A la découverte des Premières Nations du Québec

Les populations autochtones de la Belle Province partagent leur culture et leurs traditions à travers des expériences à vivre dans leur réserve ou dans la nature. Voici l’itinéraire que j’ai suivi à partir de la ville de Québec, qui m’a permis de rencontrer deux communautés autochtones.

A peine sorti de l’avion, le contact est établi avec les Premières Nations : dans le hall où les bagages sont délivrés, tout un pan de mur est recouvert par une carte du Canada, où apparaît Nionwentsïo, le territoire revendiqué par le peuple huron-wendat, qui correspond à peu près à la province du Québec. Cette communauté s’est installée dans un village tranquille de la banlieue de Québec city, comme on le verra plus loin… En attendant, je retrouve avec plaisir la ville fondée en 1608 par Samuel de Champlain. C’est comme un rituel, il faut que j’aille d’abord saluer l’explorateur (enfin sa statue), installée devant le mythique château Frontenac, ce bâtiment historique devenu hôtel de luxe. Puis j’arpente la terrasse Dufferin et je contemple le Saint-Laurent, comme devaient le faire les Amérindiens qui vivaient sur ce promontoire rocheux en le nommant kebec, ce qui signifie « là où le fleuve se rétrécit » en algonquin. Au programme des incontournables (voir mon article Québec la blanche), il y a aussi : déambuler dans la vieille ville, prendre un verre sur la place Royale, et remonter par le funiculaire pour visiter la citadelle. Durant l’été 2022, le parc municipal du Bois de Coulonge a accueilli « Mosaïcultures », une exposition de sculptures réalisées à base de plantes, où l’art topiaire est à son expression la plus aboutie. Cette année-là, le thème retenu était « Il était une fois la Terre », et parmi les univers censés représenter un hymne à la Terre (les mondes polaires et marins, les espèces menacées, les animaux domestiques…) il y en avait un consacré à la nation huronne-wendat, historiquement implantée près de Québec. J’ai donc fait connaissance avec Tsou’tayi’, le castor qui est l’emblème de cette nation, Yänariskwa’, le loup, respecté pour son attachement au clan, Yändia’wich, la tortue, qui a un rôle central dans le récit de l’origine de la Terre, et bien sûr Yäa’taenhtsihk, la Terre-Mère, représentée par le visage souriant d’une jeune femme…

Wendake, à visiter sans réserve

Cette fois je suis mordu, intrigué par cette nation si proche de la nature, qui était là bien avant l’arrivée des Européens. Je me rends donc à Loretteville, un des 35 quartiers de Québec, où se situe la réserve Wendake, chef-lieu de la nation huronne-wendat. Il ne faut pas s’imaginer une réserve comme un lieu clos, rien de distingue à première vue cette banlieue proprette aux pelouses bien tondues d’une autre banlieue nord-américaine ! Après avoir posé mes bagages dans l’hôtel-musée des Premières Nations (voir à la fin « le voyage pratique »), qui est situé au bord de la rivière Saint-Charles, je décide d’aller voir de plus près ce qu’il y a dans la réserve. A partir de l’hôtel, une balade très agréable consiste à emprunter la rue du chef Nicolas Vincent (presque toutes les rues ici portent le nom d’un chef…), pour aller voir la jolie église Notre-Dame-de-Lorette, dont la décoration sort un peu de l’ordinaire : peaux de bêtes sous l’autel, capteur de rêve, vieilles raquettes à neige, canoë en écorce… De l’autre côté de la rue, en se penchant sur le pont, on voit une grande fresque où l’on retrouve les animaux et les thèmes fétiches de la nation locale. On est bien en territoire amérindien ! Un mini-square invite à s’asseoir pour détailler un grand totem sculpté des 5 animaux importants pour cette communauté (tortue, castor, loutre, crapaud et rat musqué). Quelques marches plus bas, un belvédère permet d’admirer la tumultueuse chute d’eau Kabir Kouba. Ce qui est incroyable, c’est qu’en suivant sur quelques centaines de mètres la passerelle en bois du sentier des rivières, on se retrouve dans un canyon boisé hyper sauvage… C’est ce qui me plaît au Québec, la ville est dans la nature, alors qu’en Europe, c’est l’inverse ! Sur le chemin du retour, je fais halte à la maison Tsawenhohi, une dépendance du musée de l’hôtel. Cette maison centenaire fut habitée par Nicolas Vincent Tsawenhohi, un grand chef du clan du chevreuil, qui a été nommé en 2001 «personnage d’importance historique nationale» par le ministère du Patrimoine canadien. L’exposition riche en vieilles photos, gravures et documents, présente la vie de quelques grands chefs et leur importance pour l’histoire du pays et de la communauté. Diplomate et guerrier respecté, Tsawenhohi est reconnu pour sa défense des droits de la nation huronne-wendat (il s’est adressé à la Chambre d’assemblée du Bas-Canada, et s’est même rendu en Angleterre en 1824 !), et il a inspiré un fort sentiment de fierté à cette communauté. L’exposition rend aussi hommage à Marguerite Lawinonkié, qui a contribué au développement de l’artisanat dans la communauté, notamment en popularisant l’utilisation du poil d’orignal dans la broderie, et l’on retrouve tous ces objets dans la boutique attenante. Le musée principal se trouve dans l’hôtel des Premières Nations. Une grande frise bien illustrée permet d’abord de connaître l’histoire de ce peuple, des temps mythiques jusqu’aux derniers récents arrêts judiciaires favorables à la Nation. Comme date importante, j’ai retenu 1534, date de la première rencontre d’un chef huron avec Jacques Cartier ; et 1760, le traité Huron-Britannique confirmant les droits nationaux, territoriaux, culturels, spirituels et commerciaux des Hurons-Wendat dans le Nionwentsïo. Le reste du musée est composé de vitrines où sont exposés des objets du quotidien des Indiens : matériel de pêche, pierres de hache, poteries, fusils, tomahawks, calumets, aiguilles en os, pattes d’orignal décorées… J’ai particulièrement aimé ces ceintures wampum traditionnelles, tressées ou brodées de perles, dont les motifs racontent une page d’histoire. Il faut être huron-wendat pour les décoder, c’est la raison pour laquelle il faut faire la visite avec un guide. Le mien était Robert William, un doux colosse nommé Kusselueu en langue innu, une nation vivant plus au nord, entre le lac Saint-Jean et le Saint-Laurent, et dont je parlerai plus loin. Ce qui est chouette, c’est qu’il émaille ses commentaires d’anecdotes personnelles. J’ai appris ainsi que lorsqu’il part pêcher avec sa famille, c’est lui qui porte le canot en écorce de 150 kg sur ses épaules… « J’aime parler de mes racines » confie-t-il simplement. Le 3ème élément patrimonial du musée, c’est l’immense hutte dissimulée derrière une palissade, qui se trouve devant l’hôtel. Ekionkiestha’ est une maison-longue reconstituée en bois d’épinette noire ou bois de pruche (un arbre canadien de la famille des pins) et couverte d’écorce d’orme ou de bouleau, qui est utilisée pour la pratique et la transmission de rituels traditionnels. De grandes familles dirigées par une matriarche dormaient là, sur des couchettes réparties en hauteur, tout autour de l’allée centrale où couvaient des feux. C’est devant l’un de ces feux que j’ai écouté Hanariskwa du clan des Loups (alias Dominic Sainte-Marie, un autre guide autochtone), raconter un conte traditionnel, après avoir appelé les esprits des anciens en faisant brûler de l’encens. « Yiheh ! » (Bienvenue !) Rythmé par le battement de son tambourin, à la lumière dansante des flammes, son récit envoûte et fascine. La magie opère, les poils se dressent sur les bras, les esprits sont là. Ils me font croire à cette histoire d’outardes (oies sauvages) qui sauvent Yäa’taenhtsihk de la noyade et la déposent sur le dos de la Grande Tortue… Une expérience incontournable ! Et pour rester dans l’ambiance, il est possible de dormir sur place, dans un sac de couchage posé sur des peaux d’ours noir et de loup…

Réserve Wendake, au nord de Québec city
Réserve Wendake, chutes Kabir Kouba
Chefs hurons, celui au calumet est Nicolas Vincent
Robert Williams
Dominic Sainte-Marie, alias Hanariskwa

L’univers Wendat au cœur de la nuit

Dans le même registre poético-mystique des légendes huronnes, je vais vous parler maintenant d’Onhwa’ Lumina, un Sons & Lumières absolument fantastique qui est installé dans un bois de Wendake. C’est un parcours nocturne d’1,2 km ponctué de 7 installations lumineuses qui évoquent les valeurs fondamentales de la nation huronne-wendat : le cercle qui unit les êtres, le mythe de la création de l’Amérique du nord sur le dos de la Grande Tortue, le respect des animaux sauvages et des plantes, le culte des ancêtres qui transmettent le savoir… J’ai particulièrement aimé la projection pixellisée d’images d’ancêtres, et la danse d’un guerrier stylisé par les escarbilles mouvantes d’un feu. Et pendant tout le parcours, on est sous le charme du chant mélancolique et envoûtant de Keyara (et de sa sœur), les filles de Wadohandik (Steeve Gros-Louis), chef de la compagnie de danseurs et de musiciens Sandokwa (dont je reparlerai dans l’encadré sur le pow-wow), qui est justement le danseur de feu pixellisé qui est projeté sur l’écran noir de la forêt. Une réussite totale qui fait de cette expérience immersive un moment magique où l’on quitte nos oripeaux d’occidentaux matérialistes pour entrer en communion avec l’univers enchanté et onirique de cette nation amérindienne… https://onhwalumina.ca

Les Marais du Nord

Le lendemain, je décide de continuer l’exploration de la réserve en visitant Onhoüa Chetek8e (le graphème « 8 » représente le son « ou » de la consonne « w » en langue huronne), qui est la reconstitution d’un village traditionnel huron. J’espère que vous aurez la chance de tomber sur Simon Pérusse, dit le Magicien, un autochtone qui a été effectivement magicien dans une autre vie, et qui fait parfois la visite avec sa corneille Moko sur l’épaule… Moi j’ai eu Raphaël, il fait le job, est très sympathique, mais il fait moins « couleur locale »… En tout cas, durant cette visite passionnante, où l’on entre aussi dans une maison-longue, j’ai appris pleins de choses sur l’histoire et le mode de vie ancestral des hurons. Comment ils se nourrissent et se soignent avec les plantes, pourquoi ils se purifient dans des huttes de sudation, comment ils fabriquent les arcs, les canots et les raquettes à neige (tendues avec des babiches, des lanières en cuir de cervidés), etc… La sorcellerie est évoquée, et si le passé est bien décrit, le présent n’est pas oublié, et l’on apprend qu’environ 1700 hurons-wendat vivent dans la réserve, et que c’est la première nation à avoir eu sa propre banque ! Les visiteurs qui le souhaitent peuvent s’initier au tir à l’arc ou au lancer de tomahawk, fabriquer une roue de la médecine (censée éloigner les maladies), ou faire une balade en canot sur la rivière Saint-Charles. www.huron-wendat.qc.ca

A propos de cette rivière, elle est issue en amont d’un grand lac éponyme, au nord duquel s’étendent les Marais du Nord, qui symbolisent le Canada comme je l’aime. Une nature sauvage et belle, mais facilement accessible. C’est aussi une réserve, mais naturelle, cette fois ! En s’acquittant d’un droit de 6 $, on peut emprunter des sentiers balisés bien entretenus et aménagés d’observatoires, idéaux pour profiter de ces beaux paysages, et peut-être apercevoir la faune qui vit ici en totale liberté. J’ai eu la chance de voir des hérons, des urubus à tête rouge, un nid de balbuzard, un martin-pêcheur, un geai bleu, et d’entendre le « toûng » de la grenouille verte, qui ressemble au son d’une corde grave de banjo… Mais attention aux maringouins (moustiques), particulièrement voraces dans le coin. Mieux vaut porter un pantalon et des manches longues, et avoir un bon répulsif, sinon le passage en forêt devient vite un calvaire ! Après la balade, je recommande d’aller déjeuner au manoir du lac Delage (à 1 km), installé au bord d’un joli lac tout rond où se posent les outardes. Au fait, savez-vous ce que signifie Nionwentsïo en langue huronne-wendat ? « Notre magnifique territoire ». Rien n’est plus vrai !

