Trésors de Bohême

La Bohême centrale est une région de cocagne qui regorge de châteaux et de sites naturels épatants. Voici une balade orientée nature et culture, qui permet de voir quelques-uns de ses plus remarquables trésors.

La République tchèque est le pays qui compte le plus de châteaux au monde par habitant. L’Histoire en a semé des centaines en Bohême, de tous styles et de toutes époques. A 50 km au sud-est de Prague, Český Sternberk a été construit au XIIIe s. pour protéger la capitale des attaques turques. Rebâti plusieurs fois sur son arête rocheuse dominant une rivière, c’est aujourd’hui une résidence baroque qui appartient à la même famille depuis 23 générations ! Au fil des quinze pièces ouvertes à la visite, Kristyne, la guide francophone, raconte la vie du dernier comte, qui collectionnait les trophées de chasse (dont un crocodile de Ceylan !), les vieux fusils et les gravures anciennes. Sa femme Carolina, elle, aimait les figurines en argent. Pas étonnant, Kutná Hora, non loin de là, a été pendant des siècles la mine d’argent la plus productive d’Europe. Cette ville s’est développée dès le XIIe s. grâce à cette industrie minière, d’ailleurs Kutná Hora signifie « colline fouillée »… Le filon s’est tari au XVIe s., mais la ville a hérité de très beaux monuments de cette période de prospérité, ce qui en fait un Prague en miniature. Le joyau de la ville est la cathédrale gothique Ste-Barbe, patronne des mineurs, bien entendu. Sa construction a duré cinq siècles, et elle abrite moults trésors, tel son plafond à voûtes d’ogives, une statue de la Vierge du XIVe s., des peintures Renaissance, et des fresques médiévales évoquant l’extraction minière et le battage de la monnaie. L’autre monument incontournable de la ville est Vlašský dvůr, un superbe ensemble de bâtiments du XIIIe s. transformé en résidence royale au XVe s. C’était l’hôtel de la monnaie royale, où l’on a commencé à battre les premières pièces dès l’époque de Venceslas II, qui y a mandaté des spécialistes venus de Florence, d’où son nom de « cour italienne ». Il abrite aujourd’hui un musée sur l’histoire de la monnaie en Europe, où l’on voit des pièces très anciennes, notamment des groschens (en français des « gros » d’une valeur de 12 deniers…), des gros tournois (encore une vieille pièce française), et un thaler du XVIe s. qui est à l’origine du mot dollar !

Château de Český Sternberk
Château de Český Sternberk
Château de Český Sternberk
Château de Český Sternberk
Vierge à l’Enfant, au château de Ceský Sternberk
Collection de pipes au château de Ceský Sternberk
Kristyne, guide au château de Ceský Sternberk
Kristyne, guide au château de Ceský Sternberk
Kutná Hora, Vlašský dvůr (hôtel de la Monnaie)
Kutna Hora, à l’hôtel de la Monnaie
Kutna Hora, à l’hôtel de la Monnaie
Kutna Hora, pierre avec du minerai d’argent, à l’hôtel de la Monnaie
Kutna Hora – Pièces anciennes à l’Hôtel de la Monnaie
Hana, guide à Kutna Hora

De l’argent ou de la bière ?

