de petits canyons asséchés. Bof…

Palm Springs
Palm Springs
Palm Springs Villa de style « desert modernism »
Palm Springs
Palm Springs
Forever Marilyn, à Downtown park
Forever Marilyn, à Downtown park
Forever Marilyn, à Downtown park
Au Metate Ranch – Red Jeep Tours
Pioneertown
Champs d’éoliennes
Maison d’Elvis Presley
Champs d’éoliennes

Par contre, j’ai adoré la découverte (faite sans guide) du parc national Joshua Tree. Une fois acquittée l’entrée dans le parc, on peut s’y balader en liberté, il y a de nombreux points d’intérêt, signalés par des pancartes, et sur des plans à retirer dans le mini-bureau des rangers situé aux entrées sud ou nord du parc. Il faudra s’arrêter par exemple au « Cholla gardens », un champs de cactus de variété cholla, autrement appelée « teddy bear cactus« , en raison de l’aspect duveteux de ses branches tortueuses… Mais attention, qui s’y frotte s’y pique, car en fait de duvet, ce sont des épines très serrées et très acérées ! Si l’on se retourne un peu vite sans faire attention, on peut vite regretter d’avoir mis un short au lieu d’un pantalon… De nombreux arrêts permettent de se balader au milieu d’amas rocheux très esthétiques, car composés d’un granit rosé aux formes parfois étonnantes : Jumbo Rock, Split Rocks, Arch Rock, Skull Rock… Ces énormes rochers d’origine magmatique aux formes arrondies par l’érosion créent un fabuleux paysage, qu’on ne se lasse pas d’admirer et de prendre en photo. Surtout quand viennent s’y intégrer les fameux Joshua trees, les arbres emblématiques du parc, dont les feuilles, dures et piquantes à leur extrémité, forment des boules qui sont autant de vertes explosions de feux d’artifice. En fait ce n’est pas un arbre, mais un yucca, mais il en a la forme, la grandeur, et la longévité. Dans ce désert de Mojave, il est surnommé l’arbre de vie, car il abrite toute une petite faune (oiseaux, lézards, insectes…) qu’on peut voir en étant patient. Au printemps, il se couvre de grosses fleurs blanches, et lorsque les buissons d’ocotillos portent au bout de leurs branches filiformes des fleurs rouges, le désert perd sa couleur monochrome sable, et devient incroyablement beau, surtout sous la lumière douce et rasante du lever et du coucher du soleil.

Cholla cactus, dans le Cholla gardens
Joshua trees
Joshua tree
Joshua tree en fleurs
Formations rocheuses en grès
Joshua Tree national park Formations rocheuses en grès
Formations rocheuses en grès : the Skull
Joshua Tree national Park
Joshua Tree national Park

Il y a de nombreux sentiers tracés dans le parc, et des campings pour éviter de ressortir à chaque fois. Je n’en ai fait qu’un, et je vous le conseille vivement : il s’agit, tout au nord, du sentier qui mène, en moins d’une heure, au Fortynine Palms Oasis. Ca grimpe un peu, on surplombe le désert écrasé de chaleur, puis soudain, au fond d’un vallon, on aperçoit un bosquet de palmiers se détacher de la rocaille. Cette oasis quasi miraculeuse dans cet univers minéral, située sur une faille géologique, attire comme un aimant, on a envie de se réfugier à l’ombre de ses majestueux palmiers de Californie, sous lesquels s’écoule un réconfortant et rafraîchissant filet d’eau. Très hauts, et leur tronc en partie recouvert par leurs propres palmes (ce qui retient l’humidité), ces 49 palmiers à jupon expriment toute la force et la beauté de ce désert hors du commun. Au retour, j’ai pris le temps de mieux observer la végétation succulente, tel cet étonnant cactus Baril aux épines rouges, qui ressemble à un gros oursin posé au fond d’une mer évaporée.        

Desert Heights
Fortynine palms oasis trail, vue sur Desert Heights
Cactus Baril
Fortynine palms oasis trail
Fourtynine palms oasis
Fortynine palms oasis
Fortynine palms oasis
Palmiers de Californie à jupons

Catalina et ses bisons

Depuis Palm Springs, je suis allé à Los Angeles (autoroutes tout du long), que je n’ai pas visité par faute de temps. J’ai préféré prendre un bateau à Long Beach pour aller à l’île Santa Catalina, ce que je ne regrette pas ! Après une heure de traversée, en compagnie d’une bande de dauphins tursiops, apparaît cette île rocheuse et boisée, apparemment inhabitée. Mais petit à petit se dessine le port d’Avalon, le seul véritable « village » de l’île. Cette île a une histoire étonnante : d’abord refuge de pirates, William Wrigley Jr l’acheta pour en faire une destination balnéaire et de plongée. L’histoire de ce magnat du chewing-gum est racontée en images au petit musée d’Avalon. On apprend que l’équipe de base-ball des Cubs de Chicago venait s’entraîner ici (logique, Wrigley l’avait achetée aussi !), que l’île était un lieu de tournage très apprécié pour son aspect sauvage (Les Révoltés du Bounty, et de nombreux westerns…), et elle a même été un camp d’entraînement pour les services secrets américains ! Encore une fois, on trouve trace de Marilyn à Catalina, elle y résidait quand elle était encore Norma Jeane Baker… Bref, cette île est pleine de surprises. Comme les voitures y sont interdites, on circule à Avalon en voiturette de golf, et il suffit d’en louer une pendant une heure pour parcourir la petite station balnéaire de long en large et en travers. Elle est tout de même utile pour s’éviter de monter à pieds sur les hauteurs, d’où l’on a la meilleure vue sur toute la crique et ses jolies maisons blanches. A part cela, et buller sur la plage, il n’y a que deux activités vraiment sympas à faire à Catalina : de la plongée, et le Bison Tour. Pour la plongée, c’est simple, il suffit de se rendre au pied de l’imposant Casino (qui n’en est pas un, comme je l’expliquerai après), où il y a un ou deux prestataires qui proposent leurs services. Le récif est au bord, il est paraît-il très beau, je n’ai pas testé, car j’y étais en février, et l’eau est vraiment froide à cette époque de l’année. Il se nomme d’ailleurs le récif Cousteau, et on y voit toute une faune sous-marine, tel que le poisson orange Garibaldi, des lions de mer, des mérous, des langoustes… que l’on retrouve dans son assiette le soir au resto’. Il y a aussi un sous-marin a fond transparent qui barbote dans la baie, si l’on ne veut pas se mouiller. Ce que j’ai testé, par contre, c’est le Bison tour. A bord d’un 4×4 équipé safari, un ranger-guide vous amène dans l’intérieur de l’île (ce que l’on ne peut faire qu’à pieds, les petites routes y étant interdites aux voitures) pour aller à la rencontre des bisons. Pourquoi des bisons ? Ce sont les descendants de ceux qui ont été amenés ici en 1924 pour le tournage d’un film, et qui n’ont jamais été récupérés. Sans prédateurs, ils se plaisent bien dans l’île, aux prairies verdoyantes, avec de petits bois et des vallons encaissés pour être tranquilles… Mais pas de crainte, même s’il installe un suspense factice (va-t-on en voir aujourd’hui ?) le ranger sait très bien où ils sont, d’ailleurs quand le 4×4 arrive près du pré où ils broutent, pas un bison ne bronche et ils font comme si nous n’étions pas là… On a donc tout le loisir de les photographier, même s’il est interdit de descendre du véhicule. Si l’on comprend bien l’anglais, le guide passe toute la matinée à parler de l’île sous tous ses aspects (naturels, faune-flore endémique, économique, historique, gestion de l’eau…) et l’on repart en ayant une assez bonne connaissance de cette île si particulière et attachante. Avant de partir, il faut absolument visiter le Casino. Non pas pour y laisser ses derniers dollars, car il n’abrite aucune table de jeu ni de machines à sous, mais pour admirer la plus grande salle de bal circulaire au monde, de 55 m de diamètre ! Encore une folie Art Déco de Wrigley, qui était décidément un magnat de génie. Afin de faire parler de son île et de son business, il a fait construire cette salle de bal monumentale, et son casino était le premier à être équipé pour le cinéma parlant ! Ah, l’Amérique et son goût pour la démesure et pour les records…

Banc de dauphins tursiops entre Catalina island et Long Beach
Casino
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Port d’Avalon Casino
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Descanso beach, à Avalon
Descanso beach, à Avalon
Intérieur de l’île
Bisons
Bisons
Bison vu depuis le 4×4 de Bison Tour
Bison
Casino
Au musée
Port d’Avalon

Au retour à Long Beach, je n’avais qu’une fin d’après-midi de libre, car je devais reprendre l’avion le lendemain matin. Plutôt que d’errer dans Los Angeles, que je me réserve pour un autre voyage, je suis allé marcher sur la mythique plage de Santa Monica. Quel fabuleux espace récréatif ! Tout de même, les Californiens ont une qualité de vie qui fait rêver…

Santa Monica
Santa Monica
Santa Monica
Santa Monica
Santa Monica
Santa Monica

Pratique

Y aller

Air Tahiti Nui propose des vols quotidiens sans escale pour Los Angeles (11 h de vol), à partir de 651 € A/R en classe Economie. Sa classe economy premium, dont les sièges s’inclinent plus et offrent plus d’espace pour les jambes, est à partir de 1253 € A/R. Tarifs incluant 1 bagage à main, 1 bagage cabine, 1 bagage de 23kg en soute, un repas avec boissons alcoolisées et une collation.

www.airtahitinui.com

Forfait

Back Roads, spécialiste du voyage sur mesure en Amérique du nord, concocte sur cet itinéraire un autotour de 9 nuits/10 jours à 1475 €/p, sans le vol. www.backroads.com

Séjourner

Found Hotel (3*), à San Diego : à Little Italy, ch. double à partir de 100 €. www.foundhotels.com

The Guild (4*), à San Diego : charme et confort à Downtown. Ch. double à partir de 220 €. www.theguildhotel.com

Parker Palm Springs : un 5* au merveilleux jardin-labyrinthe. A partir de 950 € la ch. double. www.parkerpalmsprings.com

The Atwater (3*), à Avalon : boutique-hôtel dans un bâtiment historique rénové. A partir de 220 € la ch. double en B&B. 3ème nuit offerte. www.visitcatalinaisland.com

Boire un verre

ReBru, 1735 National Ave, San Diego : restaurant et brasserie-distillerie. 30 € le repas avec bière ou kové (maté aux herbes). https://rebruspirits.com/

Le bar de Descanso beach, à Avalon : bar de plage très agréable, sert aussi quelques plats simples pour grignoter avec sa bière… Un loueur de kayak est à côté.

Descanso beach, à Avalon

A lire

Petit Futé « Californie » https://www.petitfute.com/

Se renseigner

www.visitcalifornia.com

CHICAGO, une cité dans le vent

La 3ème plus grande ville américaine séduit par son architecture et par son offre culturelle. Cerise sur le cup-cake, une nature très présente, grâce à ses grands parcs et au lac Michigan.

Surnommée « windy city », la capitale de l’Illinois a le vent en poupe ces dernières années. En effet, pour la 5ème fois de suite, Chicago a été élue en 2021 « meilleure grande ville à visiter aux USA » par Condé Nast Traveler, le magazine de voyage américain de référence. Un choix que je partage largement. Comment ne pas être impressionné par le gigantisme de ses gratte-ciel, dont le sommet se perd parfois dans les nuages ? Depuis le grand incendie de 1871, qui a détruit la ville, les architectes rivalisent d’imagination et d’ingéniosité pour concevoir des buildings plus grands et plus beaux les uns que les autres. Leurs matériaux, leurs décorations et leurs formes surprennent, et l’on se retrouve constamment le nez en l’air à admirer ces géants de pierre, de fer ou de verre. Et il est vrai que parfois, les courants d’air s’engouffrant entre ces hautes tours justifient le surnom de la ville…       

The Cloud Gate, ou « The Bean », d’Anish Kapoor, au Millennium Park

 

Une ville d’art… chitecture

Le Loop est le quartier qui concentre les plus beaux bâtiments. On peut le découvrir à pieds, ou en empruntant la pink line du métro aérien décrivant une boucle (loop en anglais). Ce faisant, nous reviennent toutes ces images des films ou séries américaines tournés ici, tel que « The Dark Knight », « Spiderman 2 », « The Fugitive », ou « Chicago Fire »… A pieds, il faut arpenter notamment State St, l’avenue des grands théâtres, où de grands panneaux donnent des informations sur les buildings les plus remarquables, tel que le Carson Pirie Scott & Co, dont les fenêtres du rez-de-chaussée sont encadrées par un superbe ornement de feuilles en acier, ou le Reliance building, dont la façade est faite de fenêtres séparées par des caissons de style classique en terra-cotta blanche. Remarquez, au 120, l’immeuble incroyablement étroit qui se faufile entre les mastodontes…

CHICAGO Métro aérien de The Loop

Faites un (petit) détour par LaSalle St, qui aboutit à l’imposant Chicago Board of Trade Building, pour voir et visiter The Rookery, l’un des plus anciens et des plus beaux immeubles de Chicago, à la façade néo-roman de marbre rouge. Construit en 1887, ce monument historique a été rénové et décoré par Franck Lloyd Wright (voir plus loin le paragraphe sur Hyde park), qui a illuminé son grand hall par une sublime verrière, et habillé les éléments métalliques de marbre blanc, en ajoutant des décors persans. Une seconde rénovation, faite par un élève de Wright, a apporté quelques touches d’Art Déco, notamment dans les luminaires.

Chicago est vraiment une ville fabuleuse pour les amateurs d’architecture, mais aussi une ville d’art, et au hasard des rues, on tombe parfois sur une œuvre contemporaine, telle la « Bête Debout », de Jean Dubuffet, au 100 W Randolph St… Il y a aussi un quartier dévolu au street art, c’est le Wabash Arts Corridor, dont les murs sont les cimaises d’un art de rue engagé, reflet des préoccupations sociales des jeunes du quartier. Ces fresques colorées, créées à l’initiative du Columbia College de Chicago, embellissent les façades nues des immeubles, les parkings, et même les sombres allées dévolues aux escaliers de secours et aux poubelles… Le mieux est de faire appel à une visite guidée, afin de connaître les motivations de ces artistes, parfois étonnantes. https://wabashartscorridor.org/tours/ . On peut s’y rendre en métro, ou à pieds, car ce n’est qu’à deux blocs du parc Millenium, et donc du centre-ville.

Monument à la Bête Debout, de Jean Dubuffet, 100 W Randolph St
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor

Des visites sensationnelles

Une façon différente de voir le centre-ville consiste à monter dans un bateau-croisière qui navigue sur la Chicago river. Cela permet d’avoir des angles originaux, en passant devant une cinquantaine d’immeubles remarquables, tels que le Navy Pier, le Wrigley Building, Marina city (les épis de maïs), ou la Trump tower. Notez que la perspective est la même depuis la River walk, la promenade piétonne longeant la rivière. Mais lorsque le bateau fait demi-tour dans le bassin situé au bord du lac Michigan, cela offre un beau point de vue sur la front-line des gratte-ciels. A propos de ces géants effleurant les nuages, certains ont mis en place des visites spectaculaires dans leurs plus hauts étages. Evidemment, depuis cette hauteur, on a une vue grandiose sur le damier de la ville aux banlieues tentaculaires, et sur le lac Michigan qui semble une mer intérieure. Mais deux attractions ajoutent du piment au spectacle : dans la tour Willis, le Skydeck est une cage en verre qui permet de marcher dans le vide à 410 m du sol. Et le Tilt, au 94ème étage du John Hancock center, consiste en des cabines en verre qui se penchent à 45 ° en vous donnant l’impression de voler… ou de tomber ! C’est impressionnant… Les photos sont interdites, mais vous pourrez en avoir une idée ici : https://360chicago.com/virtual-tilt

Buste en bronze de Jean-Baptiste Pointe DuSable, fondateur de Chicago, sur le pont DuSable
Clark St Bridge, sur la Chicago River
La River Esplanade, départ des bateaux-croisière sur la Chicago river
Chicago river, au niveau du Merchandise Mart
Building le long de la Chicago river
Pont de Lake St
Building le long de la Chicago river
Buildings le long de la Chicago river
360 Chicago au John Hancock center

Des parcs et des musées

Chicago possède une dizaine de parcs urbains, et les plus grands sont situés en bordure du lac Michigan, ce qui permet de s’oxygéner doublement. Je recommande surtout le Millenium park, d’abord parce qu’il est en contact avec le centre-ville, et qu’il permet de se reposer dans la verdure après avoir « bouffé » du macadam et respiré du gaz d’échappement toute la journée. De plus, il est agrémenté de plusieurs œuvres majeures d’art contemporain, tel que le très photogénique Cloud Gate d’Anish Kapoor, un miroir géant en forme de haricot, qui reflète les buildings de Michigan Ave. Il y a aussi le pavillon Jay Pritzker, de Franck Gehry (qui change de couleur la nuit !), et la Crown Fountain, de Jaume Plensa, composée de deux stèles géantes en briques de verre sur lesquelles s’affichent des visages souriants de Chicagoans. Et de mai à octobre, de l’eau jaillit en cascade des deux tours, ce qui est très… rafraîchissant. Juste en face, se tient l’Art Institute of Chicago, un musée d’exception par sa taille (il faudrait la journée pour tout voir), et par la qualité des œuvres exposées et de leur mise en scène. Tout le monde se précipite pour voir les toiles des peintres impressionnistes (Monet, Gauguin, Van Gogh…), mais j’ai adoré l’aile des arts asiatiques et africains. https://www.artic.edu/ . En prolongement de ce parc, après l’immense fontaine Buckingham, s’étend le Grant park depuis lequel on accède à deux autres musées incontournables, à savoir le musée Field, un musée ultra-moderne des Sciences et de l’Industrie dont la visite ludique ravit petits et grands, et le Shedd, tout simplement le plus grand aquarium couvert du monde !

The Cloud Gate, ou « The Bean », d’Anish Kapoor, au Millennium Park
The Cloud Gate, ou « The Bean », d’Anish Kapoor, au Millennium Park
Crown Fountain, de Jaume Plensa, au Millenium park
Pavillon Jay Pritzker, de Franck Gehry, au Millennium Park

La petite maison de style Prairie

L’autre quartier de Chicago qu’il faut visiter, c’est Hyde Park. Mais il est un peu éloigné du centre, alors il faut y aller en train, ou en louant un vélo et en empruntant la piste cyclable qui longe le lac Michigan vers le sud. Dans cette banlieue cossue et jeune à la fois, se trouvent les maisons de Mohamed Ali, de Malcolm X, et de Barack Obama. Celle-ci est relativement modeste, et un peu plus loin, il y a même une petite pierre gravée à l’endroit où le jeune sénateur a embrassé pour la première fois Michelle, après avoir mangé une glace chez Baskin-Robbins… So romantic ! Le quartier est surtout connu pour sa grande Université, dont les beaux bâtiments néo-gothiques semblent sortis de l’univers d’Harry Potter. Enfin, prenez le temps de vous arrêter à la Robie House, la maison-musée en briques romaines que l’architecte de génie Franck Lloyd Wright a dessinée en 1910. Cette maison symbolise bien le style Prairie qu’il a créé (inspiré des maisons traditionnelles du Japon), et qui a influencé de nombreux autres architectes aux USA, et même en Europe. C’est une architecture « organique », où tous les éléments sont reliés, comme dans un corps, et dont le confort va de pair avec l’esthétique. J’aime beaucoup ces lignes horizontales et ce toit plat, l’organisation des pièces (l’utilisation de poutres en acier permet d’avoir des pièces ouvertes, sans piliers ni cloisons), très lumineuses, où l’on peut voir la rue sans être vu. J’aime aussi les ornementations un peu Art Déco, son obsession pour le rond et le carré, que l’on retrouve dans les luminaires, et j’aime aussi le mobilier en bois, fait main, en harmonie avec le reste du design fonctionnel, sobre et élégant. Cela donne envie de pousser jusqu’à Oak park, une autre banlieue prospère où FLW a dessiné des maisons similaires de style Prairie, en harmonie avec leur environnement. Je terminerai par une citation de FLW, que j’ai trouvée dans la Robie House, et qui conclut bien cette découverte de Chicago, à forte teneur architecturale : « Chaque bon architecte est nécessairement un grand poète. Il doit être un grand interprète original de son temps, de son jour, de son époque. »

Maison de Barrack Obama, à Hyde Park
Université de Hyde Park
Université de Hyde Park
Robie House, de Frank Lloyd Wright
Robie House, de Frank Lloyd Wright
Robie House, de Frank Lloyd Wright
Robie House, de Frank Lloyd Wright
Street art à Hyde Park
Wallace E. Goode Jr., dir. de la Chambre de Commerce de Hyde park

Pratique

Y aller : United Airlines ou Air France proposent des vols directs (9 h de vol) à partir de 500 € A/R.

Se loger

Hi Chicago, 24 E Ida B Wells Drive : auberge de jeunesse très bien située dans le Loop. Dortoirs de 6 pers. ou ch. dble, à partir de 35 € la nuit. https://www.hiusa.org/find-hostels/illinois/chicago-24-e-idabwells-drive

Royal Sonesta (4*), 71 E Wacker Drive : situation idéale au pied de la Chicago river, et chambres spacieuses au confort chic, à partir de 175 €/j.  https://www.sonesta.com/royal-sonesta/il/chicago/royal-sonesta-chicago-downtown

Se restaurer

Medici on 57th, à Hyde park : pour la très épaisse deep dish pizza. Repas complet et copieux pour 35 €/p.

Pan pizza de chez Medici, Hyde Park

Portillo’s, 100 W Ontario St : fast-food de qualité, pour déguster ce qui est réputé être le meilleur hot-dog des USA. Sans ketchup, mais avec une saucisse de Francfort au boeuf, une moutarde spéciale, du sel de cèleri, des rondelles de tomate, des oignons et du poivron émincés, un piment doux, et une grosse tranche de cornichon américain. Un régal !

Portillo’s Hot Dogs, 100 W Ontario St
Portillo’s Hot Dogs, 100 W Ontario St

Moody Tongue, 2515 S Wabash Ave : restaurant gastronomique situé dans une sorte d’entrepôt aux murs et plafond noir. Un cadre minimaliste qui va bien avec cette cuisine américaine contemporaine, à base de produits ultra-frais et locaux. L’originalité de cette table doublement étoilée au Michelin, qui est aussi une brasserie, est que chaque plat peut être accompagné de son accord met/bière ! On peut aussi choisir du vin, bien sûr… Compter 300 $/p (avec les boissons !).

Garrett : plusieurs magasins au centre-ville vendent ce délicieux pop-corn au caramel.

Boire un verre

Legends, 700 S Wabash Av : club de Buddy Guy, qui chante encore le blues à 85 ans ! A ne pas manquer… Si vous achetez un disque ou un goodies, Buddy vous le dédicace en personne !

Au Legends, le club de blues de Buddy Guy Buddy Guy

Cindy’s : bar branché dont la terrasse-balcon donne sur le parc Millenium.

Se renseigner

www.choosechicago.com

Vers Wabash

Madère, une île-jardin aux parfums des Tropiques

Au large du Maroc, cette île volcanique portugaise jouit d’un climat doux et humide, qui favorise sur son relief accusé une végétation exotique luxuriante. Un voyage dépaysant sur une île très accueillante.

Maisons accrochées à la pente et cultures en terrasses

Un simple tour au mercado dos lavradores, le marché couvert de Funchal, plante le décor : ces pyramides de fruits que l’on ne saurait nommer, ces brassées de fleurs exotiques, ces parfums d’épices orientales, et ces étranges poissons-sabres noirs (aussi effrayants sur l’étal que délicieux dans l’assiette), toute cette effusion de saveurs, de couleurs et de produits inconnus plonge le visiteur dans un dépaysement total. Les rues de la vieille ville, au pavement noir et blanc, sont égayées par le buisson ardent du tulipier du Gabon, le bouquet rose du kapokier et le feu d’artifice du flamboyant, tandis que se mêle aux effluves marines la fragrance capiteuse et vanillée du frangipanier. En sortant du marché, arpentez la rue Santa Maria, dont presque toutes les portes sont peintes par une association locale. Cette rue réputée pour son street art est aussi bondée de restaurants, où l’on peut retrouver tous ces bons produits photographiés au marché !

Au marché dos Lavradores
Au marché dos Lavradores (en dessous, les fruits du philodendron)
FUNCHAL Au marché dos Lavradores
Au marché dos Lavradores, salle des poissonniers, les poissons « espada » (sabre noir)
Poissons « espada » (sabre noir)
Au marché dos Lavradores, salle des poissonniers
Au marché dos Lavradores, salle des poissonniers
FUNCHAL Au marché dos Lavradores, salle des poissonniers, gros thon
Au marché dos Lavradores
FUNCHAL, Rue Santa Maria
FUNCHAL, Rue Santa Maria
Rue Santa Maria de Funchal
Street art dans la rue Santa Maria de Funchal
Street art dans la rue Santa Maria de Funchal
Street art dans la rue Santa Maria de Funchal
Dans une rue de Funchal
FUNCHAL, Place de la Municipalité
FUNCHAL, Place de la Municipalité
FUNCHAL, Eglise St-Jean l’Evangéliste

Parmi tous les jardins de la ville, deux sont incontournables. Choisissez de les rejoindre par le téléphérique, afin de profiter de la vue de Funchal, dont les maisons étagées sur la pente sont entourées de vigne ou de bananeraies. Le jardin botanique est réputé pour ses orchidées, ses cactées, et son magnifique parterre taillé de motifs géométriques, qui est un véritable balcon sur la baie de Funchal. Quant au jardin tropical du Monte Palace, d’inspiration orientale, il occupe un vallon enchanté de bassins et de cascades, et ses allées romantiques sont émaillées d’une fabuleuse collection d’azulejos, certains datant du XVe s. Le richissime homme d’affaires portugais qui a racheté ce vaste domaine de 7 ha en 1987 est un collectionneur féru d’art et de culture. C’est pourquoi on trouve dans son jardin un petit musée d’art africain, où l’on peut admirer des sculptures principalement du Mozambique, et un autre de minéraux, qui expose des centaines de pierres précieuses et semi-précieuses issues des entrailles de la Terre… Au fil des allées, on découvre une très riche collection de plantes provenant des quatre coins du monde (orchidées de l’Himalaya, bruyères d’Ecosse, séquoias d’Amérique, acacias d’Australie, cycadée du Mozambique…), et même un olivier millénaire du Portugal ! Grâce à ma guide, Célia Mendonça (aux connaissances érudites en histoire et en botanique), j’ai même pu voir, un peu dissimulée sous des arcades derrière le manoir, une belle collection de porcelaines chinoises ! Et c’est elle qui m’a fait découvrir l’extraordinaire jardin de l’hôtel Quinta Jardins do Lago (voir en fin d’article dans le Pratique), qui ne fait pas partie de la visite classique de Funchal. A parcourir sans modération, avant de prendre un verre ou un thé au bar de la piscine…

FUNCHAL Vue de la ville depuis le téléphérique
FUNCHAL Jardin botanique
FUNCHAL Jardin botanique
FUNCHAL Jardin Monte Palace
FUNCHAL Jardin Monte Palace
FUNCHAL Jardin Monte Palace
Philodendron au jardin botanique de Funchal
Fleurs de la liane de Mysore au jardin botanique de Funchal
Cycadée du Mozambique au jardin tropical Monte Palace
Hortensia au jardin tropical Monte Palace
Orchidée Vanda dans le jardin de l’hôtel Quinta Jardins do Lago
Orchidée dans le jardin de l’hôtel Quinta Jardins do Lago
Megaskepasma Erythrochlamys (Red mantle) dans le jardin de l’hôtel Quinta Jardins do Lago
Plante corail (russelia juncea) dans le jardin de l’hôtel Quinta Jardins do Lago
Dichorisandra Thyrsiflora (Gingembre bleu) dans le jardin de l’hôtel Quinta Jardins do Lago
Agapanthe au jardin tropical Monte Palace
Statues du Mozambique au jardin tropical Monte Palace
Musée des minéraux au jardin tropical Monte Palace
Pierres précieuses au musée des minéraux du jardin tropical Monte Palace
Dans le musée des minéraux du jardin tropical Monte Palace
Dans le musée des minéraux du jardin tropical Monte Palace

Pour revenir en ville, n’hésitez pas à vous laisser entraîner dans un de ces toboggans (traîneaux en osier sur patin de bois) qui dévalent une rue très pentue, retenus et guidés par des carreiros, deux costauds tout de blanc vêtus qui retiennent le traîneau avec une corde. Au début du XIXe s., c’était ainsi que les citoyens aisés du village de Monte descendaient en ville, sans abîmer leur robe ou leurs beaux souliers vernis… La descente de 2 km dure moins de 5 minutes, mais sur les tronçons les plus raides, cela va assez vite pour procurer des sensations, d’autant plus que la circulation n’est pas interrompue dans la rue ! Certes, ce n’est pas une attraction de fête foraine, mais cela permet à toute une corporation de vivre et de perpétuer une tradition unique en son genre.  

Carreiros do Monte (toboggans)
Carreiros do Monte (toboggans)
Carreiros do Monte (toboggans)
Carreiros do Monte (toboggans)
Un carreiro do Monte
Carreiros do Monte (toboggans)

Des excursions à foison

Lorsque l’on part en excursion, à Madère, il y a trois choses à ne pas oublier : un chapeau, un vêtement de pluie et un appareil photo. Le temps peut changer très vite, et les paysages sont si spectaculaires dans cette île volcanique ! Telle la vallée des Nonnes (Curral das Freiras), un village encaissé dans un cirque montagneux, que l’on contemple depuis une terrasse située à 1127 m d’altitude. On se croirait dans un cirque de La Réunion… Le village tout en bas est aujourd’hui accessible facilement grâce à un tunnel, mais on voit toujours les vestiges de la route originelle très étroite, accrochée sur une paroi verticale, régulièrement bombardée par des chutes de rochers. Dire qu’autrefois, des bus empruntaient cette route, une sorte de roulette madérienne (version motorisée et locale de la roulette russe)…

Curral das Freiras (Vallée des Nonnes)
Curral das Freiras (Vallée des Nonnes)
Route de montagne vers Curral das Freiras

Autre belvédère vertigineux, celui de Cabo Girão, où une plate-forme de verre est suspendue 580 m au-dessus de l’océan. Un peu plus loin, une télécabine vous déposera sur la fajã dos Padres, une parcelle cultivée entre la mer et la falaise, dont les fruits et légumes (mangues, avocats, raisin bio…) sont servis au restaurant de plage. Ce sont des galets, mais à Madère, les plages de sable sont rares. C’est pourquoi les piscines naturelles de Porto Moniz, sur la côte nord, sont si appréciées ! Quel plaisir de se baigner dans l’eau cristalline de ces bassins creusés dans le basalte… Certaines sont vraiment naturelles, peu fréquentées car difficiles d’accès, d’autres sont aménagées et donc payantes.

Vue depuis la plateforme du Cabo Girao
Au Cabo Girao
Faja dos Padres
Faja dos Padres
Plage de Faja dos Padres
Plage de Faja dos Padres
Plage de Faja dos Padres
Piscines naturelles de Porto Moniz
Piscines naturelles de Porto Moniz
Piscines naturelles de Porto Moniz
Piscines naturelles de Porto Moniz
Piscines naturelles de Porto Moniz
Piscines de Porto Moniz
Porto Moniz
Vierge à Porto Moniz

On y resterait toute la journée, mais il faut garder du temps pour se balader à Câmara de Lobos, un ravissant village lové en amphithéâtre dans une baie, où dansent les barques peintes des pêcheurs. « Lobos » fait référence aux loups de mer, les phoques-moines, qui fréquentaient cette côte lors de la découverte de l’île au XVe s. Le village se targue d’avoir été choisi comme villégiature par Churchill lors de ses vacances en 1950, d’ailleurs sa statue trône devant un hôtel dont les chambres sont inspirées par les peintures de l’ancien 1er ministre anglais. Les murs de la rue principale sont décorés par des personnages ou des animaux faits avec des morceaux de canettes en aluminium, et tout au bout, il faut prendre un verre en terrasse sur le largo do Poço pour prendre le pouls de ce village tranquille, où les seuls éclats de voix sont ceux des joueurs de cartes réunis autour de la fontaine.

Camara do Lobos
Camara do Lobos
Camara do Lobos, fresque d’un phoque avec du matériel de récup’
Camara do Lobos, panneaux décorés avec des bouts de canettes en alu, dans la rue Sao Joao de Deus
Camara do Lobos, joueurs de cartes sur le largo do Poço

S’il est trop tôt pour commander un verre de poncha, réservez cette expérience pour plus tard, lorsque vous passerez à proximité de la Taberna da Poncha, à Serra d’Agua, un bistrot local très sympa qui est réputé pour servir l’un des meilleurs poncha de l’île. Sur le vieux comptoir en bois, Ana Vicente ou l’un de ses employés vous préparera cette boisson emblématique de Madère, à base de jus de fruits, de rhum, d’épices et de miel. Le tout mélangé avec l’indispensable mexilhote en bois ! A propos de cocktail, il y a une autre adresse incontournable pour un déguster un, au coucher du soleil. Il s’agit de Maktub, à Paul do Mar. Cette guest-house atteint des sommets de « zenitude » : d’abord parce qu’elle est située au bord de la mer dans un village de pêcheurs isolé en bas d’une falaise, puis parce que c’est un repaire de surfeurs et de baba-cools qui diffuse en continu de la salsa ou du reggae, et enfin parce que le chef de son restaurant, Fabio Afonso, est un gars adorable qui cuisine admirablement bien le poisson. Alors oui, siroter un mojito ou un poncha dans ces conditions pendant que le soleil est avalé par l’océan, fait partie, pour moi, d’un « incontournable » de Madère !

Ana Vicente prépare du poncha en mélangeant le miel avec le mexilhote
Ana Vicente prépare du poncha dans sa Taberna da Poncha
Vue depuis le mirador de Paul do Mar
Chez Maktub à Paul do Mar
Devant chez Maktub à Paul do Mar
Fabio Afonso, chef à Paul do Mar
Mojito à Paul do Mar
Coucher de soleil à Paul do Mar
Coucher de soleil à Paul do Mar

D’autres lieux sont très appréciés par les touristes pour assister au lever ou au coucher du soleil. Pour le coucher, je recommande le site du phare de Ponta do Pargo, à l’ouest de l’île, une haute falaise offrant une vue spectaculaire sur la mer. Pour le lever, le site le plus couru est le sommet du pico de Arreiro (1818 m), pour voir l’astre solaire sortir de sa couette de nuages. Mais il y a tant de monde que cela peut ruiner l’expérience… Plus simple, se rendre dès potron-minet à l’extrême Est de l’île, à la pointe sauvage de Sao Lourenço : il y a assez de place pour se dégoter un coin tranquille pour assister à ce petit miracle quotidien. Enfin, pourquoi pas une petite croisière ? Il faut partir à 7 h de la marina de Funchal sur le voilier Happy Hour, pour un petit cabotage le long de la côte qui rosit et se révèle aux premiers rayons du soleil. Alexandre et Luis, les skippers, préparent un savoureux petit-déjeuner, et si c’est votre jour de chance, vous pourrez même voir des dauphins ou des baleines ! (2h30, 250 € pour 6 p) https://happyhourmadeira.com/uk/

Falaises et phare de Ponta do Pargo
Falaises de Ponta do Pargo
Lever de soleil à la pointe de Sao Lourenço
A la pointe de Sao Lourenço
A la pointe de Sao Lourenço
Baie de Funchal

L’aventure à portée de tous

L’intérieur montagneux de l’île, hérissé de pics aux pentes abruptes et creusé profonds ravins, serait inaccessible sans les levadas, ces canaux d’irrigation creusés depuis le XVIe s. pour apporter l’eau des sources d’altitude aux cultures en terrasse situées en contrebas. Il y en a environ 2000 kms, de 300 m jusqu’à 1700 m d’altitude, et une trentaine sont recommandées pour la randonnée. Toujours bordées par un sentier permettant aux levadeiros de les entretenir, leur faible déclivité fait le bonheur des marcheurs occasionnels, qui peuvent ainsi accéder à des sites réservés en principe aux randonneurs aguerris. J’ai testé, en compagnie de mon excellent guide de montagne Fabio Castro, trois levadas. La première, celle dos Prazerez, à Caleta, est très facile. Assez proche du littoral, elle traverse des villages et des hameaux, longe des jardinets et des champs cultivés, ce qui permet de comprendre comment l’on vit dans un village rural de Madère. Chemin faisant, on cueille des myrtilles, des goyave-fraises, des pommes et des prunes sauvages, on saisit à la volée entre ses doigts du fenouil sauvage, et ça et là, des bouquets roses de belladone rendent les photos plus belles…

Levada dos Prazeres, à Caleta
Levada dos Prazeres, à Caleta
Levada dos Prazeres, à Caleta
Fleurs Belladonne sur la levada dos Prazeres

Les deux autres levadas, celle de Risco et celle des 25 Fontaines, sont situées au cœur montagneux de l’île, à environ 1000 m d’altitude, et peuvent être faites l’une à la suite de l’autre. Un des accès consiste à suivre d’abord une canalisation dans un tunnel sombre et humide de 800 m de long, à la lampe frontale. On débouche alors au cœur de la laurissilva (forêt laurifère), relique d’une forêt primaire datant de l’ère Tertiaire qui est une forêt tropicale très humide. Peu de temps après, la levada do Risco mène à la cascade éponyme, l’une des plus majestueuses de l’île. Chemin faisant, on ne cesse de s’émerveiller de cette végétation exubérante, ou tout est géant : les fougères arborescentes, les bruyères dont les branches sont des troncs d’arbre, les arbustes à myrtilles (que l’on cueille en levant le bras), même le pissenlit ou le muguet endémiques font 3 m de haut ! Fabio me conduit alors, toujours en suivant le canal d’irrigation où l’on distingue de petites truites, au site des 25 Fontaines, dont le nom fait référence aux nombreuses mini-cascades qui alimentent le bassin en suintant de la roche ocre et moussue. Un lieu idyllique, une jungle fascinante, un exotisme échevelé, à une heure de Funchal et… 3h30 de Paris !  

Levada dos 25 Fuentes
Tunnel pour la levada dos 25 Fuentes
Levada das 25 Fontes e Risco
Bruyères arborescentes sur la levada das 25 Fontes e Risco
Levada das 25 Fontes e Risco
Cascade de Risco au bout de la levada das 25 Fontes e Risco
Cascade de Risco au bout de la levada das 25 Fontes e Risco
Levada das 25 Fontes e Risco
Levada das 25 Fontes e Risco, avec tunnel de bruyères arborescentes
Bruyères arborescentes sur la levada das 25 Fontes e Risco
Bassin des 25 Fontaines à la levada das 25 Fontes e Risco
Bassin des 25 Fontaines à la levada das 25 Fontes e Risco

Pratique

Aérien : Transavia opère des vols quotidiens, certains en vol direct, depuis Orly. A partir de 178 € A/R (258 € avec un bagage en soute). transavia

Autotour : 7 nuits en chambre d’hôtes + loc voiture 1 semaine, à partir de 470 €/p. monvoyageamadere.com

Se loger :

Quinta Jardins do Lago, à Funchal : calme et confort anglais dans un hôtel 5* entouré d’un jardin extraordinaire. Ch. dble à partir de 195 €. jardinsdolago.com

Fajã dos Padres : petites maisonnettes situées entre la mer et un verger de fruits tropicaux. A partir de 85 € en B&B. fajadospadres.com

Tiny Black Bird, à Faja da Ovelha : fantastique maison d’hôte tenue par Fabio Afonso (de Maktub à Paul do Mar), consistant en deux tubes et une terrasse posée au bord d’une falaise, avec une vue incroyable sur la montagne et la mer. A partir de 100 € la nuit pour 2 p. A voir absolument les photos sur Airbnb ! https://www.airbnb.co.uk/rooms/52160120?source_impression_id=p3_1636295826_DVscltM4hSUznMa3&guests=1&adults=1

Se restaurer :

A Funchal :

Hostel de Santa Maria, cuisine de qualité avec terrasse dans une courette au calme dans la vieille ville.

Sushis à l’Hostel de Santa Maria

Kampo, gastronomie créative dans une ambiance bistrot très conviviale. Prenez place au comptoir, et laissez le chef Julio Pereira vous proposer ses petits plats divinement savoureux, tel le « bol de berlin », une brioche fondante fourrée de chorizo, aux champignons et à l’huile de truffe. Il faut goûter à ses sardines à tomber par terre, et à ses très bonnes viandes maturées. Une expérience gustative rare à prix raisonnable. kampo.pt

Babosas Village, restaurant situé à l’arrivée du téléphérique, très bons poissons et desserts.

A Ponta do Sol : The Old Pharmacy, pour se régaler de la cuisine généreuse de Maria Freitas, et chiner dans la boutique d’artisanat attenante.

Poulpe à The Old Pharmacy à Ponta do Sol
Maria Freitas, de The Old Pharmacy à Ponta do Sol

A Paul do Mar : Maktub, produits de la mer au top et coucher de soleil. https://www.facebook.com/MaktubPub/

Fabio Afonso, chef à Paul do Mar

Guide indépendante : Célia Mendonça : celiamendonca3@gmail.com

Celia Mendonça, excellente guide à Madère

Guide de montagne : à partir de 27 €/p la 1/2 j. http://www.madeira-adventure-kingdom.com

Ou joindre directement Fabio Castro : fabiorrcastro@gmail.com

Fabio Castro, guide très sympa

A ramener : du madère de Madeira Vintners ; du bolos de mel (sorte de pain d’épices) de la Fabrica Santo Antonio ; broderies ; fleurs.

Se renseigner : visitmadeira.pt/fr  

Trésors de Bohême

La Bohême centrale est une région de cocagne qui regorge de châteaux et de sites naturels épatants. Voici une balade orientée nature et culture, qui permet de voir quelques-uns de ses plus remarquables trésors.

