D’immenses plages de sable, une chaîne montagneuse, des châteaux, des villes fortifiées, des vignobles… Non, on ne parle pas d’un pays, mais d’un département français, qui concentre une incroyable diversité de sites, de paysages et d’attraits touristiques : les Pyrénées-Orientales. L’intérêt de ce circuit tient aussi dans la découverte de la culture et de la gastronomie catalane !
Vous êtes plutôt mer ou montagne ? Si votre compagne ou compagnon a un faible pour la Grande Bleue, alors que vous préférez crapahuter en altitude, au lieu de trancher, optez pour les deux ! Tout en bas de l’Hexagone, niché entre les hautes montagnes des Pyrénées et la Méditerranée, le département des Pyrénées Orientales permet un tel choix. Son littoral offre aussi une dualité parfaite : au nord, de longues plages de sable fin, au sud une côte rocheuse abrupte, échancrée de criques sauvages et abritant de jolis villages de pêcheurs. Et lorsque vous aurez les pieds dans l’eau, vous ne serez qu’à 1 h de route des premiers sentiers de randonnée !
En venant du nord par l’A9, le voyageur arrive forcément à Perpignan. Le quartier St-Jean, piétonnier, a du cachet avec ses maisons médiévales, et plusieurs sites méritent la visite, telle la cathédrale St-Jean, ou le Castillet en briques roses abritant un très intéressant musée d’arts et traditions populaires, ou encore le Palais des Rois de Majorque, très bel et vaste ensemble de bâtiments gothiques, illustrant bien l’architecture militaire et civile médiévale du Midi de la France. Si vous venez à Pâques, ne manquez pas la procession religieuse de la Sanch, pour voir des processionnaires aux cagoules pointues, vêtus de noir ou de rouge, porter de lourdes statues votives. A 10 km au nord de Perpignan, les hautes murailles du château de Salses impressionnent. C’est une fabuleuse forteresse construite par les Ibères, au temps où le Roussillon était espagnol. Ses énormes murailles en briques – roses le matin, oranges le soir – renferment des astuces défensives très ingénieuses, et des raffinements architecturaux rares pour une place-forte militaire du 16e s. Intéressant contraste, des œuvres contemporaines sont intégrées au château, des écuries aux terrasses, depuis lesquelles la vue porte jusqu’à la mer. De Salses, remontez la longue et étroite vallée de Fenouillèdes aux coteaux plantés de vigne, pour rejoindre Tautavel, où se situe le passionnant musée de la Préhistoire. Non loin de là, faites un détour pour aller admirer l’un des plus beaux châteaux cathares : Quéribus. Perché sur un piton rocheux au milieu d’une garrigue sauvage, ce château médiéval fait vraiment corps avec la pierre, de laquelle il semble émerger. Il a été si bien conçu, avec sa situation imprenable et ses enceintes successives, qu’une dizaine de soldats suffisaient pour le garder ! A Millas, dans la vallée voisine de Conflent, faites provision d’une huile d’olive très fruitée à la coopérative oléicole. Cette large vallée, creusée par la rivière Têt, est très verte et regorge de vergers. A Ille-sur-Têt, la capitale de la pêche (le fruit), arrêtez-vous sur le site des « orgues ». Ce sont des colonnes de roche tendre, appelées poétiquement cheminées de fées, érodées par les pluies et le vent, et formant des parois verticales sculptées ou des pitons monolithiques. Sublime et étonnant paysage qui évolue avec le temps… Le temps, par contre, semble ne pas avoir prise sur les prieurés et abbayes que vous rencontrerez de part et d’autre de la vallée. La plus connue est sans doute l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuixa, à 3 km au sud de Prades, un monastère du XIIe siècle dont une partie du magnifique cloître en marbre rose est exposé à … New-York ! Mais le prieuré de Serrabone a un charme incomparable, superbement isolé dans la montagne au milieu des chênes verts et de la bruyère arborescente, et c’est aussi un chef-d’œuvre de l’art roman ! Les monstres sculptés des chapiteaux de la galerie du cloître n’effraient plus personne, et l’on vient se recueillir dans cet endroit désertique et austère, où simplicité rime avec beauté.