La ville compte aussi une ancienne mine d’argent et d’autres petits monuments urbains, telle que l’étonnante fontaine gothique de la place Rejskovo Náměstí, du XVe s. (1495), qui servit de réservoir d’eau potable jusqu’en 1890, car il était compliqué de creuser des puits dans un sol miné par les galeries. A voir aussi l’étrange « colonne de la peste », une gigantesque sculpture évoquant une épidémie de peste, et comportant évidemment des motifs de mineurs… Sur cette même place Sultysova se trouve un magasin de bijoux en argent, à voir si l’on ne veut pas revenir en France les mains vides… Car l’autre grande spécialité de la République tchèque, c’est la bière. Et c’est compliqué d’en ramener, surtout si l’on est venu en avion… Les Tchèques sont les plus gros buveurs de bière de la planète (devant les Allemands et les Australiens), ils en engloutissent en moyenne 168 l/an ! Ils en boivent tout le temps, à tous les repas (sauf au petit-déj, quoique…), c’est bien simple, ici la bière est surnommée le pain liquide ! Heureusement, cette tradition brassicole est aussi qualitative. Il faut dire qu’à part les grandes brasseries (la Pilsner Urquell ou la Budweiser, qui est bien meilleure que son insipide homonyme américain), chaque village ou presque a sa petite brasserie, et ce, depuis le Moyen Âge ! Beaucoup de restaurants brassent leur propre bière, bref, c’est dommage si vous n’aimez pas ça… Il y a bien quelques vignobles dans le pays, mais leur vin n’est pas fameux. L’autre breuvage très populaire est le Kofola, la version tchèque du Coca, bien meilleur à mon humble avis, car moins sucré et plus aromatisé aux plantes. Pour revenir à la bière, vous n’aurez que l’embarras du choix, et je n’ai pas passé assez de temps sur place pour pouvoir distinguer telle brasserie de telle autre. Je signale tout de même la très sympathique micro-brasserie de Malesov (un village situé non loin de Kutná Hora), où le brasseur Pavel Bartůněk, à l’allure de pirate, fait visiter volontiers ses installations. Et ses bières sont délicieuses !

Kutná Hora Fontaine gothique de Rejskovo Náměstí
Kutná Hora
Kutná Hora, Colonne de la Peste
Kutná Hora – Cathédrale Ste-Barbe
Kutná Hora – Cathédrale Ste-Barbe
Kutná Hora, Cathédrale Ste-Barbe
Kutná Hora, Cathédrale Ste-Barbe
Kutná Hora, Cathédrale Ste-Barbe
A Kutná Hora
Allée Barborska menant à la cathédrale
Kutná Hora – Cathédrale Ste-Barbe
Brasserie de Malesov
Pavel Bartůněk, à la brasserie de Malesov

L’os(car) du mauvais goût

Avant de quitter Kutná Hora, il faut rejoindre le quartier de Sedlec, pour voir trois attractions touristiques très différentes. Il y a d’abord l’église de l’Assomption, faisant partie d’une abbaye cistercienne du XIIe s., mais détruite pendant la Guerre de Trente Ans et rebâtie au XVIIe s. Son aspect extérieur ne donne pas envie d’y entrer, mais elle est très lumineuse et ses dimensions impressionnent. A voir à l’intérieur : un bel escalier en colimaçon (sans pilier central), un ostensoir en argent plaqué or (l’un des plus vieux du monde), et deux reliquaires assez « gore », des squelettes habillés et affublés d’un visage en plâtre… Dans le mode macabre, il y a mieux (ou pire…) : à 200 m de l’église, au cœur du cimetière du monastère cistercien, une chapelle souterraine a été décorée avec des ossements provenant des dizaines de milliers de morts de famine, de guerre ou d’épidémie, déterrés des fosses communes. Entassés pendant des siècles, ils ont été « mis en forme » au XVIIIe s. dans cet ossuaire par un « artiste » qui a utilisé les crânes et les os longs pour dessiner des croix, un blason, des lustres… Un art morbide censé évoquer la vie éternelle, qui est assez dérangeant. A chacun de se faire son opinion. On ne sait pas ce qu’ils ont fumé pour jouer au Lego avec des squelettes, mais l’ironie de l’Histoire a voulu que les bâtiments de l’ancien monastère aient été investis, sous l’ère communiste du pays, par la fabrique nationale de tabac… Cela appartient aujourd’hui au cigarettier Philip Morris (petit musée du tabac à visiter), et l’on se rend compte de l’étendue de cette usine du haut d’une tour accolée au restaurant Havířská Bouda, situé dans une forêt sur une colline voisine. Le haut de cette tour, entièrement vitré, est en fait un bar, et il est très agréable d’y prendre un café (ou une bière !) en contemplant les alentours à 360 °.     