La République tchèque est le pays qui compte le plus de châteaux au monde par habitant. L’Histoire en a semé des centaines en Bohême, de tous styles et de toutes époques. A 50 km au sud-est de Prague, Český Sternberk a été construit au XIIIe s. pour protéger la capitale des attaques turques. Rebâti plusieurs fois sur son arête rocheuse dominant une rivière, c’est aujourd’hui une résidence baroque qui appartient à la même famille depuis 23 générations ! Au fil des quinze pièces ouvertes à la visite, Kristyne, la guide francophone, raconte la vie du dernier comte, qui collectionnait les trophées de chasse (dont un crocodile de Ceylan !), les vieux fusils et les gravures anciennes. Sa femme Carolina, elle, aimait les figurines en argent. Pas étonnant, Kutná Hora, non loin de là, a été pendant des siècles la mine d’argent la plus productive d’Europe. Cette ville s’est développée dès le XIIe s. grâce à cette industrie minière, d’ailleurs Kutná Hora signifie « colline fouillée »… Le filon s’est tari au XVIe s., mais la ville a hérité de très beaux monuments de cette période de prospérité, ce qui en fait un Prague en miniature. Le joyau de la ville est la cathédrale gothique Ste-Barbe, patronne des mineurs, bien entendu. Sa construction a duré cinq siècles, et elle abrite moults trésors, tel son plafond à voûtes d’ogives, une statue de la Vierge du XIVe s., des peintures Renaissance, et des fresques médiévales évoquant l’extraction minière et le battage de la monnaie. L’autre monument incontournable de la ville est Vlašský dvůr, un superbe ensemble de bâtiments du XIIIe s. transformé en résidence royale au XVe s. C’était l’hôtel de la monnaie royale, où l’on a commencé à battre les premières pièces dès l’époque de Venceslas II, qui y a mandaté des spécialistes venus de Florence, d’où son nom de « cour italienne ». Il abrite aujourd’hui un musée sur l’histoire de la monnaie en Europe, où l’on voit des pièces très anciennes, notamment des groschens (en français des « gros » d’une valeur de 12 deniers…), des gros tournois (encore une vieille pièce française), et un thaler du XVIe s. qui est à l’origine du mot dollar !

Château de Český Sternberk
Château de Český Sternberk
Château de Český Sternberk
Château de Český Sternberk
Vierge à l’Enfant, au château de Ceský Sternberk
Collection de pipes au château de Ceský Sternberk
Kristyne, guide au château de Ceský Sternberk
Kristyne, guide au château de Ceský Sternberk
Kutná Hora, Vlašský dvůr (hôtel de la Monnaie)
Kutna Hora, à l’hôtel de la Monnaie
Kutna Hora, à l’hôtel de la Monnaie
Kutna Hora, pierre avec du minerai d’argent, à l’hôtel de la Monnaie
Kutna Hora – Pièces anciennes à l’Hôtel de la Monnaie
Hana, guide à Kutna Hora

De l’argent ou de la bière ?

La ville compte aussi une ancienne mine d’argent et d’autres petits monuments urbains, telle que l’étonnante fontaine gothique de la place Rejskovo Náměstí, du XVe s. (1495), qui servit de réservoir d’eau potable jusqu’en 1890, car il était compliqué de creuser des puits dans un sol miné par les galeries. A voir aussi l’étrange « colonne de la peste », une gigantesque sculpture évoquant une épidémie de peste, et comportant évidemment des motifs de mineurs… Sur cette même place Sultysova se trouve un magasin de bijoux en argent, à voir si l’on ne veut pas revenir en France les mains vides… Car l’autre grande spécialité de la République tchèque, c’est la bière. Et c’est compliqué d’en ramener, surtout si l’on est venu en avion… Les Tchèques sont les plus gros buveurs de bière de la planète (devant les Allemands et les Australiens), ils en engloutissent en moyenne 168 l/an ! Ils en boivent tout le temps, à tous les repas (sauf au petit-déj, quoique…), c’est bien simple, ici la bière est surnommée le pain liquide ! Heureusement, cette tradition brassicole est aussi qualitative. Il faut dire qu’à part les grandes brasseries (la Pilsner Urquell ou la Budweiser, qui est bien meilleure que son insipide homonyme américain), chaque village ou presque a sa petite brasserie, et ce, depuis le Moyen Âge ! Beaucoup de restaurants brassent leur propre bière, bref, c’est dommage si vous n’aimez pas ça… Il y a bien quelques vignobles dans le pays, mais leur vin n’est pas fameux. L’autre breuvage très populaire est le Kofola, la version tchèque du Coca, bien meilleur à mon humble avis, car moins sucré et plus aromatisé aux plantes. Pour revenir à la bière, vous n’aurez que l’embarras du choix, et je n’ai pas passé assez de temps sur place pour pouvoir distinguer telle brasserie de telle autre. Je signale tout de même la très sympathique micro-brasserie de Malesov (un village situé non loin de Kutná Hora), où le brasseur Pavel Bartůněk, à l’allure de pirate, fait visiter volontiers ses installations. Et ses bières sont délicieuses !

Kutná Hora Fontaine gothique de Rejskovo Náměstí
Kutná Hora
Kutná Hora, Colonne de la Peste
Kutná Hora – Cathédrale Ste-Barbe
Kutná Hora – Cathédrale Ste-Barbe
Kutná Hora, Cathédrale Ste-Barbe
Kutná Hora, Cathédrale Ste-Barbe
Kutná Hora, Cathédrale Ste-Barbe
A Kutná Hora
Allée Barborska menant à la cathédrale
Kutná Hora – Cathédrale Ste-Barbe
Brasserie de Malesov
Pavel Bartůněk, à la brasserie de Malesov

L’os(car) du mauvais goût

Avant de quitter Kutná Hora, il faut rejoindre le quartier de Sedlec, pour voir trois attractions touristiques très différentes. Il y a d’abord l’église de l’Assomption, faisant partie d’une abbaye cistercienne du XIIe s., mais détruite pendant la Guerre de Trente Ans et rebâtie au XVIIe s. Son aspect extérieur ne donne pas envie d’y entrer, mais elle est très lumineuse et ses dimensions impressionnent. A voir à l’intérieur : un bel escalier en colimaçon (sans pilier central), un ostensoir en argent plaqué or (l’un des plus vieux du monde), et deux reliquaires assez « gore », des squelettes habillés et affublés d’un visage en plâtre… Dans le mode macabre, il y a mieux (ou pire…) : à 200 m de l’église, au cœur du cimetière du monastère cistercien, une chapelle souterraine a été décorée avec des ossements provenant des dizaines de milliers de morts de famine, de guerre ou d’épidémie, déterrés des fosses communes. Entassés pendant des siècles, ils ont été « mis en forme » au XVIIIe s. dans cet ossuaire par un « artiste » qui a utilisé les crânes et les os longs pour dessiner des croix, un blason, des lustres… Un art morbide censé évoquer la vie éternelle, qui est assez dérangeant. A chacun de se faire son opinion. On ne sait pas ce qu’ils ont fumé pour jouer au Lego avec des squelettes, mais l’ironie de l’Histoire a voulu que les bâtiments de l’ancien monastère aient été investis, sous l’ère communiste du pays, par la fabrique nationale de tabac… Cela appartient aujourd’hui au cigarettier Philip Morris (petit musée du tabac à visiter), et l’on se rend compte de l’étendue de cette usine du haut d’une tour accolée au restaurant Havířská Bouda, situé dans une forêt sur une colline voisine. Le haut de cette tour, entièrement vitré, est en fait un bar, et il est très agréable d’y prendre un café (ou une bière !) en contemplant les alentours à 360 °.     

Sedlec, Cathédrale de l’Assomption
Sedlec, Ostensoir à la cathédrale de l’Assomption
Escalier dans la cathédrale de l’Assomption, à Sedlec
Ossuaire de Sedlec
Ossuaire de Sedlec
Ossuaire de Sedlec
Ossuaire de Sedlec
Ossuaire de Sedlec
Ossuaire de Sedlec

Le haras qui rit

Si l’ossuaire de Sedlec a un peu plombé l’ambiance, on retrouve vite le sourire en visitant le haras de Kladruby, situé à une vingtaine de km de là. C’est le plus ancien et le plus vaste haras d’Europe. Depuis le XVIe s., on bichonne et on élève ici 250 chevaux de race Kladruber, des chevaux élégants au naseau aquilin, de robe blanche ou grise, dont le rôle est de tirer des attelages lors des cérémonies officielles, et de participer aux concours d’attelage. Il y a aussi quelques pur-sang de course, de robe noire. On peut les admirer (et parfois les caresser) dans leurs stalles, ou lors d’une séance de dressage. La visite permet d’entrer dans le château de style néo-classique, dans lequel on trouve évidemment des tableaux de chevaux dans toutes les pièces. Plus étonnant est d’apprendre que c’est l’un des châteaux de l’empereur autrichien François-Joseph 1er et de sa femme Elisabeth de Wittelsbach, surnommée Sissi. Lorsque la guide prononce ce nom, on se demande : pas la Sissi incarnée à l’écran par Romy Schneider, tout de même ? Si, si… Du coup, il est plus facile d’imaginer l’impératrice vaquer à ses occupations dans les douze salles et salons meublés d’époque, ou grimper dans l’un des carrosses historiques remisés dans une dépendance.  

Au haras de Kladruby
Au haras de Kladruby
Au haras de Kladruby
Au haras de Kladruby Martin, avec le Old Kladruber Horse : Rudolfo Extracta VIII
Au haras de Kladruby Martin, avec le Old Kladruber Horse : Rudolfo Extracta VIII
Au château du haras de Kladruby
Au château du haras de Kladruby Lida, guide, montre Sissi sur le tableau
Au château du haras de Kladruby
Le Old Kladruber Horse : Rudolfo Extracta VIII

Un taxi pour Loučeň

Il est probable que des chevaux de ce haras ont dû tirer les malles postales de Thurn-Taxis, une famille allemande qui a fait fortune en mettant en place la première ligne de poste à cheval, au XVe s. Le mot taxi découle d’ailleurs de leur patronyme, et le jaune de notre Poste vient de la couleur héraldique de cette famille ! Il faut absolument visiter leur château à Loučeň, situé à 60 km de Kladruby nad Labem. C’est un très joli manoir typique du baroque tchèque, restituant l’ambiance de la haute noblesse à la Belle Epoque. Ici, les guides sont costumés, et si vous avez la chance de tomber sur Hana, elle vous fera la visite dans un français impeccable. Ce qui est très appréciable pour saisir l’incroyable histoire de cette famille et de ce château, pillé par l’Armée Rouge, devenu un centre de formation pour les cheminots pendant la période communiste, et laissé dans un état pitoyable. C’est une amatrice d’art fortunée qui a racheté le château en 2000, et qui l’a rénové dans l’état où il était avant la 2nde Guerre mondiale. Le mobilier semble avoir toujours été là, pourtant il a été chiné dans les boutiques d’antiquités, récupéré dans d’autres châteaux, ou ce sont des répliques. Grâce à de nombreux tableaux et photos de famille, Hana déroule la vie du prince Alexandre Jan Vincent Thurn-Taxis et de sa femme Marie, qui semblent encore habiter les lieux. C’est bluffant ! Si vous avez conservé une âme d’enfant, l’immense parc du château est agrémenté de 12 labyrinthes du spécialiste mondial en la matière, Adrian Ficher (https://www.mazemaker.com/). Ils sont faits de végétaux, de bois, de pierre, et même de lumière ! Ce dernier, situé sur le parvis du château, ne se découvre qu’à la nuit tombée.

Château de Loučeň
Château de Loučeň
Château de Loučeň
Un labyrinthe du château de Loučeň
Au château de Loučeň Hana, guide costumée, dans la salle à manger

Le paradis tchèque en bois

C’est aussi un labyrinthe naturel qui vous attend au Paradis tchèque (Český ráj). Cette région très boisée doit son nom à la beauté naturelle de ses « villes rocheuses », des massifs de grès ruiniformes creusés par l’érosion, dont les canyons seraient les rues, et les hautes colonnes de pierre les immeubles… C’est un monde de verticalité et de démesure. Dans leur élan désespéré vers la lumière, les arbres lancent leur houppier à des hauteurs folles pour dépasser les gigantesques monolithes de 40 à 50 m de hauteur. Une faiblarde lumière verte, filtrée par le feuillage, arrive jusqu’au sol, instillant une ambiance vaguement inquiétante. Surtout lorsque l’on se trouve acculé devant un rempart monstrueux, et que la seule issue est une faille étroite, pas plus large que les épaules… Jan Mertlik, mon guide, précise que ces failles ne sont pas dues à l’érosion, mais aux mouvements tectoniques. Cela n’est guère rassurant, si ces roches se sont éloignées, elles pourraient aussi bien se rapprocher… Cela fait rigoler Jan, qui me répond que le site date de 90 millions d’années, alors cela devrait tenir encore un quart d’heure ! Jan m’a guidé dans deux sites. Celui de Prachovské est le plus fréquenté, l’entrée est d’ailleurs payante. Mais c’est aussi le plus spectaculaire. Le promeneur a le choix entre trois circuits balisés, de différentes longueurs et durée, le vert étant le plus complet, surtout si l’on fait un petit détour pour rejoindre le belvédère de la Madone. Plusieurs « tours minérales » sont ainsi équipées de plates-formes sécurisées à leur sommet, permettant d’avoir une vue d’ensemble et surplombante sur cette curiosité naturelle. Cela rythme la balade de haltes revigorantes, où l’on a tout le loisir et le plaisir de faire des photos de ces étranges cheminées de fée immergées dans la forêt profonde. A part quelques écureuils et des oiseaux, je n’ai pas vu de faune, mais Jan m’assure que cette forêt est peuplée de chevreuils, de renards, de sangliers… Le second site, non loin de là, est celui de Hrubolskalsko (ville rocheuse de Hrubá skála). Il est libre d’accès, et il faut se garer au parking situé à côté du château-hôtel éponyme. Le site est également équipé de chouettes belvédères, tel que celui de Marianne, et de passages étroits dans la roche.

Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque, guide Jan Mertlik
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque, guide Jan Mertlik
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque

Faucons, et vrais cons

La ville rocheuse de Hrubá skála est située tout près du château de Trosky. Ce château médiéval (XIVe s.) en ruine est le site emblématique du Paradis tchèque. Il faut reconnaître que ses deux tours perchées sur des pitons volcaniques ont fière allure : vues de loin, elles forment un V majestueux. Vues de près, elles sont encore plus impressionnantes, par leur verticalité et leur côté inexpugnable. Il est possible de grimper par une série d’escaliers dans ces tours nommées « Baba » et « Panna » (la vieille et la jeune fille), ce qui permet d’avoir une vue imprenable sur le donjon d’en face, et sur la campagne. Ce n’est pas un hasard si au pied de ces nids d’aigle se sont installés des montreurs de rapaces, permettant au public de se faire prendre en photo pour 3 euros, tenant dans leur main un aigle ou un hibou. Je ne sais pas si parmi les rapaces il y avait des faucons, mais des vrais cons, j’en ai vu ! Garder ces oiseaux enchaînés uniquement pour prendre un selfie est scandaleux. Alors qu’il suffit d’être un peu attentif, et de remarquer, dans l’une des meurtrières d’un mur d’enceinte, un nid avec de jeunes rapaces prêts à s’envoler…

Ville rocheuse de Hrubá skála, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Hrubá skála, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Hrubá skála, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Hrubá skála, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Hrubá skála, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Hrubá skála, au Paradis tchèque
Château de Trosky
Château de Trosky
Château de Trosky
Démonstration de rapaces au château de Trosky
Rapace au château de Trosky
Au château de Trosky

Sychrov, la french touch

A 15 km de là, on saute 4 ou 5 siècles pour visiter le château néo-gothique de Sychrov. Il a été construit au milieu du XIXe s. par les princes de Rohan, exilés en Bohême après la Révolution française. En fait, le duc Charles de Rohan a acheté un premier château baroque en 1820, mais il ne satisfaisait pas aux exigences d’un duc et pair de France. Charles l’a donc agrandi et transformé en style Empire, mais c’est le duc Camille de Rohan qui l’a remanié entre 1847 et 1862, dans le style néo-gothique romantique, à la mode en Bohême à cette époque. En 1945, le château est nationalisé, et au début des années 80, une réhabilitation est entreprise pour redonner à Sychrov son lustre d’antan. Tout le mobilier est d’origine, et l’on a vraiment l’impression de visiter un château avec un agent immobilier, pendant que ses propriétaires sont absents ! Au fil des salons et des chambres, où les Rohan ont mis au mur d’immenses tableaux de rois de France, afin de bien montrer leur proximité avec la monarchie française, ma guide détaille la vie de Camille de Rohan-Rochefort, prince de Guéméné (eh oui, un breton !), qui a décoré le château. Ce botaniste passionné était aussi un entrepreneur, il avait une scierie, une brasserie, et a même construit un chemin de fer ! A voir, dans les appartements de sa femme, la princesse Adelheid, une jolie collections de figurines en porcelaine. On les imagine bien, tous les deux, manger en tête à tête dans la salle à manger d’apparat, au plafond à caissons peints, aux murs de boiseries sculptées et décorées de blasons, et aux fenêtres ajourées de vitraux. Avec deux valets derrière chaque chaise qui se battent pour leur passer le sel, sous l’œil sévère des ancêtres peints qui surveillent s’ils ne font pas tomber une goutte de soupe sur la nappe ! Il faut toujours imaginer les monarques roter à table ou au petit coin, ça les fait tomber de leur piédestal hautain, et ça les rapproche du peuple.          

Château de Sychrov
Château de Sychrov
Château de Sychrov
Château de Sychrov
Château de Sychrov
Château de Sychrov

Allez, un dernier verre ?

Dernier trésor à dénicher : le cristal de Bohême. La tradition verrière remonte au XIVe s. en République tchèque, après que des artistes vénitiens aient importé leur savoir-faire à Prague. De nombreuses verreries s’installèrent en Bohême, produisant un verre transparent d’une grande pureté, nommé cristal de Bohême. Au XVIIIe s., ce cristal était si célèbre qu’il était le plus exporté dans le monde. Les héritiers de cette tradition sont toujours là, de nombreux ateliers se visitent, notamment dans la région des montagnes Lusatian, à une centaine de km au nord de Prague. Telle la verrerie Ajeto de Nový Bor, dont l’aménagement a été pensé en fonction du tourisme. En effet, une coursive suspendue domine l’arène où officient les souffleurs de verre devant leurs fourneaux ardents, ce qui permet de les observer dans de bonnes conditions. Mieux, la salle du restaurant (avec sa brasserie, bien sûr…) abrite aussi un fourneau, ce qui permet de déjeuner tout en observant le travail du verrier. On peut même s’essayer à souffler dans le tuyau, et repartir avec son propre objet en verre ! Un petit musée du verre complète la visite. Il faut savoir que cette verrerie appartient au groupe Lasvit, qui produit des objets d’art de style Murano (dont le dernier trophée du Tour de France !), ainsi que des installations de luminaires gigantesques dans les hôtels de luxe partout dans le monde. Le siège social de cette entreprise vaut d’ailleurs le coup d’œil, un grand cube en verre au milieu d’une petite ville provinciale, ça détonne ! (Palackého nám, 170, Nový Bor).

A la verrerie Ajeto de Nový Bor

Dans la ville voisine de Kunratice u Cvikova, ne manquez pas de voir le « jardin en verre » de Jiří Pačinek, où ce grand maître verrier, célèbre dans le monde entier, a installé entre ses massifs de fleurs quelques-unes de ses sublimes œuvres en verre coloré. D’autres objets en verre sont exposés dans la boutique située au-dessus de son atelier, allant du simple verre à 10 € à des vases ou créations dépassant 5000 €… Il y a même quelques objets faits en « uranium glass », qui deviennent phosphorescents à la lumière d’une lampe ! Ses créations zoomorphes sont parfois kitsch, mais il faut réaliser que c’est du verre filé et soufflé (techniquement du « soda potassium glass », donc pas du cristal), et que chaque pièce est une véritable prouesse technique. Pour s’en persuader, il suffit de rester quelques minutes devant son atelier et observer ce colosse étirer, polir, colorer, une masse de verre de fusion sortant du four-creuset à 1200 °C, jusqu’à ce qu’il obtienne la forme souhaitée. Très impressionnant ! Lors de mon passage, il devait réaliser, d’après dessin, une œuvre de cristal destinée à apparaître dans un film produit par Netflix ! Et le producteur était venu des USA pour superviser le travail et s’assurer que la pièce en cristal avait la forme parfaite. Je vous laisse découvrir son travail avec les photos et la vidéo ci-dessous. Avant de partir, demandez à vous faire ouvrir l’église du village qui est en face de l’atelier, elle est décorée avec 300 objets en cristal !  

Maître verrier Jiri Pacinek
Maître Jiri Pacinek au travail dans son atelier

Voyage pratique

Y aller

Vueling propose des vols quotidiens et directs Paris-Prague, à partir de 70 € A/R. https://www.vueling.com/fr

Séjourner

Prague : Miss Sophie’s Downtown, boutique-hôtel situé en face de la gare. Ch double à partir de 50 €. www.miss-sophies.com

Kutná Hora : Opat, hôtel avec parking, ch double à partir de 60 €. www.hotelopat.cz

Cvikov : Kleis, coup de cœur pour cet hôtel neuf accolé à une brasserie. Bon confort et accueil sympathique. Ch double à partir de 75 €. www.hotelkleis.cz

A la brasserie-hôtel de Cvikov
Alambic de la brasserie-hôtel de Cvikov
A la brasserie-hôtel de Cvikov, Jan Brusch, brasseur
Bière de la brasserie-hôtel Kleis de Cvikov

Savourer

A Kutná Hora : Dačický, savoureuse cuisine tchèque et grande terrasse ombragée de tilleuls. https://www.dacicky.com/?lang=en

A Jičín :  Ábelův mlýn, cuisine tchèque traditionnelle dans un cadre rustique. https://www.abeluvmlyn.cz/

Ramener

Bijoux en argent de Kutná Hora ; pierres semi-précieuses du Paradis tchèque ; bière d’une brasserie artisanale ; cristal de Bohême.

http://www.pacinekglass.com/index-en.html

Infos

www.visitczechrepublic.com

Plat du restaurant Decicky, à Kutna Hora
Barman du Grand Hotel Praha de Jicin
A Jicin
Grande place de Jicin

Balade dans le Mercantour

De Nice à la frontière italienne, cet itinéraire remonte les vallées de la Vésubie et de la Tinée en traversant les merveilleux paysages du Parc National du Mercantour.  

Depuis Nice, il faut longer le Var, puis suivre le cours de son affluent la Vésubie à travers des gorges impressionnantes. Dès que les remparts s’éloignent et que la vallée s’élargit, on en prend plein les mirettes tant la montagne est belle avec ses hameaux perchés, sa forêt de feuillus et d’épineux aux mille nuances de vert, et ses sommets enneigés qui se chevauchent à l’horizon dans le mauve des lointains. Plus haut dans la vallée, le cœur se serre en voyant les dégâts causés en octobre dernier par la tempête Alex. Un effroyable sillon de pierres et de roches défigure la vallée, comme tracé par un soc gigantesque, laissant imaginer le tsunami qui a tout emporté sur son passage. La route et certains ponts ont été rétablis, mais il reste des carcasses de voitures, des maisons éventrées, à moitié dans le vide, et des vestiges de routes sous lesquelles la terre s’est dérobée… Touchée, mais pas coulée, la Vésubie se remet de ce cataclysme, et attend que les touristes reviennent pour profiter de son patrimoine culturel et naturel intact.

Vallée de la Vésubie, St-Martin-de-Vésubie, juillet 2021
St-Martin-de-Vésubie, juillet 2021
Vallée de la Vésubie, juillet 2021
Vallée de la Vésubie, juillet 2021

La Vésubie, touchée, mais pas coulée

St-Martin-Vésubie a conservé tout son charme de village provençal médiéval. Depuis l’officine de tourisme, il faut remonter la pittoresque rue Cagnoli en faisant attention de ne pas marcher dans le petit ru ou béal (« lou bial« ), qui glougloute en son milieu. Elle est bordée de maisons anciennes, telle la « maison du coiffeur » qui occupe la proue d’un îlot, ou la maison des comtes de Gubernatis, pompeusement appelée « palais », qui s’ouvre sur un vaste porche en pierre. Cette famille contrôlait le commerce du sel, qui a fait la prospérité du village, de la fin du Moyen Âge au XVIIIe s. A cette époque, ce sont plus de 10 000 mulets par an qui passaient par St-Martin, chargés du sel des salins d’Hyères en direction du Piémont ! Plus haut dans le village, on aperçoit quelques villas Belle Epoque, construites au XIXe s., rappelant le temps où St-Martin, à 1000 m d’altitude, était une station d’agrément pour l’aristocratie de la côte d’Azur… Le patrimoine religieux est conséquent, avec plusieurs chapelles dont celles des Pénitents Blancs qui possède une belle décoration baroque du XVIIe s., et l’église Notre-Dame-de-l’Assomption, construite au XIIe s. par les Templiers et caractéristique du baroque niçois. Si vous êtes sportifs.ves, il faut aller au Vesuvia Mountain park, un immense complexe en forme d’aile Delta posé au bord de la Vésubie (qui a assez bien résisté au torrent en furie), dans lequel on peut pratiquer ou s’initier à l’escalade et/ou au canyoning grâce à l’UCPA. Pour les adeptes du bien-être, le bourg voisin de Berthemont-les-Bains dispose d’un grand centre thermal ValVital, qui puise dans la montagne son eau à 29 °C sulfurée et sodique, riche en oligo-éléments. L’entrée (24 €) inclut l’accès à la piscine thermale, au hammam, au sauna, et à la terrasse panoramique avec jacuzzi et solarium extérieur.  De l’autre côté de la vallée, il faut monter à Belvédère, le bien-nommé, qui séduit par ses hautes maisons de style piémontais, dominant une placette ombragée de platanes. Traversez-le afin d’accéder à la vallée de la Gordolasque, qui aboutit à un cirque montagneux zébré de cascades. Les plus de 50 ans se souviendront peut-être que ce cadre naturel a servi de décor à la série « Belle et Sébastien » (la cabane en pierre du film est toujours là !), les autres se contenteront de contempler ce paysage alpin édénique, où au milieu coule une rivière. C’est l’un des accès à la Vallée des Merveilles (4 h, 800 m de dénivelé), mais je n’ai pas fait cette randonnée. Ce site est lui-même merveilleux, et c’est un spot idéal pour pique-niquer, et pour se rafraîchir dans les vasques naturelles de la Gordolasque.

St-Martin-de-Vésubie
St-Martin-de-Vésubie
St-Martin-de-Vésubie
St-Martin-de-Vésubie
Chapelle des Pénitents Blancs, à St-Martin-de-Vésubie
Vallée de la Vésubie, thermes de Berthemont
Vallée de Gordolasque, cascade du Ray
Vallée de Gordolasque
Vallée de Gordolasque
Vallée de Gordolasque

La Tinée, un petit air d’Italie

Pour changer de vallée, il faut passer par La Colmiane, une minuscule station de sports d’hiver défigurée par deux immeubles très moches. A la belle saison, on peut y faire de la via ferrata (classée difficile), de la luge d’été, et se laisser glisser, et griser, le long de la plus longue tyrolienne de France (2663 m de descente sur plus de 300 m de dénivelé). Puis on traverse le bucolique plateau de Valdeblore, très vert, aux trois villages tranquilles et typiquement montagnards, avant de rejoindre la vallée de la Tinée, beaucoup moins impactée par la tempête Alex. Après Saint-Sauveur-de-Tinée, la route s’engage dans une superbe gorge, ménageant de constants points de vue sur la Tinée. Puis voici Isola (Liousoulo, en nissard), charmant petit village aux étroites ruelles, aux maisons blotties les unes contre les autres pour lutter contre les rigueurs de l’hiver. Plus loin, il faut s’arrêter à Saint-Etienne-de-Tinée pour visiter ce ravissant village de montagne, où flotte un petit air d’Italie. Après avoir admiré les fontaines et les cadrans solaires sur les façades pastel des maisons, entrez dans la chapelle St-Sébastien pour voir ses remarquables fresques du XVe s, représentant notamment la création d’Adam et Eve et la crucifixion du Christ. Le village s’est doté d’un plan d’eau avec plagette de gravier autorisant la baignade, ce qui peut faire l’occasion d’une pause agréable, surtout en compagnie de jeunes enfants. En remontant la vallée, la forêt de feuillus laisse place aux conifères, puis celle-ci se clairseme, les arbres se raréfient, comme l’oxygène, et le paysage devient sublime sur les cimes enneigées et les prairies alpines, royaume des marmottes. En continuant de remonter cette vallée jusqu’au bout (c’est l’une des plus hautes routes d’Europe), vous atteindrez le Col de la Bonette à 2715 m d’altitude, col mythique permettant de basculer dans l’Ubaye, et dévoilant un univers minéral de haute montagne.

La Roche, hameau de Valdeblore
Saint-Etienne-de-Tinée
Dans l’église St-Etienne de St-Etienne-de-Tinée
Saint-Etienne-de-Tinée, chapelle St-Sébastien
Fresques du XVe s. de la chapelle St-Sébastien, à St-Etienne-de-Tinée
A Saint-Etienne-de-Tinée
Plan d’eau de Saint-Etienne-de-Tinée

Isola 2000

Enchâssé dans un verdoyant écrin montagneux, la station d’Isola 2000 se compose d’un harmonieux étagement d’immeubles résidentiels et de chalets en bois. En hiver, il y a 120 km de pistes, et en été, c’est le paradis des bikers et des randonneurs. Son altitude élevée permet d’accéder facilement aux sublimes paysages du Parc National du Mercantour. Telle la rando qui mène en 2 h aux lacs de Terre Rouge, dominés par des sommets culminants à 3000 m, où il est fréquent de voir des chamois et des bouquetins dans les pierriers, surtout vers le col Mercière. La dénomination Terre Rouge vient de la nature de la roche, la migmatite, dont les oxydes ferreux lui confèrent ces teintes rouges/ocres. Dans la station même, sans avoir à avaler beaucoup de dénivelé, il y a une superbe balade à faire, le long d’un ruisseau en sous-bois, en compagnie de la guide Onil Bosco. Passionnée par la botanique, Onil connaît le nom de la moindre herbe ou fleur, et surtout, elle en dévoile les bienfaits (ou les dangers) pour la santé. C’est fou le nombre de plantes sur lesquelles on marche sans les voir, et qui sont comestibles, ou qui ont des vertus thérapeutiques en infusion. Telle l’achillée millefeuille, qui facilite la digestion, le plantain (antihistaminique) ou le fenouil sauvage. Chemin faisant, le long du frais ruisseau, elle suggère une pause méditation au bord de l’eau, à l’écoute de la nature. Puis elle dévoile des notions de sylvothérapie, en passant devant un mélèze vénérable… Durant cette revigorante balade de 3 h nommée « zen et bien-être », Onil s’arrête dans une clairière et incite les participants à faire des exercices de respiration en se reconnectant avec la nature, avant de déguster une infusion de plantes choisies par ses soins…

Isola 2000
Isola 2000
Dans les hauteurs d’Isola 2000, sur le sentier qui mène aux lacs de Terre Rouge
Onil Bosco, guide de montagne
Dans les hauteurs d’Isola 2000, sur le sentier qui mène aux lacs de Terre Rouge
Lac de Terre Rouge
Lac de Terre Rouge
Lac de Terre Rouge
Lac de Terre Rouge
Onil Bosco, guide de montagne
Parc National du Mercantour, flore alpine à Isola 2000
Onil Bosco, guide de montagne et botaniste
Balade « zen et bien-être » à Isola 2000
Balade « zen et bien-être » à Isola 2000
Torrent à Isola 2000
Onil Bosco, guide de montagne à Isola 2000, lors de sa balade « zen et bien-être »

En fin d’après-midi, le bon plan est de grimper au-dessus d’Isola 2000 (à pieds ou en voiture) pour prendre l’apéro au camion-snack « L’Isolien », situé au col de la Lombarde. A 2351 m, ce col est à la frontière avec l’Italie, province de Cunéo. Quelques tables en bois permettent de profiter du paysage avec les belles lumières du soleil déclinant, si toutefois la Lombarde, ce vent transalpin, ne fait pas moutonner les nuages qui montent à l’assaut du col à une vitesse fulgurante. Il y a des habitués, tel Gilbert, dit « pied de vigne » (!), une figure locale d’Isola 2000, qui ne se fait pas prier, en buvant un coup, pour raconter des anecdotes sur sa vie aux mille métiers… Sam, le sympathique gérant du snack, propose des assiettes de fromage et de la charcuterie locale, à déguster avec une socca toute chaude. Après tout, la socca est légitime dans ce snack d’altitude, car Nice n’est qu’à 1h30 de route !

Sam, qui tient le snack « L’Isolien » au col de Lombarde, prépare la socca
Socca du snack « L’isolien », au col de la Lombarde
Gilbert, dit « pied de vigne », figure d’Isola et habitué du snack l’Isolien

Voyage pratique

Séjourner

A Isola 2000 : résidence MMV « Les Terrasses » 3 *, avec club enfants, appartements 4 p à partir de 385 €/sem.  https://www.mmv.fr/residence-club-isola-2000-les-terrasses-isola

A St-Martin-de-Vésubie :

– « Pure Montagne resort », nouveau resort 4 * dans de beaux chalets chics et design, à partir de 90 € la ch double.  https://www.puremontagneresort.fr/

– « La Bonne Auberge » : hôtel de style montagne rustique, très convenable, surtout pour 75 €/ch.

– Camping (2*) « A la Ferme St-Joseph » : cadre bucolique dans un verger, on peut cueillir les fruits au sortir de sa tente ! Egalement trois chambres dans une maison, à partir de 57 €/ch. http://www.camping-alafermestjoseph.com/le-camping.html

Savourer

A Isola 2000 : Le Vieux Chalet, cuisine généreuse de montagne. Tél : 04 93 02 69 45

Note : en juillet/août, la station organise tous les lundis soir un BBQ dans les prés, très convivial, où les participants amènent leur viande, celle-ci est cuite par les bénévoles de la station, qui offre les boissons et les chips… Tout le monde s’installe sur de grandes tables en bois, c’est très convivial et très sympa, et si le temps le permet, lorsqu’il fait nuit, le photographe Anthony Turpaud, spécialisé dans l’astronomie, installe quelques téléscopes pour observer les étoiles ! https://www.aturpaudfoto.com/

A St-Etienne-de-Tinée : Le Régalivou, pizzas au feu de bois, reblochonnade, bons desserts. Tél : 04 93 02 49 00

A St-Martin-de-Vésubie : La Treille, terrasse vue montagne et cuisine soignée à prix raisonnables. Tél : 04 93 03 30 85

A rapporter

Fromages et charcuterie de montagne de la Vacherie, à Isola 2000 ; crème de marrons et safran chez Céline & Sébastien, à Isola ; miels de montagne à Belvédère ; confitures et glaces artisanales chez Sarah & Nicolas à St-Martin-de-Vésubie.

Barbecue organisé par Isola 2000. Au centre, Lionel Fernandez, le très dynamique directeur de l’OT d’Isola
Après le barbecue, chamallow party pour les enfants…
Monique Colombero, de la Vacherie de Chastillon, à Isola 2000
Fabrication du fromage au lait de vache de la Vacherie de Chastillon, à Isola 2000
Cave d’affinage de la Vacherie de Chastillon, à Isola 2000. Frottage de la croûte au sel
Fromage « Isolien » dans la cave d’affinage de la Vacherie de Chastillon, à Isola 2000
Fromages de la Vacherie de Chastillon, à Isola 2000
Reblochonnade du Régalivou, à St-Etienne-de-Tinée
Sarah, confiturière à St-Martin-de-Vésubie

Se renseigner

https://www.nicetourisme.com/ et  http://www.mercantour-parcnational.fr/fr et https://www.isola2000.com/

En Franche-Comté : un road-trip tout Doubs

A partir de Besançon, voici un itinéraire en boucle jalonné de visites passionnantes, à faire en couple, en famille, ou entre amis. Nature, culture, patrimoine, produits de terroir : il y en a pour tous les goûts. Laissez vous guider, c’est testé et approuvé !

Nans-sous-Ste-Anne

C’est à Besançon que débute ce road-trip doubiste. La capitale franc-comtoise abrite dans ses remparts un riche patrimoine qu’il faut découvrir à pieds, et en prenant son temps, ce qui est logique pour une cité horlogère…

L’itinéraire piéton idéal commence au pont Battant. Le quartier éponyme recèle quelques maisons du Moyen Âge et de belles demeures Renaissance. De même, le quai Vauban permet d’admirer le bel ordonnancement des façades des maisons du XVIIIème s. à arcades, qui se reflètent dans le Doubs.

  • Dirigez-vous vers la place de la Révolution, dont le musée des Beaux-Arts peut s’enorgueillir d’un cabinet de dessins très riche, avec des sanguines de Fragonard et des Brueghel. https://www.mbaa.besancon.fr/
  • Empruntez la rue des Granges, piétonne et commerçante, tournez à droite rue de la République, traversez la place du 8 Septembre, et continuez dans la Grande Rue, bordée de beaux hôtels particuliers.
  • Arrêtez-vous au palais Granvelle pour visiter le musée du Temps : le vôtre ne sera pas perdu, tant il recèle de merveilles. A voir, dans la fabuleuse collection horlogère, la première horloge à roue du 13ème siècle, de magnifiques astrolabes, des horloges ciselées comme des bijoux, et surtout le clou de la collection, la montre la plus compliquée du monde, la Lucie. Elaborée à Besançon en 1904 avec 24 complications, il fallut attendre 1989 pour qu’une montre la dépasse ! Voici une visite 360° du musée : https://mdt.besancon.fr/360
  • Continuez dans la Grande Rue jusqu’à la place Victor Hugo. La maison natale du grand écrivain se visite. Ce n’est ni un musée, ni un lieu de mémoire. Dans une scénographie contemporaine laissant une grande place au multimédia, une exposition présente les combats de l’homme engagé. https://maisonvictorhugo.besancon.fr/
  • Dans le square Castan, remarquez des colonnes romaines, et un peu plus loin un arc de triomphe : construit par Marc Aurele en 175, il marque l’entrée d’une voie romaine, qui atteste de l’ancienneté et de l’importance de la ville.
  • Entrez dans la cathédrale St-Jean, dont le clocher aux tuiles vernissées abrite une fabuleuse horloge astronomique du XIXe s., composée de 30 000 éléments, et dont les 70 cadrans donnent 122 indications ! http://www.horloge-astronomique-besancon.fr/
  • Vous êtes maintenant au pied de la Citadelle, que vous atteindrez en grimpant une série d’escaliers. A 130 m au-dessus du Doubs, cette citadelle de 12 ha a été construite par Vauban, sur ordre de Louis XIV, qui voulait en faire la pierre angulaire de la défense des frontières de l’Est. Après 20 ans de travaux, Vauban  a livré en 1695 une forteresse inexpugnable, un chef-d’œuvre de l’architecture militaire, qui a coûté si cher au trésor royal que Louis XIV a demandé, selon la légende, si les murs de la citadelle étaient en pierre ou en or ! Ses chemins de ronde, ponctués de guérite, offrent des panoramas  – eux aussi imprenables – sur la ville, ainsi que sur les fronts bastionnés des différentes lignes de défense. Ses bâtiments abritent un petit jardin zoologique et deux musées, l’un sur l’ethnologie franc-comtoise, l’autre sur la Résistance et la Déportation (fermé jusqu’en 2022). Bien que la visite puisse se faire librement ou avec un audioguide, si vous ajoutez quelques euros vous pourrez faire la visite avec un comédien déguisé en Vauban : au lieu du rébarbatif laïus historique habituel, cette visite est tout aussi instructive, mais en plus très drôle ! http://www.citadelle.com/fr/

Bouclez-la !

Besançon est la seule ville de France à être presqu’entièrement enserrée dans la boucle d’un fleuve. Pour apprécier cette particularité, il est possible d’en faire le tour en bateau, grâce au canal passant dans un tunnel creusé sous la citadelle. Autre possibilité, suivre le chemin de halage à pieds : les ambiances alternent entre l’agreste et le bucolique au sud, vers les îles des Grands Bouez ; le patrimonial, sous les tours de fortification ; et l’urbain, de part et d’autre du pont Battant. Mais les plus beaux panoramas sur le fleuve et la citadelle se découvrent depuis les belvédères des forts Chaudanne et Brégille, juchés sur les deux collines qui dominent la ville en provoquant le resserrement du Doubs.

Citadelle au-dessus du Doubs
Besançon, Porte Rivotte
Citadelle de Besançon
Visite théâtralisée de la Citadelle, avec Vauban
Quai Vauban, avec statue de Jouffroy d’Abbans (scientifique du 18ème qui a fait naviguer le 1er bateau à vapeur sur le Doubs)
La Lucie, la montre la plus compliquée au monde, au musée du Temps, au Palais Granvelle.

Un écomusée modèle

Quittez Besançon pour rejoindre Nancray, où se trouve le musée de plein air des Maisons comtoises. C’est un magnifique parc de 16 ha dans lequel sont reconstituées une trentaine de maisons traditionnelles de Franche-Comté du XVIIe au XIXe s, dans leur environnement naturel. Meublées comme autrefois, certaines d’entre elles accueillent des animations : fabrication du pain ou de confitures à l’ancienne, atelier de tissage de la laine et du lin, atelier de lirette (recyclage de bouts de tissu), atelier de cuisine… Les maisons sont entourées de jardins thématiques : potager de la sorcière, jardin des simples, verger conservatoire… www.maisons-comtoises.org . Avant de rejoindre Ornans, vous pouvez, si vous aimez les grottes, aller voir le gouffre de Poudrey, à Etalans. C’est le plus vaste gouffre aménagé de France, et il est vrai que sa salle principale d’1 millions de m3 est impressionnante ! Un sons & lumières met bien en valeur ses stalagmites et stalactites. http://www.gouffredepoudrey.com/

Gouffre de Poudrey, à Etalans

Loue y es-tu ?

Ornans est une cité picturale, et pas seulement grâce à Gustave Courbet qui en est natif. En effet, on a envie de photographier (ou peindre…) les sites ornanais, que ce soit les maisons sur pilotis ou les moulins qui se reflètent dans la Loue, les falaises qui surplombent le village, ou la poétique source de la Loue. Courbet a peint cette source au moins 13 fois, et l’on peut admirer une sélection de ses œuvres (avec dessins et sculptures) dans le musée qui lui est consacré. http://www.musee-courbet.fr/ En visite libre ou guidée, vous découvrirez son œuvre, ses maîtres, sa vie, et vous verrez que l’Origine du Monde, le tableau qui l’a rendu célèbre, ne symbolise qu’une petite facette de son style et de son talent. L’office du tourisme https://www.destinationlouelison.com/ a édité et fléché plusieurs parcours, de 1 h 30 à 5 h, qui permettent de découvrir tous les secrets de cette belle cité et de ses environs. Le plus facile est le Sentier de la Loue, pour ne rien rater des charmes de cette petite Venise franc-comtoise, regorgeant d’artisans d’art, et dont la rivière fait le bonheur des pêcheurs. En suivant le cours de la rivière, vous trouverez de nombreux spots de haltes idylliques, comme à Lods, qui fait partie des « Plus Beaux Villages de France ».

