Avec une mosaïque de peuples, des paysages grandioses et une faune parmi les plus riches du monde, l’Afrique du Sud offre une multitude de facettes qui en font une destination prestigieuse et fascinante.

Comme son nom l’indique, l’Afrique du Sud est plus qu’un pays, c’est un morceau de continent ! Vaste comme deux fois et demie la France, la République Sud-Africaine (c’est son vrai nom) se définit elle-même par cette formule : « un monde en un seul pays ». Sans doute fait-elle allusion à la diversité des paysages et des climats rencontrés sur cette terre australe, où alternent de part et d’autre de vigoureuses chaînes de montagne, plaines, déserts, savane, et forêts primaires… Ce slogan vaut aussi pour la mosaïque ethnique de l’Afrique du Sud. Cette contrée a connu des migrations, des guerres, des vagues de colonisation et d’immigration, qui ont dessiné une répartition humaine complexe, faite de populations d’origine et de culture différentes. On dénombre pas moins de 11 langues officielles dans ce pays ! Mais la coexistence entre ces peuples a été entachée d’une des pages les plus sombres de l’histoire : l’apartheid, politique de ségrégation conduite par la minorité blanche, prônant l’inégalité entre les races. Elle a pris fin en 1994, lors de l’élection de Nelson Mandela, mais c’est trop récent pour effacer les traces de 50 ans d’apartheid. Ainsi, « deux mondes dans un seul pays », conviendrait mieux, actuellement, pour rendre compte du fossé séparant les communautés noires et blanches de l’Afrique du Sud. Mais cela ne devrait pas vous empêcher de visiter le pays du rugby, du diamant et de la faune sauvage. Au contraire ! Le tourisme tient une place importante dans cette jeune république démocratique, dont l’aspiration à la paix et à la réconciliation passe par une économie prospère…

Le Cap : une ambiance très british
En arrivant à Cape Town, après avoir déposé vos bagages, empruntez le téléphérique qui mène en 4 minutes au sommet de la Montagne de la Table, à plus de 1000 mètres au-dessus du niveau de la mer. De là-haut, la vue panoramique englobant la ville, la chaîne de montagne de la presqu’île du Cap, et l’Océan Atlantique, donne la sensation de se trouver sur l’un des plus beaux sites au monde. C’est ce qu’ont dû ressentir les marins de la Compagnie hollandaise des Indes, qui décidèrent de s’y installer au 17ème siècle. Rejoints par des Anglais puis des Français, ils ont fondé Cape Town, qui garde toujours un air de vieille Europe. Dans la ville, la végétation méditerranéenne et les maisons de style hollandais ou victorien, ne procurent guère de dépaysement. Le Cap vaut surtout pour les excursions dans la péninsule du Cap de Bonne Espérance. En embarquant à bord d’un catamaran à Simon’s Town, vous pourrez passer au large de ce « crochet » mythique, proue de l’Afrique séparant les océans atlantique et indien. On peut aussi randonner dans la réserve naturelle du Cap, avec l’assurance de voir des babouins et des pingouins. A l’ouest, la route côtière passe en corniche au-dessus de magnifiques baies, et longe à partir de Camps Bay les plus belles plages du Cap. On croit rêver en traversant le quartier huppé de Clifton : les plus somptueuses villas, surplombant l’océan, ont même un téléphérique privé les reliant à la plage…
Durban, un melting-pot ethnique
Le Karoo est une région semi-désertique mais agricole, connue pour ses élevages d’autruches. Les fermes actuelles élèvent toujours des autruches, principalement pour la viande, mais il se trouve toujours quelques fermes qui contribuent au spectacle désolant de touristes qui adorent se faire prendre en photo à cheval sur ces disgracieux volatiles… Il paraît même que c’est pour ne pas voir ça que les autruches ont pris l’habitude de mettre leur tête dans le sol… Les Blancs que l’on rencontre dans le coin sont les descendants des Boers qui exploitaient la région autrefois, et certains parlent toujours un patois curieux aux intonations afrikaners… En revenant sur la côte, et en suivant la superbe « route Jardin », qui longe l’océan, voici Durban, symbole du melting-pot ethnique et culturel de l’Afrique du Sud. Vue d’avion, cette ville côtière moderne ressemble à une station balnéaire californienne : des buildings, un front de mer bétonné, des surfeurs sur les vagues. Même les attractions sont à la sauce américaine, tel que le Sea World, où évoluent des dauphins dressés dans un show bien rodé. Mais lorsque l’on s’y promène, elle prend un autre visage, plus séduisant. Prenons le Golden Mile, par exemple, l’immense avenue qui longe la mer. Certes, elle est bordée d’hôtels de luxe, de fast-foods et de bars branchés. Mais sur ses trottoirs, des femmes africaines vendent des souvenirs ethniques, tels que colliers de coquillages, statuettes, amulettes, tandis que leurs hommes harnachés en Zoulous promènent les touristes en pousse-pousses… Ici se côtoient l’homme d’affaires en costume, le surfeur blondinet en caleçon de bain, l’indienne en sari et l’homme de la rue en boubou africain, dans une atmosphère décontractée très naturelle. Ce métissage entre l’Orient et l’Afrique se retrouve au marché indien, où l’on retrouve dans un joyeux bazar des produits des deux continents.