Simon Pérusse, guide et historien
Raphaël, guide au site traditionnel huron
Maison-longue du site huron
Dans la maison longue
Masque Wendat dans le restaurant Nek8arre
Raphaël, guide du Site traditionnel huron, au débarcadère des Canots Légaré
Canot sur la rivière Saint-Charles
Marais du Nord
Marais du Nord
Marais du Nord
Lac Delage
Outardes au lac Delage

Des ours et des baleines

Après avoir fait connaissance avec la nation huronne-wendat, cap au nord-est vers Tadoussac en remontant le Saint-Laurent, afin de rencontrer des membres de la nation Innu. Chemin faisant, halte obligatoire à la chute de Montmorency, une cascade de 83 m, soit 30 m plus haute que celle du Niagara ! Le site est équipé d’un téléphérique, d’un pont suspendu et de belvédères accrochés à la falaise, qui permettent de voir cette tumultueuse chute d’eau sous plusieurs angles, et de s’en approcher au point de ressentir sa puissance… et sa fraîcheur ! Après 3 h de route en passant par des villages aux noms pittoresques qui donnent tous envie de s’y arrêter (Cap-aux-Corbeaux, Pointe-au-Pic, Port-au-Saumon, Port-au-Persil…), voici Tadoussac, que l’on rejoint après avoir franchi la rivière Saguenay dans un traversier. Même si le trajet ne dure pas longtemps, ne restez pas dans la voiture, mais surveillez à bâbord ou à tribord, il peut y avoir des dauphins ! J’en ai vu le dos d’un, très clair, sans doute un beluga… C’est normal, Tadoussac est un site privilégié pour l’observation des baleines. Le parc marin Saguenay-Saint-Laurent est d’ailleurs l’un des rares endroits au monde qui concentre 13 espèces de cétacés ! Plusieurs compagnies proposent des formules pour partir observer les baleines, et j’ai choisi naturellement celle qui appartient à la communauté Innu de la réserve d’Essipit, située à une trentaine de kms au nord. De plus, cette compagnie (Croisières Essipit) a signé le protocole d’éthique de l’Alliance Eco-Baleine, ce qui garantit une approche respectueuse des cétacés. Ce jour-là, on les a tellement respectés qu’on n’en a pas vu la queue d’un ! Il faut dire que les conditions météo très venteuses n’étaient pas favorables, et malgré le talent du capitaine du zodiac, j’ai fini trempé comme une soupe, sans avoir pris une seule photo… Mais bon, c’est le jeu, les baleines ne sont pas toujours au rendez-vous, et puis au retour j’ai quand même aperçu les moustaches d’un phoque gris ! Après m’être changé, j’ai déjeuné Aux Escoumins dans un restaurant tenu par des autochtones, et Nicolas Moreau, directeur de la compagnie de croisière, du dépanneur (épicerie) et d’autres entreprises de la réserve d’Essipit, m’a expliqué plusieurs choses intéressantes sur le fonctionnement de la réserve et l’importance du tourisme pour cette communauté : « Le tourisme représente 40 % de notre économie, et notre communauté fait partie, avec celle de Wendake et celle du lac Saint-Jean, de celles qui dépendent le plus du tourisme. Toutes les activités que nous proposons aux visiteurs, la chasse et la pêche, l’observation des baleines, l’hébergement en pourvoirie ou en chalets, les restaurants… nous permettent de vivre dans notre réserve, au lieu de nous disperser et d’être obligé d’aller chercher du travail ailleurs. Cela nous permet de partager notre culture et nos valeurs, sans voyeurisme, à notre façon. Il faut savoir que les profits des entreprises sont redistribués non pas en dividende, mais en services pour la communauté. Et notre système communautaire fait que ceux qui gagnent bien compensent la perte des autres ! » Ça laisse rêveur…

Chutes Montmorency
Chutes Montmorency
Maud, guide aux chutes Montmorency
Traversier de la rivière Saguenay
Cétacé dans la rivière Saguenay, à Tadoussac
En zodiac sur le Saint-Laurent, vers Tadoussac
Rivage du Saint-Laurent, devant le Condo-Hôtel Natakam

A 8 km au nord de Tadoussac, la pourvoirie des Lacs à Jimmy fait du bon business. Les touristes y font la queue pour avoir la chance de monter à bord des 4×4 qui s’enfoncent une fois par jour dans la forêt pour aller voir les ours noirs… David Jourdain, trappeur et guide ici depuis 32 ans, fait monter le suspense : « Alors, est-ce qu’on va voir des ours, aujourd’hui ? » Avec ma chance, si c’est comme pour les baleines… Heureusement, la « chasse » aux images est un peu truquée, car David a habitué un groupe d’ours, avec dépôt de nourriture, à fréquenter une petite carrière en fin d’après-midi. « C’est une habitude, mais non une dépendance ! » affirme-t-il pour se défendre d’appâter des animaux sauvages. Quand nous arrivons dans la cabane d’observation, la carrière est déserte, mais dès que David apparaît, de grosses boules de poils noirs arrivent en se dandinant ou se laissent tomber au pied des conifères. Quelle émotion ! Pouvoir observer en toute sécurité ces animaux sauvages dans leur élément naturel est un vrai privilège. Mashku est l’animal le plus respecté par les Innus. Autrefois, le passage à l’âge adulte se faisait lorsqu’un jeune tuait son premier ours. Ce temps est révolu, et ceux que j’ai observé n’ont pas trop de soucis à se faire… Alors que « Captain Morgan » et « Toute Belle » (ainsi nommés par David) se pourléchent les babines après avoir avalé les abats de poisson, cinq petits oursons négligent le repas facile et grimpent au sommet d’un grand pin. C’est si beau et touchant de les voir se chamailler dans la lumière pailletée d’or du soleil couchant ! Je serai bien resté plus longtemps à observer cette famille ours, mais la nuit tombait, il fallait partir et les laisser tranquille.

David Jourdain, guide et trappeur
David Jourdain apporte à manger aux ours noirs
Ours noirs
Ours noirs
Oursons noirs

Kanapé triple

« Kuei ! » (bonjour en Innu) C’est ainsi que je suis accueilli au Condo-hôtel d’Essipit, où m’attendent Michel Kanapé et sa femme Michelle, et Eric Kanapé, le frère de Michel. Ils appartiennent à la communauté Kanapeut (signifiant l’homme courageux) et ont fait 2h30 de route pour rencontrer le groupe de journalistes dont je fais partie, afin de nous faire découvrir leurs us et coutumes. Et ils ne sont pas venus les mains vides ! Sous un grand tipi, ils commencent par évoquer leur mode de vie, peu différent de celui de leurs ancêtres, le gros truck (4×4 plateau) et la 5 G en plus. On découvre d’abord qu’innu signifie « être humain ». C’est ainsi que s’est nommé ce peuple nomade, bien avant l’arrivée des Français qui les ont appelés les Montagnais. A l’appui de leur récit, Eric sort le tambour en peau de caribou, et Michel caresse les fourrures de loup ou de pécan qu’il a prélevées dans la nature. Pendant ce temps-là, Michelle surveille la soupe de gélinotte huppée qui mijote. C’est bientôt l’heure du repas, et Michel nous entraîne à l’extérieur où cuit aussi un ragoût de castor. « Venez, la bannique doit être prête ! » Agenouillé, il dégage de la terre sableuse et frotte avec un chiffon le pain traditionnel amérindien cuit dans la braise. Ça sent divinement bon, et ce pain est un régal ! Alors que je remercie chaleureusement mes nouveaux amis, Michel me fait remarquer, malicieusement : « En innu, il n’y a pas un mot simple pour merci, on dit tshinashkumitin, ce qui signifie : je te donne une outarde ! » Enfin, juste avant de nous quitter, Michel saisit sa guitare et nous gratifie d’une petite chanson en nous incitant à danser en rond, comme on le ferait autour d’un feu. Des moments simples, mais innu-bliables !

Michel Kanapé, membre de la communauté Innu, montre une peau de loup
Michel Kanapé récupère la bannique cuite à la braise dans le sable
Eric Kanapé, de la nation Innu
Michel Kanapé, de la nation Innu

Le pow-wow de Wendake (juillet 2022)

Comme le pow-wow de la nation huron-wendat se tenait la veille de mon départ, je suis donc retourné à Wendake pour assister à cette grande fête traditionnelle. En un mot comme en mille, c’était gé-nial ! On ne peut pas comprendre la notion même de communauté autochtone au Canada, si l’on n’a pas assisté à un pow-wow. D’abord, il faut passer devant les stands alignés le long de la rivière Akiawenrahk’ (Saint-Charles) pour voir à quel point l’artisanat est développé dans cette communauté, ce qui permet de faire vivre de nombreuses familles. J’y ai rencontré Lara Sioui, une jeune femme associée avec sa mère, qui vend sous la marque Onquata des pagaies décoratives en bois de frêne fabriquées pardes femmes de la communauté. Elle a le projet d’ouvrir un écomusée où l’on pourra les voir travailler. Jason Picard, lui, vend des mocassins en cuir d’orignal, les seuls à être entièrement « made in Wendake ». Un groupe d’ados vend des bols de sagamité (la soupe traditionnelle aux « trois sœurs », à savoir le maïs, la courge et le haricot) et des morceaux de bannique… Je n’ai pas pu assister à toutes les animations (ça dure trois jours !), les ateliers culinaires, les démonstrations (technique de perlage, laçage de raquettes traditionnelles, fabrication de capteurs de rêve…), les expositions, les conférences, ni les concours de danse… Car ce festival de dimension nationale réunit plus de 200 danseurs et danseuses des 11 nations autochtones du Québec, qui affirment ici leurs différences et la richesse de leur folklore. Une seule après-midi m’a suffi pour ressentir à quel point tout cela était authentique, viscéral, profond… Lorsqu’un jeune ou un ancien revêt son régalia, son habit d’apparat aux couleurs chatoyantes, décoré de perles et de plumes, il ne le fait pas pour l’allochtone ou le touriste, il le fait pour lui, parce qu’il en est fier, et que cela représente sa culture, ses racines. Au fil de l’après-midi se succèdent dans le cercle de danse les danses rituelles de leurs lointains ancêtres, qui se sont transmises de générations en générations : la danse des hommes, celle des femmes, du châle, du serpent, etc… Le tout rythmé par le tambour omniprésent et obsédant, et par le chant mélodieux de Keyara (dont j’ai parlé plus haut). C’est la fille de Wadohandik (Steeve Gros-Louis), le chef de la compagnie Sandokwa (aigle), qui comprend aussi son fils Dew-Hata. A la fin, tout le public est invité à se joindre aux danseurs et à tourner autour du tambour, d’un pas saccadé et répétitif qui invite à la transe. Un grand moment de communion et de partage intergénérationnel qui illustre à quel point la culture de ces autochtones est vivante et importante pour eux. Je suis admiratif et un peu envieux… Ils n’ont pas oublié d’où ils viennent et savent où ils vont !

Pow-wow de Wendake 2022

Voyage pratique

Y aller

Air Transat propose des vols Paris/Québec, à partir de 350 € A/R en classe Eco, et 996 € en classe Club. www.airtransat.com 

Séjourner

A Wendake : Hôtel des Premières Nations (4*) : magnifique boutique-hôtel situé au bord de la rivière Saint-Charles. A partir de 150 €/p en 1/2 pension, avec Onhwa Lumina. www.hotelpremieresnations.ca

A Essipit : Condo-hôtel Natakam : dans une crique paradisiaque fréquentée par les phoques et les dauphins. A partir de 160 € le gîte de 4 p. www.vacancesessipit.com

Condo-Hôtel Natakam

Savourer

A Québec : La Sagamité, rue St-Louis : Steeve Gros-Louis a créé ce restaurant pour faire découvrir la gastronomie des Premières Nations aux visiteurs du Vieux-Québec. Le filet de doré est excellent ! Compter 80 € pour le menu « Yatista » (feu en innu) avec soupe, viandes de gibier grillées au feu à table (très spectaculaire !), et tarte à l’érable. https://sagamite.com/

Yatista à la Sagamité

A Wendake : La Traite, le restaurant de l’hôtel des Premières Nations. Le chef Français Marc de Passorio a fait plusieurs immersions au sein de communautés autochtones du Canada, et il propose une carte de saison mettant en valeur les produits du terroir. https://restaurantlatraite.ca/

A Wendake : Nek8arre : le restaurant du site traditionnel huron propose une cuisine traditionnelle essentiellement à base de viande de gibier (wapiti, chevreuil et bison) et de poissons (truite et saumon). Rustique et authentique ! www.huron-wendat.qc.ca

Aux Escoumins : le restaurant-poissonnerie des Pêcheries Manicouagan est parfait pour se régaler de poissons tout juste pêchés, homard ou crabe des neiges, il y a même une poutine aux fruits de mer ! Compter environ 30 €/p. https://poissonnerieescoumins.com/

Crabe et homard aux Escoumins

Se renseigner

www.explorezcanada.fr  et  www.tourismeautochtone.com

Oh, un orignal !

Le Chili hors des sentiers battus

Evitant l’Atacama et la Patagonie, les deux extrémités les plus touristiques de ce grand pays d’Amérique du Sud, ce road-trip explore la région centrale, de la côte Pacifique sauvage aux glaciers et volcans de la cordillère des Andes. 

Antuco Rio Laja, sous le volcan Antuco, dans le parc national Laguna del Laja

Après un si long voyage (15 h en vol direct, 21 h ou plus si escale…), je conseille de rester un ou deux jours à Santiago, le temps de récupérer un peu de la fatigue du voyage et du jet-lag. Comme on arrive en général en fin de matinée, le mieux, après avoir posé sa valise à l’hôtel, est d’aller se balader dans l’immense parque Metropolitano, le plus grand parc urbain d’Amérique du Sud. Pour ceux qui veulent éviter de grimper des sentiers escarpés, un funiculaire permet d’accéder à un jardin japonais, un parc aventure, un verger, et un sanctuaire catholique dominé par une vierge blanche de 22 m de haut. Ce belvédère offre une vue magnifique sur Santiago et sur les sommets enneigés de la cordillère des Andes. Pour avoir un panorama à 360 ° sur la ville, il faut monter au dernier étage du Costanera center, le plus haut building de la capitale. A faire en fin d’après-midi, pour assister au coucher de soleil en sirotant son premier pisco sour… Attention : si vous voulez passer une journée de plus à Santiago, pour visiter quelques musées et se promener dans le centre historique, soyez vigilants, surtout la nuit autour de la très belle Plaza de Armas, qui grouille de pickpockets… 

Santiago
Vue du sommet de la tour Costanera, à Santiago
Dans le parc Metropolitain de Santiago Sanctuaire de la Vierge au mont San Cristobal
Fresques murales à Santiago
A Santiago, place d’Armes
A Santiago, place d’Armes
A Santiago, place d’Armes

L’université qui ne laisse pas de glace

Cap au sud pour rejoindre la vallée de Colchagua, dans la région dite du « Libertador Bernardo O’Higgins ». Pour information, ce général est le symbole de l’indépendance et le premier chef d’état du Chili en 1818. Issue de la cordillère, cette vallée très fertile est plantée d’immenses cultures et de vignobles à perte de vue. Arrêtez-vous chez Viu Manent, un domaine viticole familial fondé par des Catalans, qui organise une visite guidée en calèche, avec dégustation œnologique. Ses cuves en ciment en forme d’œuf sont très étonnantes ! https://viumanent.cl/ Je confirme que les vins chiliens sont excellents et bon marché, à l’image de la gastronomie du pays. Non loin de là, à San Fernando (où il y a une immense usine de soupe Maggi !), rendez-vous à l’hôtel Manso de Velasco (https://hotelmansodevelasco.paxer.com/reservacion). Je ne l’ai pas testé, mais il est dirigé par Victor Cordero, un guide qui a fondé Glaciares del Colchagua ( https://glaciaresdecolchagua.cl/ ), une agence réceptive locale qui organise des excursions et des trekkings vers le glacier Universidad, le 3ème plus grand du Chili (hors Patagonie). Il vous emmènera en 4×4 jusqu’au pied du glacier, entouré de volcans et de sommets dépassant 5000 m d’altitude, tel le majestueux mont Brujo (mont Sorcier). Nous sommes ici au royaume du condor et des guanacos, qui broutent les rares végétaux poussant à cette altitude. Depuis le camp de base équipé de tentes où l’on peut bivouaquer, on peut soit marcher avec crampons sur le glacier, soit accéder à une grotte de glace naturelle, nimbée d’irisations aigue-marine qui donnent l’impression de pénétrer dans un diamant. Une expérience fabuleuse qui laisse des souvenirs impérissables ! Chemin faisant, Victor fait un stop devant une petite falaise où nichent des dizaines de couples de tricahues, des perroquets endémiques poussant des cris stridents. Il s’arrête aussi à Los Maitenes, un ranch idyllique où un troupeau de chevaux gambade dans la prairie, avec en fond montagneux le massif du Sorcier. Ce ranch abrite une salle consacrée à la flore, la faune et la biodiversité du territoire, et à cette histoire incroyable qui s’est déroulée dans ces montagnes il y a 51 ans, souvent évoquée comme « le miracle des Andes ». En 1972, un avion transportant des joueurs de rugby uruguayens se crashe à 3600 m d’altitude. Alors que les recherches sont abandonnées dans cette zone très difficile d’accès, 16 hommes survivent 2 mois sans nourriture autre que leurs compagnons décédés. Après plusieurs tentatives infructueuses, seuls deux d’entre eux parviennent à franchir la barre montagneuse qui les isole de la vallée du rio Azufre… Ils ont été trouvés, à bout de forces, sur un sentier non loin du ranch, et leur fascinante histoire donnera lieu à de nombreux livres ou films. 