La Loue dans la « petite Venise franc-comtoise »
« Le pêcheur de chavot » dans le musée Courbet
La Loue à Lods

Après la vie de l’eau, l’eau-de-vie

Connaissez-vous la Marsotte ? C’est une variété de petite cerise noire très sucrée, qui restitue toute sa saveur dans une excellente eau-de-vie. Vous trouverez ce kirsch dans l’épicerie de Mouthier-Haute-Pierre. A partir de Mouthier, la Loue entre en gorges. La N57 vers Pontarlier est en corniche, avec de fréquents dégagements pour s’arrêter et jouir du paysage. On entend la Loue en contrebas, cachée par la végétation. Vous la retrouverez à Ouhans, à sa source. En fait, ce n’est pas vraiment une source, c’est une résurgence du Doubs qui jaillit spectaculairement d’une reculée rocheuse, un trou béant creusé par l’infiltration des eaux de surface dans le massif calcaire. Est-ce parce qu’il y a tant d’eau fraîche et pure dans les environs, que Pontarlier s’est spécialisé dans la fabrication de l’absinthe ? C’est en tout cas la raison de l’installation de la distillerie Armand Guy, où l’on découvre toute l’histoire de cet apéritif surnommé « la Fée verte ». Cette plante de montagne a d’abord été distillée et vendue, en tant que remède, en Suisse. Puis des distilleries se sont installées à Pontarlier, qui est devenu rapidement la capitale de l’absinthe, puisqu’il s’en produisait jusqu’à 60000 l/j au début du XXe s. ! A l’époque, elle titrait entre 65 et 72 ° d’alcool, ce qui entraîna de gros problèmes d’alcoolisme chez ses consommateurs, à tel point que l’absinthe fut interdite en 1915, et une légende tenace prétendait même qu’elle rendait fou… C’est François Guy, l’arrière petit-fils d’Armand, qui réussit en 2011 à en faire autoriser à nouveau la distillation, en s’appuyant sur des études scientifiques prouvant que l’absinthe n’est pas dangereuse pour la santé. Maintenant, les splendides alambics en cuivre de la distillerie familiale produisent une large gamme de boissons apéritives, telles que l’anisette à l’ancienne, l’absinthe, la liqueur de bourgeons de sapins. A consommer et à déguster avec modération, même si le camping municipal est heureusement tout proche… https://pontarlier-anis.com/

Port d’embarquement de Mouthiers
Yves Calvi, producteur d’eau-de-vie de cerise, la Marsotte
Préparation de l’absinthe, au goutte à goutte, sur un sucre

Le château de Joux

Perché sur son éperon rocheux, ce château est si photogénique qu’il fait partie des images emblématiques du Doubs. Au fil des enceintes, on remonte le temps et on traverse 10 siècles d’histoire, depuis l’époque médiévale jusqu’au fort enterré du maréchal Joffre, en passant par la tour fortifiée par Vauban, encore lui. On visite les cellules où ont été enfermés Mirabeau et Toussaint Louverture, on admire une belle collections d’armes anciennes (arquebuses, mousquets, sabres…), mais le clou de la visite est un puits gigantesque de 3,4 m de diamètre et 120 m de profondeur. Pour avoir la meilleure vue du château, il faut grimper un chemin, à partir de l’église de La Cluse-et-Mijoux, qui mène au fort Mahler. On peut y croiser des vaches montbéliardes, dont le lait sert à fabriquer le comté, mais on verra cela plus loin… https://chateaudejoux.com/

Le château de Joux, vu depuis le fort Malher
Statue de Vauban au château de Joux
Escalier au château de Joux
Le puits de 120 m de profondeur au château de Joux
Le château de Joux

Haltes au bord du lac

Le lac de St-Point, tout en longueur, alimenté par le Doubs, est le 3ème plus grand lac naturel français. Il est possible de se balader à pieds ou à vélo sur le sentier de 23 km qui en fait le tour. On peut y pêcher, bien sûr, y faire du pédalo, et même de la voile à la belle saison. A Labergement-Ste-Marie, la Maison de la Réserve (http://www.maisondelareserve.fr/accueil.php )  est située en surplomb du lac de Rémoray, dans une réserve naturelle. On y découvre toute la faune et la flore de cette réserve, des animaux naturalisés, et même une véritable fourmilière au travail. Un peu plus loin, la fonderie Obertino  (https://www.obertino.fr/ ) est une fonderie artisanale de cloches en bronze. Il est parfois possible d’assister assister à la coulée du bronze en fusion dans les moules, et au démoulage des cloches, c’est très impressionnant ! Si vous aimez le miel, il faudra rendre visite à l’apiculteur Jean-Baptiste Girard au Rucher des 2 Lacs ( http://lerucherdes2lacs.fr/index.htm  ) : il a vitré une ruche pour permettre de comprendre l’organisation fascinante des abeilles, et il explique volontiers dans son atelier les différentes étapes de l’extraction des différents miels proposés à la vente (pissenlit, tilleul, sapin, etc…). Enfin, il faut absolument visiter les caves d’affinage du fort St-Antoine, où reposent sur des kilomètres d’étagères 65 000 meules de comté de montagne. C’est bien simple, on y apprend tout sur la fabrication et l’affinage de ce fromage d’exception, et déambuler dans les fraîches galeries de cette cathédrale du comté est vraiment une expérience sensationnelle ! (réservation obligatoire  : http://www.comte-petite.com/wp-content/uploads/2012/07/D%C3%A9pliant-visites-du-Fort-de-Saint-Antoine-2020.pdf )

Port-Titi, au bord du lac de St-Point
Lynx à la Maison de la Réserve de Labergement-Ste-Marie
Coulée du bronze à la fonderie de cloches Obertino
Démoulage des cloches à la fonderie de cloches Obertino
Mickaël Girard, apiculteur au Rucher des 2 Lacs, à Labergement-Ste-Marie
Cave d’affinage du fort St-Antoine
Cave d’affinage du fort St-Antoine

La tourbière, la source et la taillanderie (non, ce n’est pas une fable de La Fontaine !)

Sur la route de Frasne, arrêtez-vous sur le parking des tourbières. En suivant l’un des deux sentiers en boucle proposés, vous marcherez sur des chemins en bois jalonnés de panneaux didactiques, permettant de comprendre comment s’est créée cette tourbière, et quelles sont les espèces qui s’y épanouissent, tels les bouquets violets de callune, ou les touffes cotonneuses des linaigrettes. La prochaine étape de ce road-trip est Nans-sous-Ste-Anne. Commencez par aller voir la source du Lison, une résurgence qui jaillit d’une grotte. Le site, bien aménagé, est verdoyant et idyllique, parfait pour un pique-nique. A 10 min de marche de là, rejoignez la grotte Sarrazine, une immense cavité creusée au pied d’une abrupte falaise, fréquentée par les spéléologues. Si vous êtes matinaux, vous surprendrez peut-être quelque chamois, et vous pourrez admirer les voltiges des faucons pèlerins qui nichent dans les falaises. Non loin de là, passez voir l’ancienne taillanderie, classée Monument Historique. C’est un gigantesque atelier de forge, qui ne produit plus d’outils (principalement des faux), mais dont toute la machinerie en bois, mue par la force hydraulique, fonctionne encore. C’est impressionnant de voir l’ingéniosité d’autrefois, tels ces énormes soufflets en chêne, uniques au monde, développant 1,5 m3 à chaque poussée ! (https://museedelataillanderie.fr/)

Source du Lison
Grotte Sarrazine, à côté de la Source du Lison
Canoë sur la Loue vers Arc-et-Senans

Un circuit qui ne manque pas de sel

En passant par Salins-les-Bains et Port-Lesney, où l’on retrouve la Loue, rendez-vous à la Saline royale d’Arc-et-Senans. Inscrite au patrimoine de l’humanité par l’Unesco, cette ancienne manufacture de sel a été construite en 1775 par Claude-Nicolas Ledoux, le génial architecte de Louis XV. En s’inspirant d’un amphithéâtre antique, il a distribué les 11 bâtiments néoclassiques sur un demi-cercle, entourés de jardins ouvriers. Au rez-de-chaussée de la maison du Directeur, une exposition permanente dévoile tous les secrets du sel, ses modes de production, son commerce, ses usages… Les jardins sont relookés avec beaucoup de talent et de créativité par des écoles d’horticulture. Chaque jardin est conçu sur un thème donné (jardin médiéval, jardin zen, jardin flottant…), et ces infinies variations de formes et de couleurs sont un ravissement pour les sens. (https://www.salineroyale.com/accueil/). Après s’être intéressé au sel, il est temps de voir Osselle. En tout cas sa grotte. Sur un parcours plat d’1 km, on admire de superbes concrétions calcaires, de couleurs et de forme très variées, ainsi que la reconstitution d’un squelette d’ours des cavernes. (https://grotte-osselle.fr/ ). La boucle est bouclée, Besançon n’est qu’à une dizaine de km de là !

Saline royale d’Arc-et-Senans
Jardins de la Saline royale d’Arc-et-Senans
Grotte d’Osselle, à Roset-Fluans

Pratique

Circuit de 400 kms environ, à faire en une semaine.

Infos :   https://www.besancon-tourisme.com/fr/

Bonnes adresses

  • Ferme du Rondeau, à Lavans-Vuillafans : ferme-auberge bio située sur un plateau, dans un cadre verdoyant et ouvert. Menus faisant la part belle aux produits de la ferme : filet mignon de sanglier au vin de noix, confit de chevreau rôti à l’ail doux…Hébergement en ch d’hôtes ou dans un petit chalet. De 60 à 90 € /ch en B&B. https://ferme-rondeau.fr/
  • Auberge du Coude, à Labergement-Ste-Marie : pour les poissons du lac (filets de perche, corégone, omble chevalier), ou le poulet aux morilles et vin jaune. A partir de 80€ /ch. https://www.aubergeducoude-25.com/
  • Auberge du Pont du Diable, à Crouzet-Migette : simplicité et authenticité du terroir, produits le plus possible locaux et bio : croûte forestière, gratin de queues d’écrevisses, truite au Savagnin, fondue franc-comtoise… Producteurs d’huile de noix et de noisettes. https://aubergedupontdudiable.com/
  • Hôtel de la Saline royale (3 *) : superbes chambres dans un hôtel situé au cœur même du site, dont on peut profiter avant l’arrivée des touristes. 115 € la ch. Bon plan : 30 €/lit en dortoir. https://hotelsalineroyale.com/
Comté du fort St-Antoine

Balades en Balagne

Au nord-ouest de la Corse, la Balagne a tout pour plaire : un littoral ourlé de plages et de criques édéniques, un arrière-pays montagneux où se nichent des villages perchés de caractère, et de savoureux produits du terroir.

Que ce soit la première ou la dixième fois, lorsqu’on débarque à Calvi, l’émotion est intacte. Depuis la citadelle génoise, qui surplombe la capitale de la Balagne, le regard glisse sur l’eau limpide de la Méditerranée, rencontre une large baie ourlée de plages et de pinèdes, accroche la tâche plus claire d’un village perché, et vient buter contre une imposante barrière rocheuse aux cimes enneigées. La montagne dans la mer, selon la formule consacrée pour décrire l’Île de Beauté. Mais la Balagne est bien plus qu’un paysage de carte postale, c’est un petit pays de Corse qui a une âme. Cette personnalité, elle le doit à son isolement : coincée entre le désert des Agriates au Nord, un amphithéâtre de montagnes au Sud et à l’Est, la Balagne n’est ouverte qu’à l’Ouest, sur la mer. C’est d’ailleurs par là que sont arrivés les envahisseurs, principalement les Gênois qui occupèrent l’île pendant six siècles… Voilà pourquoi les villages sont tous construits en altitude, à part Calvi, L’Ile Rousse et Algajola, protégés par des citadelles ou des forts.

Calvi
Citadelle de Calvi

Le jardin de la Corse

Commencez par explorer le littoral de cette belle région, surnommée le « jardin de la Corse », en raison de sa forte tradition agricole et pastorale. A Lumio, grimpez à Occi (30 min de marche) pour découvrir cet incroyable village fantôme, abandonné au XIXème s. Vous croiserez peut-être un troupeau de mouton et son berger. Avec le lait des brebis, ils confectionnent un fromage au goût…corsé, et le fameux brocciu qui, servi en tarte avec du citron, donne un délicieux dessert, le fiadone. Tout le littoral de la Balagne est ourlé de belles plages. Pour vous baigner, prenez le « métro des plages », une antique micheline qui s’arrête devant toutes les plages. Celles autour de l’Île-Rousse (Bodri, Ghjunchitu) sont magnifiques : avec une mer turquoise qui vient lécher le sable blanc immaculé, on se croirait au bord d’un lagon polynésien !

Village abandonné d’Occi, à Lumio
Troupeau de moutons
Moutons vers Sant’ Antonino
Berger vers Sant’ Antonino
Bergers trayant les brebis

Un collier de villages perchés

Il faut partir à la découverte de ces villages perchés pour connaître le vrai visage de la Balagne. D’abord, on ne peut s’empêcher de les prendre tous en photo. Au sommet d’un piton rocheux ou entourées de vergers, c’est un grand plaisir de voir apparaître ces maisons blotties les unes contre les autres, des toits ocres desquels émerge toujours le clocher d’une église. A vol d’oiseau, ces villages ne sont pas très éloignés les uns des autres. C’est à se demander s’ils n’ont pas été construits pour être à portée de voix… corse, bien sûr, et l’on imagine les villageois se donner des nouvelles de clocher en clocher, se forgeant ainsi une voix magnifique… Quelle qu’en soit l’origine, la passion du chant est bien présente en Balagne. Si vous n’avez pas la chance de rencontrer sur la place d’un village ou dans un café des hommes se tenant par les épaules en unissant leurs voix dans une polyphonie d’une beauté saisissante, vous pourrez toujours les écouter en CD. C’est fou comme on apprécie cette musique en musardant sur les routes balanines !

Belgodère
Zilia
Zilia

Pigna est un ravissant village dont les maisons restaurées sont reliées par des ruelles pavées labyrinthiques, menant aux nombreuses échoppes d’artisans qui ont élu domicile dans ce village dédié à l’art et à la musique. Facteur d’orgue, luthier, fabricant de boîtes à musique, mais aussi potier, graveur, ébéniste, ont leurs portes ouvertes sur leur atelier, et reçoivent avec enthousiasme les visiteurs. Une ancienne maison de maître a été reconvertie en « Casa musicale », auberge de charme et de caractère remplie d’instruments, accueillant souvent des concerts.

Pigna

L’or liquide de la Balagne

La cuisine corse est riche de produits du terroir : charcuterie de montagne (voir mon article dans la rubrique « produits de terroir »), fromage de brebis, farine de châtaignes, et, bien sûr, l’huile d’olive (tous produits que l’on peut acheter à la casa Savelli de Pigna). La culture de l’olivier a décliné dans cette région, mais il reste quelques mouliniers obtenant encore à l’ancienne, sur d’antiques pressoirs, cette huile d’olive vierge qui, même si elle n’est plus l’or liquide qui a fait la prospérité de la Balagne, en a la couleur et la pureté. A la saison de la récolte (de décembre à avril), certaines oliveraies sont tapissées de grands filets de couleur, où tombent naturellement les fruits mûrs. Les olives sont triées, puis vont au pressoir. Celui de U Mulinu, à Feliceto, est tri-centenaire, et Jo Ambrosini fait toujours une huile vierge parfumée qu’il sert dans son auberge.

Oliveraie vers Calenzana
Olivier
Récolte des olives vers Pigna
Joseph Ambrosini récolte ses olives
Au pressoir U Mulinu, à Feliceto
Papy corse au pressoir U Mulinu
Joseph Ambrosini, moulinier

Le paradis de la randonnée

Enivrés par l’odeur du maquis, sillonnez les routes en lacet, étroites mais bien entretenues, fils serpentins épars d’un collier dont les perles sont les villages de montagne. Parmi ceux-ci, ne pas manquer de monter à Sant’Antonino, nid d’aigle médiéval qui domine la Balagne ; passer par Aregno pour voir son église romane ; par Speloncato pour prendre un verre en terrasse sur sa mignonne place entourant une fontaine où se retrouvent les anciens ; par Montemaggiore pour son point de vue panoramique époustouflant… Sans oublier Calenzana, situé à la limite du parc naturel régional, et point de départ du fameux GR 20. Du parking de la Maison Forestière, une balade facile permet d’aller au refuge de Carozzu (5 heures de marche aller-retour) dans le cirque de Bonifatu, espace minéral grandiose dont les aiguilles de granit roux sont le domaine des mouflons. Le sentier est sous un couvert de pins maritimes, laricios et de chênes verts, et suit la Spamisata, une rivière dans les vasques claires de laquelle on peut se rafraîchir à tout moment. Bien d’autres randonnées peuvent être faites à partir des chemins reliant les villages de Balagne, mais il faut se munir d’une carte IGN au 25000ème, car ils ne sont pas tous balisés. Ce qui est formidable, c’est qu’il est possible de faire ces balades dans la journée, tout en restant basé à Calvi ou à l’Ile Rousse. En rentrant, on peut encore profiter des plages et des eaux limpides de la Méditerranée. La mer à la montagne ? C’est en Corse, c’est en Balagne !

Route vers Montemaggiore
Montemaggiore
Sant’Antonino
Eglise à Sant’Antonino
Aregno
Eglise de la Trinité d’Aregno
Sentier des Mouflons au cirque de Bonifatu
Pont suspendu au-dessus de la Spamisata au cirque de Bonifatu

Pratique

Y aller : Calvi par avion avec Air Corsica ou Air France (à partir de 200 € A/R) et l’Île-Rousse par ferry avec Corsica Linea ou Corsica Ferries depuis Marseille, Toulon ou Nice (à partir de 250 € pour 4 p A/R, avec une voiture).

Bonnes adresses :

Le Cyrnéa (3*), à Calvi : au calme à 400 m de la plage, hôtel à prix doux avec piscine et ch familiales,  à partir de 90 € la ch double.

La Pietra (3*) à l’Île-Rousse : situation exceptionnelle, sur un rocher en bord de mer. A partir de 93 € la ch.

La Casa musicale, à Pigna : hôtel-restaurant aux chambres à partir de 60 €, et à la cuisine de terroir.

U Mulinu, à Feliceto : auberge rustique et moulin à huile d’olive, avec chants corses.

A ramener : Oru di Balagna (l’or de la Balagne), une huile d’olive haut de gamme produite par la coopérative oléicole de Corbara.

Dates à retenir (hors covid) :

  • en juillet : Festivoce (festival de voix corses et du monde) à Pigna
  • en septembre : Rencontres polyphoniques de Calvi
  • en octobre : Festiventu à Calvi : le vent sous toutes ses formes.

A lire : Le Petit Futé « Corse »

Se renseigner : http://www.balagne-corsica.com

NB : les photos de cet article sont des diapos numérisées par mes soins. Même si elles datent un peu, le texte est actualisé, et toutes les adresses sont vérifiées.

Deux-Sèvres : balade au fil de l’eau en camping-car

Voici un itinéraire placé sous le signe de l’eau, qui va des rives de la Loire à la baie de l’Aiguillon, en passant par la pittoresque vallée du Thouet et le Marais poitevin. J’ai fait ce reportage en famille et en camping-car, et je livre ici le récit et les photos de nos découvertes. 

Saint-Loup-sur-Thouet, place des Poulies

Avec un camping-car de location, j’ai emmené ma compagne et mes deux garçons en virée en Poitou-Charentes. Nous avons commencé notre périple à Saumur, dont le magnifique château des Ducs d’Anjou dresse ses tours et ses hautes murailles calcaires au-dessus de la Loire. Saumur est connu pour son école d’équitation, le fameux Cadre Noir (visites possibles), pour ses vins, et pour ses caves troglodytiques. A 10 km au sud, le château de Brézé réunit ces deux dernières caractéristiques : on y produit de bons vins, et il dispose d’une partie souterraine étonnante : en effet, c’est la plus importante forteresse souterraine d’Europe ! Un véritable château sous le château, creusé dans le tuffeau… Avec des caves, bien sûr, mais aussi des pièces à vivre, une écurie, un chemin de ronde souterrain, et même un pont-levis enfoui au plus profond des douves. Un peu plus au sud, nous avons fait halte au pied d’un autre château, celui de Montreuil-Bellay. D’une allure majestueuse, il allie la puissance défensive du Moyen Âge au raffinement de la Renaissance. La découverte des extérieurs et des jardins est libre, ce qui permet d’avoir des vues intéressantes sur les remparts, sur les 13 tours de défense, et sur des détails d’architecture militaire, qui font de ce château un des plus beaux exemples de forteresse médiévale de la région. Ce château produit aussi de bons vins, que l’on peut déguster en fin de visite.

Douves du château de Brézé
Château de Montreuil-Bellay
Le Thouet, vu de l’esplanade du château des Ducs de la Trémoïlle, à Thouars

Au fil du Thouet

La rectiligne D938 mène à Thouars, ville d’Art et d’Histoire sise au bord du Thouet. Pour aller à l’office du tourisme, situé dans la ville haute, garez-vous place Lavaud. Munis du plan de la ville, vous pourrez aller stationner sur l’aire de la vieille ville, située sous les remparts de la tour du Prince de Galles (voir ci-dessous « Nos étapes »). De là, en empruntant un petit escalier traversant, on entre directement dans les étroites ruelles de la vieille ville, qui mènent vers l’église romane St-Médard. Prendre la rue du Château, où se serrent encore quelques maisons médiévales à encorbellement et à pans de bois. Elle conduit au château des Ducs de la Trémoïlle, construit sur un éperon rocheux dans un méandre du Thouet. Les visites sont organisées par l’office du tourisme, car il est occupé par un collège ! Allez tout de même jusqu’à l’esplanade, pour la vue plongeante sur la rivière, son gué, et le vieux pont des Chouans. Un peu plus loin, voici Oiron et son château dédié à l’art contemporain. Le château d’Oiron est une belle demeure Renaissance des XVI-XVIIème s, qui accueille une collection d’art contemporain unique en France, conçue sur le thème des cabinets de curiosités. La visite a un double intérêt : au plaisir de voir les merveilles du château (plafonds à caissons peints, fresques, et surtout la galerie Renaissance, qui est un véritable chef-d’œuvre), s’ajoute la découverte d’œuvres modernes, parfois déroutantes, souvent drôles, toujours intéressantes. 

Château d’Oiron
Château d’Oiron
Château d’Oiron
DEUX-SEVRES Château d’Oiron

Toujours en remontant la vallée du Thouet, vers Taizé, nous avons admiré les dolmens signalés sur le bord de la route. Les hommes du néolithique ont dressé ici d’impressionnants monuments quasi-éternels… En terme de pérennité, les bâtisseurs de l’église Saint-Généroux, à 5 km plus au sud, n’ont pas fait mal non plus : c’est l’une des plus anciennes de France ! Edifiée au IXe s, cette église préromane est émouvante de simplicité. Saint-Généroux était un moine de l’abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes, et il n’avait pas fait un long déplacement puisque cette abbaye est située à 7 km de là. Construite aux XIe et XIIe siècle, elle s’enorgueillit de l’une des plus belles façades poitevines de l’art roman. Sa façade offre une décoration sculptée qui est un véritable livre de pierre. Avec un peu de perspicacité, on remarque la coquille, symbole des pèlerins de Saint-Jacques, qui est reprise sur un chapiteau de la travée centrale. L’intérieur regorge aussi de fines broderies de pierre, sur les chapiteaux des colonnes, sur les retombées des absidioles ou dans les médaillons des clefs de voûte, mais l’église est si haute qu’il faudrait parfois des jumelles pour en apprécier les détails… En repassant par Saint-Généroux, nous avons contemplé le magnifique pont roman qui franchit allègrement le Thouet comme il le fait des siècles.

A Airvault, petite cité médiévale bâtie sur une colline dominant le Thouet, le patrimoine religieux est à aussi à l’honneur, halte jacquaire oblige. Il faut visiter l’église abbatiale Saint-Pierre, du pur style roman poitevin, car elle complète celle de Saint-Jouin-de-Marnes. Autant cette dernière a une riche décoration extérieure, autant celle d’Airvault recèle des trésors à l’intérieur : elle compte 180 chapiteaux historiés, représentant des motifs géométriques, des récits bibliques, des scènes de la vie quotidienne, des symboles… Vous en profiterez bien mieux en participant à une visite guidée. De plus, la guide ouvre un passage menant à une fontaine souterraine très ancienne, dont l’eau bleue-verte est source de légendes. A la sortie d’Airvault, l’esprit ainsi ensemencé de poésie, on se plaît à croire, en traversant le pont roman de Vernay, que la coléreuse fée Mélusine l’aurait retourné d’un coup de pied, comme le dit la légende. Restons dans le merveilleux, en arrivant devant le château de Saint-Loup-sur-Thouet, puisque Charles Perrault s’en est inspiré pour écrire le « Chat Botté ». Si vous êtes tintinophiles, vous trouverez plutôt qu’il a servi de modèle à Hergé pour Moulinsart… Ce château privé se visite, avec ou sans les jardins, mais ce serait dommage de se priver des extérieurs, car les jardins à la française, le potager ornemental et l’orangerie valent le coup d’œil. Ces visites peuvent orienter vos lectures du soir : conte classique ou BD, les enfants, douillettement installé sous leur couette, n’en manqueront pas une miette…

Eglise abbatiale romane de St-Jouin-de-Marnes
Eglise abbatiale romane de St-Jouin-de-Marnes
Eglise abbatiale romane d’Airvault
Les 24 Vieillards de l’Apocalypse de l’église abbatiale romane d’Airvault
Château de St-Loup-sur-Thouet

Les gués, c’est gai !

A 3 km au sud de St-Loup, le lac du Cébron est la réserve d’eau des Deux-Sèvres, et ses rives sauvages ont un grand intérêt ornithologique. Des sentiers ont été aménagés pour la promenade, et nous avons pu voir les oiseaux du lac dans de bonnes conditions, grâce à la lunette fixée dans un poste d’observation. Le Thouet est très poissonneux, mais comme nous n’avons pas amené de canne à pêche, nous avons dégusté du brochet et du sandre dans les auberges de la vallée. A Gourgé, la rivière est enjambée par un magnifique pont roman. Mais pour anciens et jolis qu’ils soient, les ponts ne constituent pas le moyen le plus pittoresque pour traverser le Thouet. Plusieurs gués sont restaurés et leur franchissement donne l’occasion de faire d’agréables promenades. Traverser un gué, c’est gai ! Surtout pour les enfants, qui jouent à sauter de caillou en caillou… La mairie distribue le plan des sentiers pédestres de Gourgé. A partir du pont roman, une boucle de 2 h permet de traverser le Thouet en empruntant le gué rénové du Moulin Neuf, et celui de Vernoux, plus authentique et plus sauvage. 

Observation ornithologique au bord du lac de Cébron
Roulotte-promenade à Gourgé
Le pont roman de Gourgé, sur le Thouet
Le gué de Vernoux
Le gué de Vernoux

Dans les prairies, paissent de jolies vaches à la robe fauve, aux cornes en forme de lyre et aux yeux en amande soulignés de noir. Ce sont des parthenaises, une race locale dont il faut goûter la viande persillée et fondante dans l’un des restaurant de la ville éponyme. Parthenay a conservé son enceinte médiévale et ses remparts. On y entre par la massive porte Saint-Jacques, qui s’ouvre sans surprise sur la rue de la Vau-Saint-Jacques. De chaque côté de cette rue se pressent des maisons à pans de bois de la fin du Moyen Âge. Il faut parcourir cette rue le nez en l’air, pour dénicher ici, une vierge noire dans une niche, là une tête humaine sculptée, ou un beau blason. Par la porte de la Citadelle, on accède au chemin des remparts qui permet d’avoir une vue d’ensemble sur la cité médiévale bâtie sur un éperon rocheux, dans un méandre du Thouet. Laissons la rivière aller chercher sa source à l’ouest, vers Secondigny. Mais avant de rejoindre la Sèvre Niortaise, nous avons fait un petit détour par Vasles. Car ce petit village a eu la bonne idée de jouer la carte « ovine » pour attirer les touristes, et ça marche ! Il est vrai que la visite du parc « Mouton Village » est très intéressante. C’est un parc de 6 ha arboré, rassemblant dans de petits enclos une vingtaine d’espèces de moutons du monde entier, que l’on découvre à sa guise en écoutant par audio-guide les échanges entre un petit garçon et son grand-père berger. Cela permet de découvrir notamment le Rouge de l’Ouest (la « Mercedes du mouton »), le Karakul (qui donne l’astrakan), ou le Jacob (mouton à 4 cornes !)… Les enfants ont adoré cette visite !

La tour de l’Horloge à Parthenay
Eglise romane St-Pierre de Parthenay-le-Vieux
Mouton Village, à Vasles

En passant par Ménigoute et Soudan, nous avons rejoint La Mothe-St-Héray. L’office de tourisme occupe le site d’un ancien moulin à eau, alimenté par la Sèvre Niortaise, dont toutes les parties mécaniques de la meulerie et de la minoterie fonctionnent. L’office abrite aussi une salle consacrée à la « rosière », dont on célèbre toujours le mariage dans cette commune, en suivant la tradition ! Etonnante collection de coiffes, de jolies broderies et de costumes traditionnels mothais, complétée par des photos N&B et des documents qui nous ramènent aux temps anciens, lorsque les festivités du mariage d’une rosière duraient 5 jours ½, avec un opéra comique en plein air ! On remonte beaucoup plus loin dans le temps au musée des tumulus, à Bougon. Environ 7000 ans avant notre ère, c’est-à-dire à l’époque où des hommes du Néolithique construisirent ces impressionnants tumulus (monuments funéraires) que l’on peut visiter. Juste à côté de ce site archéologique, le musée lui-même répond de façon très moderne à toutes les questions que l’on peut se poser : comment vivaient ces hommes, où habitaient-ils, et comment ont-ils fait pour bouger ces énormes blocs de pierre ? Passionnant !

A l’écomusée au moulin de l’Abbé, à La Motte St-Héray
Tumulus à l’extérieur du Musée, à Bougon

La Venise verte

Après Niort, voici Coulon, la porte d’entrée du Marais poitevin. C’est la 2ème plus grande zone humide de France, après la Camargue. Pour comprendre la forme actuelle du marais, il faut passer au Maraiscope, à Coulon, où un montage audiovisuel détaille l’histoire et la complexité de ses aménagements hydrauliques. Mais rien ne vaut une balade en barque pour ressentir l’ambiance particulière de la Venise verte, qui revêt parfois, dans les plus étroites de ses rigoles, des allures de bayou. On n’y aperçoit pas de crocodiles, bien sûr, mais des ragondins, des grenouilles, d’innombrables papillons et libellules, et beaucoup d’oiseaux : poules d’eau, hérons, aigrettes, cygnes, martin-pêcheurs… Il est possible de louer une barque, mais je conseille de faire la promenade avec un rameur-guide, qui connaît le marais comme sa poche, et qui sait émerveiller son auditoire avec tous les secrets et légendes du marais. Tel le Bras Rouge, un être maléfique qui emporte les imprudents au fond de l’eau, noire comme de l’encre. Si on voit l’eau ! Car parfois, l’été, la couche de lentilles d’eau forme un tapis vert si épais, que les poules d’eau marchent dessus ! Avez-vous déjà vu l’eau prendre feu ? C’est l’attraction majeure du marais, le clou de la visite : en remuant avec vigueur le fond d’une conche avec sa pagaie, le batelier fait remonter du méthane prisonnier de la vase, et il l’enflamme avec un briquet sous les yeux médusés des petits et des grands !

La Sèvre vers Coulon
Sur les canaux du marais poitevin en barque
En barque avec Quentin, de l’embarcadère de l’Abbaye, à Maillezais
L’expérience du feu sur l’eau lors d’une promenade en barque

Il existe de nombreux petits ports d’embarquement dans le marais poitevin, et l’on ne saurait conseiller l’un ou l’autre, chacun ayant son ambiance… Arçais a beaucoup de charme, juste en contrebas d’un château, Irleau est très intime, au contraire de Damvix, situé au bord de la Sèvre Niortaise canalisée… Celui de Maillezais est exceptionnel, car il est situé sous les vestiges d’une abbaye bénédictine fondée au 11ème s. Les ruines de l’église abbatiale, ayant des dimensions de cathédrale, sont majestueuses, et un espace muséographique complète la visite audio-guidée des bâtiments conventuels. Du haut d’une tour, vous aurez une vue panoramique sur le marais, qui complète bien celle que l’on a au fil de l’eau. 

L’embarcadère d’Arçais
L’abbaye de Maillezais (Vendée)
L’abbaye de Maillezais (Vendée)
Le marais poitevin, vu depuis une des tours de l’Abbaye de Maillezais (Vendée)
Parking devant l’Abbaye de Maillezais (Vendée)
Le marais poitevin à Velluire (Vendée)

L’itinéraire touche à sa fin, il est temps de rejoindre la mer, par exemple au niveau du petit port de Charron, pour voir partir les bateaux d’ostréiculteurs à fond plat. Au sud, La Rochelle et l’île de Ré ne sont qu’à une dizaine de kilomètres ; au nord, ce sont les plages de la Tranche/mer et de la Faute/mer, et vous n’aurez que l’embarras du choix pour poser votre serviette sur le sable et piquer une tête dans les vagues de l’Atlantique…

PRATIQUE

Cet itinéraire fait environ 300 kms, il peut être fait en 7 jours (dix jours en prenant son temps).

Cartes et guides :

Carte IGN Top 100 Tourisme et découverte « Cholet-Niort » au 1/100 000

Petit Futé « Niort, Marais poitevin et Deux-Sèvres »

Nos étapes

Voici nos bons plans d’étapes nocturnes en camping-car :

  • Montreuil-Bellay : sur l’aire de services municipale (jetons), stationnement gratuit à proximité du Thouet et du camping Nobis.
  • Thouars : pl. Ferdinand Buisson, rue Félix Gellusseau, parking très calme avec borne gratuite.
  • Oiron : derrière l’école, parking et aire de services gratuits.
  • St-Loup/Thouet : aire municipale gratuite, mais un peu proche de la route. Hors saison, préférer la place des Poulies, au bord du Thouet, ou le parking du lac de Cébron, avec WC.
  • Vasles : grand parking gratuit, avec WC, vidanges et eau.
  • Bougon : parking du musée avec WC, vidanges, eau et même 4 bornes électriques, le tout gratuit !
  • Arçais : aire payante sur prairie, avec WC et vidanges.
  • Coulon : le Camping Venise Verte est le seul 4 * du Marais poitevin, dont la propriétaire, Mme Robin, est très « développement durable » : elle vend du produit bio pour la cassette des eaux noires, et prête des vélos électriques.
  • Maillezais : aire près du parking de l’abbaye.
  • Luçon : au camping des Guifettes, aire avec électricité. Sur place : resto, piscine, mini-golf, base nautique…

Je précise que ces bons plans datent de 2010, donc cela a pu changer…

L’aire d’Arçais, dans le marais poitevin
Au parking de l’Abbaye de Maillezais

Infos touristiques :

www.tourisme-deux-sevres.com

www.vendee-tourisme.com  

Camping-car

Notre camping-car était un Dethleff Globe 4, avec couchettes arrières superposées et lit 2 pl situé au-dessus de la cabine, qui descend pour la nuit.

Valérie, ma compagne, fait une pause lecture
Grand coffre à l’arrière (et belle cachette pour Félix)
Dethleff Globe 4 dans les Deux-Sèvres

Le letchi de La Réunion

Ce fruit rose, charnu et juteux, est, avec la vanille Bourbon et l’ananas Victoria, l’un des produits de terroir emblématique de La Réunion. Bénéficiant du Label Rouge depuis 2012, c’est le meilleur letchi que vous pourrez trouver dans le commerce, dépassant en grosseur, en suavité et en fraîcheur le litchi de Madagascar qui truste les étals des supermarchés. Présenté en grappe avec ses branches, il clôt en beauté un repas de fête : c’est le fruit de Noël par excellence !

Une origine chinoise

La première mention de la culture du letchi date de 111 avant J.-C. C’est l’empereur chinois Han Wudi qui avait ordonné de planter des letchis dans l’enceinte de son palais. Le letchi a été introduit à La Réunion en 1764 par Joseph François Charpentier de Cossigny de Palma. Cet ingénieur de la Compagnie française des Indes Orientales, explorateur et botaniste français, avait ramené quelques pieds de letchi d’un voyage en Chine, et en avait planté dans l’île Bourbon. Cet arbre fruitier s’est très bien acclimaté dans les zones arrosées du Sud et de l’Est, du niveau de la mer à 400 m d’altitude. Plusieurs variétés sont présentes dans l’île (Blanc, Toupie, Lisse…), mais la plus cultivée est la kwaï mi, une variété juteuse et très sucrée, de belle coloration. Sa peau, à la fois fine et coriace, est rugueuse au toucher, et forme une véritable carapace avec ses reliefs en pointes. Ce fruit est très riche en vitamine C et en glucides.

Culture et récolte

Afin d’en savoir plus sur la culture du letchi, j’ai rencontré plusieurs producteurs. Rendez-vous tout d’abord au Domaine de Bellerive, à Saint-Anne, lieu-dit les Orangers, dans la plantation de Raphaël Avice. C’est un peu la Maison des Letchis, puisque son propriétaire a installé des panneaux didactiques pour tout savoir sur ce petit fruit rose. Raphaël explique : « Le marcottage est la meilleure méthode de multiplication du pied de letchi : il permet de reproduire rapidement les mêmes sujets que le pied mère, et ne connaît pas les problèmes d’incompatibilité du greffage ». Le marcottage, si vous n’êtes pas jardinier, consiste à plier vers le sol et enterrer la branche de l’arbre, afin de produire un nouveau pied. Les plants de letchi issus du marcottage fructifient en 2 à 5 ans. La pleine production est atteinte à partir de la 10ème année de fructification, et peut atteindre une centaine d’année.

Raphaël Avice, au Domaine de Bellerive, à Saint-Anne

C’est à peu près l’âge du magnifique arbre que j’ai vu chez Jean-Marc Huet, à Saint-Philippe, dans le Sud Sauvage. Il atteint bien 20 ou 30 m de haut, et en ce mois de décembre, sa large ramure est rougie de letchis qui font ployer ses branches. « Un pied de letchi produit en moyenne 150 kg de fruits, mais certains vieux arbres peuvent donner plus d’une tonne ! Je ne sais pas combien celui-ci en produit, je n’ai jamais réussi à tout cueillir ! » sourit Jean-Marc, qui vend sa récolte au marché, en même temps que ses cœurs de palmistes, papayes, piments et autres « bazars » (sic) qui poussent sur ses terres volcaniques très fertiles.

Jean-Marc Huet, devant un pied de letchi centenaire (au fond)
Belle grappe de letchis

Pour assister à la récolte, je me suis rendu chez Vincent Sablé, du Comptoir Mélissa, qui exploite à Saint-Benoît (au lieu-dit Bras-Canot) un verger de 2000 pieds de letchis, plantés par son grand-père. Ce sont aussi de très beaux et vénérables arbres, dont Vincent explique le processus de floraison : « Avant de porter des fruits, un pied de letchi a besoin d’une période dite de « stress », c’est-à-dire d’un coup de froid, pour entamer sa floraison. Cela se produit entre juin et août, ce qui correspond à « l’hiver » de La Réunion. De petites fleurs de couleurs blanches jaunâtres commencent à apparaître au bout des branches et sont ensuite fécondées par les insectes, principalement des abeilles qui produisent d’ailleurs un miel de letchi extraordinaire, à la texture crémeuse et au parfum inimitable. Peu après, de minuscules petits letchis verts font leur apparition. La récolte se fait généralement au mois de décembre, au moment où la maturité du fruit a atteint son apogée ». 

Vincent Sablé vérifie la maturité des letchis cueillis

Vincent Sablé ne récolte ses letchis que lorsqu’ils sont bien rouges et à complète maturité, contrairement à ceux de Madagascar, cueillis verts, et qui continuent de mûrir dans les cales des navires. Lorsque le jour de la cueillette est arrivé, des « casseurs » grimpent tôt le matin dans les arbres et cassent les grappes qu’ils glissent dans de grands sacs tressés de feuilles de vacoa. Descendus à terre à l’aide d’une corde, les sacs de letchis filent vers la salle de tri, où les trieuses écartent les fruits tâchés, égalisent la longueur des tiges, et confectionnent de jolis bouquets agencés dans des colis et glissés dans des sacs plastique perméables à l’oxygène et anti-humidité. Ils sont alors réfrigérés à 15 °C, avant d’être dirigés le soir même vers le fret de l’aéroport Roland Garros à Sainte-Marie. « Cela permet aux fruits de garder leur fraîcheur et leur jus, et à la peau de ne pas se déshydrater trop vite. Ainsi, ils arrivent en métropole presque aussi frais que si on venait de les cueillir ! » assure Vincent.

Patrick, casseur de letchi au sommet d’un pied de letchi de la plantation Mélissa
Patrick, casseur de letchi, attrape les branches avec un bâton fourchu
Patrick, casseur de letchi de la plantation Mélissa
Jean, casseur de letchi de la plantation Mélissa
Grappes de letchis tout juste cueillis
Trieuses de letchis à la plantation Mélissa, à Saint-Benoît
Petit bouquet de letchis

Dégustation

A l’arrivée en métropole, les fruits doivent être conservés à la cave ou dans une pièce fraîche, sous un linge mouillé, voire au frigo. De toutes façons, ils ne devraient pas rester longtemps dans la boîte, c’est une gourmandise très addictive, et quand on met la main dedans, on ne peut plus s’arrêter ! Le letchi n’est jamais meilleur que dégusté frais et nature, mais il peut être accommodé en cuisine en pâtisserie (gâteau, tarte, ou pour aromatiser une crème ou une mousse), et il fait merveille en accompagnement d’un magret de canard. A La Réunion, on le prépare en sorbet, en confiture, en jus de fruit, et on l’utilise pour faire du rhum arrangé et même une sorte de vin.