Sedlec, Cathédrale de l’Assomption
Sedlec, Ostensoir à la cathédrale de l’Assomption
Escalier dans la cathédrale de l’Assomption, à Sedlec
Ossuaire de Sedlec
Ossuaire de Sedlec
Ossuaire de Sedlec
Ossuaire de Sedlec
Ossuaire de Sedlec
Ossuaire de Sedlec

Le haras qui rit

Si l’ossuaire de Sedlec a un peu plombé l’ambiance, on retrouve vite le sourire en visitant le haras de Kladruby, situé à une vingtaine de km de là. C’est le plus ancien et le plus vaste haras d’Europe. Depuis le XVIe s., on bichonne et on élève ici 250 chevaux de race Kladruber, des chevaux élégants au naseau aquilin, de robe blanche ou grise, dont le rôle est de tirer des attelages lors des cérémonies officielles, et de participer aux concours d’attelage. Il y a aussi quelques pur-sang de course, de robe noire. On peut les admirer (et parfois les caresser) dans leurs stalles, ou lors d’une séance de dressage. La visite permet d’entrer dans le château de style néo-classique, dans lequel on trouve évidemment des tableaux de chevaux dans toutes les pièces. Plus étonnant est d’apprendre que c’est l’un des châteaux de l’empereur autrichien François-Joseph 1er et de sa femme Elisabeth de Wittelsbach, surnommée Sissi. Lorsque la guide prononce ce nom, on se demande : pas la Sissi incarnée à l’écran par Romy Schneider, tout de même ? Si, si… Du coup, il est plus facile d’imaginer l’impératrice vaquer à ses occupations dans les douze salles et salons meublés d’époque, ou grimper dans l’un des carrosses historiques remisés dans une dépendance.  

Au haras de Kladruby
Au haras de Kladruby
Au haras de Kladruby
Au haras de Kladruby Martin, avec le Old Kladruber Horse : Rudolfo Extracta VIII
Au haras de Kladruby Martin, avec le Old Kladruber Horse : Rudolfo Extracta VIII
Au château du haras de Kladruby
Au château du haras de Kladruby Lida, guide, montre Sissi sur le tableau
Au château du haras de Kladruby
Le Old Kladruber Horse : Rudolfo Extracta VIII

Un taxi pour Loučeň

Il est probable que des chevaux de ce haras ont dû tirer les malles postales de Thurn-Taxis, une famille allemande qui a fait fortune en mettant en place la première ligne de poste à cheval, au XVe s. Le mot taxi découle d’ailleurs de leur patronyme, et le jaune de notre Poste vient de la couleur héraldique de cette famille ! Il faut absolument visiter leur château à Loučeň, situé à 60 km de Kladruby nad Labem. C’est un très joli manoir typique du baroque tchèque, restituant l’ambiance de la haute noblesse à la Belle Epoque. Ici, les guides sont costumés, et si vous avez la chance de tomber sur Hana, elle vous fera la visite dans un français impeccable. Ce qui est très appréciable pour saisir l’incroyable histoire de cette famille et de ce château, pillé par l’Armée Rouge, devenu un centre de formation pour les cheminots pendant la période communiste, et laissé dans un état pitoyable. C’est une amatrice d’art fortunée qui a racheté le château en 2000, et qui l’a rénové dans l’état où il était avant la 2nde Guerre mondiale. Le mobilier semble avoir toujours été là, pourtant il a été chiné dans les boutiques d’antiquités, récupéré dans d’autres châteaux, ou ce sont des répliques. Grâce à de nombreux tableaux et photos de famille, Hana déroule la vie du prince Alexandre Jan Vincent Thurn-Taxis et de sa femme Marie, qui semblent encore habiter les lieux. C’est bluffant ! Si vous avez conservé une âme d’enfant, l’immense parc du château est agrémenté de 12 labyrinthes du spécialiste mondial en la matière, Adrian Ficher (https://www.mazemaker.com/). Ils sont faits de végétaux, de bois, de pierre, et même de lumière ! Ce dernier, situé sur le parvis du château, ne se découvre qu’à la nuit tombée.