Villefranche-de-Conflent est une ville entièrement ceinte de remparts qui garde la vallée. Bien qu’elle soit fortifiée par Vauban, la visite des remparts, longue et fastidieuse, ne s’impose pas. Par contre, n’hésitez pas à vous promener dans les ruelles étroites, pour chiner chez les antiquaires, ou faire vos emplettes dans les boutiques de souvenirs. En poussant la porte des boulangeries, vous pourrez goûter aux douceurs catalanes : rousquilles (petits biscuits ronds nappés de sucre glace), tourons (proches du nougat) et bunyetas (beignets à la fleur d’oranger)… Si vous avez le temps, deux visites valent la peine qu’elles infligent : le fort Libéria surplombant la ville, qui offre des vues magnifiques sur la vallée, mais d’où il faut redescendre par un interminable escalier, dit des 1000 marches (on ne les a pas comptées…) ; et les grottes des Canalettes aux concrétions fantastiques, mais où l’on se refroidit très vite. Après Villefranche, la vallée se resserre et la pente s’accentue. Au fil des virages, les paysages deviennent spectaculaires dans les gorges, lorsqu’on attaque la montagne. Une autre place-forte militaire, Mont-Louis, également fortifiée par Vauban, protège le haut de la vallée. Elle abrite un étonnant four solaire, installé là par une équipe d’écologistes et de céramistes. Vous pourrez y voir d’immenses miroirs focaliser les rayons du soleil en un point pouvant atteindre 3000 °C. A cette température, une plaque d’acier se troue en quelques secondes ! D’autres fours solaires sont installés dans la région, ce qui prouve que l’ensoleillement y est généreux. A partir de Mont-Louis, s’ouvre un plateau d’altitude baigné de lumière, et encadré par les hauts sommets pyrénéens. C’est la Cerdagne. D’innombrables sentiers de randonnées sillonnent ses prairies et ses forêts de pins, et montent à l’assaut des cimes. Une route monte même au lac des Bouillouses, à 2000 m d’altitude, au royaume des mouflons, des isards et des aigles royaux. Quant au lac de Matemale, on le surnomme le Canada miniature, c’est tout dire ! Après une journée de marche, rien de tel qu’un bain dans l’une des sources chaudes de la région. Vernet-les-Bains dispose d’un établissement thermal doté d’un centre de remise en forme, tandis qu’à Fontpédrouse, aux bains de St-Thomas, une source d’eau chaude naturelle sulfurée permet de se détendre, avant un massage bienfaisant aux huiles essentielles. La descente de la vallée est rapide. Il est possible de ranger les chaussures de rando’ et la veste polaire après le déjeuner, et de se promener en sandale et paréo sur la plage en fin d’après-midi ! Mais si l’on veut prendre son temps, on peut rejoindre la côte par les chemins de traverse, en s’arrêtant par exemple à Castelnou, classé parmi les plus beaux villages de France, et à Thuir, pour visiter les caves Byrrh qui abritent la plus grande cuve en chêne du monde.
Côté mer, de Port-Leucate à Argelès-sur-mer, une poignée de stations balnéaires se partagent 40 km de plages de sable. Très familiales et bondées en saison estivale, elles s’endorment un peu dès que les derniers vacanciers sont partis. Ici, l’arrière-pays est viticole, et la visite de cave est une alternative au farniente sur le sable. C’est à partir d’Argelès que la montagne a rendez-vous avec la mer. Les contreforts de la chaîne des Albères plongent dans la Méditerranée en ménageant des ports, des caps et des criques sauvages. Cette côte schisteuse est surnommée la côte vermeille, sans doute parce que la pierre s’empourpre au coucher du soleil. Il faut s’arrêter pour prendre une paëlla ou une friture au port de pêche animé de Port-Vendres, et se promener autour de la superbe marina de Banyuls-sur-mer. Mais la perle de cette côte est sans conteste Collioure. Ce petit port a tant de charme qu’il attire même des touristes américains et japonais ! Ils viennent sans doute pour retrouver l’ambiance des tableaux de Matisse, de Derain, et des peintres fauves, qui aimaient beaucoup peindre dans cette région aux couleurs éclatantes. Il est vrai que les touches colorées des maisons serrées devant la plage, encadrées par le château et la tour, font de cette baie le cliché parfait du petit port méridional. Collioure doit aussi sa renommée à un savoir-faire ancestral : la préparation des anchois. Il reste deux maisons artisanales sur le port, Roques et Desclaux, chez qui l’on peut voir la préparation et la mise en bocal de ces petits poissons. Plaisir des yeux, merveilles de bouche, tout y est. A Cosprons, petit village entouré de vignes, à quelques kilomètres de Port-Vendres, vous trouverez une vinaigrerie artisanale produisant différents vinaigres de grande qualité élaborés dans la tradition, tel que le vinaigre de Banyuls ou le vinaigre au safran…
Repères
Se renseigner : Comité Départemental du Tourisme : 04 68 51 52 53. Site Internet : http://www.tourisme-pyreneesorientales.com/
Bonnes tables
- Le Double Y : 8 place Jean Payra, Perpignan (04 68 34 51 16) : déco et cuisine moderne, plats élaborés alliant le mariage des saveurs à l’esthétique.
- Le Fanal : Banyuls-sur-mer (04 68 98 65 88) : table gastronomique (1 étoile Michelin), qui magnifie les produits de la mer et de la terre catalanes.
- La Senyera : 81 rue Saint-Jean, Villefranche-de-Conflent (04 68 96 17 65) : sympathique auberge mettant en valeur les produits du terroir : escargots à la catalane, pintade braisée aux figues et au Banyuls…
- Une Table au Courtalet : en haut du village de Corbère-le-Château (04 68 84 00 53) : cuisine catalane authentique.
- La Réserve : à Argelès-sur-mer (04 68 81 08 68) : pour se régaler de poissons grillés à la plancha, ou d’un festin de fruits de mer, servis dans un plat en forme de barque.
Très belles photos de notre beau département ! Au plaisir 😉
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