Letchis et produits dérivés

Lors de la dégustation, très conviviale, tout le monde pioche dans le tas en espérant tomber sur le plus gros fruit. En effet, certains fruits ont des noyaux particulièrement rétrécis, procurant un plaisir immense au chanceux qui croque alors dans une grosse épaisseur de pulpe, en se vantant d’avoir eu « le plus gros »… Encore plus amusant : faites comme la « marmaille » de La Réunion : prenez un gros noyau, coupez-le en deux en son milieu, plantez une allumette dedans, et vous aurez une toupie

L’idéal, bien sûr, est de venir les déguster sur place. En décembre, le letchi se vend partout, au marché, mais aussi et surtout au bord de la route, où les petits producteurs vendent une partie de la récolte de leur jardin, afin de se faire un petit pécule à l’approche de Noël. Mais comme tous les pieds de letchis de La Réunion donnent leurs fruits en même temps, les prix baissent très vite, et de 20 € au début de la saison, les prix chutent à 2 €, voire 1,5 € le kilo au plus fort de la production ! De quoi s’en faire des ventrées avant d’aller en excursion sur le volcan, ou dans les cirques… Voir mon article : https://reportages-tourisme.com/2018/02/09/la-reunion-une-ile-sensationnelle/

Au marché de Saint-Paul
Productrice artisanale au bord de la route

Si vous logez en chambre d’hôtes dans le Sud ou l’Est de l’île, il y a de fortes chances qu’il y ait un pied de letchi dans le jardin créole. Par exemple, lorsque j’ai logé en famille  au Lapin d’Or, une maison d’hôtes située à Saint-Joseph, les propriétaires nous cueillaient des letchis pour le petit-déjeuner. Enfin, il arrive que l’on trouve des pieds de letchis communaux, dans le Sud Sauvage. Il suffit de s’arrêter, et de les cueillir ! C’est au pied de l’arbre qu’ils sont les meilleurs, évidemment…  

Au jardin du Lapin d’Or, maison d’hôtes de Saint-Joseph
Arthur et Valérie se régalent !

A savoir :

* L’orthographe de ce fruit peut varier : il s’écrit letchi à La Réunion, mais on peut le trouver écrit « litchi » ou plus rarement « lychee ».

* La production à La Réunion : 150 producteurs, 700 ha de vergers, rendement de 8 à 10 t/ha, récolte de novembre à fin décembre.

  • Attention à la mention « litchi avion » : c’est une tentative scandaleuse de la grande distribution pour abuser le consommateur, car cela peut laisser croire qu’ils viennent de La Réunion. Or, une petite partie de la production de litchis de Madagascar est aussi exportée par avion. Donc, si la mention « de La Réunion » ne figure pas sur l’étiquette, ce sont des litchis de Madagascar. Certaines grandes surfaces se gardent bien de préciser l’origine du fruit, soyez vigilants, car le litchi de Madagascar est toujours de moins bonne qualité que celui de La Réunion.

Comment s’en procurer ?

Attention de ne pas le confondre avec le litchi de Madagascar, qui arrive en vrac, sans la tige. Vous trouverez le letchi de La Réunion dans certaines grandes surfaces ou détaillants, mais pour les avoir le plus frais possible, je recommande de les commander directement au producteur. Cueillis mûrs le jour J, ils sont emballés et mis dans l’avion le soir même, arrivent en métropole le lendemain, et peuvent vous être livrés à J + 2 ou +3. Quand vous ouvrez le colis, les fruits sont encore très frais et gorgés de jus !

Le Comptoir Mélissahttps://lecomptoirmelissa.fr/metropole/  Le comptoir Mélissa, producteur de letchis, confie ses envois de fruits à :

Exceptions d’Ailleurs : https://www.exceptions-dailleurs.com/

Envoi de colis de 1, 5, 10, 15, 20 ou 25 kg de letchis, avec ou sans confitures ou nectar de fruits (papaye, goyave, fruit de la passion…). Le colis de 5 kg : 105 € (envoi inclus). Ce qui fait environ 20 €/kg, soit moins cher que les letchis de La Réunion « avion » vendus dans la grande distribution, où le prix au kilo dépasse allègrement les 20 €/kg. Et les fruits sont forcément moins frais, ayant dû passer entre les mains et les entrepôts d’un grossiste et du détaillant.

Vincent Sablé montre les letchis prêts à être expédiés en métropole
En petit carton ou en boîte de 5 kg, les letchis seront toujours mangés trop vite !

Pérou : le voyage d’une vie

C’est mon deuxième voyage au Pérou, et l’enchantement est intact. De Lima au lac Titicaca, en passant par Cusco et les principaux sites archéologiques de la Vallée Sacrée, c’est toujours un immense plaisir de traverser la cordillère des Andes, et de découvrir la civilisation des Incas et le mode de vie de leurs descendants. En mode « privilégié », voici ce que j’ai vu et vécu au pays du Machu Picchu.   

Rivière Urubamba dans la Vallée Sacrée

Lima

Après avoir atterri à Lima, il est judicieux de rester un jour ou deux dans la capitale péruvienne, ne serait-ce que pour atténuer les effets du décalage horaire (- 6 h). Cela permet de flâner dans le quartier historique et dans celui de Barranco, plus bohème, dont les galeries et le street art reflètent la création contemporaine du pays. Côté musée, je recommande celui de Pedro de Osma, qui plonge le visiteur à l’époque des civilisations précolombiennes, des Incas, puis de la colonisation espagnole. Son restaurant propose un excellent ceviche (poisson cru mariné) et le barman prépare l’un des meilleurs pisco sour (le cocktail national) de la ville ! A Miraflores, il faut se balader sur la promenade aménagée sur la falaise qui surplombe l’océan Pacifique. Pas forcément pour la vue, car Lima est souvent plongée dans un brouillard humide venant de l’océan. D’ailleurs cette ville est la plus détestée des photographes, car s’il ne pleut jamais, elle est presque constamment couverte de nuages gris ! Mais la promenade est agréable quand même, car très animée, on y trouve de nombreux vendeurs ambulants, et un centre commercial souterrain très utile pour le shopping. Juste au-dessus se trouve le parc de l’Amour, un jardin dont les murets sont couverts de mosaïques colorées à la Gaudi, où trône « El Beso », une immense sculpture incitant les amoureux à venir se bécoter sur les bancs publics, sans se soucier des passants honnêtes…

Street art à Barranco (Lima)
Vendeuse de rue à Lima
Au musée Pedro de Osma de Lima
Au musée Pedro de Osma de Lima
Au musée Pedro de Osma de Lima
Au musée Pedro de Osma de Lima
Le barman du musée Pedro de Osma prépare du pisco sour (Lima)
Au parc de l’Amour, à Lima

Arequipa

Il faut reprendre l’avion pour rejoindre Arequipa. Le guide m’a amené sur la place Yanahuara, dont le mirador permet d’admirer à la fois le volcan tout proche, et l’église éponyme, dont la façade baroque ouvragée fait face à un superbe mât totémique sculpté dans un tronc de palmier. Cette ville regorge de picanterias (auberges traditionnelles), et celles qui arborent un drapeau rouge en façade préparent la chicha, boisson fermentée à base de maïs rouge. C’est le cas à « La Nueva Palomino », auberge traditionnelle où une petite vieille prépare devant les convives la sauce ocopa avec son mortier. Après ce copieux déjeuner, j’ai visité le couvent Santa Catalina, toujours actif, un havre de paix dont le cloître et les différents bâtiments sont peints de jolies couleurs : bleu indigo, ocre, vert pomme… Arequipa est réputée pour la qualité de sa laine d’alpaga, vendue dans les magasins répartis autour de son immense place d’Armes. Pour avoir la meilleure vue sur la place, il faut accéder au roof-top de l’hôtel Arequipa Suite Plazza. Une excellente adresse pour siroter un mate de muña (thé à la menthe des Andes, bon pour la digestion et le mal d’altitude) tout en admirant le coucher de soleil derrière le volcan… A la nuit tombée, il est temps de se diriger vers la gare pour monter à bord du Belmond Andean Explorer, qui roule de nuit jusqu’à Puno, au bord du lac Titicaca, à 3800 m d’altitude. Ce train de luxe est un must, pour le confort de ses cabines, pour la gentillesse de son personnel et pour la qualité de la cuisine proposée au wagon-restaurant. Rouler de nuit permet de s’acclimater progressivement à l’altitude, mais si vous souffrez tout de même du mal des montagnes, chaque cabine dispose d’une bouteille d’oxygène, et le médecin de bord prendra soin de vous !  

Volcan Misti à Arequipa
Mât devant l’église de Yanahuara, à Arequipa
A la picanteria La Nueva Palomino
Serveuse au restaurant La Nueva Palomino
Cloître du couvent Santa Catalina d’Arequipa
Guide au couvent Santa Catalina d’Arequipa
Wagon-bar du Belmond Andean Explorer
Wagon-lit du Belmond Andean Explorer

Le Titicaca

Lieu sacré pour les Incas, le lac Titicaca est le berceau des indiens des Andes. Actuellement, ses rives sont occupées par les Quechuas et les Aymaras. Ces derniers vivent en partie sur les îles Uros, d’étonnants îlots flottants constituées de totora, des roseaux tressés. Ces familles vivent de la pêche et du tourisme, et si la visite manque de spontanéité, elle permet à ces communautés lacustres de continuer à vivre comme leurs ancêtres. Enfin, presque, sans les sacrifices d’animaux ou d’enfants… En effet, une équipe d’archéologues a retrouvé au fond du lac, en 2020, des boîtes en pierre de lave vieilles de 5 siècles. Les chercheurs pensent que les Incas, en plus de quelques offrandes aux dieux (petits lamas en coquillage et feuilles d’or), remplissaient ces boîtes du sang de leurs victimes… Les guides se gardent bien d’en parler dans leur discours formaté, et aujourd’hui, la seule chose qui est sacrifiée, sur ces îles où défilent toute la journée les groupes de touristes, c’est l’authenticité !

Île Uros sur le lac Titicaca
Île Uros sur le lac Titicaca
Chants et danses sur une île Uros du lac Titicaca
Artisanat des Uros (lac Titicaca)
Artisanat des Uros (lac Titicaca)
Artisanat des Uros (lac Titicaca)
Jeune fille sur une île Uros (lac Titicaca)
Jeune fille sur une île Uros (lac Titicaca)

Plus avant dans le lac, Taquile est une île dont les habitants perpétuent un art textile admirable. Ici, ce sont les hommes qui cousent et qui tricotent. Avant le repas, préparé par les femmes, on a eu droit à une petite danse traditionnelle faite sans conviction par quelques anciens en costume. C’est touchant, car il est probable que les pourboires recueillis, et les quelques bonnets ou gants vendus sur leur stand, constituent leur unique source de revenus, dans cette île du bout du monde… En contrebas du restaurant il y a une plage, et j’ai été saisi par la beauté de cette mer intérieure, bordée au loin par les sommets enneigés de la Bolivie.

Habitant de l’île de Taquile (Lac Titicaca)
Habitant de l’île de Taquile (Lac Titicaca)
Plage de l’île Taquile, sur le lac Titicaca

De Puno à Cusco

Le trajet en train reliant Puno à Cusco est un enchantement constant. D’abord, au petit matin, le train s’arrête dans un village rural, Marangan, au milieu d’un champ parsemé de petits tas de pommes de terre. La nuit, les tubercules gèlent, et dès potron-lama (très tôt, mais au Pérou…) des femmes en jupe et bas de laine les retournent juste avant l’apparition du soleil afin qu’elles dessèchent. Pas les femmes, les pommes de terre, quoique le visage de ces viejas, ratatiné et flétri, finit par ressembler à ces pommes de terre qu’elles se sont échinées à racornir au soleil toute leur vie… Elles sont comme des poupées russes, emmitouflées dans plusieurs couches de vêtements, et elles peuvent porter jusqu’à 10 jupes les unes sur les autres ! Les rares habitants qui se trouvent à cette heure-là dans les rues glaciales se réchauffent les doigts et le corps en buvant du thé au lait brûlant servi par une vendeuse ambulante postée sur la place du village. Cet arrêt du train en dehors des habituels sites touristiques permet de saisir une tranche de vie authentique d’un village péruvien, et cela prouve que dans ce pays, le tourisme ne se réduit pas seulement en une collection de temples Incas. Tel que celui que l’on peut voir à l’arrêt suivant, sur le site de Raqchi. Ce temple du XVème s., dédié au dieu Wiracocha, était le seul temple Inca à posséder des colonnes. On prend conscience de son gigantisme grâce au vestige d’un mur de 12 m de haut. On y voit aussi des qolqas, structures en pierre rondes servant de stockage de céréales ou de pommes de terre déshydratées. Ce qui humanise ce site, c’est la présence de paysans, qui cultivent la terre avec leurs lamas à deux pas du temple, comme leurs ancêtres le faisaient il y a 5 siècles…

Marangan
Marangan
De Puno à Cusco en train
A Marangan
A Marangan
Vendeuse de thé à Marangan
Villageois de Marangan
Villageois de Marangan
Site de Raqchi
Alpaga devant le site de Raqchi
Paysans devant le site de Raqchi
Paysans devant le site de Raqchi
Serge le Lama…

Cusco

La suite du trajet vers Cusco est à faire le nez collé à la vitre du wagon-bar, ou mieux, sur la plateforme extérieure à l’arrière du train. La cordillère andine défile sous mes yeux ébahis, et son relief vigoureux forme un paysage splendide : au premier plan, les champs en terrasses de maïs, de blé ou de pommes de terre, où travaillent les paysans avec leurs lamas ; derrière, des villages aux maisons en brique ou en pisé se blottissent le long de la majestueuse rivière Urubamba ; et au fond étincellent les neiges éternelles des sommets andins. Cusco est une ville de 400 000 hab construite dans une cuvette. C’était la capitale des Incas, et leur génie architectural se voit encore dans les soubassements des maisons les plus anciennes, faits de blocs colossaux de pierre volcanique, agencés à la perfection, et inclinés de telle sorte qu’ils puissent résister aux tremblements de terre… Heureusement, les conquistadors n’ont pas tout détruit, et vous pourrez visiter le Temple du Soleil (le Vatican des Incas !), transformé en cloître par les prêtres dominicains, et dépouillé de tout l’or qui recouvrait ses murs de pierre noire volcanique… Comme curiosités, il y a un tableau figurant le Christ en jupon avec St-Jean qui chique de la coca, un autre montrant la circoncision du petit Jésus, et une statue de la Vierge enceinte ! Les prêtres ont fait des concessions aux peintres indigènes qui avaient moins de pudeur à représenter les choses de la vie… A voir également, une plaque d’or sur laquelle sont représentés les principaux symboles de la mythologie inca. J’ai passé beaucoup de temps à flâner autour de la grande place d’Armes, qui donne accès à la cathédrale. En mai et juin, pendant les fêtes du Soleil, il y a tous les jours des processions et des danses, ce qui permet d’apprécier la diversité des costumes et de se rendre compte de la richesse et de la vivacité du folklore péruvien. Toutes les écoles de la région défilent, les gamins dès 4-5 ans connaissent les chorégraphies, c’est un spectacle très plaisant. L’autre visite incontournable est le marché couvert de San Pedro, qui regorge de fruits et légumes inconnus en Europe, et de montagnes de fleurs. Plus insolite, des fromages et du cuy, le cochon d’Inde rôti, qu’on voit aussi empalé sur des brochettes le long des routes… J’ai dénombré une trentaine de variétés de pomme de terre (les Péruviens consomment en moyenne 75 kg de patates par an !), et presque autant de maïs de toutes les couleurs. Il y a aussi d’énormes tas de feuilles de coca : il faut savoir que ces feuilles au pouvoir stimulant (dont les Péruviens raffolent) proviennent d’un arbuste s’épanouissant dans la forêt tropicale, et c’est ce qui a poussé les Incas à migrer du lac Titicaca jusqu’à la forêt amazonienne !

Rivière Urubamba
Scène de la vie rurale vue du train
Place d’Armes de Cusco
Place San Blas, à Cusco
Fêtes du Soleil sur la place d’Armes à Cusco
Fêtes du Soleil sur la place d’Armes à Cusco
Au Temple du Soleil, à Cusco
Statue de « l’Inca vengeur » sur la place d’Armes de Cusco
Ecoliers défilant lors des fêtes du Soleil, autour de la place d’Armes à Cusco
Musicien lors des fêtes du Soleil sur la place d’Armes à Cusco
Jeune danseur lors des fêtes du Soleil sur la place d’Armes à Cusco
Jeune danseur lors des fêtes du Soleil sur la place d’Armes à Cusco
Au marché San Pedro de Cusco
Au marché San Pedro de Cusco
Au marché San Pedro de Cusco
Stand de pommes de terre au marché San Pedro de Cusco

Enfin, Cusco possède un site archéologique, situé sur les hauteurs de la ville : Saqsaywaman. Ce n’est pas le plus impressionnant des sites Inca, mais on y voit des murs constitués d’énormes blocs de pierre (jusqu’à 120 t !), et à l’entrée du site paissent des lamas à poil long très photogéniques, appelés suri et surnommés « lamas rastas »…  

Site archéologique de Saqsaywaman, à Cusco
Site archéologique de Saqsaywaman, à Cusco
Lamas et alpagas devant le site archéologique de Saqsaywaman, à Cusco
Lama « rasta » devant le site archéologique de Saqsaywaman, à Cusco
Lama « rasta » devant le site archéologique de Saqsaywaman, à Cusco

La Vallée sacrée

A partir de Cusco, la principale excursion consiste à rejoindre Urubamba, la ville portant le nom de la rivière éponyme. C’est cette rivière qui est sacrée, pour les Incas, rendant aussi « sacrée » la vallée qu’elle a creusée. A 2800 m d’altitude, on souffre moins du mal des montagne, le climat est meilleur, et c’est une bonne idée d’étape pour se refaire une santé et visiter les nombreux sites archéologiques de la vallée. A commencer par Pisac, ou il faudra remonter à 3800 m pour admirer les ruines de ce village Inca du XVème siècle, construit sur une arête rocheuse par le roi Pachacutec. On y distingue des temples, des bains de purification, des fontaines, et l’une des plus grandes nécropoles incas à ciel ouvert, composée de plus de mille sépultures creusées dans une falaise. Le paysage est somptueux, car toutes les pentes sont aménagées de cultures en terrasse qui épousent le relief, sortes d’escaliers de géants au tapis herbeux qui permettent d’accéder aux temples et aux dieux. 

Péruvienne et son lama, au bord de la route
Pisac
Terrasses de Pisac
Au marché de Pisac
Au marché de Pisac
Cochon d’Inde grillé (cuy) d’un rabatteur de restaurant
Danses au restaurant Wayra d’Urubamba

De l’autre côté d’Urubamba, Ollantaytambo est une forteresse inachevée, construite en l’honneur d’Ollantay, l’un des chefs de guerre du roi Pachacuti. Là aussi, de très belles terrasses habillent les pentes du piton rocheux, que tout le monde grimpe pour aller voir un mur de 3 m de haut, constitué par six monolithes de porphyre rouge, assemblés entre eux avec une grande précision. Le guide fait remarquer l’inclinaison des murs, calculée pour que le temple résiste aux tremblements de terre !

Site d’Ollantaytambo
Site d’Ollantaytambo
Devant le site d’Ollantaytambo
Sur la place du village d’Ollantaytambo
Sur la place du village d’Ollantaytambo

Au site archéologique de Moray, vous verrez trois énormes dépressions dont les bords sont aménagés en terrasses concentriques. On ne sait pas si ces trous ont été creusés par des météorites, par l’érosion ou par la main de l’homme, mais ce qui est certain, c’est que ces terrasses servaient à la culture. Les archéologues pensent même que les Incas s’en servaient non pour la consommation, mais pour produire des semences. En effet, chaque niveau comporte un type de terre différente (plus ou moins enrichie par du guano de lama), et les scientifiques ont établi que chaque niveau est une niche écologique avec une température différente de celle d’au-dessus et d’en dessous. Cela permettait donc aux paysans de produire des semences de dizaines de variétés différentes de pomme-de-terre, de maïs ou de quinoa. Le site a conservé cette fonction agricole jusqu’en 1950 !

Terrasses concentriques de Moray
Terrasses concentriques de Moray

Le village voisin, Maras, est peu touristique. Baladez-vous dans ses ruelles pour voir des scènes de la vie rurale quotidienne. Les Péruviens que vous y croiserez n’ont rien à vous vendre, et sont en général ravis d’échanger quelques mots avec vous.

Les interactions sont très différentes à Chinchero, un village réputé pour la qualité de son artisanat, et donc très touristique. La visite des centres de tissage est un peu « mécanique », on sent que les employés récitent un texte bien appris… C’est tout de même intéressant de voir comment la laine de lama ou d’alpaga est filée, colorée avec des pigments naturels tel que la cochenille, et tissée sur des métiers rudimentaires et individuels. La place principale, située devant l’église de la Nativité (1607) abritant des fresques et des peintures naïves, est pleine de vendeuses au traditionnel chapeau rond et rouge. Dans le champs attenant, des femmes épluchent des patates noircies par le gel et par le soleil. L’une d’elle m’a appris en riant qu’une variété, particulièrement difficile à éplucher, était surnommée « faire pleurer la belle-fille », car c’est celle que les mères donnent à éplucher à leur bru, pour tester leur résistance au travail… Dans les ruelles pavées s’ouvrent des échoppes d’artisan, dont celle de German : c’est le meilleur graveur de calebasse du village (et le plus sympathique !).  

Place de Chinchero
Centre de tissage de Chinchero
Centre de tissage de Chinchero
Tisseuse au centre de tissage de Chinchero
Eplucheuse de patates à Chinchero
Péruvienne à Chinchero
Epluchage des pommes de terre séchées
Pommes de terre déshydratées
German, à Chinchero
Calebasse gravée
Faitière de toit à Chinchero

Juste à côté de Chinchero s’étend un beau lac, le lac de Piuray, où vivent des communautés qui ont compris tout l’intérêt qu’elles ont à s’ouvrir à une forme de tourisme solidaire et responsable. Lors de mon précédent reportage, j’avais déjà été accueilli dans un village proche d’Umasbamba par des femmes qui confectionnaient un repas traditionnel pour de petits groupes ou des individuels, et qui montraient après le déjeuner l’art du tissage quechua (https://reportages-tourisme.com/category/destinations/ameriques/amerique-du-sud/perou/).  Cette fois, au bord de la rive sud du lac, c’est une famille qui prépare devant les convives la pachamanca, repas de fête cuit à l’étouffé dans un trou creusé dans le sol, sur des pierres chaudes, et recouvert de roseaux ou de feuilles de bananiers. Ce nom signifie d’ailleurs « pot de terre » en quechua. Après une longue cuisson, qui permet de profiter de la sérénité émanant de ce lac andin (location de kayak possible), on se régale des drôles de pommes de terre fondantes, du manioc et des viandes aromatisées d’herbes, sous le regard amusé et tendre de Bacila, la cuisinière en chef, qui a nommé son petit coin de paradis : « Outdoor Piuray ».

Pachamanca au lac Piuray
Pachamanca au lac Piuray
Pachamanca au lac Piuray
Pachamanca au lac Piuray
5 variétés de pommes de terre
Bacila, de l’Outdoor Piuray

Le Machu Picchu

Depuis Cusco, la compagnie Perurail propose 4 types de trains pour rallier Aguacalientes, la ville située au pied du plus fabuleux site Inca d’Amérique du Sud. Par ordre de confort croissant, il y a le Expédition (110 $ A/R), le Vistadome (140 $ A/R), le Sacred Valley (180 $ A/R) et le Hiram Bingham (600 $ A/R). J’ai eu la chance d’être invité dans le dernier cité, et le prix élevé est justifié par le fait que les voyageurs sont choyés comme des passagers d’un avion en 1ère classe : wagons boisés somptueux, service impeccable d’un excellent repas, open bar, musiciens, etc… Mais si vous ne désirez pas casser la tirelire, le trajet est le même pour tous les trains, et le Vistadome, équipé de grandes baies vitrées (y compris au plafond), permet de bien profiter des paysages qui défilent. Au fur et à mesure que l’on se rapproche d’Aguacalientes, la végétation change car on se rapproche de la jungle amazonienne, avec ses arbres immenses, ses plantes épiphytes, ses bambous, ses fougères arborescentes… 1h45 de bonheur !

Plateforme arrière du Hiram Bingham
Wagon-restaurant du Hiram Bingham
La Vallée Sacrée en allant vers le Machu Picchu

Quant au site lui-même, inutile de s’étendre, c’est magique. D’autant plus que j’écrirai prochainement un article uniquement sur le Machu Picchu. Aucun autre site archéologique ne procure autant d’émotion que les ruines de ce village perché au plus près des cieux. Qu’il soit inondé de soleil ou nimbé d’une fine brume, le Machu Picchu (vieille montagne en quechua) est empreint d’une force mystique qui fascine tout visiteur. Il a peut-être été construit dans ce but… Après avoir parcouru le site en long, en large et en travers, chacun s’assure de faire un bon selfie, afin de garder en souvenir ce passage sur l’une des merveilles du monde, symbole de ce voyage d’exception, qui pour beaucoup sera le plus beau de leur vie !

Le Machu Picchu
Le Machu Picchu
Ruines du Machu Picchu
Terrasses du Machu Picchu
Mur d’un temple au Machu Picchu
Au Machu Picchu

PRATIQUE

Y aller : Air France a des vols Paris/Lima à partir de 900 € A/R, et Air Europa, via Madrid, à partir de 700 € A/R.

Circuit : Evaneos propose « Les essentiels du Pérou », un circuit privé en 1/2 pension de 9 j avec chauffeur et guide, vols intérieurs, entrées aux sites et transferts, à partir de 1950 €/p. https://www.evaneos.fr/perou/itineraire/16106-les-essentiels-du-perou/

Bonnes adresses

A Lima :  AC Lima Miraflores, hôtel 5 * idéalement situé à Miraflores en bord de mer. Restaurant du musée Pedro de Osma : l’un des meilleurs ceviche et pisco sour de la ville !

A Cuzco : Inkarri : hôtel 3 * avec patio, jardin et wifi, situé dans une ruelle calme proche du centre historique. Limo : sur la place d’Armes, restaurant proposant une cuisine fusion péruvienne-nikkei.

A Arequipa : La Nueva Palomino : auberge authentique fabricant la chicha.

Shopping

Tous les sites archéologiques disposent d’un petit marché artisanal pour acheter les babioles-souvenir (lamas en pierre, bonnets péruviens, sacs colorés ou autres articles faits main locaux). Pour les articles en alpaga, assez chers, mieux vaut les acheter (avec certificat d’origine garantie) dans un des magasins du centre d’Arequipa ou de Cuzco. A Lima (où l’on repasse généralement avant de reprendre l’avion), voici deux bonnes adresses pour vos derniers achats :

« Las Pallas », à Barranco, boutique de Marie Solari, une passionnée d’archéologie qui propose de l’artisanat traditionnel (tel que ces étonnants tableaux en relief faits en farine de pomme de terre cuite), et des objets plus rares et authentiques, dignes de figurer dans un musée.

« El Dedalo » (fait aussi café) à Miraflores, beaucoup plus éclectique et branché, avec de l’habillement et de l’art contemporain.

Infos : http://www.peru.travel/fr

Un grand merci à PromPeru France, à Maria Elena Corvest et Adolfo Sanchez, que j’ai eu le plaisir de côtoyer durant ce fabuleux voyage de presse ! 

Le cochon d’Inde, très apprécié au Pérou…

Le Mont-Saint-Michel

Chef d’œuvre du patrimoine de l’humanité, le Mont-Saint-Michel est aujourd’hui le site touristique de province le plus visité de France. Voici un aperçu de ce qu’il y a à voir et à faire autour de la célèbre abbaye perchée sur son rocher.

Le Mont…

Dire que le Mont-Saint-Michel est très fréquenté, est un doux euphémisme (sauf en période de confinement, bien entendu…). Il faut donc s’organiser un tant soit peu afin d’effectuer la visite dans de bonnes conditions, plutôt que de jouer des coudes dans la foule, et de ne pas pouvoir profiter sereinement de la Merveille. Premier conseil : arriver le plus tôt possible. Dès potron-minet, le Mont appartient encore à sa vingtaine d’habitants (dont 15 religieux !), et l’on voit passer furtivement la robe de quelque sœur, ou la tonsure d’un frère… Deuxième conseil : suivre une visite guidée. En effet, seul un guide compétent vous fera apprécier le Mont d’hier et d’aujourd’hui, et vous permettra d’éviter les « pièges à touristes », hélas nombreux, qui tentent d’attirer le chaland à coup de promesses mirobolantes et de réclames tapageuses… Amélie, ma guide, a su me tenir en haleine dès la première minute, en truffant d’anecdotes son récit historique. Après m’avoir raconté la véritable histoire de la mère Poulard, elle m’a guidé dans les étroites ruelles de traverse en évitant la Grande Rue, « beaucoup trop commerçante ». Comme le village n’a pas de nom de rue, auparavant, chaque maison avait un nom. On passe donc devant la maison Rouge, puis celle de la Truie qui File, celle de la Queue du Renard, avec à chaque fois une explication amusante… En arrivant devant l’église St-Pierre, construite à flanc de rocher, comme toutes les maisons, je tombe (c’est le cas de le dire !) sur un minuscule cimetière, et Amélie m’apprend que c’était l’église des gens du village, alors que l’abbatiale était celle des pèlerins. Après avoir franchi la salle des Gardes, l’entrée fortifiée de l’abbaye, nous cheminons sur un escalier encadré par les hautes façades de l’abbaye d’un côté et des logis abbatiaux de l’autre, avant de déboucher sur une terrasse offrant un panorama grandiose sur la baie. Par beau temps, on distingue même au large l’archipel des îles Chausey, d’où provient le granit qui a permis de construire l’abbaye. Et c’est de là que l’on a le meilleur point de vue sur la flèche du clocher, surmontée par l’archange saint Michel. Une superbe statue de 4 m de haut, dorée à l’or fin, qui culmine au-dessus du Mont, et qui scintille au soleil en déployant ses ailes dans une attitude à la fois protectrice et dominatrice… A l’intérieur de l’abbaye, Amélie enrichit ses explications architecturales et historiques de détails étonnants sur la vie des moines : « Au Moyen Âge, l’abbé avait tous les pouvoirs, y compris celui de la mort ! … Il existe dans une église d’Avranches le chef de saint Aubert, percé d’un trou fameux : c’est le crâne de l’évêque qui a construit ici le premier sanctuaire, au VIIIème siècle. La légende dit que saint Michel lui aurait fait ce trou pour l’obliger à établir ce sanctuaire sur le Mont Tombe, qui était à l’époque un bout de rocher inhabité. Mais c’est sûrement un docteur qui a fait cette trépanation, sans doute pour ôter une tumeur… Cela n’empêche pas que des pèlerins sont longtemps venus boire un bouillon dans ce crâne pour guérir de la migraine ! »

Mes loulous…

…et la Merveille !

Puis nous entrons dans ce que l’on appelle la Merveille, un ensemble de six salles de l’abbaye. Dans le magnifique cloître, un esthétique jardin est entouré de fines colonnettes. Auparavant, les moines n’avaient droit qu’au jardin minéral sculpté sur les écoinçons. L’émerveillement est constant, en effet, du réfectoire très lumineux, à la crypte aux gigantesques piliers, en passant par la grande et belle salle des Chevaliers où les moines étudiaient… Devant l’énorme roue qui occupe l’ancien ossuaire des moines, Amélie questionne : « Devinez à quoi servait cette roue ? » Silence gêné… « …et bien c’était un monte-charge tourné par 6 hommes, comme des hamsters, en fait des prisonniers puisque le Mont-Saint-Michel a servi de prison de 1793 à 1863 ! » On sort généralement ravi d’une telle visite, avec le sentiment d’avoir appris beaucoup de choses, et d’avoir bien « compris » le Mont-Saint-Michel. Et l’on peut alors grossir le flot des badauds dans la rue principale, et se laisser aller à des plaisirs plus matériels et consuméristes, comme celui de manger une crêpe ou une glace (selon la saison), ou d’essayer de trouver un souvenir pas trop kitsch…

La traversée de la baie à pieds

Jean-François Delanoë, guide naturaliste, attend que les touristes réunis autour de lui soient attentifs. Malgré le vent frais qui picote les joues, et le froid qui monte sans doute dans ses jambes (il est pieds nus !), Jean-François prend le temps d’expliquer le phénomène d’ensablement de la baie. Les sédiments s’accumulent, le niveau du sol monte de 2 à 3 cm par an, permettant à des plantes haliophiles (qui aiment le sel), de coloniser ce qu’on appelle les prés-salés. D’où le surnom des moutons à tête et pattes noires qui paissent là en liberté, sauf en période de grande marée, où la mer recouvre tout. On se penche pour ramasser quelques pousses de salicorne, plante comestible qu’on utilise ici un peu comme du cornichon. Mais il ne faut pas toucher à l’obione, plante protégée ! La promenade à pieds, ou mieux encore, la traversée de la baie, est une expérience indispensable pour bien comprendre la complexité et la richesse de l’écosystème de la baie du Mont-St-Michel. Bien entendu, il faut absolument suivre un guide, car se promener à pieds autour du Mont, même à marée basse, n’est pas sans danger. « A l’entrée de la baie il y a 15 m de marnage, c’est le plus haut d’Europe ! Pendant les grandes marées, la mer recule jusqu’à 15 km ! Et comme elle monte toujours plus vite qu’elle ne descend, le risque de se faire encercler est grand, car on ne la voit pas venir. C’est de là que vient la légende de la mer qui monte ici à la vitesse d’un cheval au galop. C’est faux, mais tout de même, elle peut monter jusqu’à 15 km/h ! Et à ce moment là, croyez-moi, vous n’avez pas le temps de vous enfuir… » prévient Jean-François, en rappelant que des imprudents se font régulièrement secourir par hélicoptère. Autre rumeur que se charge illico de démentir le guide, en joignant le geste à la parole : il y aurait des sables mouvants autour du Mont-Saint-Michel. « C’est partiellement vrai. En fait, il n’y a pas d’endroits qui vous engloutissent d’un coup, et la plupart du temps, les gens marchent sur du sable mouvant sans s’en rendre compte. D’ailleurs, on est sur du sable mouvant en ce moment même ! » ajoute le guide d’un air facétieux… Chacun regarde ses bottes avec un mélange d’incrédulité et d’inquiétude, quand Jean-François ajoute : « sautez sur place, s’il vous plaît ». On s’exécute docilement et pataugeons dans le sable humide, et peu à peu le sable s’efface sous nos pieds, emprisonnant vite nos bottes. « Stop ! Regardez maintenant !» crie le guide, hilare, qui se met lui-même à trépigner sur place. Petit à petit, Jean-François s’enfonce sous nos yeux ébahis, et s’arrête de gigoter quand il se retrouve ensablé jusqu’au bassin. Il ne peut plus bouger, et nous explique maintenant la technique nécessaire et les bons gestes à avoir (à part appeler au secours) pour se sortir de ce piège tout seul. Très impressionnant ! Mais il n’y a pas de danger si l’on ne s’attarde pas sur place. C’est comme la tangue (la vase). Lorsqu’il faut traverser ces étendues de vase grise et visqueuse, il faut marcher rapidement pour ne pas laisser le temps à la vase d’engluer la botte. Plus d’un étourdi y a laissé la sienne ! Une fois que l’on s’est habitué à progresser dans le sable, et à traverser les criches (rigoles creusées par la mer) sans encombres, on peut profiter du paysage tout en écoutant les commentaires historiques du guide, qui ne se lasse pas de gloser sur les Anglais qui n’ont jamais réussi à prendre le Mont-Saint-Michel, ni de s’extasier sur la prouesse de ces moines-bâtisseurs. Nous rebroussons chemin à hauteur de Tombelaine, cet autre rocher immergé dans la baie, qui est aujourd’hui une réserve ornithologique. Nous n’avons pas eu la chance d’apercevoir la colonie de phoques veaux-marins qui a établi domicile dans la baie, mais nous avons pu observer des aigrettes garzettes, des huîtriers-pies et de nombreux goélands. C’était une balade passionnante, vivifiante, mais aussi assez fatigante. De nombreux guides privés proposent leurs services pour traverser la baie, ou pour faire des balades commentées, que ce soit au départ du parking du Mont-Saint-Michel, ou au départ du Bec d’Andaine, de l’autre côté de la baie, vers Genêts. Les sorties varient de 2 h à 6 h, en fonction du parcours (de 5 à 15 km). En cas d’aller simple, retour en bus prévu.

A savoir

Lorsque j’ai fait ce reportage, il y avait un parking devant les remparts. Aujourd’hui, de grands travaux ont permis au Mont de retrouver son caractère insulaire, et le parking est repoussé à 2,5 km. On peut rejoindre le Mont Saint-Michel à pieds en empruntant la passerelle d’accès, ou prendre une navette (de 7 h à minuit), dont le prix est inclus dans le tarif du parking. En prenant les premières navettes, vous arriverez bien avant la cohorte des groupes en autocar, et vous profiterez de l’ambiance intime du village, et de son caractère médiéval.

Pratique

Se renseigner

OT : https://www.ot-montsaintmichel.com/

CDT : www.manchetourisme.com

https://www.decouvertebaie.com/

Guide : Amélie Saint-James (06 15 56 22 16)

Amélie Saint-James, guide au Mont-Saint-Michel

Se loger

Camping Haliotis (3*), à Pontorson : à 9 km du Mont, le long du Couesnon, camping accueillant et très bien équipé (piscine chauffée, sauna, et wifi gratuit).  www.camping-haliotis-mont-saint-michel.com

Village de gîtes de l’Anse de Moidrey (à 5 min du Mont), où de confortables maisonnettes sont à louer à partir de 95 €/nuit pour 4p. http://www.village-gites-mont-saint-michel.com/

Bonnes adresses

Marée Time : coup de cœur pour ce resto situé le long du Couesnon, dont la salle du 1er étage avec terrasse panoramique offre un superbe point vue sur le Mont. On s’y régale de fruits de mer et de moules, de poisson extra frais… Au rez-de-chaussée, la boutique vend des moules de bouchot et des huîtres de Cancale, et prépare des plateaux de fruits de mer à emporter.

La Ferme Saint-Michel : sur la route du Mont, vers Beauvoir. Magnifique salle dans une grange restaurée à la charpente apparente. Immense cheminée dans laquelle le chef fait griller les viandes, dont l’agneau pré-salé, bien sûr ! Menus de 25 à 39 €.  http://www.restaurantfermesaintmichel.com/

Gênes, avec plaisirs

La capitale de la Ligurie abrite derrière son grand port une vieille ville fascinante par son histoire, son architecture et sa gastronomie. Une découverte à combiner avec Portofino, un ancien village de pêcheur devenu la perle de la Riviera du Levant.

A Gênes, tout est une question de palais. De ceux qui témoignent de la prospérité passée de la ville, et de celui qui se délecte à chaque coin de rue de la street-food locale. Au Moyen-âge, les croisades et les navigateurs – dont Christophe Colomb – ont institué Gênes comme place-forte du commerce européen. Sa prospérité s’est accrue avec le développement des banques, à tel point qu’au XVIème s, la République de Gênes a construit un quartier de luxe afin d’accueillir ses hôtes de marque. Les grandes familles génoises ont alors bâti des palais Renaissance ou baroques en rivalisant de magnificence, et 42 de ces palais dit « des Rolli », sont inscrits au patrimoine mondial de l’Humanité. C’est un plaisir de se promener via Garibaldi en admirant ces magnifiques façades en marbre de Toscane, ornées de stuc, colonnades ou cariatides, d’apercevoir leurs vestibules grandioses et leurs jardins agrémentés de fontaines et de nymphes. N’hésitez pas à pousser toutes les portes qui s’ouvrent, elles vous réservent parfois des surprises ! Des banques sont installées dans d’anciens palais, des magasins, aussi, et il est très agréable de faire son shopping dans un décor aussi somptueux ! Parmi les palais qui sont devenus des musées, ne manquez pas le palazzo Reale. Somptueusement meublé et décoré, ce petit Versailles génois a même sa galerie des Glaces…

ITALIE – Gênes Place Ferrari
ITALIE – Gênes Ancienne Bourse, piazza Ferrari
ITALIE – Gênes Lion en marbre devant la cathédrale San Lorenzo
ITALIE – Gênes Eglise de San Matteo
ITALIE – Gênes Piazza di San Matteo
ITALIE – Gênes Ruelle du centre historique
ITALIE – Gênes Eglise San Pietro di Banch
ITALIE – Gênes Arcades de la via XX Settembre
ITALIE – Gênes Intérieur de la cathédrale San Lorenzo
ITALIE – Gênes Ruelle du centre historique
ITALIE – Gênes « tableau » d’angle
ITALIE – Gênes
ITALIE – Gênes Statue d’angle de madone
ITALIE – Gênes Via Garibaldi Au Palazzo Reale
ITALIE – Gênes Via Garibaldi Au Palazzo Reale
ITALIE – Gênes Via Garibaldi Au Palazzo Reale
ITALIE – Gênes Via Garibaldi Au Palazzo Reale
ITALIE – Gênes Palais abritant la Chambre de Commerce
ITALIE – Gênes Via Garibaldi
ITALIE – Gênes Vestibule d’un palais abritant la Deutsche Bank
ITALIE – Gênes Palais transformé en magasin d’art ménager : « Via Garibaldi 12 »
ITALIE – Gênes Palais transformé en magasin d’art ménager : « Via Garibaldi 12 »

Plaisirs des yeux et de bouche

A propos de glaces, vos déambulations sous les hautes arcades de la via du XX Settembre pavée de mosaïques, ou dans le lacis des venelles gouailleuses près du port, seront rythmées par des tentations gourmandes : ne résistez pas ! Dégustez une glace artisanale en contemplant la façade historiée de l’église San Lorenzo, dévorez une focaccia (fougasse) encore chaude sur le port relooké par Renzo Piano, et croquez dans un canistrelli avec un espresso servi en terrasse sur une placette du centre historique… Au mercado oriental, marché couvert regorgeant de tous les bons produits du terroir italien, demandez à goûter au pesto fait main, au mortier. C’est la spécialité génoise par excellence, à savourer avec les pâtes, bien sûr !