A Viu Manent, vers San Gregorio, région O’Higgins
A Viu Manent, viticulteurs à Santa Cruz, région O’Higgins
A Viu Manent, viticulteurs à Santa Cruz, région O’Higgins
Sur la route menant au glacier Universitad, au fond de la vallée de Colchagua
Chevaux devant la prairie de Los Maitenes, un ranch situé sur la route du glacier Universitad
Montagne vers le glacier Universidad
Marche d’approche vers le glacier Universitad
Marche d’approche vers le glacier Universitad
Glacier Universitad
Grotte sous le glacier Universitad
Grotte sous le glacier Universitad
Grotte sous le glacier Universitad
Grotte sous le glacier Universitad
Grotte sous le glacier Universitad
Victor Cordero, guide de montagne au glacier Universidad, dans la haute-vallée de Colchagua
Guanaco au pied du glacier Universitad
Perroquets endémiques Tricahue, sur la route longeant la Tinguiririca, en direction du glacier Universitad
Rio Tinguiririca, dans la haute vallée de Colchagua

Du gin, du crin et du vin

Après être passé par la distillerie Gin Provincia (lire en bas ma rubrique « à ramener), retour sur la Panamericaine, la route qui traverse le pays du nord au sud. La région est désormais la vallée de Maule, et les paysages qui défilent sont superbes, car au-delà des champs, se profilent presque toujours les monts enneigés et/ou les cascades de la cordillère des Andes. Après avoir traversé Talca, il faut faire un petit détour par Rari pour découvrir l’artisanat très original de ce village, qui consiste à fabriquer de petits objets décoratifs à partir des poils teintés de la crinière ou de la queue de cheval. Comme l’explique Emerson Basoalto, cet artisanat fait vivre depuis 200 ans une trentaine de familles du village. Telle celle d’Olivia Henriques, une mamie qui travaille à l’atelier et qui aide patiemment les touristes de passage à fabriquer leur propre petit objet en crin. Essayez, c’est facile ! Sinon, acheter un petit souvenir est un geste solidaire et responsable qui contribue à faire vivre la population locale, et à maintenir un savoir-faire unique au monde. Le cheval est très présent dans le paysage, soit broutant dans les prairies, soit montés par des huasos, des cow-boys aux larges chapeaux ronds et pantalons en cuir, dont on reparlera plus loin. Il y en a un aussi que vous pourrez caresser (le cheval, pas le cow-boy !) chez César Opazo, qui dirige avec sa femme Valesca un domaine viticole biologique tourné vers l’oenotourisme, à Caliboro, un patelin situé au fin fond de la campagne chilienne, à une cinquantaine de kms à l’ouest de Rari. Ce couple très sympathique propose une approche culturelle et patrimoniale de leur région à travers de multiples formules de visites et de balades, incluant ou pas l’hébergement dans une maison indépendante entourée par les vignes. (https://caliboroaventura.com/). Partagez au moins un repas avec eux, ne serait-ce que pour goûter à leurs vins (blancs, rouges et mousseux), vraiment délicieux. Notamment un syrah non filtré, un nectar à se damner vendu moins de 15 € ! Lorsque César prend sa guitare et pousse la chansonnette tandis que sa fillette danse avec un mouchoir à la main, c’est une scène de vie toute simple, mais qui charme l’esprit et le cœur. 

A Rari, dans la région de Maule, site artisanal de tissage de crins de cheval Olivia Henriques
Artisanat du crin de cheval, à Rari, région de Maule
A Rari, dans la région de Maule, site artisanal de tissage de crins de cheval
Artisanat du crin de cheval, à Rari, région de Maule
A Rari, dans la région de Maule, site artisanal de tissage de crins de cheval Emerson Basoalto, dirigeant de la petite entreprise artisanale
Valesca Morales et Cesar Opazo, de Caliboro Aventura, à Caliboro
A Caliboro Aventura Cesar Opazo, viticulteur bio
A Caliboro Aventura Cesar Opazo
A Caliboro Aventura Cesar Opazo, viticulteur bio
A Caliboro Aventura Valesca Morales
A Caliboro Aventura

Un océan pas si Pacifique

Cap maintenant vers la côte, en traversant d’immenses forêts de pins ou d’eucalyptus, entrecoupées de verdoyantes prairies d’élevage : on se croirait dans les Vosges ou le Massif Central ! Changement de décor sur la côte, vers Buchupureo, où des palmiers poussent le long de grandes plages de sable noir, interrompues par des falaises rocheuses. Ici on croise principalement des pêcheurs, dont les bateaux colorés embellissent la plage de Curanipe. Ou alors des surfeurs, profitant de la puissante houle qui déferle en gros rouleaux sur les plages de sable noir ou qui se fracasse sur les falaises en générant des gerbes d’écume géantes. Le spectacle est grandiose, mais personne ne se risque à se baigner, parce qu’en plus, l’eau est très froide ! Enfin, sauf les lions de mer qui se prélassent par centaines sur des récifs, à 50 m de la plage de Cobquecura… Conseils gourmands : commander un empenadas au food-truck garé devant cette plage : ils sont géants et savoureux ! Et rendre visite à Max Fernandes, producteur de papayuelo, une sorte de papaye qui n’a ni le même goût, ni la même consistance ou même couleur, que le fruit que nous connaissons. Celui-ci se consomme sur place, au sirop, avec une glace, c’est délicieux ! Autre conseil, destiné aux photographes cette fois : grimper au sommet de « l’église de pierre », une formation rocheuse dominant la plage d’une cinquantaine de mètres. Un sentier assez raide mène au sommet, mais la vue en vaut la peine, d’autant plus que sur la crête sommitale pousse des astroemeria, surnommées les lys des Incas, dont les délicates fleurs orange ou rose forment un premier plan idéal devant l’immensité de l’océan strié par les franges régulières de la houle… Autre fabuleux point de vue : depuis View Buchupureo (voir le Pratique ci-dessous), un resort étagé sur une falaise, dont les cabanes sont entourées d’un balcon d’où on ne se lasse pas de contempler le spectacle continu (et bruyant !) du combat titanesque que se livrent l’océan et le continent…

Max Fernandes, cultivateur de papayuelo, variété de papaye, vers Buchupureo
Papayuelos, variété de papaye, vers Buchupureo
Plage de sable noir de Buchupureo
Au sommet de « l’église de pierre », rocher posé sur une plage de sable noir de Buchupureo
Vue depuis le sommet de l’Eglise de pierre de Buchupureo
Au sommet de « l’église de pierre », rocher posé sur une plage de sable noir de Buchupureo
« l’église de pierre », rocher posé sur une plage de sable noir de Buchupureo
Lions de mer sur un rocher à Cobquecura
Lions de mer sur un rocher à Cobquecura
Lions de mer sur un rocher à Cobquecura
Buchupureo Cabane de View Buchupureo
Crique de Buchupureo
Crique de Buchupureo
Buchupureo

Au pied du volcan

Retraversons cet étroit pays d’Ouest en Est pour rejoindre la cordillère des Andes. Chemin faisant, il faut s’arrêter au très animé marché de Chillán, regorgeant de fruits et légumes connus et inconnus. A cette époque de l’année (novembre), les fraises et les cerises étaient succulentes ! Puis la Panamericaine rejoint… Los Angeles, où l’on peut admirer les quatre chutes de Salta, formant un mini-Niagara chilien (ce que je n’ai pas fait, faute de temps). L’arrivée à Antuco est spectaculaire : la route rectiligne qui traverse ce village pointe vers un majestueux volcan au cône parfait, saupoudré de neiges éternelles. Durant l’hiver austral, une remontée mécanique permet de dévaler ses pentes à ski. Mais l’été (d’octobre à avril), on randonne sur ses coulées de lave, mouchetées de soleil par les foisonnants buissons de genêts. Ici, c’est Juan Arias, d’Outdoor Biobio  https://www.facebook.com/people/Outdoor-Biob%C3%ADo/100080884496359/?ref=page_internal , qu’il faut solliciter pour découvrir les sauvages beautés du parc national « Laguna del Laja ». Ce guide jovial et chaleureux, installé en face du Antucalhue mountain resort, propose toutes sortes d’activités (trekking, canyoning, tyrolienne, pêche, ski de rando…) et sait faire partager l’amour qu’il a pour la nature de cette magnifique région. Avec lui, j’ai fait un tour des cascades dans le parc national, en faisant des pauses pour admirer les orchidées poussant dans les scories volcaniques, ou pour admirer le vol plané des condors dans le ciel. Il m’a amené aussi voir le grand lac posé au pied du volcan, formant un cadre grandiose d’une sauvage beauté. Enfin, il m’a fait rencontrer Fabian Isla, l’un de ses amis qui est arriero, gardien de troupeau à cheval. Un véritable huaso (cow-boy chilien), mais dans la montagne on les nomme arrieros. Dans son ranch d’Antuco, il raconte volontiers son dur métier, ses nuits à la belle étoile dans le froid, la neige ou la pluie, protégé par son chapeau, sa peau de chèvre sur son jean, et sa manta de castillo, un très épais poncho en laine imperméable qui fait aussi office de coupe-vent, ce qui est fort utile dans cette région où il souffle souvent un vent glacial. Pour revenir à Santiago, afin de ne pas refaire toute la route en sens inverse, il est possible de laisser la voiture de location à Concepcion, et de prendre un vol intérieur pour la capitale.

Cet itinéraire original permet de découvrir un Chili authentique, et même si vous ne verrez pas les sites les plus connus (le désert de l’Atacama et la Patagonie), vous traverserez des paysages extraordinaires, et vous rencontrerez des personnages attachants qui sauront vous faire aimer ce pays, qui a été pour moi un vrai coup de cœur. J’espère vous avoir convaincu d’y aller aussi !

A Chillan
Au marché de Chillan
Au marché de Chillan
Antuco
Volcan Antuco
Volcan Antuco
Volcan Antuco
Antuco Rio Malalcura
Antuco Rio Laja, dans le parc national Laguna del Laja
Antuco Cascade Trubunleo, ou Voile de la Mariée, dans le parc national Laguna del Laja
Antuco Sierra Velluda, dans le parc national Laguna del Laja
Antuco Rio Laja, sous le volcan Antuco, dans le parc national Laguna del Laja
Rio Malalcura, dans le parc national du lac de Laja
Fleurs de retamillas, dans le parc national de la Laguna de Laja, Antuco
Rivière Laja, dans le parc naturel du lac de Laja
Volcan Antuco dans le parc national Laguna del Laja
Antuco Lac Laja dans le parc national Laguna del Laja
Antuco Rio Rucué
Antuco Fabian Isla, « arriero » (cow-boy)
Antuco Fabian Isla, « arriero » (cow-boy)
Antuco Fabian Isla, « arriero » (cow-boy)
Antuco Fabian Isla, « arriero » (cow-boy)
Antuco Fabian Isla, « arriero » (cow-boy)
Antuco Fabian Isla, « arriero » (cow-boy)
Juan sur un arbre d’un chemin du parc naturel du lac de Laja
Juan Arias à Antuco
Juan Arias, de Outdoor Biobio, à Antuco

PRATIQUE

Y aller

Latam a des vols quotidiens (avec escale) Paris-Santiago A/R à partir de 976 €.

https://www.latamairlines.com/fr/fr

Evaneos, à travers l’agence locale de Florence et Héloïse, propose un autotour de 9 nuits/10 j à partir de 1682 €/p (base 4 p), incluant le transport (sauf international), l’hébergement en B&B et les visites. Ce circuit recoupe à peu près celui que vous venez de lire.

https://www.evaneos.com/

Se loger

A Santiago, Ugo hôtel : hôtel de luxe au design moderne, bien situé dans un quartier calme, à 20 minutes à pieds du Parque Metropolitain. Super glacier artisanal juste en face ! A partir de 110 €/ch. https://www.ugohotel.com/

A San Fernando, le Shangri-La Lodge : dans une région plantée de vergers de cerisiers, il faut rejoindre le bord de la rivière Claro où une dizaine de lodges sont implantés dans la forêt. Rustique, mais beaucoup de charme, et calme absolu ! Le soir, feu de camp au bord de l’eau, ou jacuzzi dans un grand bac en bois. Gustavo, le propriétaire, est aussi le distillateur de l’excellent Gin Provincia, dont la distillerie est installée en surplomb du resort. Faites-lui raconter l’histoire abracadabrantesque de ce campement, construit « out of nowhere » par un architecte russe fuyant le régime communiste… A partir de 110 € pour 4 p.    http://www.shangrila.cl/en/ 

A Caliboro : la petite maison dans les vignes de César et Valesca, à 120 €/p en pension complète. https://caliboroaventura.com/

View Buchupureo : cabanes chics perchées en haut d’une falaise, dont les baies vitrées offrent une vue imprenable sur le Pacifique. A partir de 65 €/nuit. https://www.viewbuchupureo.cl/

A Antuco, Antucalhue mountain resort : maisonnettes rustiques mais équipées d’une cuisine et d’un jacuzzi. A partir de 80 €/nuit pour 4 p. http://antucalhue.cl/fr/

Se restaurer

Divertimiento, au parque Metropolitain : le meilleur restaurant de mon séjour ! Grand choix de plats typiquement chiliens, tels que la cazuela de vacuno (soupe de bœuf au maïs et patates), les sopaipillas (beignets que l’on recouvre de pebre, une sauce-condiment addictive préparée avec des tomates, de la coriandre, des oignons émincés, de l’huile d’olive, de l’ail et du piment), le congre frit aux oignons, ou le pastel de choclo (gâteau de maïs). Compter environ 30 €. https://www.divertimento.cl/

La Quinta Chancha, à Talca: auberge proposant une véritable cuisine locale dans un cadre pittoresque et coloré. Menus à partir de 23 €.

