Rando dans les Rhodopes

La campagne bulgare, très rurale et attachée à ses traditions, se prête bien à la découverte à pieds, d’autant plus que la population se montre très accueillante et volontiers francophile… Partons en randonnée dans le massif des Rhodopes, à travers vallons fleuris, forêts grandioses et gorges sauvages, tout en s’arrêtant dans ses nombreux monastères.

BULGARIEDans les Rhodopes, réserve naturelle de Cherven
BULGARIE Dans les Rhodopes, réserve naturelle de Cherven

Mis à part les yoghourts et les fameuses voix bulgares, que connaissons-nous de la Bulgarie ? Pas grand-chose. Et pourtant, ce modeste pays de l’Est, enchâssé dans la péninsule balkanique entre la Roumanie, la Yougoslavie, la Grèce et la Turquie, a des atouts touristiques à faire valoir. Des massifs montagneux sauvages, de sublimes monastères orthodoxes, des villes historiques témoignant du passage des civilisations qui s’y sont succédé (thrace, slave, byzantine, turque…), et une population très hospitalière qui a comme proverbe : « Ne nous appartient que ce que nous offrons aux autres ». Et Sofia, la capitale, n’est qu’à trois heures d’avion de Paris ! Comme les panneaux indicateurs sont plutôt rares, et lorsqu’il y en a, tout est écrit en alphabet cyrillique, il est préférable de faire appel à un guide local, ou à un voyagiste spécialisé dans la randonnée. Les meilleurs circuits combinent la visite des principaux sites culturels, avec des randonnées dans les magnifiques réserves naturelles de ses massifs montagneux. Laissons Sofia pour partir en direction de Stara Planina (la Montagne des Balkans). Là, au cœur de collines boisées, se niche le monastère de Troyan. La Bulgarie compte une centaine de monastères, dont certains sont habités par des moines ou des religieuses. Tous sont préservés et entretenus comme des monuments du patrimoine national, car ce sont de merveilleux musées évoquant au travers d’œuvres d’art (fresques, icônes, objets d’orfèvrerie, manuscrits…) le passé mouvementé du pays. De plus, pendant les quatre siècles que dura l’occupation turque, le monastère était le dernier refuge de la langue et des traditions bulgares. C’est dire s’ils sont vénérés aujourd’hui ! L’église du monastère de Troyan, fondé en 1600, a ses murs recouverts de fresques polychromes, qu’on admire comme on le ferait de tableaux dans un musée. A l’intérieur, dans une pénombre et une fraîcheur de cave, où flottent des vapeurs d’encens, l’iconostase (cloison séparant la nef du sanctuaire) contient de superbes icônes, dont celle – dit-on – miraculeuse de la Vierge à trois mains. Il est touchant et émouvant de voir des fidèles la toucher et l’embrasser avec dévotion, tandis que résonne la voix grave et monocorde d’un moine à longue barbe psalmodiant les textes sacrés. La région étant réputée pour ses céramiques, vous vous arrêterez dans la ville voisine d’Orechak à l’exposition ethnographique des Arts et Métiers, qui donne à admirer, et à acheter, les œuvres de maîtres céramistes, mais aussi d’autres objets d’artisanat (tapis de laine de chèvre, couteaux en corne, bois ou ivoire sculpté, instruments de musiques, icônes…) d’une grande qualité et d’un prix raisonnable. Bien moins chers en tout cas que ce que vous trouverez dans une grande ville.

 

Des Lolita et des Skoda

Dès qu’on aperçoit la forteresse de Tsaravetz, perchée sur une colline au-dessus de la rivière Yantra, on devine qu’on pénètre dans une ville historique. En effet, Veliko Turnovo était la capitale médiévale de la Bulgarie, défendue par sa citadelle imprenable, qui conserve toujours ses épaisses murailles crénelées. Mais la ville s’est développée sur une autre colline, où il est amusant de constater que l’âge des voitures augmente avec l’altitude : le bas de la colline est cerclé de larges avenues empruntées par des voitures récentes, où l’on trouve des boutiques à la mode, des bars et des restaurants, et un centre commercial ; un peu plus haut, c’est le domaine du petit commerce, épiceries, ateliers artisanaux, devant lesquels stationnent des Lada et des Skoda en assez bon état ; encore plus haut, on trouve un village assoupi, aux petites maisons toutes rafistolées, aux ruelles mal pavées envahies d’herbe, où croupissent des Moskvich (voiture locale) hors d’âge… C’est finalement ce dernier étage qui a le plus de charme ! Même phénomène à Plovdiv, l’autre ville-musée de Bulgarie. Des fouilles archéologiques ont montré qu’elle était habitée depuis 6000 ans, et chaque civilisation y a laissé son empreinte : les Romains un magnifique amphithéâtre, les Ottomans la mosquée Joumaïa, les byzantins de très belles églises orthodoxes. Aux 18 et 19ème siècle, de riches commerçants slaves construisent sur une colline de belles demeures qui ont valu à Plovdiv d’être inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est évidemment dans cette vieille ville qu’il faut flâner pour admirer de belles maisons à encorbellement, aux façades peintes en trompe-l’œil. Certaines se visitent en tant que musée, ou galerie d’art, ou parce qu’on le demande… Ce quartier regorge de boutiques d’artisanat, de bars et de restaurants très sympathiques, où il est agréable de prendre un verre sous une treille de vigne ou un arbre centenaire. Car il fait très chaud, à Plovdiv. Est-ce pour cela que les jeunes filles sont si court vêtues ? Sans doute, mais c’est aussi l’une des conséquences de l’ouverture de la Bulgarie aux modes et aux mœurs occidentales. Vitrine de ce changement, la longue rue piétonne Alexandrovska, avec ses magasins de « marques » et ses fast-foods, que ces Lolita arpentent de long en large en talons aiguilles, négligeant les gros pavés du quartier historique.