ITALIE – Gênes Gâteau génoise « panarello », spécialité de la pâtisserie « Panarello », via San Vincenzo, 82
ITALIE – Santa Margharita Ligure Foccacia à « Pinamonti », via Cavour
ITALIE – Gênes Foccaceria via San Lorenzo
ITALIE – Gênes Foccaceria « Il Ristoro dei Grimaldi », vico San Luca
ITALIE – Gênes Antico Polleria (rôtisserie de poulet)
ITALIE – Gênes Foccacia au pesto au restaurant I Tre Merli
ITALIE – Gênes Semi-fredo au restaurant I Tre Merli, sur le port
ITALIE – Gênes Au marché oriental
ITALIE – Gênes Au marché oriental
ITALIE – Gênes Pâtes fraiches au marché oriental
ITALIE – Gênes Pâtes au marché oriental
ITALIE – Gênes Pâtes fraîches au Mercado oriental
ITALIE – Gênes Roberto Panizza, au restaurant Il Genovese
ITALIE – Gênes Au magasin « Liguria in Bottega », via Banchi 7
ITALIE – Gênes Au port relooké par Renzo Piano

Les perles de la riviera génoise

En allant vers le Levant, la côte rocheuse abrite de ravissants villages de pêcheurs, dont les maisons colorés s’enroulent autour d’une plage de galets. Aux portes de Gênes, voici d’abord Boccadasse, petit amphithéâtre aux maisons colorées, qui offre chaque après-midi le spectacle populaire de la joie simple du bain de mer. Il faut explorer ses creusets – ruelles en pente pavées de galets- où patientent les chats (certainement attirés par les odeurs de poisson grillé qui s’échappent des cuisines), pour ressentir l’ambiance chaleureuse et inimitable d’un petit port italien. Un peu plus loin, Nervi est apprécié pour son grand parc élégant et fleuri, et sa côte rocheuse n’empêche pas les locaux de se prélasser sur des transats au bord de la Grande Bleue. Quant à Portofino, abrité derrière un cap rocheux, ce n’est plus « un petit port qui s’étend comme une demi-lune autour d’un bassin silencieux » comme l’écrivait Maupassant. Car ce petit bijou attire beaucoup de monde, surtout des jet-setters, et leurs immenses yachts dénaturent un peu la carte postale… Mais le charme opère quand même, et le point de vue sur ce port très esthétique est splendide depuis l’esplanade de la petite église San Giorgio. En poursuivant le sentier sur le cap rocheux jusqu’au phare de Portofino, l’ambiance change complètement. A mesure que s’éloigne le brouhaha du port, on entend les cigales, et l’on perçoit toute la beauté sauvage de ce maquis très odorant et très vert. Tout au bout, un petit bar surplombe la mer, juste sous le phare, et l’on peut profiter en toute tranquillité de la beauté du paysage… Il faut savoir qu’il y a très peu d’hébergements, à Portofino, et ils sont très chers. Le mieux est de poser ses valises à Santa Margharita, la ville la plus proche. Une ligne de bus fait le va-et-vient toute la journée, mais il faut éviter le taxi, c’est le trajet le plus cher du monde ! 50 euros pour 5 kms, qui dit mieux ? Une chouette ballade consiste à se rendre à Portofino à pieds, en longeant la côte. Cerise sur le gâteau (génois…), vous trouverez de petites criques rocheuses idylliques et paisibles, pour avoir le plaisir de piquer une tête dans l’eau chaude et turquoise de la Méditerranée. A Santa Margharita, il faut visiter la villa Durazzo, un élégant palais du XVIème siècle, résidence d’été d’un riche marquis génois, où l’on peut admirer une collection d’objets d’art anciens : sculptures en marbre, tapisseries, art chinois… La villa est entourée d’un superbe parc dominant la ville et la mer.

ITALIE – Gênes Boccadasse
ITALIE – Gênes Boccadasse
ITALIE – Gênes Boccadasse
ITALIE – Gênes Boccadasse
ITALIE – Gênes Pont romain à Nervi
ITALIE – Gênes Côte rocheuse vers Nervi
ITALIE – Gênes Côte rocheuse vers Nervi
ITALIE – Gênes Côte rocheuse vers Nervi
ITALIE – Portofino Vue depuis le parvis de l’église Saint-Georges
ITALIE – Portofino
ITALIE – Portofino
ITALIE – Portofino Vue depuis le parvis de l’église Saint-Georges
ITALIE – Portofino
ITALIE – Portofino Parvis de l’église Saint-Georges
ITALIE – Portofino Piton rocheux vu de l’église Saint-Georges
ITALIE – Portofino
ITALIE – Santa-Margharita Ligure
ITALIE – Santa-Margharita Ligure Jardins de la villa Durazzo
ITALIE – Paraggi
ITALIE Petite crique entre Portofino et Paraggi
ITALIE Petite crique entre Portofino et Paraggi

Pratique

Y aller : A 2 h en voiture de Nice, 1h30 de train de Milan. Environ 30 minutes de train entre Gênes et Santa Margharita Ligure.

Se loger :

*Bristol palace (4*), à Gênes : idéalement situé pour visiter Gênes à pieds. A partir de 155 € la ch double en B&B. https://www.hotelbristolpalace.it/fr

* Helios (4*), à Santa Margharita : hôtel posé sur la plage, à partir de 220 € la ch double en B&B. https://www.hotelhelios.com/fr/home

Bonnes adresses :

A Gênes :

Il Genovese (35 via Galata et sur le port de Boccadasse) : pour déguster le meilleur pesto de Gênes ! Son sympathique fondateur, Roberto Panizza, a déjà remporté le concours de meilleur pesto du monde…

Al Veliero (10, via Ponte Calvi) : tout près du port, petit resto qui ne maye pas de mine, mais qui offre une cuisine génoise authentique. Son cappon magro, une terrine de poissons et fruits de mer aux légumes verts, est à se damner !

Le Rune (13 piazza des Portello) : taverne très sympa, qui propose une cuisine génoise revisitée.

Antica Vaccheria (20 via Agostino Bertani, c’est à la sortie du funiculaire) : l’un des meilleurs glaciers de la ville.

Il Ristoro dei Grimaldi (vico San Luca) : l’une des meilleures fougasses de la ville.

Via Garibaldi 12 : c’est l’adresse et le nom de ce magasin d’art et d’artisanat de luxe, installé dans un palais Rolli.

Rivara 1802 (en face de la cathédrale San Lorenzo) : pour le mezzeri, un superbe tissu traditionnel génois.

Maddalive (20 vico alla Chiesa della Maddalena) : espace créatif qui propose des cours culinaires (café, pesto…) pour 40 €/p avec le déjeuner. https://maddalive.it/

A Portofino : Lo Stella (sur le port) : excellent restaurant de poissons et fruits de mer, avec spécialité de raviolis au poisson.

A Santa Margharita : Seghezzo (spécialités italiennes) ; Beppe Achilli (poissons et fruits de mer) ; Gelateria Centrale (pour ses glaces « pingouins » recouvertes d’une fine croûte de chocolat).

Se renseigner : www.visitgenoa.it ; www.lamialiguria.it ; www.italia.it

Un grand MERCI à mes guides italiens, à savoir :

Alessandro Ravera à Gênes et Boccadasse (ravera.alessandro@gmail.com)

Veronica Littardi à Portofino (+39 348 018 25 56)

Ciao, a pronto !!!

Yukon, au fin fond du Canada

Situé à l’extrême nord-ouest du Canada, à la frontière de l’Alaska, le territoire fédéral du Yukon se distingue par ses immensités sauvages et ses splendides paysages de montagnes, de forêt et de toundra. Connu pour avoir été le théâtre de la ruée vers l’or du Klondike, au début du siècle, le Yukon offre ses grands espaces aux amateurs de nature et d’aventure.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur un territoire aussi vaste que la France, le Yukon compte environ 38 000 habitants, dont les deux-tiers résident à Whitehorse, la capitale, l’une des seules villes dignes de ce nom. Le reste se répartit dans de petites communautés, le long des 11 routes que compte cette province canadienne. C’est dire que le reste du territoire est pratiquement vierge, et qu’on a plus de chance de rencontrer un ours ou un orignal qu’un trappeur au bord des lacs ou dans les forêts touffues. D’ailleurs, il a été édité un petit guide à l’intention des visiteurs, indiquant ce qu’il faut faire si l’on tombe nez à truffe avec un ours noir ou un grizzli. Heureusement pour le journaliste et hélas pour le photographe, je n’ai pas croisé le chemin d’un grizzli lors de ce voyage…

Whitehorse, capitale du Yukon

Après un voyage éprouvant, vous atterrirez à Whitehorse, la capitale du Yukon. 25 000 habitants, dont 4000 francophones. Cette petite ville représente environ 70 % de la population de la province, c’est dire si le reste du territoire est inhabité ! Une heure après être arrivé, Whitehorse vous aura déjà donné les clefs pour comprendre le Yukon. Dans le hall d’entrée de l’hôtel Gold Rush Inn, vous serez accueillis par des trophées de chasse et des animaux sauvages empaillés : c’est dire l’importance de la faune sauvage dans cette province. Dans la rue commerçante principale, la seule statue est celle d’un prospecteur minier du début du siècle dernier. On comprend comment est née la ville. Plusieurs magasins proposent de l’équipement outdoor (vêtements, matériel de trekking ou de chasse…), impliquant le fait que l’on vient au Yukon principalement pour profiter de sa nature. Enfin, vous trouverez aussi pas mal d’artisanat indien ou inuit, ce qui traduit l’importance des communautés autochtones dans cette province, où elles sont bien intégrées à la communauté. Dès que l’on sort de la ville, on se rend compte que la nature est identique à celle qu’ont connu les premiers explorateurs et les chercheurs d’or qui ont sillonné cette vaste contrée sauvage il n’y a pas si longtemps que cela. Ceux d’aujourd’hui sont mieux équipés, et utilisent de gros 4×4 ou des hydravions pour se rendre en forêt. Sur la route qui mène à Miles Canyon, un superbe défilé rocheux creusé par l’impétueuse rivière Yukon, on voit décoller ces hydravions sur le lac Schwatka, et lorsqu’ils sont dans le ciel, on dirait de gros insectes, comparés aux immensités qu’ils survolent.

Rivière Yukon à Miles Canyon
Touriste américain
A Whitehorse
Gold Rush Inn
Rivière Yukon vers Whitehorse
Hydravion sur le lac Schwatka

Dawson city entretient le mythe du chercheur d’or

C’est aussi par la voie des airs qu’il faut se rendre à Dawson City, première étape vers le Grand Nord. 650 km par la route, à doubler de gros trucks interminables, c’est long et fastidieux…Vue du ciel, la virginité et la beauté du Yukon apparaît dans toute sa splendeur, surtout en septembre-octobre, lorsque la forêt se teinte des couleurs de l’automne indien. Les pins aux troncs élancés et à la ramure peu touffue sont comme des pinceaux qui auraient pris les couleurs des essences de feuillus qui les entourent, du jaune clair au rouge foncé. Avec le vert des conifères, cela donne un tissu écossais dont les taches noires sont les innombrables lacs aux eaux sombres. Dès que l’on aperçoit les premières dragues, avec leur bras articulé qui rejette les gravats filtrés, Dawson City apparaît. Cette ville minière a poussé comme un champignon à la fin du 19e siècle lorsqu’une poignée de mineurs a découvert des filons d’or dans une rivière du coin, la Klondike river. Ce fut la célèbre « Klondike gold rush », la plus grande ruée vers l’or de tous les temps, qui attira ici des milliers de prospecteurs et d’aventuriers, avec la folle espérance de faire fortune. Mais il fallait braver la faim et le froid (il fait fréquemment – 50° C l’hiver ) et si certains découvrirent des filons, beaucoup ne trouvèrent que la mort. C’est cette incroyable aventure humaine qui est retracée dans le musée de Dawson, truffé d’objets de l’époque, de photos et d’anecdotes. On repense au film « La Ruée de l’Or » de Chaplin, lorsque Charlot était obligé de manger le cuir de ses chaussures : ce n’était pas que de la fiction ! Dawson a toujours des trottoirs en bois qui longent de larges rues en terre battue, des maisons en bois et des commerces aux façades dignes d’un décor de western, ainsi qu’un bateau à vapeur, en cale sèche. Et il y a un saloon, bien sûr : le « Diamond Tooth Gerties » est une institution, et chaque soir s’y retrouvent les touristes et les habitants de Dawson, qui ne se lassent pas d’assister au spectacle de french cancan. A moins qu’ils ne viennent que pour boire une bière et jouer leur salaire (ou leur retraite) aux machines à sous…  Ce qui est drôle, c’est que certains mineurs règlent leurs dettes en pépites d’or ! Car on trouve toujours de l’or à Dawson. Evidemment,  les mineurs actuels utilisent des moyens plus modernes que la traditionnelle batée, mais les touristes peuvent apprendre à la manier, pour de vrai : on vous met une poignée de sable aurifère dans la bassine, et vous devez la secouer dans l’eau pour arriver à faire tomber le sable et garder l’or au fond. Chacun repart fièrement avec sa petite fiole remplie de paillettes d’or. Pas de quoi devenir riche, mais on ressent un peu la fièvre du chercheur d’or, et c’est une expérience très excitante !

La rivière Yukon à Dawson
Dawson city
Le vapeur Keno à Dawson
Maison de Jack London à Dawson
Cabane à nourriture au musée de Dawson
Vieille loco au musée de Dawson
Le Diamond Tooth Gerties
French cancan au Diamond Tooth Gerties
Machines à sous au Diamond Tooth Gerties
Orpaillage touristique
Paillettes d’or
Pépites d’or

En route vers le cercle polaire…

Parmi les nombreuses excursions possibles à partir de Dawson, la plus belle est de suivre la Dempster Highway, la route qui conduit au-delà du cercle polaire jusqu’à Inuvik, un village d’Esquimaux. Dès les premiers kilomètres sur la piste de terre, les paysages deviennent somptueux. Progressivement, à mesure que l’on remonte vers le nord, la forêt de conifères laisse place à une toundra vallonnée, irriguée de rivières et de lacs, et colorée par les tapis rose ou mauves d’épilobes, cette jolie fleur emblème du Yukon. Si vous décidez de vous promener à pieds, ne vous fiez pas à la beauté virginale des lieux. La nature a ses habitants, et ce sont des bêtes sauvages. Les caribous ou les orignaux, même s’ils sont très impressionnants avec leur immense ramure, ne sont pas dangereux. Mais le grizzli ou l’ours noir sont des bêtes imprévisibles et très véloces. Mieux vaut rester dans sa voiture et les observer aux jumelles. Sur les pentes montagneuses aux cimes enneigées, les ondées sont fréquentes, et déclenchent des arcs en ciel éclatants. Si le jour, l’azur est fréquemment strié d’arcs multicolores, la nuit, qui est bien courte à ces latitudes, le ciel s’éclaire parfois d’aurores boréales. Cela vaut la peine de veiller jusqu’à la nuit noire, pour voir apparaître ces draperies célestes qui se déforment au gré des vents solaires, en prenant des teintes du vert au rouge. Ce phénomène féerique est si hallucinant que certains prétendent qu’on peut entendre les aurores boréales…

Dempster highway
Dempster highway
Dempster highway
Vue depuis la Dempster highway
Sentier au pays des ours
Biche de wapiti
Sur la Dempster Highway

Mais les gens d’ici racontent tellement d’histoires ! Qu’ils soient descendants de trappeurs, d’aventuriers, d’indiens, ou simples immigrants, les habitants du Yukon ont tous un caractère bien trempé pour vivre dans ce pays, surtout durant le long hiver. Alors on rencontre parfois des personnages étonnants comme un sosie d’Elvis Presley, ou un type qui a bricolé sa propre station de radio et qui est l’homme le plus tatoué du Yukon, ou encore ce barman du Downtown Hotel, à Dawson, qui propose à ses clients de boire le « sourtoe cocktail », un tire-boyau dans lequel macère un orteil humain… Mais sous la rudesse couve la gentillesse et l’hospitalité est une règle, au Yukon. Surtout de la part des francophones qui sont très actifs et particulièrement accueillants envers les français. Ils ont d’ailleurs édité une brochure qui recense tous les services (hôtels, restaurants, commerces…) où l’on parle français. L’idéal est de commencer son voyage en les rencontrant à Whitehorse (qui est jumelé avec Lancieux, en Bretagne) au Centre de la Francophonie. Tous les vendredi il y a des soupers-rencontres, et fin août, ils y organisent des épluchettes de blé d’Inde (littéralement enlever les feuilles aux épis de maïs), soirées animées où l’on joue, chante, danse autour d’un barbecue, et où l’on placotte (discute) en français. Certains vous inviteront peut-être dans leur cabane d’été au bord du lac Tagish, à une demie-heure de voiture de Whitehorse, sur lequel vous irez pêcher le saumon rouge et l’ombre arctique. De là, vous ne serez pas loin de Carcross, mignonne cité construite autour de sa gare, jadis florissante, un peu ville-fantôme aujourd’hui. Il faut rentrer dans son magasin général, l’un des plus vieux du Yukon, restituant parfaitement l’ambiance des entrepôts qui équipaient et alimentaient les aventuriers en quête d’or dans la région. Ceux-ci ont dû être fascinés par la beauté d’un lac tout proche, le lac Emeraude, dont la couleur irréelle des eaux, faisant croire qu’elles recouvrent un tapis d’émeraudes, ne pouvait qu’attiser l’imagination de leurs esprits avides de richesses.

Un des sosies d’Elvis
L’homme le plus tatoué du Yukon est aussi chasseur d’orignal
Auberge vers Carcross
A Carcross
Magasin à Carcross
Quad vers le lac Tagish
Canoë au lac Tagish
Le lac Tagish
Le lac Emeraude

…ou bienvenue en Alaska !

Si l’envie vous prend d’aller faire un petit tour en Alaska, rien de plus facile, il suffit d’emprunter l’Alaska Highway, et c’est tout droit ! La première étape sera Haines Junction, ville carrefour située au bord du parc national Kluane, sans doute l’un des plus beaux du Canada. Ici plus qu’ailleurs la nature est intacte, et les paysages sont rendus somptueux par une chaîne de montagnes constamment enneigée, dont le Mont Logan, culminant à 6000 m, est le sommet le plus élevé du Canada. C’est à ses pieds que s’étire en forme de « S » l’immense glacier Kaskawulsh, majestueux fleuve de glace alimentant le lac Kluane, qui avec ses 600 km de long, est le plus grand du Yukon. Une agence locale propose de survoler ces « champs de glace » en hélicoptère : c’est un must ! De là-haut, on apprécie beaucoup plus de ces fabuleux paysages, et l’hélico vole suffisamment bas pour distinguer les orignaux et les ours ! Retour sur l’Alaska Highway. A mesure que l’on se rapproche des montagnes de l’Alaska, la végétation se raréfie jusqu’à devenir une austère toundra rocailleuse. Après la frontière canadienne, il faut encore traverser un no man’s land (qui n’a jamais aussi bien porté son nom !), avant d’arriver à la frontière américaine. Beaucoup de touristes ne viennent ici que pour se faire prendre en photo devant le gigantesque panneau : « Welcome to Alaska ». Il est vrai qu’on se pincerait pour y croire…

Alaska Highway
Pine Lake, vers Haines Junction
Pine Lake, vers Haines Junction
Paysage vers Haines Junction
Rivière vue depuis l’Alaska Highway
Ranger du Kluane park
En hélico au-dessus du Kluane park
Glacier Kaskawulsh, dans le Kluane park
Au Kluane park
Au Kluane park
Frontière avec l’Alaska

Muktuk Adventures

A une vingtaine de kms au nord de Whitehorse, ce « ranch récréatif » situé au bord de la rivière Takhini permet de découvrir la nature sauvage du Yukon en toute sécurité. Vous y serez accueillis par une meute de 60 chiens de traîneaux, qui l’été peuvent vous accompagner dans vos treks. Lorsque j’y suis passé, il y en a même qui traînaient des quads ! Vous pourrez faire du canoë, accompagné ou pas, à la journée ou en itinérance, avec de 1 à 9 nuits de camping. Fait également location de chalets en bois. https://muktuk.com/

PRATIQUE

Y aller : Air Canada propose des vols Paris-Whitehorse, avec deux correspondances (et 32 h de trajet !) à partir de 600 €. Mais il faut s’arrêter à Montréal et passer la nuit à Vancouver. Vous pouvez aussi aller à Londres et prendre un vol Londres-Vancouver et Vancouver-Whitehorse dans la même journée. https://www.aircanada.com/fr/fr/aco/home.html#/ Enfin, il existe un vol Lufthansa Francfort-Whitehorse à partir de 700 €.

Bonnes adresses :

Inn on the Lake, à Whitehorse
Inn on the Lake, Whitehorse
Préparation du saumon pêché au Dalton Trail Lodge

A ramener : saumon sauvage fumé, pierres semi-précieuses, artisanat autochtone

A savoir :

  • meilleure période : de mai à fin septembre
  • décalage horaire : – 9 h
  • monnaie : le dollar canadien, cartes bancaires acceptées 

Se renseigner :

https://www.authentikcanada.com/fr-fr/tourisme/office-tourisme-canada

https://www.travelyukon.com/fr

Le pâté de Chartres

Ce pâté en croûte est né du mariage improbable entre le monde de la pâtisserie et celui de la chasse. Constitué à l’origine avec de la viande de gibier, ce pâté de luxe est enrobé d’une coque de pâte brisée et contient du foie gras.

Un pâté pour Henri IV ?

Selon la légende, les premiers pâtés de Chartres ont été réalisés à la fin du XVIème s., à l’occasion du sacre d’Henri IV. Mythe ou réalité ? Quoiqu’il en soit, la première mention de cette préparation charcutière de la bonne ville de Chartres remonte au XVIIème s., dans les vers d’un poète épicurien, amateur de bonne chère. Mais c’est au XIXème siècle que le pâté de Chartres obtient ses lettres de noblesse, notamment grâce à certains grands noms de l’époque qui en ont fait mention dans leurs œuvres, tel Alexandre Dumas dans son Dictionnaire de la cuisine, Victor Hugo ou encore Anatole France. Il obtient également une reconnaissance nationale en 1885 lorsque le pâtissier Voisin reçoit, lors d’un concours culinaire à Paris, une médaille d’or pour l’excellence de ses pâtés de Chartres. C’est lui qui en fige la recette, qui est d’ailleurs celle que prône la confrérie de « l’authentique Pâté de Chartres » fondée en 2005, afin de promouvoir cette spécialité culinaire incontournable d’Eure-et-Loir. Depuis 2011, le pâté de Chartres est même inscrit à l’inventaire du patrimoine culinaire, reconnu patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.  

Un pâté royal au goût de terroir

« Ce n’est pas exactement la même recette ! » précise Patrice Millet, membre de la confrérie et artisan-charcutier, l’un des 4 ou 5 derniers à confectionner toute l’année cette longue préparation charcutière. « Car à l’origine, les charcutiers chartrains ne faisaient ce pâté qu’en période de chasse, avec du pluvier guignard, un oiseau migrateur qui abondait en Beauce, ou avec de l’alouette. Le premier est devenu une espèce protégée, l’autre est rarement chassée, c’est pourquoi on utilise de nos jours plutôt du faisan, du perdreau, de la perdrix ou plus souvent du canard. Mais toujours avec du foie gras ! » insiste Patrice. En effet, c’est l’ajout de foie gras frais, au cœur du pâté, qui lui confère son prestige et son côté « royal ».  Ce jour-là, Patrice a réussi à avoir un faisan, mais s’il n’en a pas, il utilise la viande d’un canard de Barbarie. « C’est une préparation assez longue« , prévient-il, « qui se déroule sur quatre jours ! D’abord on mélange toutes les viandes et on laisse mariner deux jours avec des épices et des condiments. Le 2ème jour on prépare la pâte brisée qui doit rester au frais une nuit, et le lendemain on garnit le moule de pâte, et on ajoute la farce. Après cuisson, le pâté doit attendre encore un jour avant d’être consommé. » Patrice garde jalousement secret le détail de sa recette, tout au plus lâchera-t-il qu’il aromatise le pâté avec une pointe de coriandre et du cognac…

Jacky Charreau, un autre charcutier réputé pour son pâté de Chartres, est plus disert quant à sa fabrication. Dans son atelier de Le Coudray, situé au sud de Chartres, il n’hésite pas à me montrer le déroulé de sa recette : « D’abord j’émince au couteau de la gorge de porc, du filet mignon de veau, du magret de canard, et du foie gras frais en plus gros morceaux. Je mélange les viandes, en gardant le foie gras de côté, avec une compotée d’oignons, du sel, du poivre, un peu de madère et de porto, du laurier et des épices. » Quelles épices ? « Ah non, ça, je le garde pour moi ! » sourit l’artisan, qui précise : « De toutes façons, c’est au goût de chacun, si vous aimez telle ou telle épice, vous l’ajoutez ! » En effet, certains charcutiers ajoutent du cumin, des pistaches, d’autres de la truffe… Après avoir laissé mariner sa farce, Jacky beurre ses moules et les tapisse de pâte. « Il faut garnir la moitié du moule, mettre un médaillon de foie gras, puis recouvrir du reste de viande et d’un peu de bouillon fait à base d’os et de carottes, qui se transformera en gelée. Il ne reste plus qu’à fermer avec un chapeau de pâte crénelé comme une couronne, dorer au jaune d’œuf, et percer un trou pour laisser la vapeur s’échapper pendant la cuisson. Après 1 h à 160 °C et 45 minutes à 120 °C, c’est cuit ! »

Jacky Charreau

Une explosion de saveurs

Jacky ne propose pas toujours son pâté de Chartres dans ces petits moules cylindriques traditionnels de 15 cm de haut. Il prépare aussi une version allongée en terrine, plus pratique pour la vente en charcuterie au détail. Si vous voulez déguster un authentique pâté de Chartres servi à l’assiette, rendez-vous au Grand Monarque, une institution étoilée à Chartres. Ici, le chef Benoît Cellot concocte pour la brasserie « La Cour » un pâté de Chartres à l’ancienne, servi au guéridon avec tout son cérémonial. « Certains ajoutent du fumet de gibier dans leur pâté, ici, on n’utilise que du canard sauvage, c’est ce qui donne au pâté son goût de terroir. La compotée d’oignons et d’échalotes apporte de la rondeur à la farce.  Nous le servons avec des cerises noires ou au vinaigre, c’est sublime ! » A l’ouverture du pâté, une explosion de parfums appétissants font saliver, des saveurs carnées et pâtissières qui font se retourner les voisins de table…  Effectivement, c’est délicieux, le foie gras apporte du fondant et avec les cerises noires, la croûte donne l’impression d’être déjà au dessert ! Pour accompagner ce pâté en croûte (14 € à la carte), les amateurs de vin rouge se laisseront tenter par un Saumur-Champigny ou un Chinon, et en vin blanc, un Vouvray fera l’affaire.

La recette

(donnée par  Benoît Cellot, chef au Grand Monarque)

Pour la chair à pâtée

1 kg de canard (si possible sauvage)

250 g de veau

750 g de gorge de porc

100 g de foie gras

5 cl de cognac et 5 cl de porto

1 œuf

1 oignon et 1 échalote

Sel, poivre, thym et laurier

Pour la pâte

2 œufs

500 g de farine

180 g de beurre

125 g d’eau

+ un sachet de gelée, et un pot de cerises au vinaigre

Déroulé

– le 1er jour, découper les viandes en gros morceaux et faire mariner une nuit dans le cognac, le porto, le thym et le laurier.

– le 2ème jour, faire confire l’oignon et l’échalote, et ajouter à la viande qu’il faut découper en petits dés. Saler, poivrer, éventuellement ajouter une autre épice, et lier avec un œuf. Réserver 2 jours au frigo.

– le 3ème jour, préparer la pâte en mélangeant la farine, l’eau et les œufs. Ajouter le beurre bouillant en dernier. Faire une boule et réserver au frais.

– le 4ème jour, mettre la pâte à température ambiante. Beurrer un moule (moule à terrine si vous n’avez pas de moule à pâté de Chartres !). Abaisser la pâte et en garnir le moule, en gardant de la pâte pour le couvercle. Remplir à mi-hauteur de farce, déposer une couche de foie gras et recouvrir du reste de viande jusqu’en haut du moule. Mettre de la gelée maison si vous en avez. Sinon, Couvrir avec de la pâte, en pinçant les bords pour les souder. Décorer avec les chutes de pâte. Dorer au jaune d’œuf battu à l’aide d’un pinceau. Faire un trou au centre pour faire office de cheminée. Réfrigérer 1 h, puis enfourner pour une heure et demie à deux heures, à 150 °C. Une fois le pâté cuit et froid, préparer votre gelée en sachet, et l’introduire avec un entonnoir par le trou de cheminée. Mettre 12 h au frais, et déguster avec des cerises au vinaigre.

Bonnes adresses

Le pâté de Chartres est vendu entre 30 et 40 €/kg, selon les charcutiers.

La Grange du Coudray (chez Jacky Charreau), 124 rue de Voves à Le Coudray. (36 €/kg ) www.lagrangeducoudray.fr

Aux Délices de Saint-Antoine (chez Patrice Millet), 58 rue Pannard à Courville-sur-Eure. (34 €/kg)  www.charcuterie-traiteur-28.fr

Le Grand Monarque, 22 place des Epars, Chartres    www.bw-grand-monarque.com

Patrice Millet
Jacky Charreau
Benoît Cellot, chef au Grand Monarque

GUYANE, l’Amazonie française

Etant couverte à 97 % d’une dense forêt équatoriale, la Guyane, vue d’avion, ressemble à un vaste champ de brocolis, irrigué par des fleuves déroulant leurs méandres à la façon des anacondas. Cette jungle recèle une faune et une flore extraordinaires, que des réceptifs locaux font découvrir aux rares touristes venant de métropole. Ceux-ci ont donc la chance pouvoir observer dans leur élément naturel les animaux qu’on ne voit d’habitude que dans les documentaires à la télé. Singes de toutes sortes, caïmans, jaguars, toucans, sont ici chez eux, mais vous aussi, puisque c’est la France ! On se pince pour y croire, quand on descend en pirogue une rivière dont les eaux sombres sont hantées par des piranhas et des crocodiles, et qu’on aperçoit sur ses berges des capibaras (plus gros rongeur au monde) ou des loutres géantes… Pour ressentir le grand frisson de la jungle amazonienne, il faut s’engager dans la forêt avec un guide, et passer la nuit en hamac (avec moustiquaire…) dans un carbet aménagé, un abri sommaire ouvert sur l’extérieur. Ce qui permet de bien profiter du bruissement de la jungle, et d’être réveillé par les chants matinaux des oiseaux… ou des singes-hurleurs. Il est même possible de passer la nuit dans une cabane arboricole construite à 10 m du sol, et de grimper en rappel dans les arbres pour atteindre des plateformes d’observation, dont l’une est dans la canopée, à 42 m du sol ! Moins physique, et accessible à tous, la nuit passée dans un carbet flottant, sur les marais de Kaw. Pendant la sortie de l’après-midi en pirogue, Ricky, le guide et piroguier émérite, se charge de débusquer les animaux dissimulés dans les hautes herbes de la savane inondée, ou dans les branches du rideau d’arbres formant rempart au bord du marais. A 200 m, il repère le dos d’un paresseux, là où vous ne voyez qu’une grosse branche, devine où se trouvent les oiseaux (qu’il appelle les zozos, tout en étant capable de donner leur nom latin…), et détaille le mode de vie et les habitudes alimentaires de toute cette faune inféodée au marais. Il faut dire qu’il est né à Kaw, un village du bout du monde isolé en plein marais, où l’on s’arrête pour boire un verre, et où il est interdit de prendre les gens en photo… Pendant la sortie nocturne, Ricky montre toute l’étendue de son talent de guide en repérant les caïmans à la très faible lueur que leurs yeux réfléchissent sous le faisceau d’une torche. Il ne se fait pas prier pour attraper un (petit) caïman à la main, et sous les yeux ébahis des passagers, il le retourne sur le dos, et le fait tomber en léthargie, en lui frottant doucement le ventre ! Hallucinant ! En janvier, lors de mon séjour, il y avait un énorme caïman qui barbotait à quelques mètres du carbet flottant de JAL Voyages. Ricky, notre guide, a beau jurer qu’il n’est pas nourri par les cuisiniers, on a du mal à croire que ce monstre squatte les alentours du bateau uniquement pour avoir le plaisir de se faire photographier par les touristes à bord…

En pirogue sur les marais de Kaw
Le carbet flottant de JAL Voyages
Activités sur les marais de Kaw
Chouette locale dans les marais de Kaw
Paresseux sur sa branche
Marais de Kaw
Evelyn, piroguier brésilien
Francisco, cuisinier et piroguier du carbet flottant de JAL
Ricky, piroguier et guide du carbet flottant de JAL Voyages
Ricky « endort » le caïman
Les touristes peuvent tenir le caïman
Gros caïman du marais de Kaw

Si vous n’êtes pas vraiment enclins à vous immerger dans la forêt amazonienne, il vous restera trois possibilités pour espérer voir un peu de faune en toute sécurité. La première consiste à parcourir les différents sentiers balisés autour des villes. A 5 minutes du centre-ville de Cayenne, sur le sentier du Rorota, il est fréquent de voir des paresseux, des singes ou des perroquets. Idem sur le circuit de la Montagne des Singes, à Kourou. Autre alternative, faire une excursion en bateau jusqu’à l’îlet la Mère, où réside une colonie de singes-écureuils facétieux, prompts à vous grimper sur le dos pour voir si vous n’avez pas quelque fruit ou friandise dans votre sac… Le tour de cette petite île est très agréable à faire, on y croise de magnifiques fromagers aux racines géantes, on peut observer les singes-écureuils qui cherchent leur nourriture, qui jouent ou qui se battent, et il y a même une petite plage de sable pour se baigner en attendant la navette du bateau. Et au retour, il est possible d’observer des ibis rouges sur l’estran vaseux de l’embouchure du fleuve Mahury. Enfin, si vous n’avez pas eu de chance dans vos balades, pourquoi ne pas faire un tour au zoo de Matoury ? Vous pourrez y observer tranquillement les animaux vivant en Guyane, dans un cadre proche de leur élément naturel !

Sentier de la Montagne des Singes, à Kourou
Arbre de l’îlet La Mère
Singe-écureuil à l’îlet La Mère
Singe-écureuil à l’îlet La Mère
Singe-écureuil peu farouche, à l’îlet La Mère
Capibara
Singe hurleur
Ibis rouge
Tooucan
Tamarin empereur
Panthère

Les bagnes de Guyane

L’aspect culturel n’est pas absent d’un voyage en Guyane. D’abord pour visiter les vestiges des bagnes où la France envoyait ses indésirables. De 1795 à 1948, date à laquelle ferma le dernier bagne, la Guyane compta une trentaine d’établissements pénitenciers ou de camps forestiers où devaient travailler les bagnards. Les ruines restantes sont visibles dans les îles du Salut (dont l’île du Diable, où Dreyfus a été retenu), accessibles par catamaran en excursion d’une journée. Saint-Laurent-du-Maroni, à l’ouest du département, détient aussi le « camp de la transportation », un vaste bagne dont la visite guidée permet de se rendre compte des conditions inhumaines dans lesquelles étaient détenus les prisonniers. Sandrine, la guide de l’Office du Tourisme, émaille sa visite d’anecdotes et de faits réels émouvants, et n’hésite pas dans les cellules étroites à se mettre de lourdes chaînes aux pieds pour bien montrer l’horreur de la détention des bagnards. 

Saint-Laurent-du-Maroni

Au bagne de Saint-Laurent-du Maroni
Cellule collective au bagne de Saint-Laurent-du Maroni
Statuettes contre l’esclavage à Saint-Laurent-du Maroni
Pirogues traversant le Maroni pour aller au Surinam
Jeffrey, amérindien du village Balaté de Saint-Laurent-du Maroni
Jeffrey, amérindien du village Balaté de Saint-Laurent-du Maroni
Eglise d’Iracoubo
Eglise d’Iracoubo
Sandrine, guide au bagne de Saint-Laurent-du-Maroni
Rudiza, stagiaire à l’OT de Saint-Laurent-du-Maroni

Le Centre Spatial Guyanais de Kourou

Longtemps, la Guyane évoqua le bagne pour beaucoup de Français, mais depuis qu’en 1964, le général De Gaulle choisit Kourou pour y installer une base spatiale, la Guyane peut s’enorgueillir de posséder aujourd’hui l’une des meilleures bases de lancement de fusée du monde, lançant chaque année 50 % des satellites commerciaux, grâce à ses trois lanceurs européens  : Ariane 5, Vega et Soyouz. La visite du Centre Spatial Guyanais est fascinante, car elle permet d’entrer dans ce site ultra-sécurisé et d’apprendre presque tout sur le lancement d’une fusée. D’abord, comme le site fait 650 km², on se rend en bus devant les trois sites de lancement, ce qui permet de voir de près les gigantesques fosses où s’effectuent les mises à feu. Puis on pénètre dans le saint des saints, la salle Jupiter, là où se situe le « bocal », le centre de commandement des lancements, là où les ingénieurs et les opérateurs s’assurent que tous les paramètres sont réunis pour lancer la fusée, et où s’effectue le décompte final : 5, 4, 3, 2, 1… Après 30 minutes de vol, la fusée envoie un ou plusieurs satellites en orbite, pour un coût compris entre 20 000 et 25 000 €/kg ! Un musée complète la visite, où tout est dit sur le lancement d’une fusée, sa vitesse, la composition des carburants, le fonctionnement des moteurs et de la propulsion cryogénique… Pas-sion-nant vous dis-je !

Devant le musée de l’Espace
Fosse de lancement des fusées Soyouz
Les différentes fusées lancées à Kourou
La salle de lancement des fusées

Les communautés amérindiennes

La Guyane compte environ 200 000 habitants, dont 10 000 Amérindiens répartis en six groupes (les Arawak, Kali’na, Palikur, Teko, Wayana et Wayãpi). Ces communautés autochtones, qui étaient donc là avant la colonisation, vivent dans des petits villages le long des fleuves ou sur la côte, voire en forêt, et tentent tant bien que mal de concilier leurs propres coutumes et traditions sociales, économiques et culturelles, avec le mode de vie occidental. Malheureusement, le voyageur curieux de leur identité culturelle n’a pas souvent l’occasion de les approcher, tant il y a une méfiance, voire une défiance, vis-à-vis de ces Blancs qui les ont privés de leurs terres, qui polluent leurs forêts et leur rivières, et qui les considèrent bien souvent comme des citoyens de second ordre… Au nord-ouest du département, au-dessus de Mana, la communauté Kali’na de Awala-Yalimapo se montre un peu plus conciliant, et il est possible de visiter leur village et de rencontrer ses habitants grâce au concours de l’un des leurs, Olivier Auguste, devenu en quelque sorte le guide officiel du village. Malheureusement, le jour de ma visite, il y a eu un décès au village, et selon la coutume, toute activité s’arrête pour rendre hommage au défunt, et le chef du village ne pouvait pas se permettre de recevoir un journaliste ! Je n’ai donc pu rencontrer personne, si ce n’est la famille de mon guide. Pierre et Lucia (son père et sa mère) épluchaient des tubercules de manioc amer, sa femme préparait le repas du soir, et sa fille était vautrée dans un canapé, vissée à son téléphone portable, comme tous les ados de Guyane et d’ailleurs… Olivier m’a montré son très beau tambour peint, dont il se sert lors des fêtes, mais qu’il ne pouvait pas faire chanter ce jour-là. Dans d’autres circonstances, je suis sûr que j’aurais passé une journée passionnante dans ce village, qui possède en outre une très belle plage. Notez aussi qu’une Française s’est installée à Awala-Yalimapo (Marie-Line Janot), et qu’elle fait de délicieuses confitures locales avec son mari guyanais.

Plage de Yalimapo
Préparation du manioc amer
Lucia Auguste
Pierre Auguste
Olivier Auguste, guide amérindien à Awala-Yalimapo

Cet imprévu a au moins eu le mérite de me faire passer plus de temps à Mana, très agréable petite ville située au bord du fleuve éponyme, non loin de l’embouchure du Maroni. La population mananaise est composée d’un melting pot de communautés (créole, hmong, amérindienne, chinoise, brésilienne, haïtienne, indienne, bushinengué…), et cette diversité se retrouve autour de la place centrale, devant l’église. Elle est bien expliquée dans la formidable visite audio-guidée de Mana, nommée « koutémana », une balade sonore dans les ruelles qu’il faut faire en suivant un plan disponible à l’office de tourisme. Cet audioblog (disponible sur Arteradio) centré sur Mana, permet de comprendre pas mal de choses importantes concernant la Guyane… Et si vous voulez voir Mana d’en haut, un pilote d’ULM est installé au bord du fleuve, et propose des vols découverte à partir de 40 € (Marc Dabrigeon, 0694 42 79 18). La forêt vue du ciel, c’est très beau, et il vous fera aussi survoler la plus grande ferme d’élevage bovin de France !

https://audioblog.arteradio.com/blog/97400/podcast/108367/koutemana

Marc Dabrigeon, à Mana
Dans l’ULM de Marc Dabrigeon, à Mana
Shelsanne, de l’OT de Mana
Ronda, de l’OT de Mana

Enfin, lorsque vous ferez la route entre Cayenne et Kourou, vous passerez par Macouria, où deux communautés amérindiennes ont installé des carbets où ils vendent leurs objets artisanaux. Que ce soit au marché artisanal du village de Kamuyeneh (au bord de la N1), ou à celui de Norino (le long de la D5, en direction du zoo), des membres de la communauté palikur fabriquent de la vannerie, des calebasses gravées, des colliers de perle, des chapeaux de paille, etc…

Village Norino, à Macouria
Azane Ipparra, amérindienne Palikur, fabrique de la vannerie sous son carbet
Village Norino, à Macouria
Amérindienne gravant une calebasse
Village Norino, à Macouria
Amérindienne Palikur vendant des calebasses gravées
Village Norino, à Macouria
Loïc Batista, amérindien Palikur

Une journée à Cacao

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, on ne va pas à Cacao pour visiter une fabrique de chocolat. Ce village situé à 1h30 de route de Cayenne a la particularité d’être habité par une importante communauté Hmong, qui tient chaque dimanche un marché très couru par les expatriés et les touristes. Il est vrai que ce marché donne vraiment l’impression de se trouver au Laos ou en Thaïlande ! Tous les marchands sont d’origine asiatique, et si les étals sont chargés de fruits et légumes locaux, on en trouve aussi beaucoup spécifiques à l’Asie, et les stands de restauration proposent tous un assortiment de plats, nems et rouleaux de printemps que l’on trouve dans les restaurants asiatiques. C’est en 1977 que la France décida d’accueillir sur le site abandonné d’un ancien bagne, des réfugiés Hmong fuyant la guerre civile au Laos. Cette communauté a prospéré dans l’agriculture (Cacao est devenu le principal fournisseur de produits maraîchers de Guyane), s’est agrandie, constituant aujourd’hui un village authentiquement Hmong, avec ses fêtes et ses traditions… Juste en face du marché, il faut visiter le musée des Insectes, tenu par l’association Le Planeur Bleu, dont le fondateur, Philippe Soler, est un ancien instit passionné par les insectes en général et les papillons en particulier. Vous y verrez une fabuleuse collections de papillons (dont les superbes morphos) et d’insectes de Guyane, certains que l’on n’aimerait pas croiser dans la nature, tels que les matoutous (mygales), les mouches rhinocéros de la taille d’une main ou les Titanus giganteus (plus gros coléoptères du monde, mesurant jusqu’à 16 cm)… Une petite serre permet aussi de voir évoluer en liberté quelques beaux papillons.  