Un folklore assumé
Au nord de Durban, voici la province du Kwazulu Natal. La route côtière traverse de pimpantes stations balnéaires bordées par les belles plages de l’Océan Indien. Faites étape à St-Lucia, une réserve naturelle exceptionnelle qui regroupe des écosystèmes différents : la mangrove, la lagune, la savane, et la forêt. Vous découvrirez ce paradis naturel en bateau, le meilleur moyen pour approcher les hippopotames et les crocodiles. Mais ce qui émerveille le plus, c’est la richesse de l’avifaune : des nuées de flamants, des pélicans, des hérons, et bien d’autres espèces de tout plumage. Dans la réserve toute proche d’Hluhluwe, vous aurez plutôt rendez-vous avec des bêtes à cornes : elle est réputée pour ses rhinocéros, noirs ou blancs. En 4×4, guidés par des rangers, le jeu consiste à les reconnaître, même s’ils sont couverts de boue ou de poussière. L’astuce est de s’approcher assez pour distinguer la forme de leur bouche, aplatie ou non. Les rangers savent jusqu’où l’on peut s’approcher, et quand on sait à quelle vitesse peuvent charger ces colosses atrabilaires, c’est toujours trop près ! Après un safari, rien de tel pour se détendre que d’assister à un spectacle dans un village zoulou, par exemple à Dumazulu, près de Hluhluwe (prononcez « chlou-chlou-oui »). Ici, tout est fait pour le touristes, mais le folklore est assumé. Quand c’est l’heure du show, les prétendus guerriers zoulous quittent leur tee-shirt et leurs basket, délaissent leur téléphone portable et leur Coca, sortent de leur hutte où ils se reposent, et enfilent leurs costumes en rafia, comme un gars à Eurodisney qui se met dans la peau de Mickey. Les filles se mettent seins nus sans fausse pudeur, comme les filles au Paradis Latin, et prennent la pose pour le touriste voyeur, ou amusé. Si le pourboire est généreux, la troupe se donne à fond, et la chorégraphie est assez « sauvage » pour donner l’illusion de l’authenticité…
Safari en liberté au parc Krüger
L’Afrique originelle, la vraie, se trouve au parc Krüger, l’une des plus grandes réserves naturelles d’Afrique, et la plus riche en animaux. La bonne nouvelle, c’est que l’on peut y circuler avec son propre véhicule. La mauvaise, c’est que ce parc est si grand (deux fois la Corse) que les rencontres ne sont pas garanties. Surtout en l’absence de rangers, qui vous repèrent un lion tapi dans l’herbe à 100 m ou un léopard dans un arbre, là où vous ne voyez que la savane ou la forêt… Toutefois, ce serait jouer de malchance si au bout d’une ou deux journées vous n’aviez pas vu de girafes, de buffles ou d’éléphants. Des babouins, des zèbres, des antilopes ou des gnous, vous en verrez beaucoup, mais les fauves sont plus rares… Pour avoir plus de chance de voir le Big Five (buffle, éléphant, rhinocéros, lion et léopard), vous pouvez tenter les réserves privées, situées en bordure du parc. L’indice de satisfaction est très élevé, mais les prix aussi !
Paysages fabuleux du Drakensberg
A l’ouest du parc Krüger, les plaines viennent buter contre la chaîne montagneuse du Drakensberg, qui s’élève de façon abrupte de plus de mille mètres. Une route panoramique permet de passer par des sites grandioses, tels que « la Fenêtre de Dieu » ou les « Trois Rondavels », au bord du canyon de la Blyde River. Ici, la Nature est un sculpteur de génie, dont on ne se lasse pas de contempler les œuvres… Artiste, la Nature a su aussi se montrer prodigue en déposant une manne d’or dans le lit d’un cours d’eau des environs. Pilgrim’s Rest, petit village classé monument historique, semble figé à l’époque de la ruée vers cet or, à la fin du 19ème siècle. La reconstitution est très réussie et l’on ne serait pas plus surpris de voir au saloon un chercheur d’or hirsute aux poches pleines de pépites !
Préférer les femmes Ndebele au township de Soweto
Avant de revenir vers Johannesburg, où se situe l’aéroport international, vous traverserez le pays Ndebele. Ne manquez pas d’aller visiter l’un de ses villages traditionnels, où les murs des cases sont peintes de formes géométriques aux couleurs vives. Ce sont les femmes qui ont développé cet art pictural original, et qui continuent, contre quelques pièces, de peindre et de poser pour la photo-souvenir. Après tout, si le tourisme peut contribuer à préserver cet art millénaire, pourquoi pas ? Plus discutable est la visite de Soweto, le quartier pauvre de Johannesburg. Enfermé dans un minibus, on épie la misère et le crime. Après avoir fait des milliers de kilomètres pour voir des animaux en liberté, il serait dommage de clore ce périple dans un zoo humain, non ?
Pratique
La meilleure période pour se rendre en Afrique du Sud est l’automne, c’est-à-dire le printemps dans l’hémisphère Sud. Le pays se couvre de fleurs, la température est douce partout, et dans les réserves, c’est l’époque des naissances ! L’hébergement est varié et de qualité, le réseau routier est excellent, et le niveau de vie assez bon marché. On peut donc voyager seul, à condition de savoir parler anglais ! En ce qui concerne l’insécurité : la criminalité de certains quartiers de Johannesburg est le baobab qui cache la forêt. Si l’on évite de se promener seul la nuit dans les quartiers sensibles des grandes villes, il n’y a aucune raison de se sentir en insécurité en Afrique du Sud, en tout cas, pas plus qu’à Paris ou à New-York !
Y aller : Air France et KLM ont des vols sans escale, d’autres compagnies proposent des vols moins chers, mais avec une ou deux escales… A partir de 400 € A/R depuis Paris vers Johannesburg, Durban, La Cap ou Port-Elizabeth.
Se loger : il y a de l’hébergement pour tous les budgets, de l’humble B&B ou de la case sans confort dans le parc Krüger à une trentaine d’euros la nuit, au lodge ou resort très haut de gamme, surtout dans les réserves privées, à 2000 € la nuit…
A savoir :
Durée du vol : 10 h 30
Décalage horaire : + 1 h
Guides : Afrique du Sud (Lonely Planet)