Château de Loučeň
Château de Loučeň
Château de Loučeň
Un labyrinthe du château de Loučeň
Au château de Loučeň Hana, guide costumée, dans la salle à manger

Le paradis tchèque en bois

C’est aussi un labyrinthe naturel qui vous attend au Paradis tchèque (Český ráj). Cette région très boisée doit son nom à la beauté naturelle de ses « villes rocheuses », des massifs de grès ruiniformes creusés par l’érosion, dont les canyons seraient les rues, et les hautes colonnes de pierre les immeubles… C’est un monde de verticalité et de démesure. Dans leur élan désespéré vers la lumière, les arbres lancent leur houppier à des hauteurs folles pour dépasser les gigantesques monolithes de 40 à 50 m de hauteur. Une faiblarde lumière verte, filtrée par le feuillage, arrive jusqu’au sol, instillant une ambiance vaguement inquiétante. Surtout lorsque l’on se trouve acculé devant un rempart monstrueux, et que la seule issue est une faille étroite, pas plus large que les épaules… Jan Mertlik, mon guide, précise que ces failles ne sont pas dues à l’érosion, mais aux mouvements tectoniques. Cela n’est guère rassurant, si ces roches se sont éloignées, elles pourraient aussi bien se rapprocher… Cela fait rigoler Jan, qui me répond que le site date de 90 millions d’années, alors cela devrait tenir encore un quart d’heure ! Jan m’a guidé dans deux sites. Celui de Prachovské est le plus fréquenté, l’entrée est d’ailleurs payante. Mais c’est aussi le plus spectaculaire. Le promeneur a le choix entre trois circuits balisés, de différentes longueurs et durée, le vert étant le plus complet, surtout si l’on fait un petit détour pour rejoindre le belvédère de la Madone. Plusieurs « tours minérales » sont ainsi équipées de plates-formes sécurisées à leur sommet, permettant d’avoir une vue d’ensemble et surplombante sur cette curiosité naturelle. Cela rythme la balade de haltes revigorantes, où l’on a tout le loisir et le plaisir de faire des photos de ces étranges cheminées de fée immergées dans la forêt profonde. A part quelques écureuils et des oiseaux, je n’ai pas vu de faune, mais Jan m’assure que cette forêt est peuplée de chevreuils, de renards, de sangliers… Le second site, non loin de là, est celui de Hrubolskalsko (ville rocheuse de Hrubá skála). Il est libre d’accès, et il faut se garer au parking situé à côté du château-hôtel éponyme. Le site est également équipé de chouettes belvédères, tel que celui de Marianne, et de passages étroits dans la roche.

Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque, guide Jan Mertlik
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque, guide Jan Mertlik
Ville rocheuse de Prachovské, au Paradis tchèque

Faucons, et vrais cons

La ville rocheuse de Hrubá skála est située tout près du château de Trosky. Ce château médiéval (XIVe s.) en ruine est le site emblématique du Paradis tchèque. Il faut reconnaître que ses deux tours perchées sur des pitons volcaniques ont fière allure : vues de loin, elles forment un V majestueux. Vues de près, elles sont encore plus impressionnantes, par leur verticalité et leur côté inexpugnable. Il est possible de grimper par une série d’escaliers dans ces tours nommées « Baba » et « Panna » (la vieille et la jeune fille), ce qui permet d’avoir une vue imprenable sur le donjon d’en face, et sur la campagne. Ce n’est pas un hasard si au pied de ces nids d’aigle se sont installés des montreurs de rapaces, permettant au public de se faire prendre en photo pour 3 euros, tenant dans leur main un aigle ou un hibou. Je ne sais pas si parmi les rapaces il y avait des faucons, mais des vrais cons, j’en ai vu ! Garder ces oiseaux enchaînés uniquement pour prendre un selfie est scandaleux. Alors qu’il suffit d’être un peu attentif, et de remarquer, dans l’une des meurtrières d’un mur d’enceinte, un nid avec de jeunes rapaces prêts à s’envoler…