A propos d’insectes, faisons un petit point sur les petites bêtes qui risquent d’émailler votre séjour de frayeurs et de désagréments divers. Les serpents, araignées et autres scorpions, d’abord : certes, leur rencontre n’est pas exclue lorsque vous vous baladez en forêt. Mais ces bêtes-là ne vous sautent pas dessus, si vous en voyez, restez à distance respectable et observez-les sans crainte. Il faut juste prendre l’habitude, si vous dormez dans un carbet dans la jungle, de vérifier qu’il n’y a rien dans vos chaussures avant de les enfiler le matin… A moins d’être arachnophobe, je dirais même que découvrir au détour d’un chemin ou sur une charpente une matoutou (surnom guyanais d’une mygale au bout des pattes orange) noire bien velue, est une chance, et cela procure un frisson d’aventure à la Indiana Jones… Moins plaisant en revanche est la rencontre avec les moustiques. Il y en a 200 espèces en Guyane, de toutes sortes, de toutes tailles, mais heureusement, toutes ne transmettent pas le paludisme ou le chikungunia ou la dengue, tel que le moustique tigre. Mais il vaut mieux prendre toutes ses précautions, c’est-à-dire couvrir ses bras et ses jambes en fin d’après-midi, et s’asperger de répulsif anti-moustiques. Curieusement, je n’ai pas été embêté par les moustiques lorsque j’ai randonné dans la jungle, ni lorsque j’ai dormi à l’air libre (sans moustiquaire) sur le carbet flottant des marais de Kaw, car il paraît qu’il y a tellement de prédateurs naturels que les moustiques ne peuvent pas pulluler. Par contre, il est de notoriété publique que la zone d’Awala-Yalimapo (au nord de Mana) est infestée de moustiques, et qu’un séjour même bref au bord de la plage peut se transformer en cauchemar. Effectivement, j’ai eu le malheur d’arrêter ma voiture près d’un petit bois à Yalimapo, et un véritable nuage de moustiques s’est engouffré dans la voiture sans que j’ai eu le temps de réagir, et j’ai eu toutes les peines du monde à m’en débarrasser, glanant au passage des dizaines de piqûres assez désagréables… En conclusion, les insectes et autres petites bêtes effrayantes ne devraient pas vous décourager de venir en Guyane, surtout si vous prenez toutes les précautions d’usage et que vous emmenez des lotions contenant au moins 30% de DEET (molécule très efficace), telles que Insect Ecran ou Cinq sur Cinq…

Matoutou (mygale) à Kourou
Marché de Cacao
Au marché de Cacao
Vendeuse Hmong au marché de Cacao
Vendeuse Hmong au marché de Cacao
Vendeuse Hmong au marché de Cacao
Au musée des Insectes de Cacao, Philippe Soler fait des visites animées
Au musée des Insectes de Cacao
Au musée des Insectes de Cacao
Au musée des Insectes de Cacao
Morpho au musée des Insectes de Cacao
Au musée des Insectes de Cacao

PRATIQUE

Y aller : Air Caraïbes propose des vols quotidiens pour Cayenne (9h de vol), à partir de 600 € A/R. Pour environ 400 € de plus, la classe Caraïbes (premium economy) apporte un vrai plus en terme de confort et de services. https://www.aircaraibes.com/

Forfait : Evaneos propose des circuits complets de 8-10 j avec location de voiture, pour environ 1000 €/p. https://www.evaneos.fr/guyane/

Séjourner :

L’Ebène Verte, à Cayenne : au calme, dans un jardin tropical verdoyant. Idéal avant un départ ou à l’arrivée. 80 €/ch.

La Tentiaire, à St-Laurent-du-Maroni : bien situé, avec piscine. 80 €/ch.

Rour’Attitude, à Roura : coup de cœur pour ce gîte dont les charmants bungalows en bois (avec kitchenette) surplombent la rivière Oyak. Joëlle, la propriétaire, fait aussi table d’hôte (25 € le repas avec boisson), et c’est un cordon-bleu ! A partir de 205 € pour 2 nuits. Demandez, s’il est disponible, le bungalow qui est le plus proche de la rivière, c’est aussi le plus calme. Pour les petits budgets, il est possible de dormir dans un hamac sous un carbet, pour 22 €/nuit.

Se restaurer :

A Cayenne : La Marinière, restaurant de l’hôtel Belova. Grand choix de blaffs, de colombos, de plats de crevettes, de moules et de poissons grillés tels que le croupia, l’acoupa ou le jammengouté, délicieusement boucané. Menu à 28,90 € ou à la carte.

A Kourou : La Marina, avec sa terrasse bien aérée donnant sur le fleuve. (25 €)

A Cacao : Le Degrad de Cacao, tenu par des Hmongs (10 à 15 € le plat).

A Roura : Waiki Village, cuisine guyanaise à déguster sur une terrasse ombragée au-dessus d’une rivière. (25 €). L’établissement propose également des prestations touristiques et excursions, tel que la location de canoë, balades en forêt, promenades en pirogue…

A Saint-Laurent-du-Maroni : Le Toucan, bar-resto très agréable qui réussit la prouesse de proposer à la fois des pizzas, des kebabs, avec des plats élaborés (gigot de 9 h) entièrement faits maison. Compter de 25 à 30 €.

A Mana : Chez Lili, jeune couple sympathique proposant une cuisine fusion guyanaise/française/asiatique, dans une salle climatisée. (20 €)

A ramener : La Cabresse, rhum local ; confitures de fruits tropicaux ; artisanat des communautés amérindiennes…

Pour les amateurs de costumes de carnaval, l’Atelier Marly, à Matoury, est tenu par Marie-Line Brachet-Cesto (0694 23 35 28), une couturière et styliste passionnée de carnaval, qui loue ou vend des centaines de costumes ou accessoires. Elle vous expliquera l’étonnant concept du touloulou, ce personnage typique de la culture créole guyanaise qui représente en général une femme bourgeoise du 18ème ou 19ème siècle. D’autres touloulous peuvent être zombie, diable, boeuf, zarab… On peut retrouver tous ces personnages lors du carnaval de Guyane, qui a lieu pendant 7 semaines et demie, de l’Epiphanie au mercredi des Cendres.

 Se renseigner : https://www.guyane-amazonie.fr/

La Dominique, naturellement vôtre

Cette île anglophone située entre la Guadeloupe et la Martinique recèle une nature intacte, sur terre comme dans la mer, ce qui en fait une destination idéale pour pratiquer la randonnée et la plongée.

Saviez-vous que beaucoup de scènes de « Pirates des Caraïbes » 2 et 3 ont été tournées à La Dominique ? Ce choix s’explique parce que l’île dispose de criques et de plages désertes, d’une jungle épaisse, et de montagnes embrumées… Vue de la mer, La Dominique est telle que l’a découverte Christophe Colomb, un dimanche de 1493, d’où son nom. Pour voir l’île comme ses découvreurs, commencez par remonter l’Indian river à Portsmouth. Votre piroguier à dread locks (il y a une forte communauté rasta dans l’île) vous conduira dans les méandres de cette rivière s’enfonçant dans la mangrove, où les iguanes, opossums, crabes et perroquets font très « Nouveau Monde »…

Aza, guide sur l’Indian River
Rasta man
Aza, rameur et guide sur l’Indian River
Sur l’Indian River
Batibou Beach
Baie de Portsmouth

Pour voir des indiens Caraïbes, les premiers habitants de l’île, il faut rejoindre le territoire des Kalinagos dans l’est de l’île, où la population amérindienne autochtone s’est réfugiée lorsqu’elle a été pourchassée par les colons européens. Sur place, un petit musée retrace leur histoire, et des membres de cette communauté assurent un spectacle de chants et de danses folkloriques, qui a le mérite de les aider à perpétuer leur langue et leur culture.   

Dans la hutte sacrée Kalinagos
Maquillage d’une danseuse Kalinagos
Maquillage d’une danseuse Kalinagos
Chef Kalinagos
Masque Kalinagos en pierre de lave
Mère et fille, membres de la troupe de danseurs Kalinagos
Danseur et musicien Kalinagos
Jeune danseuse Kalinagos
Pause détente chez les Kalinagos
Sculpteur de masques Kalinagos

Cascades et bassins chauds

Le centre montagneux de l’île abrite plusieurs parcs nationaux, dont celui de Morne Trois Pitons, classé au Patrimoine mondial par l’Unesco. La vallée qui débouche à Roseau, la capitale, permet d’accéder facilement aux merveilles naturelles cachées dans les forêts drapant d’un vert sombre tout le relief. Telles Trafalgar Falls, deux majestueuses cascades s’écoulant de part et d’autre d’un piton rocheux. Plus intime, Emerald Pool est un petit bassin creusé par une modeste chute d’eau, dans un site enchanteur. Lorsque le soleil darde ses rayons dans le bassin, il prend la couleur d’une émeraude, sertie dans son écrin verdoyant de mousses et de fougères. A Wotton Waven, suivez les panneaux « Ti Kwen Glo Cho ». Il ne s’agit pas d’un resto chinois, mais d’un « petit coin d’eau chaude » en créole ! Vous y trouverez un bassin alimenté par une eau de source chaude sulfurée, réputée pour ses bienfaits pour le corps. C’est un spa naturel idéal pour se relaxer après une journée passer à randonner dans la jungle. Il y a en effet de nombreux sentiers pédestres dans cette magnifique « rainforest« , et, avec un guide, les plus sportifs pourront grimper jusqu’au Boiling Lake, un lac rendu bouillonnant par l’activité volcanique !   

Emerald Pool
Emerald Pool
Morne Trois Pitons National Park
Devant les Titou Gorge
Trafalgar Falls
Trafalgar Falls
Trafalgar Falls
Source d’eau sulfureuse à Wooten Waven
Bassins et baignade à Ti Kwen Glo Cho
Bassin chaud à Ti Kwen Glo Cho
Bassins et baignade à Ti Kwen Glo Cho

Merveilles sous-marines

Les fonds sous-marins sont à l’image des forêts  : intacts, foisonnants et recelant une incroyable biodiversité. C’est pourquoi l’île compte de nombreux centres de plongée, répartis sur la côte ouest, baignée par les eaux calmes de la mer des Caraïbes. A Portsmouth, vous pourrez faire une croisière pour observer des cétacés, une vingtaine de cachalots ayant élu domicile dans la baie, où s’ébattent déjà des bancs de dauphins. En plongée, les barracudas, mérous, tortues et poissons-perroquets se laissent approcher facilement, car ils sont très peu chassés. De même que la myriade de petits poissons coralliens qui circulent sans crainte autour des éponges-barriques, des coraux flashy, des gorgones et anémones aux formes étranges… Si vous êtes chanceux, vous pourrez même observer un hippocampe ! A quelques mètres du rivage, avec un simple masque et un tuba, il est également possible d’admirer cette étonnante faune et flore sous-marine, et à Champagne Beach, d’innombrables colonnes de bulles s’échappant du fond donnent l’impression de se baigner dans un aquarium géant !

Le mystère du poisson-lion et du mérou

Au centre de plongée de Soufrière, Simon Walsh est intarissable sur le poisson-lion, cet étrange et magnifique poisson venimeux que le plongeur pourchasse sans relâche. Pourquoi un amoureux et défenseur des fonds sous-marins part toujours en plongée avec un fusil-harpon pour tuer quelques poissons-lions, en incitant même les autres plongeurs à le faire ? Et pourquoi propose-t-il dans son petit snack des sandwichs au poisson-lion (délicieux au demeurant) ? « Parce que c’est le seul poisson que tu peux manger en faisant du bien à l’océan ! » répond le plongeur avec un grand sourire. En effet, c’est une espèce invasive venu de Guadeloupe, qui n’a pas de prédateur, et qui décime tous les autres poissons : « Lorsqu’il s’installe sur un spot, en 6 mois, il peut tuer 80 % de la biodiversité ! De plus, il est extrêmement prolifique », assure-t-il. Ce qui est fascinant, c’est que selon Simon, les mérous auraient compris que leur salut passe par les plongeurs, car ils inciteraient les plongeurs à les suivre avec une curieuse danse, pour les mener directement vers un poisson-lion ! Incroyable… 

Poisson-lion (photo prise sur Wiki photos)

Pratique

Y aller : Air Caraïbes propose des vols A/R vers la Dominique à partir de 852 euros (incluant le ferry depuis Pointe-à-Pitre). aircaraibes.com

Se loger : Fort Young Hotel, à Roseau (fortyounghotel.com), à partir de 175 € la ch double ; Picard Beach Cottages, à Portsmouth (picardbeachcottages.dm), à partir de 100 € la ch double.

Fort Young
Picard Beach cottage

Se restaurer :

Madiba beach Cafe, à Portsmouth : posé sur la plage, bar très sympa tenu par une Française, Sandrine, où tout est cuisiné « maison ».

Madiba beach Cafe

Islet View est un honorable boui-boui tenu par Rudy, qui vaut surtout pour le déjeuner, car sa terrasse offre une vue splendide sur Castle Bruce et St-David Bay. A noter aussi une incroyable collection de rhums arrangés chelous…

Rudy, derrière le bar de l’Islet View

Le Petit Paradis, à Wotten Waven, meilleur restaurant du coin avec une délicieuse cuisine locale.

Boire un verre :

Bush Bar, sur l’Indian River. Pour goûter au rhum coco ou pistaches, et surtout au Dynamite, un rhum local arrangé aux épices et aux fruits. Omar, le serveur, est très cool…

Omar au Bush Bar

Café Mon Plézi, vers Laudat, tenu par Patricia qui propose après une rando éprouvante son « mix magic », un cocktail revigorant à base de fruits de la passion, sorel (fruit local) et pamplemousse.

Patricia, du Café Mon Plézi

Plonger :

Au nord, Cabrits Dive (cabritsdive.com), le seul centre de plongée PADI 5 tenu par un très sympathique couple de Français, Virginie et Rémi. 92 € les 2 plongées.

Au sud, Nature Island Dive (natureislanddive.dm) situé à Soufrière, l’un des plus beaux spots de plongée de l’île, avec un tombant de 500 m près du bord.

Se faire guider : Il est nécessaire de choisir un bon guide pour les randonnées les plus longues (Waitukubuli trail ou Boiling Lake par exemple, car les récents ouragans ont ravagé les sentiers et le balisage n’est pas encore refait partout), et il est très agréable de se faire accompagner dans le centre de l’île par un guide qui vous conduira aux bonnes adresses et aux bons endroits, en fonction de la météo et d’autres considérations qui échappent au touriste lambda, mais qui font partie d’une certaine logique dominicaine (heures d’ouverture, temps de trajet, etc…) Mon guide pour ce reportage a été Marvin Philbert, il est compétent, drôle, et efficace. Vous pourrez le contacter à travers Discover Dominica, par Facebook, ou directement sur place : 1 767-295-0877

Se renseigner : discoverdominica.com/fr

Les perles d’Inde du Nord

Qu’y a-t-il de plus follement exotique qu’un voyage en Inde du Nord ? Rares sont les destinations qui suscitent autant de sensations, d’émotions, de passions. La province du Rajasthan symbolise à elle seule la fascination qu’exercent les « Indes » mythiques, celles des livres d’images où se mêlent somptueux palais de marbre et d’or, maharadjas à dos d’éléphant, fakirs et sortilèges ! Certes, aujourd’hui la réalité est autre : la misère sévit dans les grandes villes surpeuplées, certains palais sont décrépis, et les maharadjas sont devenus des hôteliers… Mais le charme agit toujours ! Les femmes ont une élégance naturelle dans leurs saris colorés, et les hommes en turban sont dignes et beaux. Même décrépis, les forts et demeures princières ont fière allure. Les « palais d’hôtes » sont décorés avec du mobilier d’époque et dans un style indo-européen qui allie le raffinement oriental au confort occidental. Et puis il y a le Taj Mahal. A l’instar du Macchu Pichu, au Pérou, la découverte de « la Lumineuse Perle de l’Inde » justifie à elle seul ce voyage, qui peut être par ailleurs perturbant pour les âmes sensibles et pour les intestins fragiles…

Delhi

New Delhi. Quel choc ! Ce qui frappe, d’abord, c’est la foule. On n’en revient pas de voir, dès la sortie de l’aéroport, une telle concentration humaine. L’impression est la même dans les rues grouillantes de Old Delhi, où le minibus a bien du mal à se frayer un passage dans le flot anarchique et ininterrompu des piétons, des vendeurs de journaux, des mendiants, des cyclistes et des rickshaw (taxis collectifs) bondés et imprévisibles. Un capharnaüm assourdissant qui n’a pas l’air de gêner les vaches indolentes qui se reposent sur la chaussée, indifférentes à toute cette agitation infernale… Sur les trottoirs encombrés de bâches en plastique servant d’abris aux sans-logis, gisent des êtres hagards et faméliques, des enfants pouilleux, des vieillards en loques sur des grabats, et cette misère est choquante. Mais il faut se garder des jugements péremptoires, et tenter de comprendre la structuration de la société indienne, comme le conseille Célia, notre guide indienne, dans le calme du jardin de l’hôtel Oberoi Maidens. Sous un immense banian résonnant de cris d’oiseaux inconnus, elle nous parle des castes, de la démographie galopante, de l’exode rural… Au moment où arrivent les plats, servis par des maîtres d’hôtel en gants blancs, on comprend qu’il va falloir s’habituer au contraste dérangeant entre le luxe des prestations touristiques, et la misère étalée dans les rues… La visite de Delhi permet de jeter les bases d’une première approche culturelle et historique de l’Inde. Le Fort Rouge montre la puissance de l’empereur moghol qui édifia au 17ème siècle cette forteresse inexpugnable, renfermant de merveilleux palais sertis de pierres précieuses ; le très haut Qutub Minar symbolise la forte présence de l’Islam ; et les quartiers cossus de New Delhi évoquent le passé colonial et l’empreinte britannique dans ce pays.

INDE du NORD – Old Dehli Salle d’audience Diwan-I-Khas au Fort Rouge

Les merveilles du Rajasthan

C’est avec soulagement que l’on quitte la capitale indienne pour pénétrer dans le Rajasthan. L’état des routes et les habitudes locales en terme de conduite peuvent rendre nerveux, surtout lorsque votre chauffeur, aussi bon soit-il, appuie sur le champignon et martyrise le klaxon alors qu’un camion Tata surchargé fait de même juste devant pour doubler des chameaux ! Ceux qui ne ferment pas les yeux à ce moment verront qu’à la dernière seconde le chauffeur empiète sur le bas-côté, heureusement dénué d’hommes ou de bêtes… Il faut aussi s’habituer à cela, ou bien mettre le masque occultant distribué dans l’avion. Mais cela serait dommage de ne pas voir ces champs de blé ou de colza, piqués des saris rose, vert ou jaune des femmes ; ces étendues arides où émergent des huttes en paille, ces arbres du désert avec leurs moignons étranges… Même les épouvantails sont élégants, car ils sont habillés de saris flottant au vent ! Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de Delhi, le paysage se désertifie et devient infiniment plat. Célia égraine les siècles, les chiffres et les légendes, en émaillant ses récits d’anecdotes pour mieux faire comprendre son pays. « Saviez-vous que pyjama, palanquin, jungle, bungalow, véranda, shampoing, nabab, calicot, sont des mots d’origine indienne ? », nous demande-t-elle fièrement. Elle peut s’enorgueillir avec raison de la grandeur de son pays lorsqu’elle nous fait visiter le complexe de palais de Fatehpur Sikri. C’est une ancienne capitale de l’empire moghol du 16ème s., construite en grès rouge, et tout est un régal pour l’œil et l’esprit : ses volutes de pierre sculptées comme du bois, ses dentelles de marbre blanc, ses colonnes majestueuses, ses clochetons et ses tours… Il faut visiter Fatehpur Sikri à l’ouverture, il y a moins de monde, et cela renforce son côté « ville fantôme ».

INDE du NORD – Rajasthan Vieux sikh à Mandawa

Jaïpur est une autre halte incontournable, au Rajasthan. Les couleurs des bâtiments de la « ville rose » sont un peu passées, mais elle contient des merveilles architecturales qui forcent l’admiration. Tel le Palais des Vents, immense façade pyramidale percée de près de mille fenêtres ajourées, ou encore l’Observatoire, qui regroupe à ciel ouvert, c’est le cas de le dire, des instruments astronomiques colossaux du 18ème siècle, ressemblant à des sculptures contemporaines. Le fort d’Amber impressionne par la puissance de ses murailles de grès rouge, par la magnificence et le raffinement de ses palais de marbre, par l’harmonie de ses pièces d’eau. Si vous n’êtes pas opposés au travail des animaux, vous pourrez vous y rendre à dos d’éléphant. J’aimerais bien avoir la patience de ces animaux pour résister aux sollicitations pressantes et incessantes des petits vendeurs de souvenirs. Gentils, mais collants ! Ils ne vous lâchent que lorsque vous êtes assis dans le minibus, les portes fermées, et encore…

Ville d’artisanat par excellence, Jaïpur regorge de quartiers, appelés bazars, ayant chacun sa spécialité : le bazar aux pantoufles en soie brodées, celui des bois laqués, des cuivres ou des bijoutiers… Ne manquez pas d’aller à Bapu Bazar, où l’on trouve les cotonnades imprimées au tampon. C’est une technique fort ancienne au Rajasthan, où des villages entiers se consacrent à cet artisanat. Certaines échoppes ont leur propre atelier et font des démonstrations : vous verrez des ouvriers manipuler avec dextérité des pochoirs en tek sculpté, trempés dans six couleurs de base : bleu indigo, jaune safran, rouge rubis, vert épinard, noir oxyde de fer et blanc calcaire. Les motifs sont innombrables, et vous n’aurez que l’embarras du choix quant au support (sari, nappe, rideau…), à la qualité (coton simple ou en soie mélangée), à la taille, et aux couleurs… En marchandant ferme, vous ramènerez de superbes « indiennes » pour un prix très modique. Et dans certaines échoppes, ils offrent même un dépliant pour apprendre à porter un sari !

Les splendeurs passées du Shekhawati

Le Shekhawati est une région désertique située à la croisée des grandes routes caravanières, où de riches commerçants ont bâti de vastes demeures décorées de peintures murales. Dans des petits villages ruraux, animés mais pas surpeuplés, on peut se promener tranquillement en admirant ces havelis, certaines délabrées, mais ennoblies par ces  fresques, reflétant aussi bien la mythologie indienne que des scènes de vie quotidienne. Dans cette région, rien n’a vraiment changé depuis deux siècles : on tire toujours les charrettes avec des dromadaires, les potiers façonnent l’argile avec la même technique, et les pauvres se chauffent toujours avec de la bouse de vache séchée sur le toit des maisons… Ici, l’étranger est encore considéré comme un voyageur, et pas comme un portefeuille ambulant. Si vous semblez chercher quelque chose dans la rue, un « chic sikh » très élégant avec sa barbe peignée et son beau turban coloré viendra s’enquérir si vous voulez de l’aide, dans un anglais à l’accent british-hindou très craquant. Si vous séjournez dans cette région, il faut absolument réserver au Samode Palace, un somptueux palais de maharadja reconverti en hôtel. Ses chambres, toutes différentes, allient le raffinement oriental au confort occidental. Pendant le dîner, on assiste à un spectacle folklorique où se succèdent des montreurs de marionnettes et de très jolies danseuses issues de tribus nomades.  Au fait, saviez-vous que nirvana était aussi un mot indien ?

Inoubliable Taj Mahal

La plus belle des photos ne rendra jamais l’émotion que l’on ressent en découvrant le Taj Mahal pour la première fois. Surtout au lever du soleil, lorsqu’il émerge de la nuit en imprimant sur le ciel pâlissant la silhouette majestueuse de son bulbe parfait et de ses tours. On est subjugué par cette alliance de puissance, de grâce et de pureté qui se dégage de cette merveille du monde. Ce fabuleux palais en marbre blanc, incrusté de pierres précieuses, est bien plus qu’une merveille architecturale : c’est le symbole même de l’Amour. Celui d’un maharadja qui mit 22 ans et son immense fortune pour ériger en l’honneur de sa femme le plus beau des mausolées qui aient jamais été construits. Il se dégage un tel romantisme de ce monument que des couples du monde entier éprouvent le besoin de s’embrasser devant « la Lumineuse Perle de l’Inde »…

Pour profiter de la magie et de la poésie du site au petit matin, il faut y être avant 7 heures, lorsque la foule n’est pas encore là, et que le marbre rosit aux premières lueurs de l’aube. Il vous restera alors le reste de la journée pour visiter Agra, qui ne manque pas d’intérêt. Ne serait-ce que le fort d’Akbar, entourant de ses hautes murailles de somptueux palais de marbre incrusté de pierres semi-précieuses. Et par les fenêtres ou les baies ajourées de certaines pièces, vous apercevrez le Taj Mahal, qui éclate de blancheur de l’autre côté du fleuve Yamuna…

Pratique

Quand partir ? De novembre à mars, le ciel est toujours bleu, et les températures douces. Prévoir un pull, les nuits sont fraîches !

Formalités : passeport en cours de validité, et visa à obtenir en ligne avant de partir.

Circuit : cet article ne concerne qu’une partie du Rajasthan (Agra, Jaïpur, Fatehpur Sikri, Shekhawati). Le circuit classique comporte aussi les visites d’Udaïpur, Jodhpur, Jaisalmer et Bikaner. Mais il faudra prévoir alors au moins 15 jours… TUI propose un circuit d’une semaine à partir de 900 € vols compris, et un autre plus complet de 12 nuits à partir de 1200 €.

A lire : Lonely Planet « Inde du Nord et Rajasthan »

Se renseigner : www.incredibleindia-tourism.org

Les charmes du lac d’Annecy

Venez profiter de l’arrière-saison dans les eaux limpides et chaudes du lac d’Annecy, véritable perle lapis-lazuli enchâssée dans son écrin verdoyant de montagnes.

Il faut le voir pour le croire : à la fin de l’été, la température de l’eau du lac est comparable à celle de la Méditerranée ! A 27 °C, on y entre d’autant plus facilement que l’eau est claire et propre, Annecy pouvant se targuer d’avoir le lac en zone habitée aux eaux les plus pures d’Europe. Lorsque l’on navigue sur le lac (en pédalo, en bateau-croisière, en paddle ou en kayak…), sa clarté est telle qu’on peut voir le fond jusqu’à 5 m ! Pas étonnant qu’il y ait tant d’activités nautiques à pratiquer sur et sous l’eau… D’ailleurs, vers Angon, on peut essayer une toute nouvelle activité très fun : le e-foil ! C’est une planche qui vole au-dessus de l’eau grâce un moteur électrique placé sur le foil immergé. Le surf sans les vagues, quoi…  L’accès au lac est aisé sur presque toutes ses rives. En plus de la dizaine de plages officielles (certaines payantes, d’autres gratuites) réparties tout autour, il y a une multitude de spots où l’on peut poser sa serviette sur un coin d’herbe ou une plagette de galets. Certains utilisent les pontons des riverains comme plongeoirs pour piquer une tête dans le lac couleur lagon, et pour nager dans la plus grande piscine naturelle des Alpes !

A voir et à longer

Pour profiter des plus belles vues sur le lac, il faut prendre de l’altitude. Au col de la Forclaz (1150 m), un belvédère permet de voir le lac dans son intégralité. Vous aurez une vue encore plus chouette en faisant un baptême de parapente ! Par beau temps, une nuée de parapentistes tournoient au-dessus du lac, tels des papillons colorés butinant le nectar du ciel… Autre alternative, rejoindre à vélo l’Ermitage de St-Germain-sur-Talloires, dont le parvis offre un superbe panorama sur la langue bleue-vert du lac et la montagne du Semnoz. Comme il est situé à 700 m d’altitude, une assistance électrique ne sera pas de trop ! En ne comptant que sur la force de vos mollets, vous pourrez voir le lac sous tous ses angles en pédalant sur les pistes cyclables qui en font presque le tour. C’est à pieds que vous rejoindrez le belvédère du Roc de Chère (625 m d’altitude), en traversant la forêt de cette réserve naturelle à la végétation méditerranéenne. La plate-forme de grès et de sable située en haut des falaises, est un site idéal pour le pique-nique ! Enfin, ne manquez pas de faire la balade qui mène à la cascade d’Angon. Encastrée au fond d’un ravin, celle-ci tombe dans une grande faille, et on a du mal à la voir dans son ensemble. Mais le sentier pour y accéder, creusé dans la roche, et ménageant de superbes vues sur le lac, vaut à lui seul le détour !   

Le vieil Annecy (à ne pas confondre avec Annecy-le-Vieux…)

Traversé par la rivière Thiou et par des portions de canaux apparaissant et disparaissant sous les maisons, le centre historique d’Annecy est formé d’un lacis de ruelles pavées, reliées par des traboules (passages couverts) et par de petits ponts juste assez larges pour y faire passer une charrette. Ce quartier piétonnier au caractère médiéval a aussi une indéniable touche italienne, apportée par ses nombreuses églises, sa multitude de glaciers, et son romantique canal de Vassé qui  s’ouvre sur le lac au niveau du pont des Amours… D’ailleurs, Annecy n’est-elle pas surnommée la « Venise des Alpes » ? Grimpez l’une des rampes qui mènent au château, ancienne résidence des comtes de Genève et de Savoie. Son logis du XVème s. abrite un musée consacré aux 4 principaux lacs alpins, riche d’enseignements scientifiques, et non dénué d’humour, puisqu’il présente la vraie-fausse découverte des hydropithèques (singes d’eau), appelés aussi « sirènes d’Annecy »…       

Mes bonnes adresses

Séjourner

Boutik hotel, à Annecy : ancien hôtel particulier situé près du lac, avec terrasse et jardin ombragé, dont presque toute la déco peut s’acheter… A partir de 240 € la ch double avec petit déj. www.leboutikhotel.com

Camping 3 * de la Chapelle-Saint-Claude, à Talloires : au bord du lac, ombragé et calme, mobil-homes à partir de 490 €/sem pour 4 p. www.lachapellesaintclaude.com

Savourer

Black Bass, à Sévrier : nouvel hôtel 5 * au design contemporain, dont le restaurant « bistronomique » propose une formule midi abordable, avec vue sur le lac, à 29 €. Le soir, formule à 49 €. www.blackbasshotel-annecy.com

Le 1903, à Talloires : c’est le bistrot du chef étoilé Jean Sulpice, avec terrasse surplombant le lac. Incontournable ! Menus à partir de 38 €. www.perebise.com/bistrot-le-1903/

Les Trésoms, 15 bd de la Corniche, à Annecy : très bonne table gastronomique avec vue lac, dont le chef bordelais, Eric Prowalski, a concocté en association avec le vice-champion du monde d’apnée local (Stéphane Tourreau), un étonnant menu détox, faible en calories ! C’est assez cher (environ 90 €) mais c’est bluffant : féra en ceviche aux algues marines, risotto d’épeautre au charbon végétal et écrevisse, et myrtilles au lait d’amande, sirop de coco et graines de chia (donc sans sucre ajouté)… www.lestresoms.com

Kamouraska, passage de la Cathédrale : table commune + épicerie + cave, tenu par une Québécoise. Très convivial !

Les Palettes, square de l’Evêché : concept store original qui permet de grignoter le midi tout en faisant son shopping (vêtements, bijoux, sacs à main). Idéale entre copines.

Fromager Gay, rue Carnot : Pierre Gay est Meilleur Ouvrier de France, sa fromagerie est à se damner si l’on aime le fromage. Petit plus : au fond, le sol vitré permet de voir la cave d’affinage.

Pâtisserie Rigollot, pl. Georges Volland : également tenu par un MOF. Sa pâtisserie signature est « Mr. Smith », une tarte pomme Granny étonnante…

Rouge, rue du lac : encore une pâtisserie renommée, cette fois surtout pour sa brioche à la praline et son gâteau de Savoie, léger comme un nuage au-dessus du lac…

Le Palais des Glaces, rue Perrière : le meilleur glacier de la ville (dixit ma guide Anaïs qui les a tous testés  😉 )

Pédaler

Location à Mobilboard, place aux Bois (à 50 m du Boutik Hotel, et donc du lac).

Abricyclette : pour prendre un verre sur la piste cyclable. Desserts maison, glaces artisanales…

Guide très sympa et compétent : John Goldsmith  (john@duckstore-productions.com)

Pour info, le tour intégral du lac à vélo sur piste cyclable dédiée ne sera possible qu’en 2021, il reste une portion de route entre Veyrier-du-Lac et Menthon. Si vous voulez le faire tout de même, faites-le dans le sens des aiguilles d’une montre, sinon, il faudra affronter une rude montée à Talloires.

John Goldsmith

Se baigner

Mes plages gratuites et bons plans : la plage de Veyrier (à côté de l’hôtel Les Bords du Lac) ; plage d’Albigny, à Annecy-le-Vieux (douches et WC) ; plage de Duingt (ombragée) ; plage de St-Jorioz (parking gratuit et grande pelouse au bord du lac, juste à côté de la plage payante !) ; petites plages gratuites à Glière ; bon plan baignade le long de la piste cyclable entre Talloires et Balmettes ; les pontons de Menthon (vers Le Palace).

Visiter

Le château de Menthon : forteresse du 12ème s. transformée à partir du 15ème en résidence. Chaque siècle lui a apporté son lot d’amélioration en terme de confort et d’architecture. Ainsi, au 19ème s., le château fut agrémenté d’une galerie à colombage, de tourelles et de clochetons néo-gothiques…et du chauffage central ! Il appartient à la même famille depuis 23 générations, et l’un des châtelains a même creusé dans le château un tunnel avec wagonnet pour passer les plats de la cuisine à la salle à manger ! Superbe bibliothèque de 12000 livres, tous datant d’avant la Révolution. Emouvante chambre de la comtesse, où rien n’a bougé ou presque depuis sa mort (1983). Quelques beaux meubles et tableaux, dont un superbe primitif italien du 14ème s.  

A ne pas manquer

La Fête du Lac, le 1er samedi du mois d’août, avec le plus grand spectacle pyrotechnique d’Europe. Pensez à réserver pour l’année prochaine !

Se renseigner

www.lac-annecy.com

Les îles anglo-normandes

Ces deux îles dépendantes de la couronne britannique ne sont plus des paradis fiscaux. Mais leurs immenses plages de sable fin et leurs côtes sauvages aux landes fleuries, leur confèrent le statut de paradis photo !

Jersey, un petit air normand

Située à une vingtaine de kilomètres des côtes du Cotentin, Jersey possède une évidente parenté normande. Un bocage verdoyant, des prairies où paissent de petites vaches jersiaises aux yeux si doux, des valleuses entaillant des bois denses et rejoignant la mer par de grandes baies sableuses… En flânant dans les rues piétonnes de St-Hélier, la capitale de l’île, vous constaterez qu’il y a beaucoup de joailliers et de boutiques de luxe ou branchées. Pour des achats moins onéreux, faites un tour au pittoresque marché couvert, pour faire emplettes de souvenirs, de fleurs ou des produits frais locaux, telles que les huîtres locales, ou les savoureuses pommes de terre immodestement nommées « royal » … Dans les faubourgs de la ville, le manoir de Samarès est une ancienne demeure seigneuriale normande appartenant à la même famille depuis le Moyen Âge. Elle est entourée d’un superbe parc paysager riche d’essences botaniques rares, avec jardin japonais, potager, jardin d’herbes et de plantes médicinales…

Continuez par la Hougue Bie, l’un des plus grands tombeaux à couloirs mais aussi l’un des mieux conservés en Europe. Entièrement recouvert par un tertre herbeux (coiffé au sommet par une chapelle du XIIème s.), ce tumulus néolithique datant de 4000 ans avant notre ère, est l’une des 10 plus vieilles constructions au monde ! En se pliant en deux, il est possible d’entrer par le couloir jusqu’à la chambre principale (claustrophobes s’abstenir !), où devaient se dérouler les cérémonies rituelles. Un musée archéologique attenant présente l’histoire du peuplement de Jersey, ainsi que sa géologie, et à l’extérieur, une maison néolithique est reconstituée, et des volontaires se relaient pour présenter aux visiteurs les techniques de construction et de vie de nos lointains ancêtres : c’est passionnant !

Rejoignez la côte à Gorey pour visiter le château de Mont-Orgueil, une forteresse médiévale juchée sur un promontoire au-dessus d’un ravissant petit port aux maisons couleurs d’arc en ciel. La visite libre est géniale, car elle permet d’explorer ce vieux château labyrinthique en passant de tour en tour, d’escalier en escalier, de pièce en pièce, chacune ayant quelque chose à voir : un tableau, une collection de monnaies ou de bijoux anciens, un fabricant d’armes médiévales, etc… Montez au sommet des tours, la vue est superbe sur le port et sur toute la côte.

Le littoral nord de Jersey est rocheux et sauvage, il se prête parfaitement à la randonnée. Un réseau de sentiers balisés sillonne cette zone côtière, qu’il est possible de parcourir en entier, par tronçons, ou par des boucles (se procurer la brochure gratuite « North coast walking guide »). Les paysages marins sont plus beaux les uns que les autres, et font furieusement penser à la Bretagne. Parfois un petit port de pêcheurs échancre ces falaises, un bar surplombe une crique, ce qui permet de faire une pause bière, thé ou fish & chips, tout en contemplant  la mer…  Tel l’adorable port de poche de Rozel Bay, dont les cabanes de pêcheurs serrées sur la jetée, peintes en rouge vif, forment un tableau plaisant en se découpant sur l’azur, tandis que dansent en contrebas les petits bateaux encordés à la digue… Devil’s Hole est un creux ménagé dans la falaise. Il n’est guère spectaculaire, mais le chemin qui y mène permet d’avoir de jolis vues. Quant au diable, il n’est pas là où on l’attend ! A l’extrême nord-ouest, poussez jusqu’à la pointe de Grosnez, c’est une sorte de pointe du Raz jersiaise, comportant les ruines d’un château du XIVème s. faisant corps avec le granit des falaises.  

Enfin, ne quittez pas Jersey sans voir le site de Corbière, au sud-ouest, une pointe rocheuse avancée dans l’océan, prolongée par un chapelet d’écueils. Tout au bout, accessible par une chaussée à marée basse, un îlot est occupé par un phare tout blanc, construit en 1874. Le site est très photogénique, que ce soit au coucher de soleil, ou le matin tôt, quand une douce lumière expose parfaitement cette aquarelle marine… 

Jersey – Phare de Corbière
Jersey – Pointe de Corbière

Une plage pour chaque jour de la semaine

Si vous restez une semaine à Jersey, et que vous avez une voiture, vous aurez le privilège de pouvoir choisir votre plage du jour, tout en ayant l’embarras du choix ! La plus grande, c’est celle de Saint-Ouen, une immense et large langue de sable, qui occupe presque toute la façade ouest de l’île. Exposée à la houle et au vent, elle attire les surfeurs et les amateurs de sports nautiques. Au sud, la plage de la baie de St-Aubin est aussi idéale pour s’amuser dans l’eau (planche à voile, ski nautique, scooter des mers…), mais elle ourle une rive très urbanisée, car proche de St-Hélier. Préférez la plage abritée de Ouainé Bay, qui fait face à St-Brelade, elle est plus tranquille, et dispose aussi d’un petit centre nautique. Juste à côté, l’intime crique de Beauport est idéale pour se baigner avec des enfants, car elle glisse en pente douce sous le clapotis des vaguelettes. Egalement au sud, coup de cœur pour Portelet Bay, dont les eaux turquoises encerclent un îlot surmonté d’une tour ronde. On y accède par un escalier plongeant à travers les dunes, dont les flancs sont couverts par une peste végétale (sea grass) qui se caractérise par une explosion de fleurs au début de l’été. Enfin, si vous recherchez vraiment la tranquillité, rejoignez au nord-ouest les belles plages de Plémont Bay (avec grotte et cascade) ou de Grève de Lecq. Comme ce sont les plus éloignées de la capitale, ce sont aussi les moins fréquentées, et vous y serez à votre aise, même au mois d’août !  

Jersey – Portelet Bay

Guernesey

Plus petite que Jersey, Guernesey est aussi plus tranquille, et à part St-Peter Port, autour duquel gravite l’essentiel de l’activité économique, le reste de l’île est une campagne calme et verdoyante dont les pimpantes maisons fleuries ont cette inimitable touche de coquetterie britannique. Parfois, elles sont devancées par un présentoir où les habitants disposent des légumes ou des fleurs, confiants dans le fait que l’acheteur n’oubliera pas de laisser l’argent dans la tirelire ! Victor Hugo, qui s’était installé à Guernesey après avoir passé trois ans à Jersey, aimait vraiment ces îles, qu’il décrivait ainsi : « On passe d’un bois à un groupe de rochers, d’un jardin à un écueil, d’une prairie à la mer »… Après avoir visité sa maison (lire ci-dessous) à St-Peter Port, faites le tour de l’île par la route côtière en vous arrêtant sur les parkings disposés au plus près de la mer. A chaque fois vous découvrirez un beau paysage marin, surveillé parfois une tour de défense napoléonienne ou un fort allemand de la Seconde Guerre mondiale. Au nord-est, arrêtez-vous au dolmen de Déhus et pénétrez dans son couloir jusqu’à la chambre principale : l’éclairage permet de révéler, en regardant la dalle du plafond, le Gardien du Tombeau, un visage d’homme probablement gravé par les premiers occupants de l’île, au néolithique. Selon vos envies, vous pourrez « privatiser » une crique sauvage ; randonner le long des falaises ; ou tout simplement vous reposer sur le sable rosé d’une plage de rêve. Comme la toponymie locale comporte beaucoup de noms français, il est amusant de s’arrêter pour boire un verre à Port-Soif ou Bordeaux Harbour, de faire du kayak à Petit Bot, de savourer la vue de Chouet Bay, et de quitter à regret celle de Crève-Coeur !

Guernesey – Petit Bot Bay

Herm

Accessible depuis St-Peter-Port en 20 minutes de bateau, l’île d’Herm est presque plate et fait 2 km de long pour un peu moins d’1 km de large. Le tour complet prend deux heures de marche, mais on peut y rester la journée si l’on prend le temps de se baigner sur la magnifique plage de Shell, d’observer les oiseaux marins et la flore des dunes… Au nord, vous pourrez prendre un verre devant Belvoir Bay, et dans le bourg près du débarcadère, l’auberge Mermaid Tavern propose des fish & chips très corrects. Il y a aussi un hôtel (le White House) pour passer la nuit sur place, afin de profiter de l’île en exclusivité, le matin et le soir, sans un seul touriste à l’horizon pour gâcher la vue !