El Puerto, à Buchupureo : pour déguster poissons grillés, crabe ou ceviche. Compter 30 €.

A ramener

Du gin ! Pas n’importe quels gins, ceux de Gin Provincia, distillés par Gustavo Carvallo et Tomas Ardiles dans la vallée de Colchagua. Depuis 2017, ils peaufinent la recette de 4 gins, censés représenter différentes régions du Chili. Les baies de genièvre viennent de Bulgarie, mais les plantes utilisées pour parfumer le gin, certaines endémiques, proviennent du Chili et sont cueillies par les arrieros dans les montagnes de la cordillère des Andes ou de Patagonie. La distillerie utilise des alambics en cuivre, et l’eau provient du rio Claro, issu de la fonte du glacier Universidad. Ses 4 gins sont tous excellents (mon préféré est le Patagonia, avec une pointe de piment), et ce sont parmi les meilleurs que j’ai goûté à ce jour !

https://www.ginprovincia.cl/

Se renseigner

https://www.chile.travel/fr/

      

Singapour, une jungle urbaine

Située au sud de la Malaisie, cette cité-Etat est une destination sûre qui fascine par l’intégration de la nature dans l’architecture, et qui séduit par son brassage multiculturel.

Les biodômes et Supertree Grove des Gardens by the Bay

Deux chiffres suffisent à comprendre pourquoi Singapour est surnommée la ville-jardin : c’est le 2ème pays le plus densément peuplé au monde (après Monaco), mais 50 % de sa surface est constituée d’espaces verts ! Dès la sortie de l’aéroport, on est surpris de voir le long des rues des « rain trees« , de grands arbres de la forêt pluviale à la ramure impressionnante. Leurs branches ploient sous les plantes épiphytes, et leurs houppiers touffus procurent une ombre et une fraîcheur bienfaisantes dans ce pays au climat équatorial. Grâce à eux, lorsqu’on se promène en ville, on ne ressent pas la sensation étouffante d’un univers de béton, d’autant que de nombreux buildings ont végétalisé leur façade. De plus, on n’est jamais loin d’un coin de verdure. Singapour compte d’innombrables petits parcs et quatre réserves naturelles agrémentées de plans d’eau (servant de réservoirs d’eau potable), qui sont de véritables jungles ! J’ai marché dans le parc MacRitchie, très bien équipé de sentiers jalonnés de panneaux informatifs sur la faune et la flore. Il faut passer par la tour Jelutong pour se hisser au niveau de la canopée, et emprunter le « tree top walk », une passerelle également haut perchée, qui était fermée ce jour-là. J’ai vu des macaques (dont il faut se méfier), d’innombrables oiseaux, des écureuils, et même un sanglier ! L’autre parc dans lequel on passerait la journée, c’est le jardin botanique, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Répartis autour de plusieurs lacs, ses jardins thématiques sont un enchantement (forêt de bambous, de bougainvillées, ethnobotanique, jardin de plantes médicinales, de fruits sauvages, vallée des palmiers, etc…). Mais le clou de la visite est sa collection d’orchidées, la plus importante au monde (1000 espèces et 2000 hybrides !), que l’on découvre plantées dans les parterres ou dans une grande serre. Je n’étais pas particulièrement fasciné par les orchidées, mais maintenant, je suis fan ! La diversité de leurs formes et de leurs couleurs est sidérante, d’autant plus que les horticulteurs en hybrident de nouvelles à chaque passage d’invité de marque, à l’instar des roses. Laquelle préférerez-vous, l’orchidée Obama ou Mandela ?

Rain trees devant Victoria Concert Hall
MacRitchie Reservoir Park
MacRitchie Reservoir Park
MacRitchie Reservoir Park
MacRitchie Reservoir Park
MacRitchie Reservoir Park
Macaque au MacRitchie Reservoir Park
Sanglier au MacRitchie Reservoir Park
Au jardin botanique
Au jardin botanique

Singapore de commerce

Avant de visiter cette ville, il est important de bien la comprendre, de cerner ses enjeux. Pour cela, je recommande de commencer par deux musées, qui sont plutôt des centres d’interprétation. Comme Singapour a d’abord été un port, rendez-vous à la Singapore Maritime Gallery, qui dévoile comment un petit village de pêcheur est devenu une mégalopole tentaculaire. Tout a commencé en 1819, lorsque le britannique sir Thomas Raffles acheta l’île au sultan de Johor, afin d’installer une base navale pour contrôler le détroit de Malacca, et un port de commerce pour concurrencer les Hollandais. Le port a toujours été au cœur de l’activité économique de Singapour : les épices au XIXe s., le pétrole dans les années 1950, et les biens de consommations mondialisés, tout ou presque passe aujourd’hui par son port de containers, le 2ème du monde après Shanghai. Et une extension de ce port est prévue, ce qui doperait encore la réussite économique de ce petit pays (grand comme le Territoire de Belfort !), qui est un « dragon asiatique« , comme Taïwan ou Hong-Kong. Parfaitement documenté et illustré, ce musée, qui dispose aussi d’un ludique simulateur de conduite de porte-container, est une parfaite introduction à la découverte de Singapour, et en plus, il est gratuit !

Sir Raffles, devant Victoria concert Hall

Singapour le développement durable

L’autre musée incontournable (également gratuit) est le Singapore City Gallery, situé dans le bâtiment URA center. Il présente, de façon immersive et interactive, les étapes de transformation de la ville pendant ces 50 dernières années. On découvre comment, depuis le visionnaire premier ministre Lee Kuan Yew, différents plans de développement ont été mis en place pour optimiser le peu de surface disponible, et pour gérer l’eau, l’énergie et les transports. Il est fascinant de suivre les différentes étapes de ce plan d’urbanisation, de voir comment ils ont agrandi la cité sur la mer, comment ils ont transformé la ville en respectant l’environnement et en y introduisant le plus de nature possible, comment ils ont réussi à construire une ville de 6 millions d’âmes en pensant au bien-être de ses habitants, dont 90 % sont à moins de 400 m d’un espace vert ! Les 300 parcs sont reliés par 150 km de pistes cyclables, il y a 6 lignes de métro (+ 3 à venir), chaque quartier dispose d’un grand centre sportif communautaire… Bref, quand on veut, on peut. Ou comment le génie humain peut trouver des solutions innovantes quand il y est contraint par la géographie. Une belle leçon d’urbanisme, en tout cas, et même de politique générale, car Singapour est la preuve irréfutable qu’il est possible d’harmoniser l’économie, le social et l’environnement, en mettant au premier plan le développement durable. Monsieur le président, Madame Hidalgo, un p’tit voyage officiel à Singapour ?

Chinois, indien, peranakan, arabe, anglais : cinq gars pour !

Dès les premiers plans de la ville, faits en 1971, après l’indépendance, il a été décidé de conserver les bâtiments historiques. Il aurait été tentant de raser ces vieilles shop houses et ces petites maisons traditionnelles à un étage pour ériger des gratte-ciel de 50 étages et plus… Heureusement (merci Lee Kuan Yew, véritable idole pour ma guide francophone et pour la majorité des Singapouriens), les différents quartiers communautaires de la ville ont été conservés, pour le plus grand bonheur de ses habitants, et pour le nôtre, car on a ainsi l’impression de visiter plusieurs pays en même temps… Le plus grand de ces quartiers est Chinatown. C’est logique, les Chinois représentent 75 % de la population ! On se balade donc dans une enclave chinoise, avec ses temples aux toits en pagode étagés, ses échoppes rouges, remplies de toutes les babioles et de toutes les saveurs d’Orient, ses grands magasins où l’on trouve aussi bien de la soie que des pénis de cerf ou du crocodile séché… Au fil des ruelles, on ne peut pas manquer, par la vue ou l’odorat, de voir les étals de durians, ces gros fruits à l’odeur nauséabonde que les vrais connaisseurs n’achètent qu’après l’avoir goûté… La Chine, quoi ! Sans oublier ses restaurants, dont je parlerai dans le paragraphe suivant.

Quartier chinois
Temple de la Dent de Bouddha
Quartier chinois
Femme Sam Sui de la région de Canton
Quartier chinois
Quartier chinois
Quartier chinois
Quartier chinois
Une famille enfile des gants pour manger un durian
Quartier chinois

Non loin de là, s’étend le quartier peranakan (ou baba-nyonya), du nom de cette communauté issue des migrants chinois du XVIe au XVIIe s., qui s’unirent avec des femmes locales d’origine malaisienne. Au fil des siècles, cette communauté a développé un art de vivre raffiné où se mêlent les influences chinoises, malaises et même européennes, via les colons anglais. Pour en savoir plus, il faut visiter l’Asian Civilizations Museum et/ou le Peranakan museum, mais si vous manquez de temps, il suffit de vous faire expliquer tout cela par votre guide (je conseille d’en prendre un), lorsqu’il ou elle vous amènera à Emerald Hill road, Joo Chiat road ou Orchard road pour admirer de ravissantes maisons peintes de couleurs pastels, construites dans un style architectural fusionnant le local et le colonial. Ces maisons, hautement « Instagrammables », sont certainement les plus photographiées de Singapour ! Cette constante affluence doit faire râler les propriétaires, mais en même temps, cela doit les rendre fiers, car ils continuent de fleurir leur terrasse, et d’entretenir soigneusement les couleurs de leurs façades… Faites une pause chez Bebe Seet, une peranakan qui tient une jolie boutique (113 East Coast rd) où l’on trouve des objets et des vêtements peranakan. Elle se fera un plaisir de vous offrir un thé et des gâteaux et de vous expliquer sa culture en vous montrant les photos de ses ancêtres.

Quartier Peranakan
Quartier Peranakan
Quartier Peranakan
Quartier Peranakan
Quartier Peranakan
Quartier Peranakan, chez Rumah Bebe

L’autre quartier à forte identité culturelle, c’est Little India. Comme pour Chinatown, on pourrait se contenter de flâner dans les rues pour faire du « voyeurisme touristique », et au mieux, entrer dans les boutiques pour faire emplette d’épices ou de tissus, et ce serait déjà follement exotique. Mais pour une découverte moins superficielle, j’insiste, un guide local est nécessaire. Il vous fera visiter un temple tamoul en expliquant pourquoi des gens viennent fracasser des noix de coco devant l’entrée (cela symbolise un nouveau départ, et la rupture de l’ego), il vous dénichera un cours de yoga ou un massage ayurvédique, et il vous aidera à faire les bons choix au restaurant. Sans notre guide, je n’aurais pas rencontré le responsable d’une épicerie indienne entièrement bio, remplie de produits sains et bons pour la santé (Sampoorna Swadesi, 14 Belilios Lane), ni Mr et Ms Shanti, du restaurant végétarien et ayurvédique Green Leaf Cafe (43 Cuff Road), où l’on vous sert une dizaine de petites préparations sur une grande feuille de bananier. Enfin, il faut se rendre à Kampong, le quartier arabe, dont les maisons à un étage (certaines décorées de fresques) forment un contraste saisissant avec les gratte-ciel gris situés juste derrière, qui s’élancent à l’assaut des nuages. J’y ai rencontré Johari Kazura, parfumeur de père en fils, qui tient Sifr Aromatics (42 Arab St), une parfumerie où il concocte, à l’ancienne, ses propres parfums, tout en ayant perfectionné sa technique à Grasse. Un vrai magicien, qui sait transformer le musc le plus rebutant en une fragrance irrésistible, par la grâce de quelques mariages d’essences subtilement dosées dont il a le secret…

Quartier arabe
Quartier arabe
Quartier arabe

Hawker de la cuisine locale

La gastronomie locale reflète la diversité des ethnies qui composent la société. La cuisine singapourienne est réputée à juste titre, et fait partie des atouts de la destination. Socrate a bien expliqué qu’il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger, cependant… il n’était jamais venu à Singapour ! Vous voulez une seule preuve de l’excellence de cette cuisine ? Un boui-boui du quartier chinois y a obtenu une étoile Michelin ! Oui, vous avez bien lu, Chan Hon Meng a reçu cette récompense suprême en 2017, pour son « chicken rice », qu’il vendait alors dans un stand de rue ! Je suis allé, naturellement, dans le restaurant étoilé le moins cher du monde, mais avec le succès, c’est un peu devenu une « usine », et le chicken rice a perdu son croustillant et sa saveur originale (dixit ma guide). Peu importe, il y a pleins d’autres cuisiniers anonymes, dans les hawkers centers, qui mériteraient cette étoile. Un hawker center est une sorte de marché couvert regroupant de nombreuses gargotes de tous styles culinaires, qui étaient auparavant des hawkers, des colporteurs ambulants. Il reste encore des gargotes mobiles, notamment pour les vendeurs de brochettes au satay (sauce cacahuète), mais la plupart sont dans ces structures couvertes de restauration communautaire, et l’on mange au milieu des locaux sur de petites tables aérées par de grands ventilateurs. Comme partout en ville, la propreté y est irréprochable. Pour le soir, je recommande Lau Pa Sat, dans le New Financial District, un hawker center qui permet de dîner à l’air libre. Le site est étonnant, car c’est l’unique construction horizontale isolée au milieu d’une forêt de building !