 

Nazdravé !

Quittons l’animation de Plovdiv et la plaine agricole de Thrace, où coule la Maritza (mais oui, la Maritza chantée par Sylvie Vartan, qui est originaire de Bulgarie), pour monter dans le massif montagneux des Rhodopes, connu pour être le berceau du mythe d’Orphée. Faire une randonnée dans ces montagnes n’a rien d’une descente aux enfers, au contraire, c’est une ascension au paradis, tellement la nature y est exubérante, intacte, bref idyllique. Une superbe balade consiste à partir du monastère de Bachkovo, l’un des plus anciens et des plus beaux du pays, pour monter dans la réserve naturelle de Tcherven jusqu’à un petit village de montagne. Le sentier suit le lit d’une rivière dans un vallon boisé, surplombe une vallée couverte de hauts sapins, et traverse de belles combes herbeuses piquetées d’une myriade de fleurs, depuis la mauve bruyère jusqu’à la fragile orchidée… On comprend qu’Orphée avait du mal à ne pas se retourner, dans de si beaux paysages ! Bien d’autres randonnées vous attendent dans les nombreux parcs nationaux du pays, dont le tiers du territoire est couvert de forêts de résineux et de feuillus. Sans doute ne verrez-vous pas d’ours ni de loup, mais votre guide peut vous en montrer les empreintes, ou à défaut, les aigles et les vautours qui planent dans le ciel. Le guide s’avère particulièrement utile lorsque le balisage est défectueux, et pour attester de la solidité des échelles en bois et des ponts suspendus qui traversent les rivières et les canyons. De plus, vous pourrez ainsi communiquer avec les rares personnes rencontrées en chemin, et dans les villages de chaque étape. Dans les Rhodopes, il convoquera certainement, à la veillée, un joueur de gaïta, le biniou local. Celui-ci accompagne les vieux chants populaires, mélancoliques et patriotiques, repris en chœur et avec cœur par tous les montagnards présents, qui lèvent leurs verres en ponctuant chaque morceau d’un sonore « nazdravé » (santé) ! Ces chants sont si poignants que l’un d’eux a été sélectionné, comme échantillon de musique de notre monde, et lancé dans l’espace avec la sonde Voyager 2 !

Les bons marcheurs se rapprocheront aussi de l’espace en gravissant le mont Vihren (2914 m), le point culminant du massif du Pirin, où ils trouveront sûrement de la neige, et des edelweiss. Moins éprouvantes, des promenades partent de Bansko, station de sports d’hiver en pleine expansion, et mènent à de merveilleux lacs tout bleus, lapis lazulis sertis dans un écrin de pins macédoniens et de sapins argentés. Enfin, avant de revenir vers Sofia, vous visiterez le monastère de Rila, le plus grand de Bulgarie, foisonnant de fresques, et dont l’iconostase sculptée dans du bois de noyer et recouvert d’une fine pellicule d’or, est admirable.

Pratique

Y aller : avec Air France, Bulgaria Air ou Wizz Air (de Beauvais). Environ 2h50 de vol.

Forfaits : Allibert propose plusieurs circuits en Bulgarie, alliant la marche et la découverte culturelle. « La Route des Monastères », circuit de 15 jours, de niveau facile, permet de randonner dans les plus belles réserves naturelles du pays, tout en visitant les principaux sites historiques.  http://www.allibert-trekking.com

D’autres voyagistes programment la Bulgarie : Terres d’Aventure, Nomade Aventure, Nouvelles Frontières…

Gastronomie : Cuisine variée subissant l’influence grecque, turque et russe. Vous goûterez en entrée au tarator, soupe fraîche de yaourt, concombre, aneth, ail et noix pilées, puis vous vous régalerez de poivrons farcis, de kebabcheta (brochettes grillées), ou de banitsa (feuilleté au fromage blanc), avant de terminer par un baklava (dessert au miel et à la pâte d’amande), ou par un véritable yaourt bulgare, fabriqué à partir de lait de bufflonne !

Se renseigner :  http://www.bulgariatravel.org/fr

 

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