Le 101ème département français est une destination touristique injustement méconnue, qui a tout pour séduire les métropolitains avides de soleil, d’exotisme et de sécurité. On y va en famille pour découvrir sa faune et sa flore étonnante, et pour profiter de ses plages de rêve aux doux effluves de vanille et d’ylang-ylang…

« Caribou » ! C’est ainsi qu’on est accueilli à l’aéroport de Dzaoudzi, et il ne faut pas s’en formaliser ni croire qu’après un long voyage, on a une tête d’ongulé nord-américain… Caribou, cela signifie bienvenue dans cette petite île nichée dans la partie orientale de l’archipel des Comores, devenue, le 31 mars 2011, département français d’outre-mer. L’aéroport étant situé à Petite-Terre, une île de 16 km² où se sont implantés les premiers colons, une grande barge la relie toutes les 30 ‘ à l’île principale, la Grande Terre. Mamoudzou, la capitale, est une ville administrative surpeuplée qui n’a guère d’intérêt. On flânera dans le quartier des belles maisons coloniales aux jardins débordant de bougainvillées, et à la descente de la barge, on fera un tour au marché pour se régaler de mangues ou de petites bananes délicieusement parfumées. Attention, les photos ne sont pas toujours les bienvenues. 95 % de la population est musulmane, et si vous ne demandez pas l’autorisation, vous risquez de vous faire sévèrement houspiller par des bouenis, des mamas au tempérament aussi vif que les couleurs de leur pagne…
C’est ce qu’expliquera votre guide ou le chauffeur de taxi sur la route qui vous mènera à votre hôtel. Les Mahorais pratiquent donc la religion musulmane, mais tout en intégrant un animisme proche des Tamouls. Il y a une forte influence culturelle malgache et indienne, d’ailleurs 40 % des Mahorais proviennent de Madagascar, la grande île voisine. Ici, le métissage intense se lit sur les visages, qui trahissent un mélange harmonieux entre des origines d’Afrique centrale ou de l’Est, du Moyen Orient, d’Europe ou d’Asie. D’un point de vue géographique, cet ancien volcan sans volcan est protégé par deux barrières de corail, ce qui fait de Mayotte l’un des plus grands lagons fermés du monde. La faune et la flore sont assez bien préservées, et l’île abrite de nombreuses espèces végétales ou animales endémiques, tels que le baobab ou le souïmanga, un petit oiseau proche du colibri. Au Jardin Maoré, l’une des meilleurs adresses hôtelières de Mayotte, occupant le bout d’une péninsule au sud de l’île, vous aurez aussi de grandes chances de pouvoir observer des tortues marines. En effet, sa plage est un lieu de ponte pour ces merveilleux animaux, et l’herbier qui descend en pente douce sert de pâturage aux tortues vertes et aux tortues imbriquées. Comme elles sont placides, vous pourrez les côtoyer sans crainte en ayant pied ou en nageant avec palmes, masque et tuba. De plus, l’hôtel organise des sorties en mer, avec ou sans plongée, lors desquelles il n’est pas rare de croiser la route d’une des six espèces de dauphins fréquentant le lagon, ou, entre juillet et octobre, des baleines à bosses de 30 tonnes, avec ou sans leurs baleineaux… En cette saison, nombreux sont ceux qui croient voir le panache de vapeur projeté par ces mégaptères. C’est souvent faux ! En fait, il se trouve que la barrière de corail du lagon est assez éloignée des côtes, et les déferlantes qui s’y écrasent provoquent des franges écumeuses à l’horizon, ressemblant fort à ces respirations de cétacés… Cerise sur le gâteau, ou plutôt meringue sur le lagon, le bateau accoste en général sur l’îlot de sable blanc (c’est son nom), un banc de brisures de corail formé par les courants. Totalement désert et vierge, cet îlot sert de robinsonnade aux touristes ravis, autant éblouis par la couleur irréelle du lagon, que par la blancheur immaculée du substrat corallien.