Une ville fière de son passé…

Singapour a conservé de nombreux bâtiments et vestiges de son héritage colonial. La plupart sont situés rive nord de la rivière Singapour, et voici un itinéraire qui vous permettra d’en avoir un bon aperçu. La balade commence sur la petite colline de Fort Canning. Ce parc luxuriant, où se situaient le palais et les sépultures des rois du XIVe s., abrite les vestiges du fort Canning de 1860, et un jardin d’épices rend hommage à sir Raffles, qui était aussi botaniste. A l’angle de Hill St et River Valley rd, admirez l’ancien hôtel de Police, dont la façade est percée de près de 1000 fenêtres, toutes peintes au couleurs de l’arc-en-ciel. Doit-on comprendre qu’on en faisait voir de toutes les couleurs aux prisonniers ? Il faut rappeler que ce pays n’est pas tendre pour ceux qui outrepassent la loi, ce qui explique, en partie, que la ville soit propre et sûre. Passons… et traversons pour rejoindre les quais de la rivière, le long du Parlement. Là encore, le contraste est saisissant entre le quai d’en face, occupé par 2 ou 3 rangées de petites maisons devancées par des restaurants en terrasse, et les gratte-ciel en arrière-plan. Une statue de sir Raffles trône devant le musée des Civilisations Asiatiques, de style colonial, l’autre étant devant la tour de l’horloge du Victoria Concert Hall, l’ancien hôtel de ville du XIXe s. De l’autre côté de la rue, la National Gallery, avec sa coupole et ses colonnes corinthiennes, illustre parfaitement le style classique colonial. C’est l’ancienne Cour Suprême, la nouvelle étant la « soucoupe volante » posée juste à côté… Un peu plus loin voici la cathédrale gothique de St-Andrews, so british… Il faudra marcher encore un block dans la même direction pour rejoindre enfin le Raffles, hôtel mythique qui a conservé le charme suranné d’un palace du XIXe s. Le must est d’y terminer cette balade coloniale en sirotant un Sling, le cocktail emblématique du Raffles, à base de jus d’ananas aromatisé au gin, Cointreau et Bénédictine. So british again !

Quais de la rivière Singapour
Devant le musée des Civilisations Asiatiques
Old Hill Street Police Station
Devant Victoria Concert Hall

… mais tournée vers le futur

Soyons honnête, ce qui impressionne, à Singapour, c’est l’architecture contemporaine. Rendez-vous d’abord à Marina Bay, située à l’embouchure de la rivière Singapour. C’était là où accostaient autrefois les jonques chargées de marchandises… La baie a été fermée par poldérisation, c’est maintenant une étendue d’eau douce entourée de bâtiments tous plus étonnants les uns que les autres : le musée des Sciences, en forme de fleur de lotus stylisée, les salles de concert de l’Esplanade en forme de demi-durian, le polyèdre en verre Louis Vuitton, et bien sûr le Marina bay Sands, l’iconique hôtel de Singapour au roof-top en forme de paquebot, dont je reparlerai après. Avant de quitter la marina, il faut aller voir Merlion cracher son jet d’eau ! C’est l’animal totémique de Singapour, mi-lion, mi-poisson, qui symbolise les précédents noms de la cité : Tumasik (mer en javanais), et Singapura (ville du lion en sanskrit). Et puisque vous serez là, traversez la rue pour entrer dans le Fullerton, l’autre palace de style néoclassique, qui était à l’origine… la Poste générale ! C’est depuis les années 2000 un hôtel 5 *, et son gigantesque hall d’entrée vaut le coup d’œil.

Marina Bay
Marina Bay Sands
Vue depuis le rooftop du Marina Bay Sands
Vue depuis le Sky Garden du CapitaSpring

A quelques minutes à pieds de Marina Bay, Gardens by the Bay est un parc naturel urbain de 100 ha, où l’on en prend plein la vue. Inauguré en 2012, c’est l’image même de cette ville-jardin, où l’architecture futuriste s’intègre à merveille dans une nature exubérante. Au milieu de ce jardin paysager qui est comme une jungle domptée, s’élancent des Supertrees, des structures en forme d’arbre, entièrement recouvertes de végétaux. On se croirait dans un film de science-fiction, et on ne s’étonnerait pas, dans un tel décor, de voir voler des voitures dans le ciel… Des passerelles reliant ces « arbres » à 30 m du sol permettent de prendre de la hauteur pour varier les points de vue sur ce fabuleux parc. Au-dessus de la frondaison des arbres, dépassent les biodômes, deux serres géantes cerclées d’arceaux blancs qui les font ressembler à des coquillages. L’un est un jardin botanique abritant des plantes et des fleurs du monde entier, certaines rares ou en voie d’extinction (présentés un peu à la Disneyland…), l’autre, le Cloud Forest, reconstitue l’ambiance d’une forêt tropicale d’altitude, avec une véritable cascade, et des passerelles suspendues donnant l’impression de marcher dans la canopée. Il faut donc prévoir une journée entière dans cet extraordinaire jardin, d’autant plus que chaque soir, à la nuit tombée, les arbres s’illuminent lors d’un show Sons & Lumières assez magique. Mais gardez encore quelques « waouh ! » en réserve, car vous n’êtes pas au bout de vos surprises ni de votre émerveillement…

Gardens by the Bay, et Supertrees Grove, vus depuis le rooftop du Marina Bay Sands
Gardens by the Bay et Supertree Grove
Gardens by the Bay, Supertree Grove
Supertrees la nuit
Gardens by the Bay, le Flower Dome
Gardens by the Bay, le Cloud Forest
Cloud Forest
Cloud Forest

Car voici le moment où il vous allez visiter le Marina Bay Sands. Premier choc visuel à l’intérieur ce cette cathédrale de verre et de béton, où les étages s’empilent de façon pyramidale, générant des lignes de fuite quasi hypnotiques. Dans le lobby, où une vingtaine d’employés gèrent à flux tendu les départs et les arrivées des clients des 2200 chambres (!), des arbres poussent dans des pots de 4 m de haut.  L’intérieur est conçu comme un centre commercial, avec même une petite rivière pour balader les touristes ébahis, et l’ensemble compte plus de 80 lieux de restauration ! Si vous ne désirez pas errer dans ce temple de la consommation, montez au 56ème étage, au SkyPark Observation Deck. C’est cher (26 $), mais cela vaut le coup ! Une astuce consiste, à partir de 17 h, à monter gratuitement au « Cé La Vi sky bar » : vous aurez la même vue, et pour le même prix vous aurez un cocktail… Ce roof top est vraiment « amazing » : d’abord, la piscine à débordement, qui donne irrésistiblement envie de plonger dedans (mais elle est réservée aux clients de l’hôtel). Longue de 150 m, bordée de palmiers, culminant à 206 m d’altitude, c’est la piscine d’hôtel la plus haute du monde ! Depuis la terrasse, le panorama sur la ville et sur Gardens by the Bay est époustouflant. D’un côté la forêt de gratte-ciel, et de l’autre, la véritable forêt, et la mer encombrée de porte-containers. C’est une vue qui résume bien Singapour !

Marina Bay Sands, vu depuis un Supertree
Piscine à débordement sur le rooftop du Marina Bay Sands
Piscine à débordement sur le rooftop du Marina Bay Sands
Piscine à débordement sur le rooftop du Marina Bay Sands
Piscine à débordement sur le rooftop du Marina Bay Sands

La nature dans la ville

Je reviens encore sur le sujet, car je n’ai pas tout dit dans le premier paragraphe. Singapour s’est dotée de petites fermes urbaines, permettant à un quartier de consommer des produits frais et sans transport. Vous pourrez visiter par exemple City Sprouts (les Pousses de la ville, 102 Henderson Road), fondé par un jeune trentenaire, Zac Toh, qui expérimente des salades sur des substrats verticaux, créé de petites rizières, et qui met des serres à disposition des habitants pour qu’ils y cultivent fruits et légumes. Chaque 1er samedi du mois, il organise un marché des producteurs. Son but : arriver en 2030 à atteindre 70 % de nourriture importée à Singapour (contre 90 % aujourd’hui). Utopique ? Pas vraiment, quand on voit les efforts qui sont faits dans ce domaine, et quand on sait de quoi sont capables les Singapouriens… Ainsi, depuis une dizaine d’années, toute nouvelle construction doit restituer en verdure sa surface au sol. « More concrete, more green » (plus de béton, plus de verdure), dit le slogan. Si ces efforts sont parfois discrets (on ne voit pas forcément les arbres plantés sur un toit, la végétation dans les halls ou la pelouse dans les atriums), les promoteurs et les architectes rivalisent aujourd’hui de créativité et d’audace pour construire le building le plus vert de la ville… Tel le Tree House (60 Chesnut Ave), qui est doté du plus grand jardin vertical au monde. Récemment, des architectes biophiles se sont enhardis à supprimer carrément des étages pour les remplacer par des jardins ou des petites forêts. C’est le cas de l’Oasia, une tour de 27 étages datant de 2016 qui abrite quatre jardins suspendus, que l’on distingue par ses ouvertures béantes, qui sont autant de puits de lumière. Pour le moment, sa façade en résille d’aluminium est rouge, mais elle va progressivement se couvrir de plantes tropicales grimpantes, ce qui va la transformer en véritable forêt verticale ! En plus de capter le CO2 et les particules, cela procurera aux occupants une climatisation naturelle et gratuite… Au cœur du quartier d’affaires, on s’attend à tout moment à voir sortir le bonhomme de Cetelem de l’immeuble de bureaux CapitaGreen (2014), dont les parois de verre laissent voir de la végétation à chaque étage. Ne voulant pas en rester là, ces mêmes promoteurs viennent d’inaugurer cette année le CapitaSpring, l’un des plus hauts gratte-ciel de la ville, qui contient, excusez du peu, une forêt-oasis entre le 17ème et le 20ème étage, et la ferme urbaine la plus haute du monde au 51ème étage ! Il va sans dire qu’il faut absolument aller voir cela. C’est… tout simplement beau, voire même émouvant. On ressent l’harmonie entre béton et la plante, la fusion du verre et du vert. C’est le genre d’expérience qui réconcilie avec la ville ! Le building lui-même est beau, dévoilant élégamment ses espaces verts en entrouvrant ses lignes verticales par de larges ogives. Cerise sur le cup-cake, toutes les herbes et les légumes bio de la ferme urbaine sont cuisinées à l’Arden, le plus haut restaurant de Singapour, une table gastronomique dont l’addition est à la hauteur de son altitude, très élevée… Mais quelle vue !

Ferme urbaine City Sprouts. Zac Toh, fondateur, montre une parcelle de riz
Building Capitaland, vu depuis la piscine du ParkRoyal
Oasia Hotel
Singapour
Sky Garden du CapitaSpring
Vue depuis le sky garden du CapitaSpring
Sky Garden du CapitaSpring

Le stade terminal de l’émotion

Je croyais avoir tout vu, avoir atteint le summum de l’ébahissement, le nirvana suprême de l’écolo-bobo… mais je m’étais trompé. Lorsque j’ai découvert le nouveau terminal (le bien-nommé Jewel) de l’aéroport Changi, mon admiration pour Singapour est encore montée d’un cran. Pourtant, ce terminal est en fait un gigantesque mall à l’américaine, avec hôtel, restaurants, boutiques (même un Apple store !), cinéma IMAX… et je fuis d’habitude ce genre d’endroit. Mais celui-là est exceptionnel dans sa conception, car encore une fois, la nature y est mise en valeur. Oh, pas seulement avec des pots de fleurs ou des yuccas devant chaque boutique, non, mais avec… une forêt tropicale entière qui entoure sur une hauteur de 5 étages une cascade s’écoulant dans un vortex en verre ! On en reste bouche bée… Grâce à ces installations, se promener dans ce terminal aéroportuaire devient un plaisir, on va à tous les étages pour varier les points de vue… Au dernier étage, le Canopy park a un pont suspendu, un jardin topiaire, un autre de fleurs, des labyrinthes végétaux, entre autres amusements. Si l’on n’y prend garde, c’est un coup à rater l’avion ! Mais après tout, un jour de plus à Singapour, why not ?   

Voyage pratique

Y aller : la très réputée Singapore Airlines dessert Singapour depuis Paris en vol direct (en 12 h), à partir de 892 € A/R. https://www.singaporeair.com/fr_FR/fr/home#/book/bookflight

Se loger :

ParkRoyal on Pickering : incroyable hôtel d’architecture moderne, dont les étages débordent de végétation avec cascades et jardins perchés. Un must, à s’offrir pour 310 € la chambre. https://www.panpacific.com/en/hotels-and-resorts/pr-collection-pickering.html?utm_source=google&utm_medium=business_listing&utm_campaign=googlemybusiness

The Warehouse : hôtel design chic dans un ancien entrepôt rénové, au bord de la Singapore river. A partie de 250 €/ch. https://www.thewarehousehotel.com/

The Sultan : hôtel installé dans d’anciennes boutiques du quartier malais. A partir de 120 €/ch. http://www.thesultan.com.sg/

Se restaurer :

Entrons un peu dans le détail. Parmi les plats les plus emblématiques de la ville, il faudra goûter au hokkien mee, des nouilles sautées aux fruits de mer ; au laksa, soupe de nouilles au lait de coco épicée (parfois très épicée !) ; au chili crab ; au popiah (rouleau de printemps)… Côté douceurs, ne rentrez pas sans avoir goûté au kaya, sorte de confiture au lait de coco, qui entre dans la confection de plusieurs desserts « kueh », parfois parfumés au pandanus, ce qui leur apporte une jolie couleur verte.