Fish & chips de Mermaid Tavern, à Herm

Trois visites incontournables

A Jersey

Les Jersey War Tunnels sont des souterrains creusés par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. A partir d’objets, de lettres, de photos et vidéos d’époque, ce musée retrace l’histoire poignante des Jersiais qui durent subir l’occupation allemande de 1941 à1944. A la fin de la visite, des panneaux montrent la photo et expliquent l’histoire de tous les îliens arrêtés, déportés, persécutés, échappés, et même ceux qui ont fraternisé avec l’ennemi !

A Guernesey

La maison Hauteville de Victor Hugo se trouve dans un quartier calme de St-Hélier. Récemment rénovée, cette maison fascinante est empreinte du sol au plafond du génie de l’écrivain, qui y vécut en exil de 1856 à 1870. La visite (sur réservation) est faite en français par des guides qui vous expliqueront tous les symboles explicites ou non laissés par Victor Hugo dans sa maison, où il termina les Misérables et écrivit, dans sa véranda vitrée sur le toit, « Les Travailleurs de la Mer », un roman inspiré par les îliens, qu’il ne faut pas oublier de glisser dans sa valise ! 

La Petite Chapelle (au centre de l’île, dans la paroisse de St-André-de-la-Pommeraie) : en 1914, un prêtre français eut l’idée de construire une réplique en miniature de la basilique et de la grotte de Lourdes. Ce monument est étonnant, car le Frère le décora de cailloux, de coquillages et de morceaux de faïence ou de porcelaine de couleur. Un bel exemple d’art brut !

Pratique

Y aller

Par ferry depuis St-Malo : 1h30 de traversée pour Jersey, et 2h le retour par Guernesey. 76 €/p A/R. www.condorferries.fr

Location de voiture : il est préférable de louer une voiture plutôt que d’amener la sienne en ferry, car la conduite à gauche sur ces petites routes est plus pratique avec un volant à droite !

Se loger

St-Magloire, à St-Aubin (Jersey) : guesthouse très bien située sur le petit port de St-Aubin. Compter 120 € la chambre double, en B&B. 

St-Brelade’s Bay Hotel (Jersey) : idéalement situé devant une belle plage, très bel hôtel d’esprit Victorien, où le client est reçu avec beaucoup d’égard. Vastes chambres vue mer, à partir de 350 €/j. 

La Frégate, à St-Peter Port (Guernesey) : boutique-hôtel très agréable, situé sur les hauteurs du port. Chambres doubles à partir de 170 €, en B&B.

La Frégate, à St-Peter Port

Se restaurer

Oyster Box, à St-Brelade (Jersey) : pour se régaler de poissons et fruits de mer, avec vue sur l’une des plus belles plages de l’île.

La Belle Gourmande, à St-Aubin (Jersey) : plats maison, cuisine familiale et produits de terroir à emporter.

Sophie Huelin, gérante de La Belle Gourmande, à St-Aubin

Le Nautique, à St-Peter Port (Guernesey) : la meilleure et la plus ancienne adresse de l’île pour déguster poissons et fruits de mer.

Vendeur de homard, à Jersey

A ramener

De Guernesey : de la gache (prononcez gosh) de chez Senners, une brioche fourrée aux raisins secs ; du gin de la distillerie Wheadon’s (hôtel Bella Luce) ; un véritable jersey (pull marin) du Tricoteur, entreprise artisanale située à la pointe sud-ouest de l’île ; des bijoux en or ou en argent de Catherine Best, une créatrice s’inspirant de la nature.

Bon guide : Agnès Perry  agnestourguide@gmail.com

Se renseigner

www.jersey.com

www.visitguernsey.com 

Balades en Géorgie

Coincé entre la Russie et la Turquie, ce petit pays s’est forgé une culture originale, étonnante fusion du monde occidental et oriental. Venez découvrir ses pittoresques villages et ses églises orthodoxes au fil d’excursions à pieds ou en 4×4 dans les montagnes du Grand Caucase.

GEORGIE – Tbilissi Pope sur la forteresse Narikala

Tbilissi, une découverte capitale

La capitale géorgienne est une première étape idéale pour comprendre ce pays, car elle dévoile deux mille ans d’histoire dans un saisissant contraste : la forteresse Narikala défendant la ville depuis le IVème s. surplombe la tour futuriste de l’hôtel Biltmore ; dans la vieille ville, des églises de style roman voisinent avec des bains turcs et d’anciens caravansérails persans ; et l’avenue Roustavéli (les Champs-Elysées géorgiens), construite par les Russes au XIXème s., évoque les fastes de Saint-Pétersbourg tout en jouxtant de sinistres immeubles d’architecture stalinienne. C’est une ville très animée, et ses bars et clubs les plus branchés se trouvent autour de la rue Jean Chardin (un bijoutier du shah de Perse), dans le quartier… français ! Oui, vous constaterez que les Géorgiens sont assez francophiles, à défaut d’être francophones. Il faut dire que la ville a été prise ou attaquée 40 fois, mais jamais par la France… Commencez votre découverte de la ville en accédant à la forteresse par le funiculaire : son départ se trouve à côté de deux énormes tubes en acier évasés, qui s’avèrent abriter une salle de concert ! Du haut des remparts, vous aurez une vue d’ensemble sur toute la ville, et vous pourrez embrasser du regard cette étonnante juxtaposition de styles architecturaux de toutes époques. Il ne reste plus grand-chose du IVème siècle, car la forteresse a servi de garnison aux soldats russes, pas particulièrement respectueux des vieilles pierres, et elle a aussi subi de gros dégâts lors d’une explosion de munitions en 1824. Au sommet trône une statue monumentale en aluminium de « La mère de la Patrie », qui semble veiller sur la ville en tenant d’une main une coupe de vin (pour accueillir ses amis) et de l’autre une épée (pour ses ennemis)… Redescendez à pieds par les petites rues bordées de belles maisons aux balcons en bois, aux jardinets embaumant le lilas et le jasmin. Quelle surprise de se retrouver dans le quartier des bains turcs « Abanotubani », dont les coupoles en pierre au sommet ajouré laissent passer des vapeurs d’eau sulfureuse ! Juste à côté, voici la mosquée Juma, dont la façade recouverte de mosaïques bleues aux motifs orientaux évoque un palais turquoise d’Ispahan… Vous aurez bien d’autres occasions de visiter des églises, en Géorgie, mais faites quand même un tour à l’église Methéki et la cathédrale Sioni, où les offices sont souvent chantés par des chœurs masculins ou féminins. Ces intérieurs sombres où des icônes apparaissent dans le faible halo des bougies, sont imprégnés d’une vibrante spiritualité, et l’on se fige d’émotion en écoutant un moine psalmodier dans sa barbe des prières hiératiques d’une voix grave et monocorde, tandis que s’élève, comme entonné par des anges, le chant mélodieux d’un chœur de femmes cachées par un pilier… Ne quittez pas Tbilissi sans avoir visité le Musée National, exposant une magnifique collection d’art oriental, une expo sur la biodiversité du Caucase, et dont la section archéologique dévoile une fascinante collection de crânes et d’os datant de l’âge de pierre. On y apprend notamment que la Géorgie est l’un des berceaux de l’humanité !

D’extraordinaires églises et monastères

La chaîne du Grand Caucase, dont les sommets culminent entre 4000 et plus de 5000 m d’altitude, relie la mer Noire à la mer Caspienne. Ses vallées et ses alpages sont propices à une multitude de randonnées, où le grandiose le dispute au merveilleux. En rejoignant ces montagnes, vous ferez d’abord étape à Mtskheta, l’ancienne capitale du royaume d’Ibérie, pour visiter deux lieux de culte : le monastère de Jvari, juché sur une colline, dont la croix sacrée est surveillée par des moines pas commodes (qui n’hésitent pas à vous expulser si vous tentez de sortir un appareil photo !) , et la cathédrale Svetiskhoveli. Vénérée par les chrétiens orthodoxes, elle est fréquentée par une foule de croyants et de dévots pèlerins qui affluent ici depuis le IVème s., car le Saint-Suaire y serait enterré… On resterait des heures à déambuler autour des énormes piliers de cette immense cathédrale à trois nefs, pour admirer ses fresques et ses icônes, ses fonds baptismaux du IVème s., et son imposant fauteuil en bois sculpté, qui ne déparerait pas dans « Game of Thrones »…

Plus au nord, en empruntant la route « militaire » (surnommée ainsi pour rappeler l’invasion russe en 1921), vous découvrirez le superbe monastère fortifié d’Ananouri, citadelle du XVIè s. construite en surplomb d’une rivière. Son parking est envahi de boutiques d’artisanat, pas toujours local, mais où l’on peut toujours dénicher de jolies icônes et faire un selfie marrant avec une pittoresque tuque en laine de mouton… L’ascension du col de Jvari (2379 m) est pénible, car la route serpentine est encombrée d’énormes camions s’arrachant à l’apesanteur en expulsant dans l’atmosphère de sombres nuages asphyxiants… Cela laisse le temps d’observer le paysage. Manque de chance, il est enlaidi par l’hideuse station de ski de Goudaouri ! Cela n’arrivera plus dans ce périple, où l’on sera toujours séduit par le caractère bucolique et agricole des paysages. 4 km après Goudaouri, un étrange monument attire l’attention : posé sur un tertre au bord d’une falaise, un gigantesque arc de cercle en béton est recouvert d’une fresque très colorée. Construit en 1983 pour célébrer l’amitié entre la Géorgie et la Russie, il donnera l’occasion à votre guide de faire le point sur la délicate question russe, et les sentiments mitigés qu’elle suscite chez les Géorgiens : un mélange de rancœur, de bravade et d’admiration…

L’un des plus beaux sites de Géorgie se trouve de l’autre côté du col de Jvari, plus bas dans la vallée, à Guerguéti. Ce village sans charme particulier est dominé par un nid d’aigle au sommet duquel est posée la petite église de la Trinité, aux murs de grès rose gravés d’animaux étranges, entre caméléon et dinosaure…. Il faut une heure pour grimper là-haut, mais l’effort est récompensé par une vue splendide sur les glaciers étincelants du mont Kazbegi (5047 m). Une fois sur place, on n’a plus trop envie de redescendre au village, d’ailleurs beaucoup de randonneurs campent dans la prairie attenante, afin de passer plus de temps à contempler ce paysage de couverture de magazine…

Non loin de là, au bout de la vallée de Sno, voici Juta, l’un des plus hauts villages de Géorgie (2165 m). C’est le point de départ d’un magnifique et facile randonnée, à travers les alpages en compagnie des troupeaux de moutons et de vaches, et de leurs bergers. Sous les pentes rocheuses du mont Chaukhebi (3842 m), vous cheminerez le long des rhododendrons jusqu’à de charmants lacs, et les plus sportifs pourront même faire l’ascension du mont Têtu (3210 m). Chemin faisant, à noter le superbe refuge 5th Season, dont les chambres ont un mur vitré offrant une vue splendide et imprenable sur le versant opposé de cette vallée encaissée. Comme il n’est qu’à une trentaine de minutes de marche de Juta, beaucoup de Géorgiens viennent ici uniquement pour passer quelques heures dans des transats, à profiter du calme et admirer le paysage en buvant une bière, sans aller plus loin !

Les trésors de la Kakhéty 

Retour dans la plaine fertile de Kakhéty (prononcez Karéty), au nord-est de Tbilissi. C’est un peu le grenier de la Géorgie, et aussi le principal terroir viticole du pays. Les Géorgiens prétendent même que c’est là qu’aurait été fabriqué le premier vin du monde ! En effet, des recherches archéologiques ont montré que la viticulture dans cette petite république du Caucase remonte à 7 000 avant J.C., bien avant qu’elle ne soit cultivée en Europe par les Romains ou les Grecs ! RDV à Telavi, chef-lieu de la région, chez Zaza Kabulaschvili, un viticulteur-potier, pour en savoir plus sur la très particulière technique de vinification locale. Zaza nous conduit directement dans sa cave sombre et fraîche, où d’énormes jarres de la taille d’un homme se dessinent dans la pénombre. Ca sent l’argile, et c’est normal car c’est avec cette terre imperméable qu’il façonne ces jarres de plus de 2 m de haut, d’une contenance de 2000 litres ! Il lui faut trois mois pour en faire 10, en les agrandissant de 10 cm tous les 2 ou 3 jours. Une fois façonnées, il les introduit dans un énorme four à bois alimenté jour et nuit, et elles cuisent une semaine à 1300 °C ! Une fois refroidies, ces jarres géantes, qu’on appelle qvevri (comme le vin qu’elles vont contenir) sont livrées au viticulteur qui les a commandées, et sont enterrées dans sa cave, où elles peuvent servir à faire du vin pendant des siècles ! Cette technique de vinification traditionnelle, inscrite au Patrimoine immatériel de l’Humanité par l’Unesco, consiste à mettre à vieillir ensemble le jus, la peau des raisins et des rafles de vigne, ce qui confère un caractère tannique et minéral au vin, une grande longueur en bouche, avec des arômes d’amande pour le vin blanc, dont la couleur tire vers le jaune-orangé. Très fier de son vin et de ses jarres (il ne sont que trois en Kakhéty à savoir faire de si grandes jarres), Zaza prétend même qu’il serait excellent pour la santé (particulièrement contre le cholestérol), et l’on se sent d’autant plus disposé à le croire qu’il nous ressert de son délicieux jaja (prononcez chacha), une eau-de-vie très fruitée à 50 ° d’alcool…  Tout tourne autour du vin dans cette région, et même lorsque l’on visite la maison transformée en musée d’un noble Géorgien, à Tsinandali (celle d’Alexandre Chavchavadze, savant, prince et poète), on s’aperçoit que son domaine est viticole, et la visite se termine dans le cellier, où une grande marani (cave) permet de déguster ses différents crus. Intéressante expérience, qui permet de comparer des vins issus des deux méthodes employées en Géorgie : la traditionnelle, avec vinification dans des jarres enterrées, et la vinification à l’européenne, méthode d’ailleurs importée en Géorgie par cette famille. Goûtez en particulier le blanc sec 2016, de type Bourgogne, et le khikhvi (à boire plutôt qu’à prononcer) élevé en jarre, du nom d’un cépage très ancien donnant un vin blanc très parfumé, proche de la palette aromatique d’un vin hongrois de Tokay… Cette maison ayant servi de résidence d’été aux monarques russes, elle est richement meublée, avec du mobilier français et russe, et l’on peut même y admirer un tableau de Dali et un autre de Picasso ! Elle est posée au cœur d’un très beau parc de 12 ha planté de pins parasols, de cèdres, de palmiers et de bambous, et de gigantesques magnolias, à l’ombre desquels on peut s’asseoir pour regarder passer les Géorgiens endimanchés, venus retrouver là un faste révolu, et un peu de leur splendeur passée…  

Si vous êtes vraiment intéressés par le vin et la méthode traditionnelle qvevri, rejoignez Vélistsikhe et arrêtez-vous chez la famille Nodari pour voir sa cave vieille de 3 siècles. Le vigneron madré ne se fait pas prier pour soulever le couvercle posé sur le col des jarres enterrées dans le sol, et y retirer au pichet un vin rouge sucré et parfumé qu’il fait déguster aux amateurs. Normal, il en a fait son gagne-pain ! Vous aurez de la chance si vous pouvez discuter tranquillement avec lui sans qu’un bus entier d’Allemands viennent abréger votre visite en envahissant la cave, en se prévalant de la prééminence de leur nombre et de l’importance de leur timing…

GEORGIE M. Nodari, viticulteur à Velitsikhe, dans sa cave avec jarres enterrées (qvevri)

A 20 km au nord de Telavi, entourée de vigne et d’oliviers, la cathédrale Saint-Georges d’Alaverdi érige sa haute tour ronde dans la zone fertile entourant l’Alazani, le grand fleuve alimenté par les montagnes du Caucase. Datant du XIème s., c’est l’une des trois grandes cathédrales géorgiennes, l’un des trois piliers de la religion catholique orthodoxe dans ce pays. Pourtant son nom signifie « Don d’Allah », en vieux perse, ce qui en dit long sur les influences musulmanes agissantes dans cette région située aux confins de la chrétienté. Dès l’entrée, on est impressionné par ses proportions harmonieuses malgré sa hauteur (50 m). Les 16 fenêtres en meurtrière de sa tour sommitale projettent des faisceaux lumineux transperçant la pénombre, comme autant de paroles divines… On y admire de très belles fresques, dont « Saint-Georges tuant le dragon », ou une superbe « Vierge à l’Enfant » au-dessus de l’autel. A l’extérieur, il n’est pas permis de s’écarter de l’allée menant à l’église, car le complexe monastique est toujours habité par des moines, exigeant le calme et la discrétion. Si l’on traverse le fleuve et que l’on continue vers les montagnes du nord, on se trouve sur l’unique route qui mène à la Touchétie. Et quelle route ! (lire plus loin)     

Si au contraire vous restez dans la plaine, continuez jusqu’à atteindre Sighnaghi (dire « sirnari »). C’est l’une des plus jolies villes du pays, perchée sur une colline à 750 m au-dessus de la vallée de l’Alazani, et faisant face aux neiges éternelles des monts du Daguestan. Il faut se promener à pieds dans le dédale de ses ruelles en pente pour savourer le charme de ses maisons aux balcons en encorbellement, surchargés de fleurs et de plantes vertes… Sur les placettes, des marchands ambulants proposent toutes sortes de produits artisanaux, parmi lesquels les fameuses churchkhella (éternuez quelque chose comme tchourchréla), longues friandises très sucrées en forme de saucisse boudinée, à base de jus de raisin, de grenade, de noix ou d’abricot… Prévoyez de finir votre balade à proximité des remparts, et empruntez le chemin de ronde jusqu’au « Castle restaurant » : il dispose d’une grande terrasse offrant une vue sublime sur la plaine et les montagnes du Caucase. Au coucher de soleil, c’est encore mieux, et la maison prévoit même des couvertures pour ceux qui désirent rester jusqu’à ce que s’allument les étoiles…

Le fabuleux site monastique de David Gareja

A l’Est de Tbilissi, peu après Sagarejo, une route oblique vers la droite en indiquant « Udabno ». Traversant d’abord des champs d’amandiers à perte de vue, la route se dégrade à mesure qu’elle s’avance dans des steppes herbeuses, dont nul arbre ou nulle construction humaine ne vient rompre la douce ondulation des courbes. Très vite, le 4×4 s’avère nécessaire, et malgré la dextérité du chauffeur, on n’est pas à l’abri de devoir descendre pour le laisser s’extirper des profondes ornières creusées par le passage des bus ou des camions. Au bout de cette route se trouve un extraordinaire complexe monastique troglodyte, très spectaculaire, évidemment inscrit au patrimoine mondial de L’UNESCO. Les premiers monastères chrétiens ont été construits ici dès le IVème siècle, creusés directement dans le calcaire jaune-ocre, ou à flanc de falaise. On imagine que les moines recherchaient l’isolement, ils ne devaient pas être déçus dans ces steppes désertiques du bout du monde, battues aux quatre vents, à des jours de marche de la moindre tentation ou distraction… David, c’est le nom d’un des 13 pères syriens qui a fondé ici le premier monastère, avec  l’une des trois pierres saintes de Jérusalem, ce qui explique que ce site devint un haut lieu de pèlerinage de la chrétienté orientale. Et Gareja, c’est tout simplement le nom de cette région steppique. Au fil des siècles, le site abrita une vingtaine de monastères, et devint un grand centre de savoir, possédant une école réputée de peintures murales, une école de philosophie, une autre de traduction de livres liturgiques… Mais les lieux saints n’arrêtent pas les vandales : les monastères furent ravagés au XIème s. par les Turcs seldjoukides ; deux siècles plus tard par les Mongols ; puis en 1615 par le shah d’Iran, qui tua 7000 moines ! Le coup de grâce fut donné par l’armée soviétique, qui utilisa le site comme terrain d’entraînement militaire, sans égard pour le patrimoine religieux, les chars n’hésitant pas à prendre pour cible des bâtiments historiques… Aujourd’hui les moines ont réinvesti certains monastères, et des travaux de restauration sont en cours. Certes, les échafaudages gâchent un peu la beauté des lieux, mais au moins trois monastères sont ouverts à la visite. Celui de Lavra (le plus proche du parking) est fortifié, et dispose de deux églises, l’une troglodyte, l’autre pas. Sa cour donne accès aux grottes aménagées par les premiers moines. Il est émouvant de voir ces niches de pierre, certaines ouvertes à l’air libre, dans lesquelles vivaient des moines dans des conditions proches du dénuement des premiers hommes des cavernes… Pour accéder à l’autre monastère, il faut ressortir, et grimper la colline sur une sente poussiéreuse dont le tracé traverse plusieurs fois la frontière avec l’Azerbaïdjan. Depuis le sommet de cette croupe herbeuse, on ne voit que la steppe à perte de vue, et en observant cette immobilité qui semble pourtant en mouvement grâce aux ombres galopantes projetées par les nuages, la spiritualité émanant de ce lieu saint a provoqué chez moi des questions métaphysiques et/ou existentielles, telles que l’impermanence de la vie (il n’existe rien de constant si ce n’est le changement, comme disait Bouddha), la relativité du temps, ou la futilité des désirs humains… Sans réponse probante, j’ai suivi l’étroit sentier qui s’accroche à flanc de falaise, pour accéder aux grottes du monastère d’Oudabno. Certaines sont ornées de magnifiques fresques rupestres du Xème au XIIIème s., mais comme elles sont exposées à l’air libre, certaines sont presque effacées, alors que d’autres sont incroyablement bien conservées. Il faut crapahuter un peu pour aller de grotte en grotte, et leur accès difficile rend leur surveillance impossible, ce qui engendre des comportements stupides : certains gravent leur nom ou font des dessins obscènes à côté des images pieuses, d’autres touchent les parois de leurs mains huileuses pour vérifier si les peintures de s’effacent pas, et lors de mon passage, un groupe de touristes allemands (encore eux) a trouvé normal de « privatiser » la plus belle grotte (celle de la fresque de la Cène du XIème s.) pour pique-niquer, en se souciant comme d’une guigne des autres voyageurs, qui devaient patienter qu’ils aient fini de déjeuner pour profiter en silence de la beauté des lieux. Cet épisode a confirmé ma conviction que l’homo touristicus, lorsqu’il vit en bande, est la branche la moins évoluée de l’espèce humaine !  

Les villages perdus de Touchétie

Disons-le sans ambages, l’excursion consistant à se rendre en Touchétie est à déconseiller aux personnes sujettes au vertige. En effet, l’unique route qui mène à cette région enclavée est constamment en balcon (sans rambarde de sécurité) sur d’impressionnants précipices ! Et il n’y a pas que quelques passages critiques, ça dure des heures ! Vraiment insoutenable pour quelqu’un qui aurait peur en voiture, ou que le vide effraie. Je reconnais que je n’en menais pas large, lorsque les roues du minibus 4×4 se rapprochaient de l’abîme, et j’avais les mains blanches à force de m’agripper à la portière, parce qu’en plus cela secoue pas mal à l’arrière… J’aurais pu casser un kilo de noix dans cette voiture, et sans les mains ! Mais en évitant de regarder en contrebas, on se délecte de paysages montagneux d’une beauté sauvage à couper le souffle. Lorsque le chauffeur fait une dernière pause à l’Abano pass (2860 m), le col battu par des vents glaciaux qui donne accès à la Touchétie, le plus dur est fait, et l’on se détend un peu en photographiant la très esthétique vallée qui s’ouvre au regard, piquetée de fleurs blanches qui s’avèrent être des moutons. Sans ces pylônes datant de l’époque soviétique, Spielberg pourrait y tourner le prochain Jurassic Park… Au loin, on distingue quelques-uns des 29 glaciers de Touchétie, qui possède aussi le plus haut sommet du Caucase, le mont Tébulo, culminant à 4493 m !

Le col étant pris par la neige une grande partie de l’hiver et du printemps, les rares résidents permanents de Touchétie (une vingtaine de personnes) passent 7 mois coupés du reste du monde. On n’imagine pas ce qu’ils doivent endurer, sachant que même en été, lorsque le sol dégelé veut bien donner des pommes de terre, des oignons et quelques chous, tout vient par la route ! Cette région est si isolée que le tourisme est la principale source de revenu des habitants. Presque toutes les maisons d’Omalo, le village principal, sont des guesthouses ! Le centre du bourg est occupé par tous les minibus 4×4 qui déposent ici les randonneurs. En effet, si l’on brave les dangers de la route pour venir en Touchétie, c’est pour faire des treks dans un cadre somptueux et une nature intacte. Le guide ne l’a pas dit tout de suite, mais il y a des loups et des ours dans ces montagnes ! En France aussi, cela dit, mais sans doute pas autant, et vu le caractère rugueux des Touches, je n’ose pas imaginer celui des ours… Ce qui fascine d’emblée, en arrivant à Omalo, ce sont ces étranges tours juchées sur un tertre, qui coiffent le village. Comme notre guide a choisi la seule guesthouse installée dans une tour située au cœur du hameau, je ne tarderai pas à tout savoir sur leur origine et leur fonction. Au Moyen Âge (et c’est en partie toujours le cas aujourd’hui…), les bergers n’avaient qu’une richesse : leurs troupeaux. Pour les protéger des razzias des tribus tchétchènes, ils ont construit ces tours défensives avec ce qu’ils avaient sous la main : des pierres sèches. La technique architecturale est inspirée de celle des bâtisseurs du Daghestan voisin, mais leur génie empirique a été d’arriver à élever ces colonnes de pierre légèrement pyramidales sur plusieurs étages (entre 3 et 7), jusqu’à 20 m de haut, et de faire en sorte qu’elles résistent au climat particulièrement rude de ces montagnes. En bas se tassaient les animaux, et la famille se répartissait suivant un ordre établi, les femmes après les bêtes, puis les frères et sœurs, le chef de famille se réservant la chambre la plus élevée (mais aussi la plus étroite et la plus ventée)… Cette société très patriarcale a conservé ses caractéristiques, et il n’est pas rare de voir une pancarte ou un pictogramme « interdit aux femmes » devant certains lieux tel que le cimetière, une brasserie, ou un autel religieux. Mais ces règles venues d’un autre âge sont moins strictes vis-à-vis des touristes de sexe féminin, qui peuvent toujours prétendre qu’elles ignorent cette interdiction. Dans la famille qui nous accueille, les femmes sont effectivement en cuisine, et servent les hommes qui discutent les pieds sous la table en buvant un coup et en les regardant s’activer sans bouger un doigt pour les aider. Mais Tsiala Idoidze, la femme de notre aubergiste, ne semble pas vouloir remettre en cause cette répartition des tâches, elle est même fière de sa culture, et lorsque j’ai proposé de faire son portrait, elle a choisi de poser avec une photo N&B où l’on voit le grand-père de son mari poser en tenue d’apparat avec quelques cosaques patibulaires mais presque, qui seraient certainement peu favorables au mouvement « me too »…  

Les treks consistent à relier à pieds, entre 2000 et 3000 m d’altitude, les rares villages de Touchétie. Pour éviter les boucles, pas toujours possibles, les randonneurs sont récupérés en minibus en fin de journée. Chemin faisant, on se régale de framboises sauvages en traversant les forêts, et de myrtilles sur les crêtes herbeuses. Ces balades bucoliques réservent parfois de belles surprises, comme ces tours fantomatiques qui émergent de la brume, ou comme à Shenako, un hameau dont les maisons sont à moitié enfouies dans la pente de la montagne, et où un improbable panneau annonce en lettres rouge : FAST-FOOD ! L’une des plus belles randonnées consiste à remonter la vallée Pirikiti, le long du torrent Alazani. Elle permet de visiter de très beaux villages tels que Dartlo et ses maisons carrées, cerclées de balcons en bois à balustrades, et aux tours en très bon état, et d’autres plus modestes, plutôt des hameaux, tels que Kvavlo et Dano. Dans ce dernier, j’ai vu un curieux petit autel extérieur en pierres sèches, surmonté de cornes et de crânes de mouflons, avec une petite niche dans laquelle se trouvaient de nombreuses pièces de monnaie, quelques bougies, et des cartouches vides de fusil ! Dans ces villages si isolés, loin de toute église, la religion est largement teintée d’animisme… Mais lorsqu’on leur en parle, les Touches jurent qu’ils sont bien catholiques orthodoxes, et qu’ils respectent au plus haut point les moines. Touche pas à mon pope !

Essayez d’atteindre Parsma, l’un des derniers villages situés au bout de la vallée Pirikiti. Perché sur un replat herbeux surplombant d’une centaine de mètres le torrent, c’est le symbole même de l’isolement et de la persévérance humaine. En amont, deux hautes tours en pierre semblent surveiller l’envahisseur venu du Nord. De maigres vaches vous ignorent, se dépêchant de brouter toute l’herbe disponible avant les premières neiges, qui arrivent en octobre, par ici. Avec si peu à offrir et tant à redouter, la nature, si belle soit-elle, est plutôt hostile aux humains, et l’on devine, en passant le long des cabanes en pierre couvertes de lauzes, dont les étroites ouvertures ne laissent passer qu’un jour famélique, et les pierres disjointes des courants d’air glaciaux, que la vie est un combat, dans ces montagnes coupées de tout. Ils sont tellement isolés du reste du pays que les bergers jettent la laine de leurs moutons, car cela leur coûterait trop cher en transport… Pourtant, les habitants n’ont pas renoncé à leur hospitalité légendaire, et si vous rencontrez un Touche dans ces villages austères, il vous invitera spontanément à partager le peu qu’il a – pain, fromage de brebis, tomates, viande de mouton (on ne mange pas de porc en Touchétie) – et tentera de communiquer avec le peu de notion d’anglais qu’il a acquis au contact des randonneurs. C’est l’une de ces rencontres fortuites qui restera le meilleur souvenir de mon voyage en Géorgie. Ce jour-là, comme je ne pouvais pas suivre le reste du groupe pour cause de cheville fragile, Jamari, le chauffeur du 4×4, m’avait déposé à Dano, un hameau quasi désert. Assis contre un muret, j’admirais la majesté des montagnes alentour, lorsque Jamari m’a hélé en faisant de grands gestes. Ayant rejoint trois potes à lui, bergers évidemment, il me proposait de partager leur repas. Ne voulant vexer personne, j’ai accepté. Mais la communication a vite trouvé ses limites, et que fait-on dans ce cas ? Eh bien on trinque, et on chante. Je sais maintenant dire parfaitement « santé » en géorgien, « gaumarjos« , d’autant plus qu’il est rigoureusement impossible de refuser de boire lorsqu’ils proposent un toast. Chaque toast est porté en l’honneur d’une entité à qui il ne s’agirait pas de manquer de respect : à Dieu, à son père, à sa mère, au pope, et toute la famille y passe jusqu’aux amis ! Si je n’ai pas roulé sous la table, c’est parce qu’à la fin, je ne faisais que tremper mes lèvres dans le verre de jaja… Mais j’étais stupéfait de constater que le chauffeur, lui, ne faisait pas semblant de boire ! Entre chaque entrechocage viril de verres, l’un ou l’autre agrippait une mandoline et entonnait un chant rugueux et mélancolique, que j’imaginais raconter la vie âpre d’un berger de Touchétie… Des moments d’humanité inoubliables, vraiment… touchants !

Pratique

Y aller : Georgian Airways, vol direct Paris/Tbilissi en 4h30.

Circuit : L’UCPA propose un séjour intitulé « Trek dans le Grand Caucase », mixant découvertes culturelles et randonnées, à partir 2090 € tout compris (vols, hébergement 12 nuits, pension complète, matériel et encadrement) :  www.ucpa.com

Bonnes adresses

Hotel KMM à Tbilissi : pour sa terrasse offrant la belle vue sur la vieille ville. A partir de 80 € la ch double.

Old Armazi, à Mtskheta : restaurant à la terrasse située au-dessus d’une rivière, proposant une multitude de mezze délicieux et de plats maison. Compter 15 €/p.

Tamuna guesthouse, à Sighnaghi : pension très propre et calme, tenue par M. Genadi et sa femme, très accueillants. 20 €/p en B&B.

Gareja guesthouse, à Udabno : pension familiale de 5 ch très correctes, située au village le plus proche des monastères. Nelly, la patronne, vous fera un petit festin pour 5 €/p !!

Touchétie Tower, à Omalo : l’auberge dans la tour en pierres sèches de Nziala et Nugzar. Le confort est très « roots », mais accueil chaleureux et sincère. Avec le peu de moyens et de victuailles dont elle dispose, Nziala arrive à concocter de délicieux repas, et ses khatchapouri au fromage fondant (sortes de nan indiens), ses rouleaux d’aubergines aux noix ou ses beignets farcis à la viande de mouton, ne restent pas longtemps sur la table ! Compter 25 €/p en 1/2 pension.

A lire : Le Petit Futé « Géorgie »

Les îles de la mer d’Iroise

Au large du Finistère, la mer d’Iroise est parsemée d’un archipel d’îles et d’îlots qui constituent les terres les plus occidentales de notre territoire. Ces petits bouts de terre arrachés au continent sont des réservoirs de biodiversité, et représentent un condensé de Bretagne dans ce qu’elle a de plus authentique et de plus sauvage. Les trois plus grandes îles sont habitées, voici pourquoi il faut s’y rendre sans plus attendre…    

Ouessant, la Bretagne comme on l’aime

Ouessant est un petit bout de Finistère fiché dans l’océan, qui concentre le meilleur de la terre et de la mer de Bretagne. 

FINISTERE - Ile de Ouessant
Eglise de Lampaul

 

Un coup de sirène bref et puissant, et le Fromveur II, qui relie quotidiennement Brest à l’île d’Ouessant, s’éloigne du quai en provoquant de gros remous. Sur le pont, une brise marine fraîche et iodée picote les joues et donne un goût salé aux lèvres. On respire un grand coup, et c’est toute la Bretagne qui s’engouffre dans les poumons. Ah, le bon air ! Le bateau fend vaillamment la houle, accompagné de quelques goélands, et la crête écumeuse des vagues forme comme un immense troupeau de moutons gambadant sur la mer d’Iroise (*). Si le temps le permet, restez sur le pont, vous verrez peut-être les dos argentés et bombés d’une bande de dauphins, ou les museaux noirs et poilus des phoques qui ont élu domicile autour de l’archipel de Molène, où le bateau fait escale. Après deux heures et demie de cure d’iode, vous atteindrez le port du Stiff, où attendent plusieurs loueurs de vélos. Comme les voitures sont interdites (à part les taxis et celles des insulaires), c’est le meilleur moyen de découvrir Ouessant, une île relativement plate de 8 km sur 3 km, la plus grande du Finistère. Toutefois, comme les sentiers côtiers sont interdits au vélo, vous pouvez aussi opter pour la rando. Des balades en boucle balisées, d’une dizaine de km chacune, permettent de faire le tour de l’île par les sentiers côtiers. Si vous optez pour le vélo, depuis le débarcadère, vous aurez deux options : en partant sur votre gauche vous rejoindrez Porz Arlan, un port minuscule orienté au sud et dont la digue protège une belle plage de sable ; et en partant à droite, en quelques coups de pédales, vous atteindrez le phare du Stiff. Du haut de sa lanterne vous découvrirez une dentelle de rochers écumants où, à toutes les époques, sont venus s’empaler toutes sortes de navires. La faute aux puissants courants qui brassent entre les îles de la mer d’Iroise, tel le redoutable Fromveur, signalé par les phares de la Jument et celui du Kéréon. Mais cela ne décourage pas les pêcheurs, qui sortent leurs filets et leurs lignes dès que la mer en furie se calme tant soit peu. Il reste deux pêcheurs professionnels, et tous les anciens marins ont conservé un petite coque pour taquiner le bar ou piéger le homard aux beaux jours… Le nez au vent, vous roulerez sur les petites routes bordées de murets de pierres sèches, ou à pieds sur les sentiers qui sillonnent l’île jusque dans ses recoins les plus sauvages. C’est-à-dire les pointes recouvertes d’herbe rase, hérissées de rochers aux formes d’animaux fantastiques ; les cales verdies par le goémon, où se blottissent quelques barques esseulées ; les petites criques et les plages, justes assez grandes pour étendre sa serviette ; les landes impénétrables d’ajoncs et de bruyères, où des lapins détalent à votre passage… Les moutons prés-salés s’abritent derrière leur gwasked, un muret de terre ou de pierre, ou paissent tranquillement dans les champs. Il y en a autant que d’habitants, c’est-à-dire plus de mille ! Au printemps et durant l’été, les brebis sont attachées et s’occupent de leurs agneaux, mais le jour de la St-Michel, les moutons sont lâchés et vont brouter en liberté les landes herbeuses imprégnées d’embruns. C’est d’ailleurs pour cela qu’on les appelle les prés-salés ! Quelques moulins habilement restaurés offrent aux quatre vents leurs ailes en forme de râteaux. Juste pour la forme, car il y a longtemps qu’on ne cultive plus rien sur l’île… Ca et là, vous vous arrêterez pour admirer une maison ouessantine aux volets bleu outremer, une girouette originale, ou un jardinet fleuri. Musardez, flânez, humez l’air du large et la bonne odeur de tourbe qui s’échappe des cheminées, et n’ayez pas peur de vous perdre : tous les chemins mènent à Lampaul, ou vers son port ! Mais c’est certainement la faim qui vous ramènera au bourg. L’appétit aiguisé par l’effort et par l’air marin, vous vous régalerez de crêpes au froment ou d’un plateau de fruits de mer, à moins que vous n’ayez commandé la veille chez Jacky ou à La Duchesse Anne un buadenn, un ragoût d’agneau cuit sous les mottes, la spécialité de l’île. Si des devantures de magasins vous font des clins d’œil, n’hésitez pas à entrer pour voir la maquette de bateau ou les chaussons en laine qui vous font envie. Passez aussi à la boucherie pour faire provision de silzic, une saucisse fumée à la tourbe. En fin d’après-midi, rendez-vous à la pointe de Porz Doun pour voir le soleil peindre la mer en rouge, puis, lorsque le dernier rayon bascule, vous verrez s’allumer le phare du Créac’h, sur la pointe de Pern, en face, et plein d’autres petits feux aux quatre coins de l’horizon. Enfin, impossible de séjourner à Ouessant sans passer une soirée au pub « Ty Korn ». Certains soirs, de vieux loups de mer entonnent en chœur de poignantes chansons de marins, gaies ou tristes, qui feront chavirer le vôtre (de cœur…). Après de telles journées, saturées d’iode et d’émotions, le sommeil viendra facilement. Sinon, c’est l’endroit idéal pour compter les moutons !

(*) : L’origine du mot « iroise » n’est pas clairement établi. Certains historiens le font dériver de la dénomination bretonne vernaculaire hirwaz, pouvant signifier long chenal. Pour d’autres, il pourrait s’agir du mot breton ervoas qui signifie l’abîme, l’océan profond. Mais la référence étymologique la plus vraisemblable est tirée du dictionnaire universel français et latin de Trévoux, rédigé par les Jésuites au XVIIIème s. « Irois, oise » signifie occidental, et est employé pour qualifie les Irlandois, le peuple le plus occidental de l’Europe.   

Deux passionnants musées

Et s’il pleut ? Et bien vous aurez moins de scrupules à passer du temps dans les deux musées de l’île. L’écomusée du hameau Niou Uhella présente dans deux maisons traditionnelles en granit l’habitat et le mode de vie à Ouessant au siècle dernier. Les pièces minuscules sont occupées par les lits clos et les vaisseliers confectionnés avec du bois d’épaves. Vous découvrirez des coutumes étonnantes, comme celle de la demande en mariage : la jeune fille apportait un gâteau à son fiancé, et s’il le mangeait, il l’acceptait pour épouse. Le musée évoque aussi la tradition de la proëlla. Lorsqu’un marin disparaissait en mer, famille et amis se retrouvaient pour une veillée funèbre autour d’une croix de cire dite « croix de proëlla ». Le lendemain, après la cérémonie religieuse, la croix était transportée en procession au cimetière, près de l’église, et déposée dans un discret mausolée que l’on peut voir encore aujourd’hui.

C’est naturellement sur le site du phare du Créac’h, l’un des plus puissants du monde, que se trouve le musée des phares et balises. Vous découvrirez l’histoire héroïque des bâtisseurs de phares, les lentilles gigantesques et les techniques employées pour porter la lumière le plus loin possible. On comprend l’importance de ces signaux dans une île comme Ouessant, entourée d’écueils et de violents courants, qui était surnommée « l’île d’épouvante »… Un funeste dicton marin présageait même : « Qui voit Ouessant, voit son sang ! ». Mais on dit aussi « Qui voit Molène, voit sa peine » et « Qui voit Sein voit sa fin » ! Optimistes ces bretons, non ?

FINISTERE - Ile d'Ouessant
Au musée des phares et balises

 

Molène, le bol d’air

A mi-chemin entre le Conquet et Ouessant, Molène est un bout de caillou de 1,2 km sur 800 m. L’endroit a été classé réserve de biosphère par l’UNESCO. On y respire, dit-on, l’air le plus pur du monde…

FINISTERE - Ile de Molène

En breton, moal enez, dont on a fait Molène, signifie « île chauve ». C’est l’île principale d’un archipel, un semis d’îlots déserts, seulement fréquentés par une faune spécifique, et battus par les vents. Trois d’entre eux sont classés « réserve naturelle » : l’accès à Balaneg et Trielen est sévèrement réglementé, mais aller sur Banneg est interdit : il abrite la plus importante colonie de pétrels tempête de France. On peut circuler autour en bateau pour observer l’animal symbole de cette mer d’Iroise : le phoque moine. Ce petit monde est surveillé de près par la Maison de l’Environnement Insulaire. Vous y apprendrez tout sur la faune, la flore et le patrimoine de l’archipel. Dans l’église St-Renan, sont exposés les précieux objets cultuels offert par la Reine Victoria, et de curieux ex-voto. Regardez bien la goélette pendue à sa corde de chanvre : l’avant du bateau donnerait le sens des vents à venir…

Promenez-vous le long des chemins creux et des ribines, ces ruelles étroites exemptes de véhicules. Les brouettes sont les seules « voitures à une roue » de l’île ! A Molène, pas ou peu de culture : on cultive le plaisir du temps qui passe… Le soir, les Molénais viennent bavarder sur le port, près de l’abri du canot de sauvetage où des peintures murales racontent la petite histoire de l’île. Prenez le temps de visiter le petit musée communal qui est situé dans la cour de la mairie. Il vous racontera l’histoire poignante du naufrage du Drummond Castle, ce navire qui faisait la ligne entre l’Afrique du Sud et l’Angleterre, qui s’est perdu dans le brouillard et qui s’est fracassé sur un écueil en faisant 400 victimes… Il y a eu trois survivants, et la reine Victoria récompensa les îliens qui leur ont porté secours en offrant un ciboire et une horloge pour l’église, ainsi qu’une citerne pour récupérer l’eau de pluie. Il faut dire que l’eau est une denrée précieuse, ici. C’est peut-être pour cela que les vieux marins boivent autant de whisky !