Ville rocheuse de Hrubá skála, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Hrubá skála, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Hrubá skála, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Hrubá skála, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Hrubá skála, au Paradis tchèque
Ville rocheuse de Hrubá skála, au Paradis tchèque
Château de Trosky
Château de Trosky
Château de Trosky
Démonstration de rapaces au château de Trosky
Rapace au château de Trosky
Au château de Trosky

Sychrov, la french touch

A 15 km de là, on saute 4 ou 5 siècles pour visiter le château néo-gothique de Sychrov. Il a été construit au milieu du XIXe s. par les princes de Rohan, exilés en Bohême après la Révolution française. En fait, le duc Charles de Rohan a acheté un premier château baroque en 1820, mais il ne satisfaisait pas aux exigences d’un duc et pair de France. Charles l’a donc agrandi et transformé en style Empire, mais c’est le duc Camille de Rohan qui l’a remanié entre 1847 et 1862, dans le style néo-gothique romantique, à la mode en Bohême à cette époque. En 1945, le château est nationalisé, et au début des années 80, une réhabilitation est entreprise pour redonner à Sychrov son lustre d’antan. Tout le mobilier est d’origine, et l’on a vraiment l’impression de visiter un château avec un agent immobilier, pendant que ses propriétaires sont absents ! Au fil des salons et des chambres, où les Rohan ont mis au mur d’immenses tableaux de rois de France, afin de bien montrer leur proximité avec la monarchie française, ma guide détaille la vie de Camille de Rohan-Rochefort, prince de Guéméné (eh oui, un breton !), qui a décoré le château. Ce botaniste passionné était aussi un entrepreneur, il avait une scierie, une brasserie, et a même construit un chemin de fer ! A voir, dans les appartements de sa femme, la princesse Adelheid, une jolie collections de figurines en porcelaine. On les imagine bien, tous les deux, manger en tête à tête dans la salle à manger d’apparat, au plafond à caissons peints, aux murs de boiseries sculptées et décorées de blasons, et aux fenêtres ajourées de vitraux. Avec deux valets derrière chaque chaise qui se battent pour leur passer le sel, sous l’œil sévère des ancêtres peints qui surveillent s’ils ne font pas tomber une goutte de soupe sur la nappe ! Il faut toujours imaginer les monarques roter à table ou au petit coin, ça les fait tomber de leur piédestal hautain, et ça les rapproche du peuple.          

Château de Sychrov
Château de Sychrov
Château de Sychrov
Château de Sychrov
Château de Sychrov
Château de Sychrov

Allez, un dernier verre ?

Dernier trésor à dénicher : le cristal de Bohême. La tradition verrière remonte au XIVe s. en République tchèque, après que des artistes vénitiens aient importé leur savoir-faire à Prague. De nombreuses verreries s’installèrent en Bohême, produisant un verre transparent d’une grande pureté, nommé cristal de Bohême. Au XVIIIe s., ce cristal était si célèbre qu’il était le plus exporté dans le monde. Les héritiers de cette tradition sont toujours là, de nombreux ateliers se visitent, notamment dans la région des montagnes Lusatian, à une centaine de km au nord de Prague. Telle la verrerie Ajeto de Nový Bor, dont l’aménagement a été pensé en fonction du tourisme. En effet, une coursive suspendue domine l’arène où officient les souffleurs de verre devant leurs fourneaux ardents, ce qui permet de les observer dans de bonnes conditions. Mieux, la salle du restaurant (avec sa brasserie, bien sûr…) abrite aussi un fourneau, ce qui permet de déjeuner tout en observant le travail du verrier. On peut même s’essayer à souffler dans le tuyau, et repartir avec son propre objet en verre ! Un petit musée du verre complète la visite. Il faut savoir que cette verrerie appartient au groupe Lasvit, qui produit des objets d’art de style Murano (dont le dernier trophée du Tour de France !), ainsi que des installations de luminaires gigantesques dans les hôtels de luxe partout dans le monde. Le siège social de cette entreprise vaut d’ailleurs le coup d’œil, un grand cube en verre au milieu d’une petite ville provinciale, ça détonne ! (Palackého nám, 170, Nový Bor).

