Doté de hautes montagnes, d’oasis luxuriantes et d’un désert de sable doré, le plus progressiste des états arabes du golfe persique dévoile des beautés naturelles et des trésors culturels dignes d’un conte des Mille et Une Nuits…
La capitale Mascate n’a rien du luxe clinquant et ostentatoire de sa voisine Dubaï. Certes, elle dispose d’hôtels 5* et de bâtiments prestigieux, tel que l’Opéra royal, mais ils sont bâtis en s’inspirant de l’architecture traditionnelle omanaise : volumes cubiques, toits plats, ouvertures avec moucharabiehs… Au cœur d’un grand jardin où glougloutent des fontaines, la Grande Mosquée du sultan Qaboos est impressionnante avec son sol-miroir en marbre blanc où se reflètent ses minarets altiers. On reste bouche bée dans son immense salle de prière illuminée par des lustres en cristal faramineux, que l’on admire en foulant un tapis persan tissé par 500 femmes pendant 4 ans ! Un bon moyen de « comprendre » cette ville très étendue est de longer son littoral sur un dhaw, un boutre reconverti en bateau de croisière. Plusieurs dhaws sont à quai dans la marina située au sud de la ville, vers Al Bustan. Les forts intégrés à la côte rocheuse ont été construits au XVIe s. pour protéger le port, qui était sur la route de l’Inde. Cette vocation de négoce se retrouve dans le labyrinthique et envoûtant souk de Mutrah, regorgeant de tissus chamarrés, d’épices et de lampes qu’on imagine d’Aladin… Renseignement pris, les épices sont importées, à la différence de l’encens embaumant les allées qui est toujours produit dans le Dhofar, au sud du pays, par l’arbre Boswellia sacra. Comme dans tous les souks, les vendeurs vous interpellent pour vous faire entrer dans leur échoppe. Vous laisserez-vous tenter par une dishdasha (sorte de djellabah masculine et/ou féminine ornée de fines broderies) ou un kumma (chapeau rond en coton brodé) ? A moins que vous décidiez de faire chauffer la carte bleue dans une bijouterie. Un quartier entier est dévolu au commerce de l’or, de l’argent et des pierres précieuses ! C’est là que se retrouvent les femmes omanaises, allant par 2 ou 3 ou accompagnées par un père, un frère ou un mari. Bien que le sultanat d’Oman soit assez progressiste au sujet de la place des femmes dans la société (elles conduisent, dirigent des business, et les plus émancipées apparaissent en public tête nue), la grande majorité d’entre elles sont couvertes des pieds à la tête, certaines portant même le niqab, ne laissant voir que leurs yeux. Le carcan de la tradition et de la religion musulmane intégriste est lent à se fissurer… Les touristes femmes sont libres de s’habiller comme elles le souhaitent (à part dans les mosquées, bien entendu), tout en évitant les crop-top (chandails-bedaine comme disent les Québécois !) et les jupes trop courtes qui risquent de choquer la population. Si l’on veut rencontrer des omanais et omanaises, autant se comporter dignement, en respectant le dress-code en vigueur…
Avant de quitter Mascate, un musée vaut vraiment le détour, c’est le musée Baït al Zubair, qui présente, dans la maison d’un sultan, ses collections de bijoux, vêtements traditionnels, instruments de musique, armes (telles que les poignards d’apparat khanjar), etc… Cette exposition, qui contient aussi de vieilles photos, illustre bien l’histoire et les traditions d’Oman, avec notamment un panneau sur l’art de récolter l’encens, et un autre sur la production d’eau de rose.











Poignard khanjar

Des monts et des roses
L’intérieur montagneux, qui culmine à plus de 3000 m, créé une diversité paysagère qui surprend dans cette contrée désertique. C’est grâce à ce relief que le pays accueille en février le Tour d’Oman, l’équivalent du Tour du France ! C’est d’ailleurs Amaury Sport Organisation (ASO) qui gère cette compétition, ce qui fait que le niveau est assez relevé, avec la participation de certaines vedettes du cyclisme mondial. Au moins, lorsque les cyclistes grimpent des côtes et prennent de l’altitude, il fait un peu moins chaud qu’en plaine ! C’est pour cette relative fraîcheur, et pour ses sublimes paysages, que de luxueux resorts (tel l’Anantara, voir mes bonnes adresses) sont construits sur les hauts plateaux du djebel Al Akhdar. Ce massif surnommé « la montagne verte » est sauvagement beau, avec ses canyons piquetés d’arbustes, ses cultures en terrasses entourant des villages millénaires aux maisons de pierre ou de pisé, et ses champs de roses. Celles-ci sont utilisées pour faire de l’eau de rose et dans la parfumerie, et en saison de floraison, des pétales sont éparpillées dans la chambre de l’hôtel ou autour de la piscine… It’s so romantic ! (Rappelons que le sultanat d’Oman fut placé sous protectorat britannique de 1891 à 1971, et que l’anglais est la langue la plus parlée, après l’arabe). De nombreux trekkings sont possibles dans cette région, mais l’Anantara est aussi le lieu idéal pour se reposer et se faire du bien au spa ou dans la piscine à débordement. Une petite excursion consiste à se rendre au Wadi Bani Habib, non loin du resort. C’est un village abandonné situé en surplomb d’une oasis qui a beaucoup de charme.