Voici une liste de restaurants pour tous budgets : 

Lau Pa Sat : hawker center réputé où l’on mange pour 15-20 €.

Keng Eng Kee Seafood : une gargote aux chaises en plastique, mais qui sert des plats chinois d’une grande qualité (chili crab, travers de porc au café, canard braisé au concombre de mer, nouilles de riz à la viande (horfun)…). Compter 25-30 €. http://www.kek.com.sg/

Open farm community : une ferme urbaine où l’on se régale des légumes et des herbes cultivées sur place. De la fourche à la fourchette, pour 30 €/p. https://www.openfarmcommunity.com/

Bedrock Origin, à l’Oasis Sentosa : un des meilleurs restaurants de Singapour. Des poissons grillés et des viandes maturées à se damner, et une incroyable carte des vins et des whiskys. Ils ont même le Glendronach Allardice (18 ans), les connaisseurs apprécieront… A partir de 40 € pour le déjeuner, le double pour le soir, surtout si l’on prend un cocktail et du vin ! https://www.bedrock.com.sg/origin

Ce restaurant est une raison suffisante pour venir à Sentosa, île-parc d’attraction qui dispose de quelques plages de sable, mais avec vue sur les supertankers… Cependant, la compagnie charter Lé Tara propose des excursions dans les petites îles au large, plus préservées du tourisme de masse. Compter 30 €/h, avec boisson sans alcool. https://www.letarayacht.com.sg/destination/singapore    

Ma guide : Cindy Tay est une dynamique guide francophone. Son courriel : cindytay.sc@gmail.com

Plage de Palawan, à Sentosa
Île de Sentosa
Île de Sentosa, plage de Palawan
Île de Sentosa, cours de taï-chi
Île de Sentosa, pont pour aller à l’île Palawan
Plage de l’île Lazarus

Se renseigner : visitsingapore.com

Cap au sud de la Californie

Avec les fabuleuses attractions de San Diego, des déserts fascinants, l’incroyable oasis de Palm Springs, et le charme irrésistible de l’île balnéaire Santa Catalina, voici un road trip qui permet de voir le meilleur de ce grand Etat américain.

Après 11h40 de vol, le Dreamliner d’Air Tahiti Nui se pose enfin en douceur sur le tarmac de l’aéroport de Los Angeles, à Inglewood. En général on arrive en milieu d’après-midi, ce qui laisse le temps de louer une voiture et de filer vers San Diego, qui n’est qu’à 2 h de route (en fait 4 h avec les embouteillages…). Situé à une vingtaine de kms de la frontière mexicaine, San Diego ne cache pas ses attaches historiques avec le pays voisin. Le quartier « Old Town », où a été fondée la Californie, a été reconstitué comme un pueblo, avec des bâtiments d’époque coloniale investis par de petits musées, des magasins ou des restaurants mexicains. Certes, cela fait un peu artificiel, mais ce folklore n’est pas que de façade, il y a une vraie communauté mexicaine à San Diego, fière de ses traditions et de ses origines. Cette coloration hispanique est évidente dans le barrio Logan, qui ravira les amateurs de street art. Les artistes locaux ont transformé les piliers et les murs d’un gigantesque échangeur routier en galerie à ciel ouvert, et leurs fresques hautes en couleur sont presque toutes porteuses d’une revendication sociale ou culturelle. Si vous croisez un type cool avec une bombe de peinture à la main, n’hésitez pas à lui demander la signification de telle ou telle fresque, il sera ravi de l’expliquer à un français qui s’intéresse à lui et qui ne se borne pas, contrairement à la grande majorité des touristes, à prendre des photos à la dérobée en se carapatant vite fait de peur de se faire dépouiller…

Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan
Fresques au barrio Logan

Il y a une raison de plus de passer un peu de temps dans ce quartier : à quelques blocs de là (1745 National Ave), deux entrepôts abritent une brasserie et une distillerie/restaurant, tenus par une bande de hipsters très sympathiques, dont les préoccupations environnementales sont bien dans l’air du temps. En prenant un verre au bar du restaurant ReBru, on s’aperçoit que ce tiers-lieu propose non seulement les bières de la brasserie Thorn d’à côté, mais aussi des cocktails fait avec leurs propres alcools : whisky, tequila, gin, vodka… Si Willi Fleming, le distillateur (qui chante et joue de la guitare dans la salle du resto à ses heures perdues…) passe par là, demandez-lui comment il produit ces alcools. Il vous expliquera qu’au lieu de jeter les stocks de bière « gâchée », ils ont eu l’idée de distiller cette bière plusieurs fois, afin de produire les différents alcools cités, selon un procédé qu’ils ont inventé ! J’ai goûté à ces alcools, et je peux témoigner qu’ils sont tout à fait corrects, voire très bons ! MJ, la bar manager, a tenu à me faire goûter à leur dernière création : le kové. Une boisson très rafraîchissante contenant 5° d’alcool, faite à partir de maté, une plante aromatique originaire d’Argentine. C’est délicieux ! Une bonne adresse où l’on passerait l’après-midi, voire la soirée s’il y a un concert. Et une fois par mois, ils organisent même, dans la courette, un spectacle de catch !

A ReBru
A ReBru
Willi Fleming, distillateur (et musicien) à ReBru
MJ, bar manager de ReBru

 

Des attraction XXL

Pour se remettre de ces émotions (et éventuellement d’une soirée bien arrosée au ReBru…) rien de mieux que le Balboa park. C’est le poumon et le cœur culturel de la ville. Un immense parc urbain avec une véritable forêt, de grandes pelouses, des fontaines, des kiosques à musique, et qui contient 16 musées et une serre botanique… C’est tellement grand qu’on s’y perd facilement ! Il faut donc y passer la journée, et même deux si l’on veut voir les pandas du zoo : il est si étendu qu’on peut le visiter en bus, et le survoler en téléphérique ! Ce gigantisme typiquement américain vaut aussi pour Sea World, l’un des plus grands parc de vie marine au monde, et pour l’USS Midway, qui est à quai au Navy pier, non loin du centre-ville. Ce porte-avion de 300 m, qui se visite de fond en comble, a été un temps le plus grand navire sur les océans. Composé d’un équipage de plus de 4000 marins, il a servi de 1945 jusqu’en 1992 (guerre du Golfe). Sa visite est incontournable, même si l’on ne se passionne pas pour la marine. Il faut prendre l’audio-guide qui se déclenche aux bornes situées dans chaque pièce, chaque coursive, ce qui permet de plonger dans le quotidien des marins, et de comprendre le fonctionnement de cette monstrueuse machine de guerre. Ce qui est chouette, c’est que des vétérans se baladent dans le ventre de la bête et sur son pont supérieur. Ils sont là pour répondre aux questions des visiteurs et pour raconter leurs expériences vécues dans ce porte-avion. Devant les énormes moteurs, et les panneaux entiers de manettes, de valves et d’écrans, j’ai découvert que cette usine flottante faisait fonctionner presque tout à la vapeur, depuis sa propulsion jusqu’au repassage, en passant par la cuisine et l’envoi des torpilles… Sur le pont supérieur sont alignés toutes sortes d’engins volants, avions de chasse, hélicoptères de combat, avions-cargo… D’anciens pilotes expliquent aux touristes médusés et admiratifs comment on fait décoller et atterrir des avions sur une distance si petite, et même si Top Gun n’est pas votre film préféré, il y a de grandes chances que cela vous intéresse… En quittant le porte-avion, faites halte au dock voisin, le Tuna Harbour park, pour voir The Kiss, grande statue figurant un marin de la Seconde guerre mondiale embrassant une infirmière cambrée. Cette sculpture faite d’après une photo de 1945, baptisée « Unconditional Surrender » (reddition sans condition), est décriée car on ne sait pas si le baiser était consenti ou imposé. A vous de vous faire une idée !

Il y a pleins d’autres choses à faire et à voir à San Diego, se balader sur l’une de ses nombreuses plages ou sur sa corniche rocheuse, faire du surf à La Jolla, aller observer les baleines (de mi-décembre à avril), etc… Le soir, il faut se balader à Gaslamp, un quartier historique qui a du cachet, avec ces bâtiments victoriens et ces lampadaires au gaz qui lui ont valu ce nom. Certaines rues deviennent piétonnes, ce qui permet de flâner plus tranquillement entre les terrasses de ses bars et restaurants. A moins que ne préfériez les trattorias de Little Italy…      

Quartier Gaslamp
San Diego
Gare Santa Fe
Seaport village
Tuna harbour park Unconditional Surrender, ou The Kiss
Unconditional Surrender, ou The Kiss, vu depuis le pont supérieur du USS Midway
USS Midway
USS Midway
USS Midway
USS Midway Vétéran expliquant le fonctionnement de la salle des machines
USS Midway
USS Midway
USS Midway
USS Midway
Pont supérieur de l’USS Midway
Pont supérieur de l’USS Midway
Pont supérieur de l’USS Midway
Pont supérieur de l’USS Midway
Pont supérieur de l’USS Midway
Pont supérieur de l’USS Midway
Rick, pilote vétéran
Au Balboa park
Au Balboa park
Au Balboa park
Au Balboa park, serre botanique
Au Balboa park
A Old Town
Plage de La Jolla
Plage de La Jolla
Rasta à San Diego

Palm Springs, une oasis en plein désert

Depuis San Diego, empruntez la route 78 qui traverse le désert très aride d’Anza-Borrego. Bien aidé par les réveils matinaux du jet-lag, je suis parti à 5 h du matin, ce qui m’a permis d’arriver dans ce désert au lever du soleil. Quelle émotion ! Les tourbillons de sable qui s’enveloppent autour des cactus, les canyons ocres, les routes infiniment rectilignes parcourues par des camions XXL, les stations-services miteuses perdues dans l’immensité désertique… C’est l’Ouest américain dans toute sa splendeur ! Ce qui m’a frappé, en traversant ce désert, c’est de voir le nombre impressionnant de camping-cars (les trailers) qui stationnent là, au milieu de nulle part… Et le plus étonnant c’est qu’ils forment des cercles, comme autrefois les chariots bâchés des colons ! J’ai traversé ce désert sans m’y arrêter (sauf pour voir de près des ocotillos, ces étranges plantes épineuses qui dressent ses bras vers le ciel), mais il faut savoir que c’est l’un des endroits les plus chauds et secs des Etats-Unis. La route 78 mène droit vers le Salton Sea, un immense lac salé qui est le plus grand de Californie. Il s’est créé au début du siècle dernier, suite à la rupture d’un barrage sur le Colorado. Toute cette eau s’est déversée dans une vallée désertique, à l’endroit même d’une mer disparue depuis des millénaires, ce qui explique que le lac soit deux fois plus salé que le Pacifique. Au début, tout allait bien, des stations balnéaires ont poussé comme des champignons à l’époque de l’âge d’or hollywoodien, l’endroit était à la mode, on venait s’y baigner, pratiquer des sports nautiques, faire la fête… Puis, quand l’eau a commencé à s’évaporer, la concentration du sel a augmenté, ce qui a fait mourir les poissons, et fuir les touristes. De plus, les phosphates et pesticides de l’agriculture intensive, tombés au fond du lac, ont commencé à remonter à la surface, et à polluer les rives. Les hôtels, les restaurants, les bars ont fermé les uns après les autres. Aujourd’hui, les rives du lac prennent des airs de ville fantôme : maisons à l’abandon, carcasses de mobile homes, bateaux échoués, voitures désossées… C’est un spectacle de désolation, avec des palmiers rabougris, une terre brûlée par le sel, une vase nauséabonde, et des cadavres de poissons sur la rive. Les rares habitants qui vivent toujours là vous dévisagent avec un mélange d’hostilité et de résignation, en se demandant ce que vous pouvez bien faire là… Je n’ai pas fait long feu au bord de ce lac sinistre, et j’ai repris la route 86 vers le nord, vers Palm Springs. C’est alors que les premiers palmiers apparaissent. D’abord dans les champs, sous forme de grandes plantations de palmiers-dattiers nains. Puis viennent enfin les grands palmiers le long des routes qui ondulent sous le sirocco, les palmiers symboles de la Californie. Ca y est, vous traversez Greater Palm Springs (appelé aussi Coachella valley), coincé entre des hautes montagnes et le désert de Joshua Tree. Cette immense oasis de 72 km de long sur 24 km de large est vraiment étonnante, car dans un environnement extrêmement aride, les bas-côtés, les champs et les jardins sont assez verts, on n’est jamais très loin d’un golf ni d’un parc verdoyant, et rares sont les maisons sans piscine… Mais où trouvent-ils de l’eau pour arroser tout cela, sachant qu’il ne pleut que quelques jours par an ? Sous vos pieds ! Palm Springs, et les sept autres petites villes (Cathedral city, Rancho Mirage, Palm Desert, Indian Wells, la Quinta, Indio et Coachella) qui se succèdent dans cette vallée, ont la chance de se trouver au-dessus d’une énorme nappe aquifère, qui s’est formée là lors de la dernière glaciation, et qui est alimentée par l’eau des montagnes voisines. On comprend mieux tout cela, au moins visuellement, en montant, par les télécabines tournantes de l’Aerial Tramway, au sommet du mont San Jacinto, à 3300 m d’altitude. Enfin, quand les conditions météo le permettent, car j’y suis allé en février, et une tempête de neige m’a ôté le plaisir de contempler la vallée depuis cette hauteur…  Mais avant d’être absorbé par les nuages, j’ai pu voir ce tapis vert rectangulaire, contrastant avec l’ocre du désert alentour. Heureusement, si l’on ne voit rien, on se console avec le petit musée situé dans le bâtiment sommital, exposant notamment la faune empaillée de ces montagnes. En redescendant, on est frappé par tous ces champs d’éoliennes qui jalonnent (défigurent ?) le paysage. Encore une fois, aux Etats-Unis, quand on place des éoliennes quelque part, ce n’est pas par dizaines, mais par centaines, par milliers !