A la verrerie Ajeto de Nový Bor

Dans la ville voisine de Kunratice u Cvikova, ne manquez pas de voir le « jardin en verre » de Jiří Pačinek, où ce grand maître verrier, célèbre dans le monde entier, a installé entre ses massifs de fleurs quelques-unes de ses sublimes œuvres en verre coloré. D’autres objets en verre sont exposés dans la boutique située au-dessus de son atelier, allant du simple verre à 10 € à des vases ou créations dépassant 5000 €… Il y a même quelques objets faits en « uranium glass », qui deviennent phosphorescents à la lumière d’une lampe ! Ses créations zoomorphes sont parfois kitsch, mais il faut réaliser que c’est du verre filé et soufflé (techniquement du « soda potassium glass », donc pas du cristal), et que chaque pièce est une véritable prouesse technique. Pour s’en persuader, il suffit de rester quelques minutes devant son atelier et observer ce colosse étirer, polir, colorer, une masse de verre de fusion sortant du four-creuset à 1200 °C, jusqu’à ce qu’il obtienne la forme souhaitée. Très impressionnant ! Lors de mon passage, il devait réaliser, d’après dessin, une œuvre de cristal destinée à apparaître dans un film produit par Netflix ! Et le producteur était venu des USA pour superviser le travail et s’assurer que la pièce en cristal avait la forme parfaite. Je vous laisse découvrir son travail avec les photos et la vidéo ci-dessous. Avant de partir, demandez à vous faire ouvrir l’église du village qui est en face de l’atelier, elle est décorée avec 300 objets en cristal !  

Maître verrier Jiri Pacinek
Maître Jiri Pacinek au travail dans son atelier

Voyage pratique

Y aller

Vueling propose des vols quotidiens et directs Paris-Prague, à partir de 70 € A/R. https://www.vueling.com/fr

Séjourner

Prague : Miss Sophie’s Downtown, boutique-hôtel situé en face de la gare. Ch double à partir de 50 €. www.miss-sophies.com

Kutná Hora : Opat, hôtel avec parking, ch double à partir de 60 €. www.hotelopat.cz

Cvikov : Kleis, coup de cœur pour cet hôtel neuf accolé à une brasserie. Bon confort et accueil sympathique. Ch double à partir de 75 €. www.hotelkleis.cz

A la brasserie-hôtel de Cvikov
Alambic de la brasserie-hôtel de Cvikov
A la brasserie-hôtel de Cvikov, Jan Brusch, brasseur
Bière de la brasserie-hôtel Kleis de Cvikov

Savourer

A Kutná Hora : Dačický, savoureuse cuisine tchèque et grande terrasse ombragée de tilleuls. https://www.dacicky.com/?lang=en

A Jičín :  Ábelův mlýn, cuisine tchèque traditionnelle dans un cadre rustique. https://www.abeluvmlyn.cz/

Ramener

Bijoux en argent de Kutná Hora ; pierres semi-précieuses du Paradis tchèque ; bière d’une brasserie artisanale ; cristal de Bohême.

http://www.pacinekglass.com/index-en.html

Infos

www.visitczechrepublic.com

Plat du restaurant Decicky, à Kutna Hora
Barman du Grand Hotel Praha de Jicin
A Jicin
Grande place de Jicin