A l’oued d’eden
En revenant vers Mascate, faites étape à Nizwa pour visiter son fort du XVIIe s. très bien conservé. Il n’est plus meublé, mais au fil de ses innombrables pièces, on en apprend plus sur l’histoire et les traditions omanaises, et sur le mode de vie du sultan qui y habitait. Depuis le sommet de sa tour circulaire haute de 24 mètres, s’étend un superbe panorama à 360° sur la vieille ville dominée par le dôme de la mosquée, cerclée par une oasis verdoyante, avec au loin l’horizon dentelé par les sommets du djebel Akhdar. Son souk, moins touristique que celui de Mascate, mérite aussi qu’on s’y arrête. Non loin de là s’étend la grande palmeraie de Birkat al Mouz, où les palmiers-dattiers sont irrigués par les aflaj, des systèmes d’irrigation ancestraux, inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco. C’est aussi l’eau qui attire les touristes au wadi Bani Khalid. Après plusieurs heures de voiture sur une route traversant un erg poussiéreux sous une chaleur torride, l’arrivée dans cette oasis paradisiaque tient quasiment du miracle. D’où vient toute cette eau dans cet environnement désertique ? Des montagnes et de sources situées en amont, bien sûr. Le premier bassin contient de petits poissons qui viennent débarrasser les pieds des peaux mortes. Ca chatouille ! Il faut remonter cet oued sinuant dans des gorges ocres pour trouver des vasques d’eau cristalline où c’est un bonheur de se baigner. Les touristes ne s’en privent pas, sous le regard des omanaises voilées qui restent sagement au bord du bassin turquoise.