 

Sein, une île de caractère

Aplatie sur l’horizon comme une galette, l’île de Sein a l’air d’un mirage, et semble pouvoir disparaître sous les flots au moindre coup de vent. Détrompez-vous, cette île a du caractère et de la résistance !

FINISTERE - Ile de Sein
FINISTERE – Ile de Sein

Naviguer vers l’île de Sein offre un grand privilège : longer les falaises du Cap Sizun, voir la pointe du Raz depuis la mer, et doubler le phare de la Vieille où tanguent les « lignards » d’Audierne venus taquiner le bar. Un spectacle qui ne dispense pas d’affronter ensuite le clapot qui chahute toujours cette zone considérée comme une des plus redoutable de la côte bretonne. La navette accoste au pied de Men Brial, le phare vert et blanc. Dès que vous avez posé le pied sur cette terre étroite et sans arbres, plate comme la main, le sentiment de débarquer dans un endroit spécial est très fort. Une sorte de bout du monde. Sur le quai des Paimpolais, la mode vient aux crépis colorés, mais il reste quelques maisons blanches aux volets bleus qui se serrent dans d’étroites ruelles que l’on dit suffisamment larges pour laisser passer les barriques… Au cœur du village, l’église a été construite avec du granit venu du continent. Nos lointains ancêtres, eux, ont pris celui de l’île pour ériger les « Causeurs », deux mégalithes encore debout. Vous irez marcher le long de la côte sauvage, aux rochers perclus de légendes, et vous flânerez sur la lande raclée par les vents, parfois submergée par les grandes marées. Au pied du Grand Phare, la petite chapelle saint Corentin résiste héroïquement aux éléments naturels. Mais c’est d’un autre héroïsme dont les îliens sont le plus fiers : en 1940, à l’appel du Général de Gaulle, les Sénans sont partis pour l’Angleterre. Ils représentaient le quart des volontaires de la France libre ! Le monument des Sénans Libres commémore cet acte de patriotisme : devant la croix de Lorraine, un marin que le temps a habillé de mousse jaune se tient debout face à l’océan. Cette histoire est évoquée dans l’ancien Abri du Marin, qui est maintenant réunie avec l’ancien Abri du Canot de Sauvetage en Mer pour former un musée d’histoire locale et d’arts et traditions populaires. L’unique occasion de voir, sur un mannequin, le costume et la coiffe de l’île que presque plus personne ne porte. Vous y découvrirez aussi de récurrentes et douloureuses histoires de naufrages. Souvenirs et vestiges sont conservés dans des vitrines. Dans l’entrée du musée sont alignés les bottes et le cirés des bénévoles toujours prêts à prendre la mer en cas de besoin. Il est vrai que dès que ça souffle, les lames viennent s’écraser sur la digue en projetant des geysers d’écume, et c’est très impressionnant…

Le peintre de la lumière et de la mer

Didier-Marie Le Bihan se dit peintre de la lumière. Dans son atelier ouvert sur la mer, il peint des tableaux en glacis selon la complexe technique du clair-obscur. Souvent, il intègre des paysages de l’île dans ses peintures. Travaillant « en transparence », il lui faut entre deux et six ans pour terminer une œuvre. A défaut d’être pointilliste, ce peintre pointilleux ne vend que par Internet, selon un savant jeu d’enchères. Mais,  « s’il n’y a pas d’émotion qui passe, ça ne sert à rien ! » affirme-t-il. Il ne vend donc qu’à ceux qui se sont donnés la peine de venir le voir un jour sur son île…

www.didierlebihan.com

 

PRATIQUE

Pour Ouessant

Y aller

Au départ de Brest, 2 h 30 de navigation ; du Conquet 1 h 15. www.pennarbed.fr    

Se loger

De l’hôtel au camping en passant par les chambres d’hôtes ou les locations à la semaine, vous aurez le choix pour passer la nuit à Ouessant. Belle vue sur la baie de Lampaul depuis l’hôtel 2* Roch Ar Mor. Chambres doubles à partir de 38 €. www.rocharmor.com

Se restaurer

Ty Korn, à Lampaul. Cuisine raffinée de poissons de ligne et de fruits de mer.

Crêperie du Stang, dans le bas du bourg de Lampaul.

A faire

Les plages de sable étant peu nombreuses à Ouessant, les activités sont tournées vers la mer. Vous pourrez pratiquer la voile, la planche à voile et le kayak de mer en vous adressant au centre nautique du Kornog, à Lampaul. Tél. : 06 56 88 21 29

Ondine Morin connaît son île comme sa poche et sait en parler. Guide interprète régional, elle propose de passionnantes balades-découvertes et des sorties nocturnes ou matinales très originales :  Tél : 06 07 06 29 02 et  www.kalon-eusa.com

 Artisanat

Pour se protéger du vent, les moutons d’Ouessant ont une toison épaisse, qui a toujours été utilisée pour fabriquer des vêtements en laine. Il reste quelques fileuses sur l’île qui utilisent la toison de leurs moutons, blancs ou marrons foncés, pour tricoter des pull-overs, des bonnets, ou des chaussettes en pure laine vierge. Ils sont mis en dépôt-vente dans les magasins de souvenirs du bourg. Allez par exemple à « l’Abri du Mouton », où Isabelle Patard a créé des souvenirs originaux (mobiles, objets décoratifs, cartes postales…) avec de minuscules moutons en fil de laine écrue ou teinte.

Se renseigner :  www.ot-ouessant.fr

 

Pour Molène

Y aller

Au départ de Brest, 1 h 45 de navigation ; du Conquet, 45 minutes. www.pennarbed.fr  

Se loger et se restaurer

L’Archipel : bar-restaurant proposant deux gîtes et trois chambres d’hôtes, tout vue mer. Spécialités de fruits de mer, ragoût de homard, et saucisse de Molène aux algues. www.archipelrestaurant.com

Artisanat : en haut de l’embarcadère, un atelier propose des cosmétiques biologiques marins aux algues de l’île Molène (gamme ALGALYS).

A faire : randonnées accompagnées en kayak de mer. Partez à la découverte des dauphins, loutres, phoques moines de l’archipel, avec Quentin Cuillandre. Breizh Kayal Evasion (06 56 74 65 84)

 Se renseigner :  www.molene.fr

 

Pour Sein

Y aller

Au départ d’Audierne, 1 h de traversée. www.pennarbed.fr  

Se loger, se restaurer

Hôtel-restaurant Ar Men : route du Phare. Chambre double à partir de 65 €, ½ pension à partir de 135 € pour deux personnes. Spécialités de poissons et ragoût de homard.  www.hotel-armen.net

Se renseigner  : www.mairie-iledesein.com

 

Irrésistible Cuba

Le mojito, le cigare, la langouste, les vieilles voitures américaines et les plages de rêve ? Oui, c’est ça Cuba, mais pas seulement. Cette grande île caribéenne séduit aussi par son architecture coloniale et par la gentillesse des Cubains, pour qui l’hospitalité c’est comme la salsa : une seconde nature !

CUBA Jolie cubaine

La Havane

A l’occasion de son 500ème anniversaire, La Havane s’est refait une beauté en restaurant certains bâtiments historiques de la vieille ville, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Les peintures fraîches aux couleurs pastels des maisons coloniales s’accordent avec celles, plus flashy, des opulentes voitures américaines des années 50. Louez l’une de ces décapotables avec chauffeur pour faire un tour de la ville. Ces plantureuses limousines mille fois rafistolées empruntent les belles et larges avenues en ouvrant une faille spatio-temporelle (et pas avec une DeLorean mais avec une Cadillac ou une Chevrolet !) qui fait entrevoir le temps où La Havane était une ville cossue, symbolisant le rêve américain… Mais si l’on s’éloigne dans les ruelles adjacentes, on découvre une réalité moins flatteuse, avec des immeubles en ruine et une population très pauvre. Pas de problème pour entrer dans les magasins d’Etat aux trois-quarts vides, ni pour circuler entre les étals chargés de fruits et légumes des petits marchés, car on se sent en sécurité, et les Cubains font tout leur possible pour être agréables si vous leur adressez la parole. Notamment pour guider vos pas vers les bonnes adresses… A ce propos, pour boire un verre, évitez les bars du Floridita ou de la Bodeguita del Medio, surtout en pleine journée : ils sont cités dans tous les guides, et leur sur-fréquentation gâche tout le plaisir que l’on peut avoir à siroter un daïquiri ou un mojito en écoutant de la musique cubaine. Préférez le bar du Nacional, un hôtel mythique qui a accueilli tous les personnages célèbres passés par La Havane depuis les années 30, ou bien celui sous arcades d’El Patio, sur la place de la cathédrale, ou bien n’importe quel petit bar avec des musiciens ! Faites une promenade sur le Malecon, le boulevard maritime où la population aime se retrouver pour pêcher ou flâner. Là encore, si vous discutez avec les Cubains, ils vous conseilleront de délaisser le cabaret Tropicana (un spectacle flamboyant style Las Vegas) pour celui plus authentique du Copa Room (anciennement Palacio de la Salsa) dans l’hôtel Habana Riviera (quartier général des mafieux Lucky Luciano et Meyer Lansky dans les années 50 !), où se produisent les meilleurs groupes cubains. On vous proposera peut-être des cigares, tombés du camion, ou présentés comme une super-promotion, mais la plupart du temps, c’est une arnaque et ces cigares, aussi maquillés qu’une jinetera (littéralement cavaleuse, donc prostituée) de boîte de nuit, n’ont ni la saveur ni la qualité des cigares vendus dans les hôtels ou dans les boutiques spécialisées.

D’ailleurs, l’une des visites incontournables qu’il faut faire à La Havane, c’est celle de l’usine de cigares La Corona. Des centaines d’ouvriers et d’ouvrières s’activent lentement (on est à Cuba, quand même…) dans de grandes salles empestant le tabac froid, et un guide vous arrête d’atelier en atelier pour expliquer les différentes étapes de fabrication d’un cigare. Cette diversion touristique ne perturbe pas les torcedores, qui manient, coupent et roulent les larges feuilles marron en un barreau de chaise oblong qui, une fois pressé et manucuré, devient un puro Monte-Christo, ou un Roméo et Juliette qui se consumera un jour entre les doigts d’un amateur de havane… Si ces marques renommées portent le nom de livres célèbres, c’est parce qu’il est de tradition, dans ces usines de cigares, qu’un ouvrier fasse la lecture à haute voix, une ou deux fois par jour, soit avec la presse locale, soit avec des romans. Les plus appréciés ou les plus lus, ont fini par donner leur nom à certains cigares !

Les villes coloniales du centre de Cuba

A 4 h de route à l’ouest de La Havane, Cienfuegos est une ville portuaire dont le centre-ville, construit au début du XIXème s. par des Bordelais, regorge d’édifices coloniaux néoclassiques. Vous trouverez les plus beaux bâtiments autour du Parc Marti, tel qu’un arc de triomphe ou le musée provincial, inspiré du Capitole de La Havane, lui-même inspiré de celui de Washington… Il faut arpenter le paseo el Prado, c’est l’avenue principale, dont le terre-plein central permet d’admirer, de part et d’autre, les belles maisons de couleur pastel aux arcades supportées par d’élégantes colonnades. Tout au bout de cette rambla, arrêtez-vous pour prendre un verre au yachtclub (1924), dont la terrasse offre une belle vue sur la marina et la baie.

Un peu plus au nord, Santa Clara possède également un beau patrimoine architectural autour du Parc Vidal, mais on y vient surtout pour célébrer la mémoire de Che Guevara, qui a connu ici en 1958 sa plus belle victoire, lors de l’attaque d’un convoi de train blindé. Ce glorieux épisode a conduit à la prise du pouvoir de Fidel Castro et à l’indépendance du pays. Sur le site même de l’attaque, quelques wagons se visitent, dans lesquels une exposition succincte relate l’événement, et l’on se demande pourquoi un bulldozer est surélevé sur un terre-plein en béton : c’est celui qui a servi à faire dérailler le convoi ! Cette bataille est aussi représentée sous forme de fresque sur le site du Mémorial dédié au Che. Au milieu d’une immense place (de la Révolution, bien sûr) trône une monumentale statue en bronze du guérillero en tenue de combat, le bras gauche en écharpe, dont le piédestal porte gravée sa célèbre formule : « Hasta la victoria siempre » !

Encore une heure de route vers le nord et voici Sagua-la-Grande, ville fondée en 1812 par les Espagnols, pour servir de port d’exportation du sucre et de la mélasse. Comme c’était aussi un port de pêche dynamique, qui envoyait le poisson aux USA, la petite ville a connu une période de prospérité, ce qui explique la taille impressionnante de son église, et l’architecture néo-classique des bâtiments qui l’entourent. Sagua-la-Grande n’étant pas (encore) sur les circuits classiques des voyagistes, elle est très peu fréquentée par les touristes, et le voyageur qui la découvre aujourd’hui a un peu l’impression d’être le premier à fouler ces trottoirs éventrés, ces rues trop larges pour une circulation erratique, où les rares bagnoles américaines font vraiment leur âge, et où les vélos et triporteurs (avec ou sans frein !) transportent dans d’invraisemblables équilibres, bêtes, gens, victuailles et encombrants. Les Cubains vous dévisagent un peu plus qu’à l’accoutumée, mais sans insistance, et si l’on engage la conversation, ils veulent tout savoir de vous, votre nationalité, de quelle ville vous venez, et surtout ce que vous faites ici ! Il faut dire que l’animation est limitée, il n’y a guère qu’un bar ouvert le soir, et à priori pas grand-chose à visiter, à part un musée de la musique regroupant quelques vieux instruments. Il faut voir le pont en fer qui enjambe la Sagua, appelé immodestement « el Triunfo », et prendre un verre sur le toit-terrasse du seul hôtel correct de la ville, le Sagua. Lorsque la marina d’Isabela-de-Sagua, à une dizaine de km de la ville, sera fonctionnelle, et que les cayos situés au large seront accessibles, cette paisible bourgade coloniale constituera une halte non dénuée de charme et une alternative pertinente aux excursions plus lointaines vers le sud-est de l’île.    

Au sud de ces deux villes, Trinidad est un bijou de ville coloniale, qui n’a pas bougé ou presque depuis sa période de prospérité au milieu du XIXème s., lorsque l’industrie sucrière battait son plein. Conservé « dans son jus » (de canne), le centre-ville est si bien préservé qu’il est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour en avoir le meilleur aperçu, il faut monter au sommet de la tour du Palais Canterro, une superbe édifice aux immenses pièces ornées de peintures italiennes, réparties autour d’un patio rafraîchi par une grande fontaine (on dit que lors des réceptions, à la Belle Epoque, elle glougloutait du champagne !). Le palais abrite les collections hétéroclites et poussiéreuses du musée historique municipal, et l’on peut se contenter de monter directement au sommet de la tour pour avoir une vue panoramique sur la ville, dont les clochers blancs des églises se découpent sur les montagnes verdoyantes qui l’entourent. Baladez-vous ensuite dans les ruelles pavées bordées de maisons coloniales aux teintes pastel, vous découvrirez un Cuba provincial et paisible, où les habitants vous parleront de la douceur d’y vivre, tout en se balançant sur leur rocking-chair collé contre les grilles en fer forgé qui enserrent la plupart des fenêtres en rez-de-chaussée. Il y a des groupes de musiciens dans tous les bars et sur toutes les placettes. Au Cancanchara, goûtez au vieux cocktail cubain qui a donné son nom au bar, à base d’eau de vie de canne, de citron vert et de miel. Qui n’a pas siroté un cancanchara ou un mojito dans un bar de Trinidad, n’a pas la moindre idée du plaisir qu’on peut avoir à voyager à Cuba !

Et les plages ?

Toutes les plus belles plages de Cuba, facilement accessibles, se situent sur la côte nord, ourlées par les eaux chaudes et translucides de la mer des Caraïbes. En effet, la plupart des fleuves se dirigent vers le sud, déversant sur cette côte les sédiments qu’ils charrient. Les plages y sont donc moins belles… Le problème, c’est que les plages du nord sont presque toutes occupées par des zones hôtelières denses et sans charme, y compris celles qui sont situées sur des îlots, les cayos. Vouloir trouver une plage de rêve déserte à Cuba relève de la gageure, à moins de parler espagnol, de voyager en autonomie en utilisant les erratiques transports en commun locaux, et d’accepter de loger chez l’habitant dans des conditions de confort sommaires… Les plages situées dans les îlots au large de Sagua-la-Grande (notamment à cayo Esquivel) correspondent à ce profil, mais à l’heure actuelle, elles sont encore inaccessibles… Pour profiter des plages de sable blanc corallien et des lagons couleur émeraude, il faudra donc loger dans un resort « tout compris » de Varadero, de cayo Coco ou de cayo Santa Maria. Cette dernière île, accessible par une digue de 50 km de long, a conservé une plage ouverte aux Cubains, et une autre très peu fréquentée, qui est un petit bijou : la Perla Blanca…

Pratique

Trois compagnies desservent La Havane en 10 h de vol : Air France, Corsair et Air Caraïbes. A partir de 600 € A/R.

Havanatour et Sol Latino, les voyagistes spécialistes de Cuba, ont une offre complète de circuits, autotours et séjours. TUI propose un circuit accompagné « Terres Cubaines » d’une semaine, à partir de 1600 €/p.

Bonnes adresses

Elegancia Suites Habana : maison d’hôte de charme dans le quartier calme de Vedado, avec terrasse, jacuzzi et personnel parlant français. 3 fois par semaine, en fin d’après-midi, une cantatrice cubaine vient chanter a cappella pour les clients : l’opéra à l’apéro, c’est classe ! A partir de 120 €/ch en B&B.

CUBA – La Havane A l’Elegancia suite Habana, un hôtel E dans le Vedado

Nacional (5*), à La Havane : pour son ambiance surannée, son bar mythique, sa terrasse vue mer, et ses chambres historiques nommées d’après les personnalités qui y ont séjourné. A partir de 230 € la ch double, en B&B.

Hotel La Ronda, à Trinidad : Hôtel E (comme Encanto, enchantement) avec chambres confortables donnant sur un patio. A partir de 100 € la ch double en B&B.

Paladar Ceiba, à Trinidad : pour déguster une langouste grillée (spécialité de la maison) en terrasse, à l’ombre d’un énorme fromager. Compter 25 € le déjeuner.

La Casa del Habano, dans l’hôtel Melia Cohiba : c’est le meilleur endroit pour acheter des cigares : très grand choix, bons conseils, prix corrects. Propose également de vieux rhums.

A lire : Portraits de La Havane, de Valérie Collet (Hikari éditions), où 14 Havanais parlent de leur ville en donnant leurs adresses préférées.  

Destination Cuba : c’est un magazine gratuit consacré uniquement aux attraits touristiques de l’île. Il est distribué lors du Salon mondial du Tourisme, à la Porte de Versailles, à Paris (14-17 mars). On le trouve aussi à l’Ambassade de Cuba (14 rue Presles, 75015 Paris), à l’Office du tourisme Cubain (2 passage du Guesclin, 75015 Paris), ainsi que dans une centaine d’agences de voyage.

CUBA Rhum et coco, les deux mamelles de Cuba

La Thaïlande en tourisme durable

Très loin des plages et des îles du sud dénaturées par le tourisme de masse, voici un itinéraire dans les provinces du Nord de l’ancienne Siam, privilégiant la »green attitude » et le tourisme durable. Une Thaïlande authentique qui ravira les amateurs de nature et de culture.

Chiang Mai, la capitale du nord

Chiang Mai est la seconde ville de la Thaïlande. Elle s’étend dans une vallée verdoyante au cœur du Lan Na, un ancien royaume nourri d’influences birmanes et laotiennes, qui a doté la ville de nombreux temples où s’expriment le meilleur de l’architecture et des arts thaïes. Tel le wat Chet Yod, un temple du XVème s. dont les murs sont sculptés de superbes bas-reliefs de divinités hindoues. Sous son banian sacré, des fidèles prient devant des autels surchargés de statuettes de serpent, l’animal totémique du temple… Après en avoir visité plusieurs, vous comprendrez le rôle important que tient le bouddhisme dans la société thaïlandaise, et vous aurez vu l’incroyable diversité dans leur décoration, parfois kitsch, souvent baroque, toujours fastueuse. Le soir, après une halte dans un salon de massage pour harmoniser vos chakras et soulager vos courbatures, faites un tour au centre-ville pour goûter la « street-food » locale, telle que la soupe Tom Yum à la citronnelle (assez épicée), le pad thaï (nouilles de riz sautées aux crevettes) ou un curry au lait de coco… 

Trek dans la jungle

A 1 h de route de Chiang Mai, la capitale du nord, le parc national Doi Inthanon porte le nom du plus haut sommet du pays, qui culmine au-dessus des forêts de mousson à 2565 m d’altitude. C’est évidemment très humide, et de spectaculaires cascades grondent dans les replis d’un relief vigoureux. Mae Ya est la plus haute chute d’eau du parc, son voile blanc recouvre 250 m de rochers, et forme à ses pieds un brumisateur géant, très agréable en atténuant la chaleur ambiante. La marche d’approche permet d’admirer des orchidées épiphytes, poussant aux creux moussus des arbres, tandis que l’air est parfois zébré par l’éclair bleu d’un martin-pêcheur. Un guide local vous devancera dans la jungle, en s’arrêtant pour vous montrer ce qu’un œil non averti ne saurait déceler – un coléoptère gros comme la main, une plante carnivore, un papillon aux ailes comme un tableau – et pour décrypter les cris d’animaux émergeant de la canopée ou des taillis impénétrables… L’observation directe est rarement possible, mais savoir que des éléphants, des gibbons et des tigres vivent dans cette jungle, procure de vrais frissons d’aventure ! Le parc national de Mae Charim est lui à 1 h de route de la ville de Nan. Il est traversé par la rivière Wa, dont les rapides permettent de faire de belles descentes en rafting. Une autre façon de traverser ces magnifiques forêts aux milles nuances de vert, sous le regard intrigué des singes dans les frondaisons des arbres, et celui amusé des pêcheurs sur les rives…

Rencontres autochtones

Le principal intérêt de voyager hors des sentiers battus du tourisme, c’est de rencontrer des communautés autochtones aux us et coutumes préservées, sans être considéré comme un porte-monnaie à deux jambes. Dans les villages de montagne du nord de la Thaïlande vivent des Akhas, des Hmongs ou des Karens, dont le mode de vie n’a guère changé depuis des siècles, téléphone portable et télévision mis à part… Vivant dans des cases en tek sur pilotis, certains portent un costume traditionnel en coton, tissé et brodé de couleurs chatoyantes, et ne demandent en général pas d’argent si l’on souhaite les photographier. Au contraire des femmes-girafes Padaung, qui vivent dans des villages frontaliers avec la Birmanie, et qui monnayent l’image de leur cou déformé par des anneaux en laiton… Je ne les juge pas de fonctionner ainsi, je condamne plutôt les touristes qui achètent l’image de leur difformité… Je sais bien que pour cette minorité ethnique, c’est un critère esthétique ou une identité culturelle, mais cette « coutume » fait souffrir des femmes, dès l’âge de 5 ans. Pour information, en 2008, le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) a encouragé le boycott par les touristes des villages Kayans (ou Padaung), considérant que les femmes y sont exhibées comme dans un « zoo humain ».  A l’inverse, les villageois que j’ai rencontrés dans mon voyage hors des sentiers battus du tourisme, se montrent touchés par l’intérêt que leur porte le visiteur étranger, et ils acceptent donc de se faire prendre en photo avec un plaisir évident. Ainsi, à Ban Sobhad, un village entouré de rizières dans le parc Doi Inthanon, la tisseuse était visiblement ravie devant l’objectif, et son sourire arc-en-ciel s’harmonisait avec les couleurs de ses cotonnades… Et en plus, son sens inné de l’hospitalité lui a même commandé de nous offrir un thé ou un café ! Parfois, l’accueil est organisé, comme à Samkha, une sorte de village « modèle » qui vit en autosuffisance et qui protège sa forêt de la culture sur brûlis. Nunok, une jeune femme Karen parlant anglais, reçoit de petits groupes chez elle, et explique autour d’un savoureux repas préparé par sa tante, comment la reforestation et la construction de digues ont amélioré leurs récoltes de riz, d’ail et de piment. Assis en cercle sur une natte autour d’un assortiment de plats, chacun trempe des petites boulettes de riz gluant dans les sauces proposées, tout en bombardant Nunok de questions. Alors que son cousin (un jeune bonze) s’est mis à l’écart pour consulter discrètement son smartphone, Nunok résume les principales restrictions auxquelles doivent se plier les moines bouddhistes (il y en a 227 !), et nous explique pourquoi un jeune homme (ou une jeune femme, il y a des nonnes habillées de blanc qui servent dans les temples), accepte ces règles contraignantes dans la société contemporaine…  Un bel exemple de tourisme durable... Dans le même ordre d’idée, je citerai l’exemple du « Royal Project » du parc Doi Inthanon, situé à côté du village de Klunklang : dans le but d’inciter les tribus montagnardes à ne pas pratiquer la culture sur brûlis (ce qui aggrave la déforestation), ni la culture d’opium, le gouvernement thaïlandais a formé ces villageois à des techniques d’agriculture modernes et respectueuses de l’environnement, tout en leur fournissant l’équipement et les outils pour le faire. Le site est splendide et se visite, le tourisme étant une composante du projet, car une partie de ce qui est produit sur place est cuisiné et servi dans un restaurant sur pilotis surplombant les cultures ! C’est génial comme idée, et à la satisfaction de voir la population travailler dans des serres de culture hydroponiques, des champs de fraises ou de salade, ou dans une ferme piscicole, s’ajoute le plaisir de retrouver tous ces produits dans son assiette. On ne peut pas manger plus local, avec des saveurs thaïe épicées, c’est un régal, et en plus tout est bio !   

THAÏLANDE – Parc national Doi Inthanon Petite fille devant un champ de fraises bio

De fabuleux temples bouddhistes

La religion tient une place capitale dans la vie des Thaïlandais. Le bouddhisme, teinté d’animisme dans les tribus du nord, régit la vie de tous les jours. Devant chaque maison ou commerce, les gens se recueillent en joignant les mains près du menton devant de petits autels chargés d’offrandes aux esprits. Dans chaque région, les temples (wat) reflètent l’architecture et le style décoratif des civilisations qui les ont influencées : l’Inde du sud au wat Chet Yod de Chiang Mai ; la Birmanie au wat Si Rong Muang de Lampang, rouge et or jusque sur ses toitures étagées, surchargé de dorures, de verres colorés et d’innombrables statues de bouddhas au regard bienveillant, sur lesquelles les gens pieux collent de petites feuilles d’or… Le wat Phumin de Nan abrite des peintures murales extraordinaires, véritables BD racontant la vie de Bouddha. Une fresque est particulièrement célèbre, celle de ce couple d’amoureux coiffés et habillés à la mode thaïe Lue, où un homme tatoué susurre des mots doux à l’oreille d’une femme au sourire complice, qui lui effleure le genou. Cette scène osée pour l’époque, reprise par tous les peintres et illustrateurs du pays, montre le vrai visage de la Thaïlande : une civilisation raffinée et délicate, à mille lieues des turpitudes de Pattaya ou de Phuket…

THAÏLANDE – Nan Jeune bonze du wat Phra That Khao Noi

Prolongation balnéaire au sud de Bangkok

Pour ceux qui ne conçoivent pas de voyage en Asie sans profiter tant soit peu des plaisirs balnéaires, la Thaïlande du sud offre l’embarras du choix. Mais sans descendre jusqu’à Phuket, il est possible de s’arrêter à Hua Hin, une grande station balnéaire un peu chic, pas trop éloignée de Bangkok, fréquentée par le gratin de la capitale. Vous y trouverez de bons hôtels, des restaurants spécialisés en fruits de mer, installés sur la plage, et toute la palette habituelle d’activités nautiques… Les plages ne sont pas à tomber à la renverse, c’est pourquoi vous en profiterez pour faire quelques excursions sympas. Par exemple faire un safari au parc naturel national de Kuiburi. On s’installe à l’arrière d’un 4×4, qui sillonne à faible vitesse des pistes jalonnées de postes d’observation. Il pleuvait à verse pendant mon safari, mais nous avons quand même pu observer une troupe d’éléphants qui se baignaient dans une mare. Voir ces pachydermes insouciants dans leur élément naturel, s’aspergeant et prenant un plaisir visible à leur bain, c’est tout de même autre chose que de voir des éléphants piétiner dans un zoo, ou dressés à balader des touristes, quand ils ne sont pas asservis aux rudes travaux de débardage en tirant de lourdes grumes de bois… De plus, l’argent dépensé dans cette réserve revient intégralement aux paysans du coin, puisque ce sont eux les chauffeurs et les guides du safari ! Encore un bel exemple de tourisme durable. Par contre, je déconseille le Khao Deng canal boat trip, une excursion proposée dans tous les hôtels, consistant à faire un tour de bateau sur des canaux marécageux. Le cadre est superbe, avec ces falaises karstiques bordant la mangrove, mais le moteur pétaradant est si bruyant (et polluant !) qu’il gâche tout le plaisir de la balade, en plus de faire fuir toute la faune… Quand on pense qu’il suffirait d’un moteur électrique pour transformer cet attrape-touriste en balade merveilleuse… Enfin, il nous a été signalé, dans la région, une excursion à faire absolument, que je n’ai malheureusement pas eu le temps de faire : il s’agit de la grotte Phraya Nakhon, le joyau du parc national de Sam Roi Yot. Accessible à pieds après un petit trek, la grotte abrite une modeste construction érigée sur un tertre, un petit pavillon royal construit en 1890 à l’occasion de la visite du roi Rama V. Si votre guide a bien calculé son coup, vous devrez arriver au moment où les rayons de soleil éclairent quasi miraculeusement ce temple en passant par une ouverture au sommet de la grotte, et en le nimbant de lumière : il paraît que c’est magique ! (Je joins une photo prise sur google images…)

Mon voyage pratique

Y aller : La Thaï Airways a un vol direct quotidien Paris-Bangkok en A380, à partir de 839 € A/R. https://www.thaiairways.com/fr_FR/index.page?gclid=EAIaIQobChMIxafNiM6V3wIVTLvtCh0jVwo3EAAYASAAEgKpEPD_BwE

Voyagiste : Grâce à son réceptif local très réactif, Evaneos vous concoctera un itinéraire sur mesure en Thaïlande du nord, à partir de 900 €/p pour 7 nuits en B&B. www.evaneos.fr

Séjourner :

Au Rati Lanna de Chiang Mai, un somptueux 4* « éco-friendly », situé au bord de la rivière Ping. A partir de 250 €/ch en B&B.

THAÏLANDE – Chiang Mai Hôtel Rati Lanna Riverside

Coup de cœur pour le très « roots »  Giant Bamboo Hut, une maison tout en bambou en forme de bateau, au charme fou, au milieu des rizières de Doi Inthanon. Compter environ 80 € la nuit pour 2 en pension complète. Réservation sur Facebook.  https://www.facebook.com/Giant-Bamboo-Hut-356513381353632/

Nan Seasons boutique resort : 7 villas en tek noyées dans la verdure, surplombant les rizières. A partir de 70 €/ch en B&B.

Evason Hua Hin : situé à Pranburi, à l’écart de l’animation de Hua Hin, magnifique 5 * aux chambres spacieuses, donnant dans un jardin tropical. Idéal pour une cure de bien-être, grâce à la zénitude de sa piscine, et surtout grâce à son spa The Six Senses, l’un des plus réputés de Thaïlande. A partir de 250 €/ch double en B&B. 

THAÏLANDE – Pranburi A l’hôtel Evason

Onusa retreat, au sud de Hua Hin : superbes villas en tek abritées dans un jardin tropical, à deux pas de la mer. Le proprio est un australien qui s’appelle…Gary Cooper ! A partir de 150 €/ch en B&B.

Se restaurer :

Huean Hom, à Nan : juste à côté du wat Phumin, restaurant à la clientèle exclusivement thaïe, qui fait un délicieux khao soï, le plat du nord emblématique, avec des nouilles de blé au bouillon de coco, des épices et de la viande. Pas cher du tout…

Let’s SeaBeach, à Hua Hin : jolie terrasse vue mer pour ce restaurant de poissons à la cuisine raffinée. Compter 30 €/p.

Bien-être : Oasis Spa (Sam Lan Road), à Chiang Maï : un havre de paix et de douceur au cœur du bruyant centre-ville. Le traditionnel massage thaï de 2 h est à seulement 45 € !

THAÏLANDE – Nan

Se renseigner : http://www.tourismethaifr.com  

Mayotte, l’île aux parfums

Le 101ème département français est une destination touristique injustement méconnue, qui a tout pour séduire les métropolitains avides de soleil, d’exotisme et de sécurité. On y va en famille pour découvrir sa faune et sa flore étonnante, et pour profiter de ses plages de rêve aux doux effluves de vanille et d’ylang-ylang…

MAYOTTEBaie de Acoua
MAYOTTE Baie de Acoua

 

« Caribou » ! C’est ainsi qu’on est accueilli à l’aéroport de Dzaoudzi, et il ne faut pas s’en formaliser ni croire qu’après un long voyage, on a une tête d’ongulé nord-américain… Caribou, cela signifie bienvenue dans cette petite île nichée dans la partie orientale de l’archipel des Comores, devenue, le 31 mars 2011, département français d’outre-mer. L’aéroport étant situé à Petite-Terre, une île de 16 km² où se sont implantés les premiers colons, une grande barge la relie toutes les 30 ‘ à l’île principale, la Grande Terre. Mamoudzou, la capitale, est une ville administrative surpeuplée qui n’a guère d’intérêt. On flânera dans le quartier des belles maisons coloniales aux jardins débordant de bougainvillées, et à la descente de la barge, on fera un tour au marché pour se régaler de mangues ou de petites bananes délicieusement parfumées. Attention, les photos ne sont pas toujours les bienvenues. 95 % de la population est musulmane, et si vous ne demandez pas l’autorisation, vous risquez de vous faire sévèrement houspiller par des bouenis, des mamas au tempérament aussi vif que les couleurs de leur pagne…

C’est ce qu’expliquera votre guide ou le chauffeur de taxi sur la route qui vous mènera à votre hôtel. Les Mahorais pratiquent donc la religion musulmane, mais tout en intégrant un animisme proche des Tamouls. Il y a une forte influence culturelle malgache et indienne, d’ailleurs 40 % des Mahorais proviennent de Madagascar, la grande île voisine. Ici, le métissage intense se lit sur les visages, qui trahissent un mélange harmonieux entre des origines d’Afrique centrale ou de l’Est, du Moyen Orient, d’Europe ou d’Asie. D’un point de vue géographique, cet ancien volcan sans volcan est protégé par deux barrières de corail, ce qui fait de Mayotte l’un des plus grands lagons fermés du monde. La faune et la flore sont assez bien préservées, et l’île abrite de nombreuses espèces végétales ou animales endémiques, tels que le baobab ou le souïmanga, un petit oiseau proche du colibri. Au Jardin Maoré, l’une des meilleurs adresses hôtelières de Mayotte, occupant le bout d’une péninsule au sud de l’île, vous aurez aussi de grandes chances de pouvoir observer des tortues marines. En effet, sa plage est un lieu de ponte pour ces merveilleux animaux, et l’herbier qui descend en pente douce sert de pâturage aux tortues vertes et aux tortues imbriquées. Comme elles sont placides, vous pourrez les côtoyer sans crainte en ayant pied ou en nageant avec palmes, masque et tuba. De plus, l’hôtel organise des sorties en mer, avec ou sans plongée, lors desquelles il n’est pas rare de croiser la route d’une des six espèces de dauphins fréquentant le lagon, ou, entre juillet et octobre, des baleines à bosses de 30 tonnes, avec ou sans leurs baleineaux… En cette saison, nombreux sont ceux qui croient voir le panache de vapeur projeté par ces mégaptères. C’est souvent faux ! En fait, il se trouve que la barrière de corail du lagon est assez éloignée des côtes, et les déferlantes qui s’y écrasent provoquent des franges écumeuses à l’horizon, ressemblant fort à ces respirations de cétacés… Cerise sur le gâteau, ou plutôt meringue sur le lagon, le bateau accoste en général sur l’îlot de sable blanc (c’est son nom), un banc de brisures de corail formé par les courants. Totalement désert et vierge, cet îlot sert de robinsonnade aux touristes ravis, autant éblouis par la couleur irréelle du lagon, que par la blancheur immaculée du substrat corallien.

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Le tour de l’île fait environ 175 km, il peut être fait en 2 jours. Parmi les excursions à ne pas manquer, il y a l’écomusée de Bandrélé. Ce petit musée du sel met en valeur le travail des « mamas shingos » (mamans du sel en mahorais). Ces femmes mettent en œuvre ici une technique unique de production de sel à partir de limon, une activité ancestrale d’origine bantou, transmise de génération en génération… Les mamas ne parlent pas trop français, mais des panneaux explicatifs viennent pallier les difficultés de communication… Les petits paquets de sel vendus à la boutique permettent à l’association de perdurer son action sociale, et c’est une bonne idée de cadeau ! Non loin de là, à Bambo Est, faites un arrêt à la Musicale plage, non pour écouter quelque groupe folklorique, mais pour voir l’un des plus gros baobabs de l’île : il faudrait une trentaine de personnes pour faire le tour de sa circonférence en se donnant la main ! Le centre et le nord de l’île sont verdoyants, on peut y faire des randonnées pédestres d’1/2 journée à 2 journées avec bivouac, accompagnées d’un guide, bien sûr. Il vous expliquera tous les secrets de la brousse et les utilisations des plantes dans la pharmacopée traditionnelle. Chemin faisant, vous rencontrerez certainement des groupes de makis, ces lémuriens au poil roux qui délaissent volontiers la recherche de fruits dans la forêt pour profiter des petites bananes que leur lancent des touristes au grand cœur. Ce qu’il ne faut pas faire, bien sûr, afin qu’ils conservent leur mode de vie forestier. Trop nombreux sont ceux qui ont renoncé à la vie sauvage, car certains hôtels ont comme pensionnaires ces facétieuses petites boules de poil, toujours promptes à sauter sur une table ou sur une épaule, s’il y a une friandise ou un fruit à glaner… Vous visiterez sans doute une petite unité de distillation de l’ylang-ylang, cet arbuste aux branches tortueuses et aux délicates fleurs blanches, dont le parfum envoûtant a une note déterminante dans le bouquet de certains parfums de Chanel ou de Guerlain… Vous ne verrez probablement pas la récolte des fleurs, car celle-ci se fait exclusivement le matin, de 5h30 à 9h. Les femmes cueillent les fleurs fraîches une à une, et elles partent tout de suite à la distillation, pour conserver au maximum leur puissance aromatique.

Des traditions intactes

Bien qu’il soit possible de visiter l’île en liberté (les routes sont correctes, et les principaux itinéraires sont côtiers), il est conseillé d’avoir un guide à ses côtés, afin de ne pas passer à côté d’une des richesses de Mayotte : ses particularismes culturels. Par exemple, vous ne remarquerez pas forcément, à la sortie des villages, ces petites cases décorées de peintures, de dessins ou de tags : votre guide vous expliquera que ce sont des bangas, des garçonnières dans lesquelles les garçons s’émancipent à l’adolescence, en y amenant leurs premières copines… Il pourra vous présenter aussi à un fundi (« celui qui sait ») , en général un vieil homme expert dans son domaine, mi-sorcier, mi-guérisseur… Il vous racontera comment se déroulent ici le mariage, très importante cérémonie qui dure 3 semaines, qui demande des mois de préparation et des années d’économie… Les femmes mahoraises sont expertes en soins de beauté. Très souvent, elles protègent la peau de leur visage de brûlures du soleil et des insectes en appliquant un masque blanc ou jaune, le tzinzano, fait à partir de bois de santal râpé et/ou de kaolin. Il est parfois additionné d’autres produits naturels selon l’effet recherché : avec de l’avocat pour éclaircir la peau, ou de l’huile de sésame pour son action anti-âge. Et lors des cérémonie, ou tout simplement pour paraître belle, le visage est peint de motifs astronomiques, floraux, géométriques, qui parent les joues et le front. Pour tout savoir sur cet art du maquillage traditionnel, il faut aller voir Taambati. Cette mama mahoraise tient table et chambre d’hôtes à Bouéni (Au Santal Logis), et c’est une figure locale incontournable. Très investie dans le développement de Mayotte, elle a créé l’association  » Ouzouri wa m’troumche  » qui veut dire  » la beauté de la femme « . En plus d’être une cuisinière hors pair, et d’avoir toujours le sourire, c’est une maquilleuse et masseuse professionnelle qui adore faire partager ses petits secrets de beauté aux voyageuses. Après avoir râpé du bois de santal, et étalé sur une feuille de bananier des fleurs de jasmin, d’ylang-ylang, des pétales de rose, du patchouli, du mimosa et du lait de coco, elle prépare devant vous ses potions et onguents dont elle se sert pour vous prodiguer des massages ou vous faire un véritable masque de beauté mahorais ! Et comme un bonheur ne vient jamais seul, vous pourrez après déguster le pilao, le plat national, une sorte de couscous à base de riz, ou du poisson cru mariné, ou un poulet coco… Si cela vous plaît, Taambati propose aussi des ateliers cuisine !

 

Pratique

Y aller : Corsair et Air Austral proposent des vols directs avec la métropole.

Sur place : Baobab Tour est la meilleure agence réceptive de l’île. Son responsable mahorais, Attoumani, est un ancien guide, et connaît l’île et ses sentiers comme sa poche. Baobab Tour

Séjourner :

* Le Jardin Maoré, à la Pointe N’Gouja : des bungalows confortables dans un jardin tropical, tout près de la plage, flanquée de baobabs centenaires. Le soir, une association naturaliste présente à la clientèle des conférences sur les tortues marines, qui viennent pondre directement sur la plage.  Jardin Maoré

* Le Sakouli, à Bandrélé : vastes bungalows climatisés face au lagon. Superbe piscine à débordement, jacuzzi, et son restaurant est l’une des meilleurs tables de l’île. Sakouli

* Le Santal Logis, à Bouéni : 5 chambres d’hôtes très propres mais au confort sommaire. On y va pour Taambati ! Moins de 30€/p en 1/2 pension. Tél : 02 69 62 60 13

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