Le tour de l’île fait environ 175 km, il peut être fait en 2 jours. Parmi les excursions à ne pas manquer, il y a l’écomusée de Bandrélé. Ce petit musée du sel met en valeur le travail des « mamas shingos » (mamans du sel en mahorais). Ces femmes mettent en œuvre ici une technique unique de production de sel à partir de limon, une activité ancestrale d’origine bantou, transmise de génération en génération… Les mamas ne parlent pas trop français, mais des panneaux explicatifs viennent pallier les difficultés de communication… Les petits paquets de sel vendus à la boutique permettent à l’association de perdurer son action sociale, et c’est une bonne idée de cadeau ! Non loin de là, à Bambo Est, faites un arrêt à la Musicale plage, non pour écouter quelque groupe folklorique, mais pour voir l’un des plus gros baobabs de l’île : il faudrait une trentaine de personnes pour faire le tour de sa circonférence en se donnant la main ! Le centre et le nord de l’île sont verdoyants, on peut y faire des randonnées pédestres d’1/2 journée à 2 journées avec bivouac, accompagnées d’un guide, bien sûr. Il vous expliquera tous les secrets de la brousse et les utilisations des plantes dans la pharmacopée traditionnelle. Chemin faisant, vous rencontrerez certainement des groupes de makis, ces lémuriens au poil roux qui délaissent volontiers la recherche de fruits dans la forêt pour profiter des petites bananes que leur lancent des touristes au grand cœur. Ce qu’il ne faut pas faire, bien sûr, afin qu’ils conservent leur mode de vie forestier. Trop nombreux sont ceux qui ont renoncé à la vie sauvage, car certains hôtels ont comme pensionnaires ces facétieuses petites boules de poil, toujours promptes à sauter sur une table ou sur une épaule, s’il y a une friandise ou un fruit à glaner… Vous visiterez sans doute une petite unité de distillation de l’ylang-ylang, cet arbuste aux branches tortueuses et aux délicates fleurs blanches, dont le parfum envoûtant a une note déterminante dans le bouquet de certains parfums de Chanel ou de Guerlain… Vous ne verrez probablement pas la récolte des fleurs, car celle-ci se fait exclusivement le matin, de 5h30 à 9h. Les femmes cueillent les fleurs fraîches une à une, et elles partent tout de suite à la distillation, pour conserver au maximum leur puissance aromatique.
Des traditions intactes
Bien qu’il soit possible de visiter l’île en liberté (les routes sont correctes, et les principaux itinéraires sont côtiers), il est conseillé d’avoir un guide à ses côtés, afin de ne pas passer à côté d’une des richesses de Mayotte : ses particularismes culturels. Par exemple, vous ne remarquerez pas forcément, à la sortie des villages, ces petites cases décorées de peintures, de dessins ou de tags : votre guide vous expliquera que ce sont des bangas, des garçonnières dans lesquelles les garçons s’émancipent à l’adolescence, en y amenant leurs premières copines… Il pourra vous présenter aussi à un fundi (« celui qui sait ») , en général un vieil homme expert dans son domaine, mi-sorcier, mi-guérisseur… Il vous racontera comment se déroulent ici le mariage, très importante cérémonie qui dure 3 semaines, qui demande des mois de préparation et des années d’économie… Les femmes mahoraises sont expertes en soins de beauté. Très souvent, elles protègent la peau de leur visage de brûlures du soleil et des insectes en appliquant un masque blanc ou jaune, le tzinzano, fait à partir de bois de santal râpé et/ou de kaolin. Il est parfois additionné d’autres produits naturels selon l’effet recherché : avec de l’avocat pour éclaircir la peau, ou de l’huile de sésame pour son action anti-âge. Et lors des cérémonie, ou tout simplement pour paraître belle, le visage est peint de motifs astronomiques, floraux, géométriques, qui parent les joues et le front. Pour tout savoir sur cet art du maquillage traditionnel, il faut aller voir Taambati. Cette mama mahoraise tient table et chambre d’hôtes à Bouéni (Au Santal Logis), et c’est une figure locale incontournable. Très investie dans le développement de Mayotte, elle a créé l’association » Ouzouri wa m’troumche » qui veut dire » la beauté de la femme « . En plus d’être une cuisinière hors pair, et d’avoir toujours le sourire, c’est une maquilleuse et masseuse professionnelle qui adore faire partager ses petits secrets de beauté aux voyageuses. Après avoir râpé du bois de santal, et étalé sur une feuille de bananier des fleurs de jasmin, d’ylang-ylang, des pétales de rose, du patchouli, du mimosa et du lait de coco, elle prépare devant vous ses potions et onguents dont elle se sert pour vous prodiguer des massages ou vous faire un véritable masque de beauté mahorais ! Et comme un bonheur ne vient jamais seul, vous pourrez après déguster le pilao, le plat national, une sorte de couscous à base de riz, ou du poisson cru mariné, ou un poulet coco… Si cela vous plaît, Taambati propose aussi des ateliers cuisine !
Pratique
Y aller : Corsair et Air Austral proposent des vols directs avec la métropole.
Sur place : Baobab Tour est la meilleure agence réceptive de l’île. Son responsable mahorais, Attoumani, est un ancien guide, et connaît l’île et ses sentiers comme sa poche. Baobab Tour
Séjourner :
* Le Jardin Maoré, à la Pointe N’Gouja : des bungalows confortables dans un jardin tropical, tout près de la plage, flanquée de baobabs centenaires. Le soir, une association naturaliste présente à la clientèle des conférences sur les tortues marines, qui viennent pondre directement sur la plage. Jardin Maoré
* Le Sakouli, à Bandrélé : vastes bungalows climatisés face au lagon. Superbe piscine à débordement, jacuzzi, et son restaurant est l’une des meilleurs tables de l’île. Sakouli
* Le Santal Logis, à Bouéni : 5 chambres d’hôtes très propres mais au confort sommaire. On y va pour Taambati ! Moins de 30€/p en 1/2 pension. Tél : 02 69 62 60 13
Se renseigner : Mayotte tourisme