La magie ineffable du désert
Cette pause fraîcheur fait du bien avant de pénétrer dans le désert de Sharqiyah Sands (anciennement Wahiba Sands). Il faut d’abord faire un arrêt à Bidiyiah, le dernier village avant le désert, pour dégonfler les pneus du 4×4. Sans cela, il ne pourrait pas emprunter les pistes de sable jusqu’au campement. Même avec cette précaution, un ensablement n’est pas exclu ! Il faut dire que le sable de ce désert est particulièrement fin, et ses dunes soyeuses modelées par le vent sont des pièges dont on ne s’extrait pas facilement. Heureusement, Qasim, mon chauffeur-guide, est un as de la conduite sur sable, et il fait rugir son moteur pour glisser sur les pistes en dérapage contrôlé, ce qui occasionne mes premières frayeurs. Il y en aura d’autres… Au bout d’une petite heure, apparaissent au loin les tentes de notre campement, le bien-nommé Magic Camp Wahiba Sands. Mais la voiture s’arrête près de deux bédouins entourés de dromadaires. Nos bagages partiront bien avec les 4×4, mais nous allons devoir rejoindre le camp à dos de dromadaire ! Plus facile à dire qu’à faire… A plat, cela va encore, on arrive à maîtriser la marche chaloupée et heurtée du camélidé sans problème, mais quand Mohammed, le jeune chamelier, incite nos montures à monter ou descendre une dune, il faut sacrément se cramponner au pommeau de la selle pour ne pas se faire éjecter du dos de l’animal ! Surtout quand on ne se tient que d’une seule main, l’autre agrippant le smartphone… Quant au confort, ce n’est pas top, surtout pour les messieurs, car ce petit rodéo malmène douloureusement l’entrejambe… Une expérience cependant à ne pas manquer, car une fois ces petits désagréments oubliés, il reste en mémoire ces moments de grâce inhérents à toute méharée, où l’on se voit traverser le désert à dos de chameau, grâce à l’ombre projetée sur le sable par le soleil déclinant. On profite du fabuleux paysage de cette immensité désertique, dans un silence seulement troublé par le bruit des larges pattes crissant sur les vaguelettes de sable immaculé. A l’arrivée, surprise : le personnel a déposé en haut d’une dune quelques nattes, une table et des boissons fraîches, afin que nous puissions assister au coucher de soleil. En attendant que le disque solaire rougeoyant plonge dans le sable en enflammant le ciel, nous l’avons imité en testant le surf des dunes : une simple planche de bois profilée façon surf, à laquelle il faut s’accrocher comme on peut en glissant sur une forte pente. En général, on finit la tête dans le sable avant d’avoir atteint le bas de la dune, mais c’est très fun ! Là encore, Qasim s’est montré le meilleur. L’avantage du terrain, sans doute… Pendant que certains surfent sur la dune, d’autres se font tatouer au henné par une jeune bédouine. De très jolis motifs que l’on retrouve brodés sur ses vêtements. Au fur et à mesure que la lumière décline, d’autres s’allument dans le camp, où le personnel s’active pour préparer la soirée et apporter dans chaque tente de grands brocs d’eau chaude. C’est la particularité de ce camp qui se veut le plus possible écologique : économie de l’eau, éclairage solaire, zéro déchets, pas de plastique… C’est pourquoi, au lieu d’avoir une douche, chaque tente (de 20 m²) dispose d’une autre tente servant de salle d’eau, où l’on se rince sur un caillebotis, en s’arrosant de grandes tasses d’eau chaude. La déco est sobre mais colle à l’environnement : lavabo en terre cuite, sommier en osier tressé, meubles en bois, tissus de tente en coton grège, sol en raphia… Enfin propre, on se dirige vers la grande tente salon-salle-à-manger, où l’on prend l’apéro avant que le chef soit prêt à servir le dîner. Un repas quasi-gastronomique, servi avec du vin français, ce qui est une vraie prouesse dans ces conditions, en plein désert ! Après le dîner, deux bédouins chantent et s’accompagnent au tambour et aux claps de mains, ce qui fait se lever les convives pour danser, encouragés par le you-you des femmes. Lorsque l’animation est finie et que le désert retrouve son silence, certains rejoignent leur tente, tandis que d’autres font cercle autour d’un feu. Là, allongé sur un transat et recouvert par une couverture en laine de chameau, on a tout le loisir de contempler la Voie Lactée qui n’a jamais parue aussi claire, et comme en relief. Les étoiles scintillent d’un éclat inhabituel, certaines semblent même frangées de couleur… Y en a-t-il autant que de grains de sable dans le désert ? C’est possible, il y en a tant que cela donne le vertige. Enfin, le froid mordant pousse à aller se réfugier sous la tente. Ai-je rêvé de caravanes, des Mille et Une Nuits ou de Lawrence d’Arabie ? Je ne le saurais jamais, car mon sommeil fut profond et insondable, comme le désert.
Le lendemain matin, une douce lumière rose et blanche accompagne mes premiers pas dans les dunes voisines. Les nombreuses traces zigzaguant dans le sable, laissées par des insectes, lézards, scorpions, oiseaux et petits mammifères, prouvent que le désert ne l’est pas tant que ça. C’est avec regret que je suis monté dans le 4×4, cette expérience aurait mérité une journée de plus. Je la recommande en tout cas chaudement (c’est le cas de le dire), à tout voyageur venant à Oman.
Note : Si vous prévoyez de vous rendre à Oman, n’omettez pas de rejoindre Salalah, capitale du Dhofar, à l’extrême sud du pays (à 1000 km de Mascate !). Cités perdues de la route de l’encens, cocoteraies, cascades, plages idylliques… Mon programme ne m’a pas permis d’y aller, mais j’en rêve !







Pratique
Y aller : Oman Air opère 4 vols hebdomadaires directs depuis Paris CDG (7 h de vol en Boeing 787 Dreamliner), à partir de 900 € A/R. omanair.com
Se loger :
A Mascate :
Crowne Plaza (4*) : avec piscine-lagon et plage privée, à partir de 200 €/ch double.
The Chedi (5*) : fabuleux hôtel au design zen, doté de la plus grande piscine du Moyen-Orient et d’un spa réputé. Un coup de cœur absolu pour ce très bel hôtel où tout n’est que luxe, calme et volupté. A partir de 350 €/p en B&B. https://fr.lhw.com/hotel/the-chedi-muscat-muscat-oman
En montagne : Anantara Al Jabal Al Akhdar (5*) : vue sublime à 2000 m d’altitude au-dessus d’un canyon. Piscine à débordement et excellent restaurant. A partir de 190 €/p en B&B. https://www.anantara.com/fr/jabal-akhdar
Dans le désert : Magic Camp, tentes éco-chic et cuisine de qualité, à partir de 770 €/p avec petit-déj et dîner. https://www.magic-camps.com/fr/page-daccueil
A ramener : encens, dattes, eau de rose, parfums Amouage. Cette parfumerie a été fondée à Oman en 1983 pour renouer avec la tradition arabe des parfums haut-de-gamme. Leur parfum signature « Amouage » réputé le plus cher du monde, contient plus de 120 composants naturels, dont l’ambre gris, la rose de Damas et l’encens. Ils produisent aussi des attars (huiles parfumées 100% pures) plus abordables, des parfums hautement concentrés et puissants (rose, safran, vanille, oud ulya…) https://www.amouage.com/eu/
Se renseigner : https://experienceoman.om/