Anza Borrego desert
Désert d’Anza Borrego, ocotillos
Palm Springs Aerial tramway
Sommet du mont San Jacinto
Petit musée au sommet du mont San Jacinto
Petit musée au sommet du mont San Jacinto

La ville de Palm Springs est très agréable, avec ses larges avenues bordées de palmiers et ses quartiers résidentiels proprets aux maisons de plain pied, de style « desert modernism« , c’est-à-dire au toit plat, aux lignes horizontales, avec de grandes baies vitrées, et un minimalisme assumé. Replaçons cela dans son contexte historique : dès les années 1920, cette oasis a attiré les vedettes du cinéma, car leurs contrats stipulaient qu’elles devaient se trouver à moins de deux heures d’Hollywood, ce qui est le cas. Afin de loger les acteurs du show-business, animés par le luxe, le confort et le désir de faire la fête, les plus grands architectes de l’époque sont venus à Palm Springs, où ils ont appliqué les idées en vogue telle que fonctionnalité́, esthétisme, lignes pures et nouveaux matériaux (acier et béton). A l’opposé du tape-à-l’œil de Las Vegas, cette architecture inspirée par Le Corbusier et le Bauhaus, a pour but de combiner innovation, rationalité, luminosité et fonctionnalité, dans un design épuré. Vous pourrez suivre un « celebrity homes tour » pour admirer (depuis la rue) les superbes villas de Franck Sinatra, Elvis Presley, Cary Grant, Kirk Douglas, Elisabeth Taylor, etc… Et si vous ne voyez pas la maison de Marilyn Monroe, en passant devant le Art museum, vous ne manquerez pas sa statue de 8 m de haut, jupe soulevée, comme dans le film « The Seven Year Itch » (Sept ans de Réflexion).

Ce qui est dommage, à Palm Springs, c’est que les sources chaudes thermales sont toutes associées à un hôtel. Le mien n’en avait pas, la plupart sont situées à Desert Hot Springs, une localité située au nord de Palm Springs. C’est sur la route pour aller à Pioneertown, une reconstitution d’un patelin typique de la Conquête de l’Ouest, avec une rue poussiéreuse où traînent des chariots, un saloon, le bureau du sheriff, la prison… Ce n’est guère convaincant, et à moins d’avoir avec soi des enfants fans de western, cette visite est évitable. De même que le « Red Jeep tour » qui m’a un peu déçu. Dans les brochures, c’est alléchant, avec visite de la faille de San Andreas (la jonction des plaques tectoniques pacifique et nord-américaine, qui provoque régulièrement des séismes en Californie), mais en pratique, on reste sur un domaine privé, on voit au loin une vague ligne dans les rochers, et on s’arrête parfois pour voir des palmiers, et marcher dans de petits canyons asséchés. Bof…

Palm Springs
Palm Springs
Palm Springs Villa de style « desert modernism »
Palm Springs
Palm Springs
Forever Marilyn, à Downtown park
Forever Marilyn, à Downtown park
Forever Marilyn, à Downtown park
Au Metate Ranch – Red Jeep Tours
Pioneertown
Champs d’éoliennes
Maison d’Elvis Presley
Champs d’éoliennes

Par contre, j’ai adoré la découverte (faite sans guide) du parc national Joshua Tree. Une fois acquittée l’entrée dans le parc, on peut s’y balader en liberté, il y a de nombreux points d’intérêt, signalés par des pancartes, et sur des plans à retirer dans le mini-bureau des rangers situé aux entrées sud ou nord du parc. Il faudra s’arrêter par exemple au « Cholla gardens », un champs de cactus de variété cholla, autrement appelée « teddy bear cactus« , en raison de l’aspect duveteux de ses branches tortueuses… Mais attention, qui s’y frotte s’y pique, car en fait de duvet, ce sont des épines très serrées et très acérées ! Si l’on se retourne un peu vite sans faire attention, on peut vite regretter d’avoir mis un short au lieu d’un pantalon… De nombreux arrêts permettent de se balader au milieu d’amas rocheux très esthétiques, car composés d’un granit rosé aux formes parfois étonnantes : Jumbo Rock, Split Rocks, Arch Rock, Skull Rock… Ces énormes rochers d’origine magmatique aux formes arrondies par l’érosion créent un fabuleux paysage, qu’on ne se lasse pas d’admirer et de prendre en photo. Surtout quand viennent s’y intégrer les fameux Joshua trees, les arbres emblématiques du parc, dont les feuilles, dures et piquantes à leur extrémité, forment des boules qui sont autant de vertes explosions de feux d’artifice. En fait ce n’est pas un arbre, mais un yucca, mais il en a la forme, la grandeur, et la longévité. Dans ce désert de Mojave, il est surnommé l’arbre de vie, car il abrite toute une petite faune (oiseaux, lézards, insectes…) qu’on peut voir en étant patient. Au printemps, il se couvre de grosses fleurs blanches, et lorsque les buissons d’ocotillos portent au bout de leurs branches filiformes des fleurs rouges, le désert perd sa couleur monochrome sable, et devient incroyablement beau, surtout sous la lumière douce et rasante du lever et du coucher du soleil.

Joshua Tree national park
Cholla cactus, dans le Cholla gardens
Joshua trees
Joshua tree
Joshua tree en fleurs
Formations rocheuses en grès
Joshua Tree national park Formations rocheuses en grès
Formations rocheuses en grès : the Skull
Joshua Tree national Park
Joshua Tree national Park

Il y a de nombreux sentiers tracés dans le parc, et des campings pour éviter de ressortir à chaque fois. Je n’en ai fait qu’un, et je vous le conseille vivement : il s’agit, tout au nord, du sentier qui mène, en moins d’une heure, au Fortynine Palms Oasis. Ca grimpe un peu, on surplombe le désert écrasé de chaleur, puis soudain, au fond d’un vallon, on aperçoit un bosquet de palmiers se détacher de la rocaille. Cette oasis quasi miraculeuse dans cet univers minéral, située sur une faille géologique, attire comme un aimant, on a envie de se réfugier à l’ombre de ses majestueux palmiers de Californie, sous lesquels s’écoule un réconfortant et rafraîchissant filet d’eau. Très hauts, et leur tronc en partie recouvert par leurs propres palmes (ce qui retient l’humidité), ces 49 palmiers à jupon expriment toute la force et la beauté de ce désert hors du commun. Au retour, j’ai pris le temps de mieux observer la végétation succulente, tel cet étonnant cactus Baril aux épines rouges, qui ressemble à un gros oursin posé au fond d’une mer évaporée.        

Desert Heights
Fortynine palms oasis trail, vue sur Desert Heights
Cactus Baril
Fortynine palms oasis trail
Fourtynine palms oasis
Fortynine palms oasis
Fortynine palms oasis
Fortynine palms oasis
Palmiers de Californie à jupons

Catalina et ses bisons

Depuis Palm Springs, je suis allé à Los Angeles (autoroutes tout du long), que je n’ai pas visité par faute de temps. J’ai préféré prendre un bateau à Long Beach pour aller à l’île Santa Catalina, ce que je ne regrette pas ! Après une heure de traversée, en compagnie d’une bande de dauphins tursiops, apparaît cette île rocheuse et boisée, apparemment inhabitée. Mais petit à petit se dessine le port d’Avalon, le seul véritable « village » de l’île. Cette île a une histoire étonnante : d’abord refuge de pirates, William Wrigley Jr l’acheta pour en faire une destination balnéaire et de plongée. L’histoire de ce magnat du chewing-gum est racontée en images au petit musée d’Avalon. On apprend que l’équipe de base-ball des Cubs de Chicago venait s’entraîner ici (logique, Wrigley l’avait achetée aussi !), que l’île était un lieu de tournage très apprécié pour son aspect sauvage (Les Révoltés du Bounty, et de nombreux westerns…), et elle a même été un camp d’entraînement pour les services secrets américains ! Encore une fois, on trouve trace de Marilyn à Catalina, elle y résidait quand elle était encore Norma Jeane Baker… Bref, cette île est pleine de surprises. Comme les voitures y sont interdites, on circule à Avalon en voiturette de golf, et il suffit d’en louer une pendant une heure pour parcourir la petite station balnéaire de long en large et en travers. Elle est tout de même utile pour s’éviter de monter à pieds sur les hauteurs, d’où l’on a la meilleure vue sur toute la crique et ses jolies maisons blanches. A part cela, et buller sur la plage, il n’y a que deux activités vraiment sympas à faire à Catalina : de la plongée, et le Bison Tour. Pour la plongée, c’est simple, il suffit de se rendre au pied de l’imposant Casino (qui n’en est pas un, comme je l’expliquerai après), où il y a un ou deux prestataires qui proposent leurs services. Le récif est au bord, il est paraît-il très beau, je n’ai pas testé, car j’y étais en février, et l’eau est vraiment froide à cette époque de l’année. Il se nomme d’ailleurs le récif Cousteau, et on y voit toute une faune sous-marine, tel que le poisson orange Garibaldi, des lions de mer, des mérous, des langoustes… que l’on retrouve dans son assiette le soir au resto’. Il y a aussi un sous-marin a fond transparent qui barbote dans la baie, si l’on ne veut pas se mouiller. Ce que j’ai testé, par contre, c’est le Bison tour. A bord d’un 4×4 équipé safari, un ranger-guide vous amène dans l’intérieur de l’île (ce que l’on ne peut faire qu’à pieds, les petites routes y étant interdites aux voitures) pour aller à la rencontre des bisons. Pourquoi des bisons ? Ce sont les descendants de ceux qui ont été amenés ici en 1924 pour le tournage d’un film, et qui n’ont jamais été récupérés. Sans prédateurs, ils se plaisent bien dans l’île, aux prairies verdoyantes, avec de petits bois et des vallons encaissés pour être tranquilles… Mais pas de crainte, même s’il installe un suspense factice (va-t-on en voir aujourd’hui ?) le ranger sait très bien où ils sont, d’ailleurs quand le 4×4 arrive près du pré où ils broutent, pas un bison ne bronche et ils font comme si nous n’étions pas là… On a donc tout le loisir de les photographier, même s’il est interdit de descendre du véhicule. Si l’on comprend bien l’anglais, le guide passe toute la matinée à parler de l’île sous tous ses aspects (naturels, faune-flore endémique, économique, historique, gestion de l’eau…) et l’on repart en ayant une assez bonne connaissance de cette île si particulière et attachante. Avant de partir, il faut absolument visiter le Casino. Non pas pour y laisser ses derniers dollars, car il n’abrite aucune table de jeu ni de machines à sous, mais pour admirer la plus grande salle de bal circulaire au monde, de 55 m de diamètre ! Encore une folie Art Déco de Wrigley, qui était décidément un magnat de génie. Afin de faire parler de son île et de son business, il a fait construire cette salle de bal monumentale, et son casino était le premier à être équipé pour le cinéma parlant ! Ah, l’Amérique et son goût pour la démesure et pour les records…

Catalina express
Banc de dauphins tursiops entre Catalina island et Long Beach
Casino
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Port d’Avalon Casino
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Port d’Avalon
Descanso beach, à Avalon
Descanso beach, à Avalon
Descanso beach, à Avalon
Intérieur de l’île
Intérieur de l’île
Bisons
Bisons
Bison vu depuis le 4×4 de Bison Tour
Bison
Casino
Au musée
Port d’Avalon

Au retour à Long Beach, je n’avais qu’une fin d’après-midi de libre, car je devais reprendre l’avion le lendemain matin. Plutôt que d’errer dans Los Angeles, que je me réserve pour un autre voyage, je suis allé marcher sur la mythique plage de Santa Monica. Quel fabuleux espace récréatif ! Tout de même, les Californiens ont une qualité de vie qui fait rêver…

Santa Monica
Santa Monica
Santa Monica
Santa Monica
Santa Monica
Santa Monica

Pratique

Y aller

Air Tahiti Nui propose des vols quotidiens sans escale pour Los Angeles (11 h de vol), à partir de 651 € A/R en classe Economie. Sa classe economy premium, dont les sièges s’inclinent plus et offrent plus d’espace pour les jambes, est à partir de 1253 € A/R. Tarifs incluant 1 bagage à main, 1 bagage cabine, 1 bagage de 23kg en soute, un repas avec boissons alcoolisées et une collation.

www.airtahitinui.com

Forfait

Back Roads, spécialiste du voyage sur mesure en Amérique du nord, concocte sur cet itinéraire un autotour de 9 nuits/10 jours à 1475 €/p, sans le vol. www.backroads.com

Séjourner

Found Hotel (3*), à San Diego : à Little Italy, ch. double à partir de 100 €. www.foundhotels.com

The Guild (4*), à San Diego : charme et confort à Downtown. Ch. double à partir de 220 €. www.theguildhotel.com

Parker Palm Springs : un 5* au merveilleux jardin-labyrinthe. A partir de 950 € la ch. double. www.parkerpalmsprings.com

The Atwater (3*), à Avalon : boutique-hôtel dans un bâtiment historique rénové. A partir de 220 € la ch. double en B&B. 3ème nuit offerte. www.visitcatalinaisland.com

Atwater hotel

Boire un verre

ReBru, 1735 National Ave, San Diego : restaurant et brasserie-distillerie. 30 € le repas avec bière ou kové (maté aux herbes). https://rebruspirits.com/

Bar de ReBru

Le bar de Descanso beach, à Avalon : bar de plage très agréable, sert aussi quelques plats simples pour grignoter avec sa bière… Un loueur de kayak est à côté.

Descanso beach, à Avalon

A lire

Petit Futé « Californie » https://www.petitfute.com/

Se renseigner

www.visitcalifornia.com

CHICAGO, une cité dans le vent

La 3ème plus grande ville américaine séduit par son architecture et par son offre culturelle. Cerise sur le cup-cake, une nature très présente, grâce à ses grands parcs et au lac Michigan.

Surnommée « windy city », la capitale de l’Illinois a le vent en poupe ces dernières années. En effet, pour la 5ème fois de suite, Chicago a été élue en 2021 « meilleure grande ville à visiter aux USA » par Condé Nast Traveler, le magazine de voyage américain de référence. Un choix que je partage largement. Comment ne pas être impressionné par le gigantisme de ses gratte-ciel, dont le sommet se perd parfois dans les nuages ? Depuis le grand incendie de 1871, qui a détruit la ville, les architectes rivalisent d’imagination et d’ingéniosité pour concevoir des buildings plus grands et plus beaux les uns que les autres. Leurs matériaux, leurs décorations et leurs formes surprennent, et l’on se retrouve constamment le nez en l’air à admirer ces géants de pierre, de fer ou de verre. Et il est vrai que parfois, les courants d’air s’engouffrant entre ces hautes tours justifient le surnom de la ville…       

The Cloud Gate, ou « The Bean », d’Anish Kapoor, au Millennium Park

 

Une ville d’art… chitecture

Le Loop est le quartier qui concentre les plus beaux bâtiments. On peut le découvrir à pieds, ou en empruntant la pink line du métro aérien décrivant une boucle (loop en anglais). Ce faisant, nous reviennent toutes ces images des films ou séries américaines tournés ici, tel que « The Dark Knight », « Spiderman 2 », « The Fugitive », ou « Chicago Fire »… A pieds, il faut arpenter notamment State St, l’avenue des grands théâtres, où de grands panneaux donnent des informations sur les buildings les plus remarquables, tel que le Carson Pirie Scott & Co, dont les fenêtres du rez-de-chaussée sont encadrées par un superbe ornement de feuilles en acier, ou le Reliance building, dont la façade est faite de fenêtres séparées par des caissons de style classique en terra-cotta blanche. Remarquez, au 120, l’immeuble incroyablement étroit qui se faufile entre les mastodontes…

CHICAGO Métro aérien de The Loop

Faites un (petit) détour par LaSalle St, qui aboutit à l’imposant Chicago Board of Trade Building, pour voir et visiter The Rookery, l’un des plus anciens et des plus beaux immeubles de Chicago, à la façade néo-roman de marbre rouge. Construit en 1887, ce monument historique a été rénové et décoré par Franck Lloyd Wright (voir plus loin le paragraphe sur Hyde park), qui a illuminé son grand hall par une sublime verrière, et habillé les éléments métalliques de marbre blanc, en ajoutant des décors persans. Une seconde rénovation, faite par un élève de Wright, a apporté quelques touches d’Art Déco, notamment dans les luminaires.

Chicago est vraiment une ville fabuleuse pour les amateurs d’architecture, mais aussi une ville d’art, et au hasard des rues, on tombe parfois sur une œuvre contemporaine, telle la « Bête Debout », de Jean Dubuffet, au 100 W Randolph St… Il y a aussi un quartier dévolu au street art, c’est le Wabash Arts Corridor, dont les murs sont les cimaises d’un art de rue engagé, reflet des préoccupations sociales des jeunes du quartier. Ces fresques colorées, créées à l’initiative du Columbia College de Chicago, embellissent les façades nues des immeubles, les parkings, et même les sombres allées dévolues aux escaliers de secours et aux poubelles… Le mieux est de faire appel à une visite guidée, afin de connaître les motivations de ces artistes, parfois étonnantes. https://wabashartscorridor.org/tours/ . On peut s’y rendre en métro, ou à pieds, car ce n’est qu’à deux blocs du parc Millenium, et donc du centre-ville.

Monument à la Bête Debout, de Jean Dubuffet, 100 W Randolph St
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor
Street art dans le Wabash Arts Corridor

Des visites sensationnelles

Une façon différente de voir le centre-ville consiste à monter dans un bateau-croisière qui navigue sur la Chicago river. Cela permet d’avoir des angles originaux, en passant devant une cinquantaine d’immeubles remarquables, tels que le Navy Pier, le Wrigley Building, Marina city (les épis de maïs), ou la Trump tower. Notez que la perspective est la même depuis la River walk, la promenade piétonne longeant la rivière. Mais lorsque le bateau fait demi-tour dans le bassin situé au bord du lac Michigan, cela offre un beau point de vue sur la front-line des gratte-ciels. A propos de ces géants effleurant les nuages, certains ont mis en place des visites spectaculaires dans leurs plus hauts étages. Evidemment, depuis cette hauteur, on a une vue grandiose sur le damier de la ville aux banlieues tentaculaires, et sur le lac Michigan qui semble une mer intérieure. Mais deux attractions ajoutent du piment au spectacle : dans la tour Willis, le Skydeck est une cage en verre qui permet de marcher dans le vide à 410 m du sol. Et le Tilt, au 94ème étage du John Hancock center, consiste en des cabines en verre qui se penchent à 45 ° en vous donnant l’impression de voler… ou de tomber ! C’est impressionnant… Les photos sont interdites, mais vous pourrez en avoir une idée ici : https://360chicago.com/virtual-tilt

Buste en bronze de Jean-Baptiste Pointe DuSable, fondateur de Chicago, sur le pont DuSable
Clark St Bridge, sur la Chicago River
La River Esplanade, départ des bateaux-croisière sur la Chicago river
Chicago river, au niveau du Merchandise Mart
Building le long de la Chicago river
Pont de Lake St
Building le long de la Chicago river
Croisière sur la Chicago river
Buildings le long de la Chicago river
360 Chicago au John Hancock center
360 Chicago au John Hancock center

Des parcs et des musées

Chicago possède une dizaine de parcs urbains, et les plus grands sont situés en bordure du lac Michigan, ce qui permet de s’oxygéner doublement. Je recommande surtout le Millenium park, d’abord parce qu’il est en contact avec le centre-ville, et qu’il permet de se reposer dans la verdure après avoir « bouffé » du macadam et respiré du gaz d’échappement toute la journée. De plus, il est agrémenté de plusieurs œuvres majeures d’art contemporain, tel que le très photogénique Cloud Gate d’Anish Kapoor, un miroir géant en forme de haricot, qui reflète les buildings de Michigan Ave. Il y a aussi le pavillon Jay Pritzker, de Franck Gehry (qui change de couleur la nuit !), et la Crown Fountain, de Jaume Plensa, composée de deux stèles géantes en briques de verre sur lesquelles s’affichent des visages souriants de Chicagoans. Et de mai à octobre, de l’eau jaillit en cascade des deux tours, ce qui est très… rafraîchissant. Juste en face, se tient l’Art Institute of Chicago, un musée d’exception par sa taille (il faudrait la journée pour tout voir), et par la qualité des œuvres exposées et de leur mise en scène. Tout le monde se précipite pour voir les toiles des peintres impressionnistes (Monet, Gauguin, Van Gogh…), mais j’ai adoré l’aile des arts asiatiques et africains. https://www.artic.edu/ . En prolongement de ce parc, après l’immense fontaine Buckingham, s’étend le Grant park depuis lequel on accède à deux autres musées incontournables, à savoir le musée Field, un musée ultra-moderne des Sciences et de l’Industrie dont la visite ludique ravit petits et grands, et le Shedd, tout simplement le plus grand aquarium couvert du monde !

The Cloud Gate, ou « The Bean », d’Anish Kapoor, au Millennium Park
The Cloud Gate, ou « The Bean », d’Anish Kapoor, au Millennium Park
Crown Fountain, de Jaume Plensa, au Millenium park
Pavillon Jay Pritzker, de Franck Gehry, au Millennium Park

La petite maison de style Prairie

L’autre quartier de Chicago qu’il faut visiter, c’est Hyde Park. Mais il est un peu éloigné du centre, alors il faut y aller en train, ou en louant un vélo et en empruntant la piste cyclable qui longe le lac Michigan vers le sud. Dans cette banlieue cossue et jeune à la fois, se trouvent les maisons de Mohamed Ali, de Malcolm X, et de Barack Obama. Celle-ci est relativement modeste, et un peu plus loin, il y a même une petite pierre gravée à l’endroit où le jeune sénateur a embrassé pour la première fois Michelle, après avoir mangé une glace chez Baskin-Robbins… So romantic ! Le quartier est surtout connu pour sa grande Université, dont les beaux bâtiments néo-gothiques semblent sortis de l’univers d’Harry Potter. Enfin, prenez le temps de vous arrêter à la Robie House, la maison-musée en briques romaines que l’architecte de génie Franck Lloyd Wright a dessinée en 1910. Cette maison symbolise bien le style Prairie qu’il a créé (inspiré des maisons traditionnelles du Japon), et qui a influencé de nombreux autres architectes aux USA, et même en Europe. C’est une architecture « organique », où tous les éléments sont reliés, comme dans un corps, et dont le confort va de pair avec l’esthétique. J’aime beaucoup ces lignes horizontales et ce toit plat, l’organisation des pièces (l’utilisation de poutres en acier permet d’avoir des pièces ouvertes, sans piliers ni cloisons), très lumineuses, où l’on peut voir la rue sans être vu. J’aime aussi les ornementations un peu Art Déco, son obsession pour le rond et le carré, que l’on retrouve dans les luminaires, et j’aime aussi le mobilier en bois, fait main, en harmonie avec le reste du design fonctionnel, sobre et élégant. Cela donne envie de pousser jusqu’à Oak park, une autre banlieue prospère où FLW a dessiné des maisons similaires de style Prairie, en harmonie avec leur environnement. Je terminerai par une citation de FLW, que j’ai trouvée dans la Robie House, et qui conclut bien cette découverte de Chicago, à forte teneur architecturale : « Chaque bon architecte est nécessairement un grand poète. Il doit être un grand interprète original de son temps, de son jour, de son époque. »

Maison de Barrack Obama, à Hyde Park
Université de Hyde Park
Université de Hyde Park
Robie House, de Frank Lloyd Wright
Robie House, de Frank Lloyd Wright
Robie House, de Frank Lloyd Wright
Robie House, de Frank Lloyd Wright
Robie House, de Frank Lloyd Wright
Robie House, de Frank Lloyd Wright
Street art à Hyde Park
Street art à Hyde Park
Wallace E. Goode Jr., dir. de la Chambre de Commerce de Hyde park

Pratique

Y aller : United Airlines ou Air France proposent des vols directs (9 h de vol) à partir de 500 € A/R.

Se loger

Hi Chicago, 24 E Ida B Wells Drive : auberge de jeunesse très bien située dans le Loop. Dortoirs de 6 pers. ou ch. dble, à partir de 35 € la nuit. https://www.hiusa.org/find-hostels/illinois/chicago-24-e-idabwells-drive

Royal Sonesta (4*), 71 E Wacker Drive : situation idéale au pied de la Chicago river, et chambres spacieuses au confort chic, à partir de 175 €/j.  https://www.sonesta.com/royal-sonesta/il/chicago/royal-sonesta-chicago-downtown

Se restaurer

Medici on 57th, à Hyde park : pour la très épaisse deep dish pizza. Repas complet et copieux pour 35 €/p.

Pan pizza de chez Medici, Hyde Park

Portillo’s, 100 W Ontario St : fast-food de qualité, pour déguster ce qui est réputé être le meilleur hot-dog des USA. Sans ketchup, mais avec une saucisse de Francfort au boeuf, une moutarde spéciale, du sel de cèleri, des rondelles de tomate, des oignons et du poivron émincés, un piment doux, et une grosse tranche de cornichon américain. Un régal !

Portillo’s Hot Dogs, 100 W Ontario St
Portillo’s Hot Dogs, 100 W Ontario St

Moody Tongue, 2515 S Wabash Ave : restaurant gastronomique situé dans une sorte d’entrepôt aux murs et plafond noir. Un cadre minimaliste qui va bien avec cette cuisine américaine contemporaine, à base de produits ultra-frais et locaux. L’originalité de cette table doublement étoilée au Michelin, qui est aussi une brasserie, est que chaque plat peut être accompagné de son accord met/bière ! On peut aussi choisir du vin, bien sûr… Compter 300 $/p (avec les boissons !).

Garrett : plusieurs magasins au centre-ville vendent ce délicieux pop-corn au caramel.

Boire un verre

Legends, 700 S Wabash Av : club de Buddy Guy, qui chante encore le blues à 85 ans ! A ne pas manquer… Si vous achetez un disque ou un goodies, Buddy vous le dédicace en personne !

Au Legends, le club de blues de Buddy Guy Buddy Guy
Disque vinyle de Buddy Guy, dédicacé !

Cindy’s : bar branché dont la terrasse-balcon donne sur le parc Millenium.

Terrasse de Cindy’s Rooftop, devant le Millennium park

Se renseigner

www.choosechicago.com

Vers Wabash

Madère, une île-jardin aux parfums des Tropiques

Au large du Maroc, cette île volcanique portugaise jouit d’un climat doux et humide, qui favorise sur son relief accusé une végétation exotique luxuriante. Un voyage dépaysant sur une île très accueillante.

Maisons accrochées à la pente et cultures en terrasses

Un simple tour au mercado dos lavradores, le marché couvert de Funchal, plante le décor : ces pyramides de fruits que l’on ne saurait nommer, ces brassées de fleurs exotiques, ces parfums d’épices orientales, et ces étranges poissons-sabres noirs (aussi effrayants sur l’étal que délicieux dans l’assiette), toute cette effusion de saveurs, de couleurs et de produits inconnus plonge le visiteur dans un dépaysement total. Les rues de la vieille ville, au pavement noir et blanc, sont égayées par le buisson ardent du tulipier du Gabon, le bouquet rose du kapokier et le feu d’artifice du flamboyant, tandis que se mêle aux effluves marines la fragrance capiteuse et vanillée du frangipanier. En sortant du marché, arpentez la rue Santa Maria, dont presque toutes les portes sont peintes par une association locale. Cette rue réputée pour son street art est aussi bondée de restaurants, où l’on peut retrouver tous ces bons produits photographiés au marché !

Au marché dos Lavradores
Au marché dos Lavradores (en dessous, les fruits du philodendron)